Sortie entre amies

Alors que Leiline était partie payer me laissant légèrement dépitée, Lin se leva en urgence, la Prétorienne était appelée. En blaguant je lui demandais si ma compagnie était si ennuyeuse pour qu'elle s'enfuie toujours de cette manière, puis la saluait alors qu'elle filait en vitesse.

-Bon. Si tu veux, rentrons tranquillement jusqu'à Northrives ! Je t'accompagne jusqu'à chez toi si tu veux. À moins que tu ai des achats à faire à Rivetiel, dans ce cas, je veux bien t'accompagner aussi.

Je réfléchis durant quelques secondes.

-Je pense que je vais rentrer à la maison, mine de rien, c'est fatiguant de tenir une boutique toute seule. Surtout que vu le peu de personnes qui sont passées aujourd'hui, je me suis mise en tête de faire l'inventaire. C'est une galère sans nom !

Entre les créations uniques à la vente, les pendentifs et autres bagues en collection permanente et le matériel pour les personnalisations, j'avais parfois eut du mal à m'y retrouver ! Et puis je voulais essayer de passer voir Elliot. Je ne savais pas vraiment si j'allais en avoir vraiment le temps, il commençait à se faire tard et désormais, cela 'angoissait de me savoir dehors à rentrer chez moi quand il faisait un peu sombre. Si j'y allais, c'était pour le voir, pas pour me faire pousser dehors sous prétexte que "après il sera trop tard"

-Remarques, ça doit pas être mieux à l’Épicerie avec tout ce que tu vends...

Attendant sagement que l'ange se lève et se prépare à partir, l'hybride sourit légèrement à sa remarque concernant la boutique.

- Oui, je peux comprendre.

Qui de mieux que Leiline puisse comprendre la situation ? Comme le fait si bien souligner Lylla, gérer tout un bâtiment à la taille colossale et aux multiples animaux qui peuplent les murs, le travail est bien plus conséquent et intense. Les deux jeunes femmes prennent tranquillement la route en direction de Northrives, retrouver leurs foyers respectifs.

- C'est vrai que ce n'est pas facile. Mais jusqu'à maintenant, je m'en suis plutôt bien sortit. J'ignore presque comment d'ailleurs ... Plus le temps passe, plus je me dis que je devrais embaucher du personnel. Mais j'ai du mal rien qu'à l'aider de laisser mon commerce entre les mains de parfaits inconnus.

S'occuper seule de tous les enclos est particulièrement physique et chronophage. Souvent, le voisinage de Namusu lui demande comment fait-elle pour ne pas friser le "burn-out". Jusqu'à maintenant, l'Épicière ne s'est jamais plainte de sa situation. Et pourtant, au fil des jours, les inquiétudes surgissent. Déjà pour sa propre santé mais surtout pour sa nouvelle situation amoureuse. Elle qui n'a jamais investi de son temps pour qui que ce soit auparavant, elle veut pouvoir passer plus de temps libre avec son Technomage bien-aimé.

Pour ce qui est de la confiance que peut avoir Leiline aux gens, étant minimes, laisser ses animaux aux soins de personnes tierce est une véritable source de questions et de frustration. Si elle doit améliorer son train de vie, elle doit bien évidemment passer par cette case. Elle laisse échapper un rire discret, tournant son regard vers l'ange.

- M'enfin, je vais arrêter de me plaindre ... Tu habites dans quel coin de Northrives ?

Continuant leur discussion pendant le reste du trajet, Leiline ne remarque même pas qu'elles se rapprochent bientôt de la maison de l'ailée.

-C'est vrai que ce n'est pas facile. Mais jusqu'à maintenant, je m'en suis plutôt bien sortit. J'ignore presque comment d'ailleurs ... Plus le temps passe, plus je me dis que je devrais embaucher du personnel. Mais j'ai du mal rien qu'à l'idée de laisser mon commerce entre les mains de parfaits inconnus.

J'acquiesçais et suggérais

-Dans ce cas, là, trouve quelqu'un qui est prêt à t'aider et en qui tu as confiance. Même si c'est plus facile à dire qu'à faire. Si Elliot à trouvé quelqu'un, tu peux le faire aussi !

A vrai dire, il avait plus confiance que moi cet ondin infernal. Qu'est-ce-qu'il me manquait ! J'avais l'impression qu'on avait volé le Elliot d'avant pour le remplacer par son fantôme ces dernières semaines. Il me faisait peur dans cet état, je ne le reconnaissais plus vraiment, j'avais tellement envie de l'aider, mais je ne pouvais rien faire.

-M'enfin, je vais arrêter de me plaindre ... Tu habites dans quel coin de Northrives ?

Un petit rire m'échappa. Pour se plaindre, j'étais loin d'être la dernière, même si je le faisais généralement pour faire rire.

-Tout le monde à le droit de se plaindre, c'est humain. Je suis au bord de l'Arccos, pas trop loin de la limite avec Rivetiel.

Petit à petit, nous approchions de la maison où je vivais, jusqu'à nous retrouver devant. De l'intérieur me parvenais des rires, des discussions. Je haussais les épaules un peu gênée.

-C'est toujours plutôt animé ici. Beaucoup de ressortissant de mon monde passent la soirée à la maison, tous les soirs. Je te les présenterais bien, mais comme tu n'es ni une ange ni une démone, ils vont te regarder de travers et je préfère éviter ça. Ils sont... comment dire... très fermés comme communauté. Déjà que ça leur plaît pas que je bosse avec une sirène. Enfin, que j'existe tout court ça leur plaît pas d'ailleurs...

Je me rendis compte que j'en avais un peu trop dit. Je baissais les yeux avant de lancer joyeusement :

-Fais pas attention à ce que je viens de dire. Merci de m'avoir raccompagnée, et merci pour la soirée. La prochaine fois tu m'auras pas, c'est moi qui paye ! Non mais !

Leiline s'étonne de l'animation qu'il puisse avoir chez la jeune demoiselle. Mais Lylla y donne rapidement une réponse.

Si les premières remarques de l'ange évoque à l'hybride une société particulièrement sectaire - lui rappelant cruellement sa propre espèce dans son monde d'origine - les dernières paroles lui font un bond au coeur. Sa propre existence leur déplaît ? Ses propres congénères ? Et la, les mêmes éternelles questions se bousculent. Comment des gens d'une même ethnie puisse se haïr entre eux ? Rester souder est apparemment une notion bien trop abstraite pour le commun des mortels - et des immortels pour l'Entre-Monde ?

Oui, elle en avait trop dit. Laissée impuissante sur place, l'hybride se pince les lèvres alors que son amie est sur le point de passer le pas de la porte. Elle finit par la héler une dernière fois.

- Lylla.

Dès qu'elle est sûre d'avoir toute l'attention de l'ailée, Leiline désigne d'une main approximative une structure. Une tour que quiconque puisse apercevoir d'ici.

- La Tour d'Elantra. J'habite presque à côté, dans la rue en parallèle.

L'hybride lui adresse un sourire sincère.

- Si tu as besoin de compagnie, n'hésite pas à venir me voir.

Laissant Lylla rentrer à sa maison, la féline la salue d'un dernier geste de la main avant de reprendre le chemin jusqu'à la sienne.

Elle peut très bien user de son titre Hôtel, mais là, non. Elle a envie de marcher, ruminant sur le cas de la jeune femme aux ailes d'ange. Ce n'est pas ses affaires et elle en est consciente. Mais entre cette histoire avec ce Charlie et sa communauté qui la rejette délibérément, elle ne peut s'empêcher de se préoccuper de sa situation.