[PRISON] 1 mois de détention ferme pour Kaname KUMIKO

C’était la dernière ligne droite, je vais bientôt y arriver, je n’ai pas réussi à dormir tellement ma faim me tiraille, j’essaye de moins me bouger pour ne pas éveiller encore plus cette soif qui martèle mon corps. Comment je vais faire pour combler ce manque, est-ce que je vais réagir comme un prédateur, me nourrir de la séduction et autre chi ? Je ne veux pas que Lin ne me voit comme ça, je ne sais pas du tout si j’arriverai à le contrôler mais comment lui dire sans la blesser, comment lui dire qu’à peine libérer, elle doit me laisser une heure tranquille, que j’aille dans mes lieux de chasse d’antan, j’étais sûre de trouver plusieurs proies consentantes mais je ne pouvais pas faire subir ça à Lin mais elle connaissait ma nature, j’étais née succube, je ne le voulais pas mais si je voulais gagner un semblant d’apparence, je vais devoir le faire…

Je finis par me lever, il me reste une page, je dois écrire cette lettre au cas où, ça sera Lin qui décidera mais j’espère qu’elle comprendra mon choix et encore une fois, j’allais la blesser à mon insu.

Lin,

Voici ma dernière lettre, la plus difficile car un choix s’impose, tu le sais, je suis un succube mais je t’ai pas tout expliqué non plus, tu sais que j’ai des besoins mais je ne t’ai jamais dis la fréquence, la quantité et qu’est-ce que ça faisait si j’ai une trop longue période d’abstinence. Je ne te l’ai jamais dit car je ne voyais pas l’utilité car jamais je pensais revivre cette situation. Ma plus longue période de manque a été de vingt jours et encore j’ai croisé des gens donc j’ai peut-être un peu compensé mais là, en prison, je n’ai aucun contact physique même visuel et pour tout t’avouer, les livres ça ne nourrit pas mais je ne voulais pas te faire paniquer loin de là mais j’appréhende ma sortie….

Pourquoi diras-tu ? Car tu verras ma vraie nature, celle que je déteste, celle qui me fait rapeller que je suis un démon, celle qui a besoin d’un autre pour survivre, que je dois voler quelque chose à un autre comme à un vampire, sauf que d’habitude je fais ça à petites doses avec le consentement de l’autre mais si en sortant je n’arrivais pas à me contrôler et que je fasse comme mes aïeux, ceux qui se nourrissaient jusqu’à la mort de sa proie.

J’ai peur Lin, j’ai peur de te blesser, peur de blesser quelqu’un d’autre, j’ai peur de moi-même, il ya tellement de bouquins qui parlent des succubes et des incubes, il existe tellement de version. Pour certains ce sont des monstres, des démons pour moi c’est quelque chose qui sommeille en moi, une conscience supérieure qui se trouve dans mon âme qui se projette ensuite dans le champ de conscience de ma proie pour me nourrir. C’est un instinct naturel de survie, pour amadouer ton esprit, on m’a armé de divers subterfuges comme ma beauté, mes jeux de séduction, c’est quelque chose de totalement naturel pour moi, je suis née comme ça, même pas besoin de prendre des leçons, dès bébé, je pouvais avoir ce que je voulais à défaut de parler. Mon action n’a rien de démoniaque, je ne fais pas ça pour faire du mal non, c’est un rapport de prédateur/proie, une sorte de vampirisme psychique dont le but est de répondre à mes besoins pour nourrir mon âme et garder ainsi ma force physique. Lilith a été la première maudite puis nous sommes tous ses enfants qui subissent la même malédiction, au fil des siècles nous n’avons plus les mêmes besoins, plus besoin de causer la mort ou d’avoir de relation sexuelle mais c’est le meilleur moyen de recharger ses batteries.

Mais pourquoi je te dis tout ça ? Car j’ai besoin de me nourrir Lin, je sais que tu me combleras, te serrer fort dans mes bras à ma sortie serait le plus grand trésor de ma vie mais si tu ne me suffit pas, on va faire comment, si je te fais du mal ou autre. J’ai vécu tellement de choses si… osées, je connais mes limites mais je ne connais pas les tiennes, ce que je te demande c’est de comprendre mon choix. Je te dis ça mais je ne suis pas sûre que j’aurai le courage de le faire, pouvoir pendant nos retrouvailles mais je n’ai pas trouvé d’autres solutions, ça fait des heures que j’y réfléchis car je t’aime.

Je ne fais pas ça pour mes soi-disant besoins libertins mais parce que je t’aime et que je veux que tu retrouve la personne que tu aimes et non le monstre que je suis. J’aime que toi, je ne désire que toi mais là c’est mon instinct succube qui me dicte mes mouvements et il est dangereux…

Alors pardonne moi Lin mais si tu lis cette lettre c’est que j’ai réussi à te faire faux-bond et je te promets de te retrouver dans notre appartement deux heures après. Ne me cherche pas pendant ce laps de temps, je promets de revenir à la maison et on pourra fêter nos vraies retrouvailles et je ne te quitterai plus jamais.

Fais moi confiance… je reviendrais.

Je plie la lettre, je ne savais pas comment j’allais faire le jour J, est-ce qu’elle se précipiterait à ma rencontre ou c’est une autre personne qui viendra mais faudra que je fasse tout mon possible pour m’échapper et retourner dans un lieu que je ne comptais pas y retourner un jour... Les bar prohibés de Tern où luxure et autres plaisirs n'attendaient pas la nuit pour fonctionner.

C’était enfin le dernier jour de calvaire, ma patience avait atteint sa limite et surtout j’étais en train de réfléchir encore et encore à mon plan d’action. Si ce n’était pas Lin qu’il venait me chercher, ça serait tellement facile de partir mais si c’était Hazuki… je vais lui demander de jouer le messager du diable mais bon elle survivra, je ne me fais pas de soucis là-dessus.

Deux gardes arrivent, ils exécutent leur tâche avec aucune compassion, aucun sourire, nous n’avons jamais parlé pendant ensemble pendant ce long mois, il ne devait avoir aucun contact humain mais voir leur tête et je sens mon âme faire un bond, il avait faim, il fallait absolument que je sorte d’ici, le plus vite possible. Je récupère mes feuilles, j’avais laissé ma cellule rangée par principe même si il n’y avait pas grand chose à faire mais je ne pouvais pas partir sans avoir fait mon lit, une question d’habitude. Les deux gardes m’escortent, Hazuki derrière, elle aussi jouait son rôle, aucun sourire, j’ai dû mal à croire qu’elle soit heureuse que je sorte et je me dis qu’elle a dû accrocher Lin quelque part pour l’empêcher de venir me chercher et cette situation m’arrangeait.

On marche le long des couloirs sans vie pour sortir enfin de l’espace prison et on finit par rentrer dans une salle avec une vitre sans teint dont Hazuki devait se trouver derrière. Les deux gardes me donnent mes affaires et me demandent de vérifier si j’ai tout même si je me rappelais plus trop ce qu’il y avait finalement, je vois mes affaires ainsi que mon blouson en cuir où j’avais tous mes titres dedans, c’était ma porte de sortie !

On me signe quelques papiers et on me fait en quelque sorte un sermon qui m’incite à ne plus jamais revenir ici, j’avais envie de lui répondre que c’était sûr, plus jamais je reviendrais et là j’avais quelque chose d’important à faire. Une frappe à la porte et la porte s’ouvre vers un autre couloir dont l’assistante m’attendait, c’était la salle d’attente en quelque sorte et pas de Lin à l’horizon.

- Bonjour Hazuki.

Je n’arrivais pas à la regarder droit dans les yeux et je file dans une cabine pour enfiler mes vêtements civils. Ca faisait tellement du bien de quitter cet uniforme, retrouver ses vêtements, c’était me retrouver moi-même. Enfin prête, Hazuki m’invite à la suivre pour rejoindre l’accueil, on grimpe quelques marches et je reconnais le hall. J’attrape alors le poignet du dragon et lui tends mes lettres.

- Donne ça à Lin s’il te plaît, excuse-moi de faire ce que je vais faire mais je n’ai pas le choix. Dis lui que je l’aime et que je reviens très vite.

Ouvrant la porte de l’accueil, j’attrape mon perçant dans la poche de mon manteau et file alors loin d’ici entendant dans mon dos les prosternations de Hazuki…