Et la lumière fut.

Il n'y a pas de mode d'emplois, pas de prédécesseur pour vous guider. Lorsque l'on devient maître d'un miroir, il faut tout connaître et être emplis d'un savoir immuable. Personne ne m'a annoncé que je devais faire telle ou telle chose, personne ne m'a informé que l'on comptait désormais sur moi pour gérer le quartier du Ciel. A peine arrivée et déjà des responsabilités énormes sur les bras; comme si ma tête n'était pas déjà assez remplie ...
Lors de ma renaissance en tant qu'esprit, je suis atterrit dans un endroit qui m'était alors inconnue, loin de ce que je connaissais, loin de mes habitudes et de mes repères. Je devais désormais faire avec ce que j'avais, sans me soucier de ce que je quittais.

Le quartier du ciel n'est pas réellement constitué d'une ville, mais plutôt d'un village; vous savez, ce genre d'endroit, prêt d'une côte, avec le soleil, la mère, un petit village de pêcheur. C'est un peu ce que j'ai ressenti lorsque j'ai posé les yeux sur ce village; simple, humble, calme et paisible. Les enfants sont rares ici, et la population assez variée. Une réelle société s'est crée, comme un camp de réfugiés au lendemain d'une guerre. Tout s'organise de fil en aiguille, sans accroc, sans faille. Les gens sont heureux d'être là dans ce calme. Et forcément, les nouveaux arrivants sont vite repérés ... Je n'ai guère pu éviter le contact très longtemps; les sentiers ralliant les différents temples au village sont extrêmement fréquentés. Et comme je n'osait réellement m'éloigner d'eux, on ne tarda pas à me repérer, rodant devant les hôtels. Il n'y eu pas vraiment besoin de paroles pour que l'on m'exprime respect et gratitude. A ce que je pu comprendre des bribes d'informations que l'on me donnait, le précédent maître avait subitement disparu; il s'agissait d'un demi-Dieu, aigris, qui ne leur parlait qu'en de rares occasion et qu'il était encore plus rare de croiser. Je ne compris pas tout de suite ce que ma venue signifiait pour eux, puis peu à peu, je saisis l'ampleur de ma mission, de ce qu'il m'incombait de faire. J'étais leur nouveau guide, une guide spirituel, mais aussi gérant de leur société. J'étais à la foi mère de famille, juge et bourreau. J'étais leur tout.

Dès lors, je me sentis à ma place, comme si j'avais toujours sue que je devait vivre ici, avec eux. Ils me montrèrent leur île, mon île.
Qu'elle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris autant de merveilles ! Une végétation florissante, des cascades et des rochers magnifiques, des plaines dignes des plus grands fauves; tout cela visible du temple qui dominait l'île. C'était petit et condensé, mais si majestueux ! Je m'y sentais comme chez moi ... Puis je visitais les différents endroits de culte, les hôtels cachés derrières d'illustres arbres, des temples enfouies dans la forêt danse, puis ma demeure. Ce temple majestueux dont on voyait toute l'île, celui qui la dominait, en maître. J'étais le maître, je dominais.

Ils me firent donc une place dans leur communauté, sans aucune question. J'étais apparue, tel le messie, envoyée du Divin. J'étais le bien, celle qui les aiderait en cas de besoin, l'oreille attentive qui écouterait leurs prières et pardonnerait leur péchés. Je ne savais guère si cela était en mon pouvoir, mais puisqu'ils le croyaient, je m'affairai à ma tâche. J'étais aimée, et je donnais en retour.