Baignade aérienne

Owen enfila les vêtements sans rechigner, et accepta sa proposition d’aller danser. Rubis était pourtant persuadée, qu’il aurait préféré changer de tenue avant. Il n’était peut-être pas aussi bling-bling qu’il voulait le faire croire. Enfin, il fallait bien admettre que qu'une chemise à fleur n’enlevait rien à son charisme, en particulier quand il brisait les chaînes d’une barrière à mains nues.

- Trop d’honneur très chère, répondit elle sur le ton de la plaisanterie, tout en s’éventant d’un accessoire invisible.

Décidément, elle avait un bon feeling ce soir. Rubis le laissa tout de même passer devant, il connaissait mieux le quartier. Les pas de la voleuse sautillaient déjà sur le bitume, elle était transportait par ses envies, elle dansait déjà à moitié enivrée par la fraîcheur de la nuit. Owen les conduisit jusqu’à un club, où il était déjà connu visiblement, puisqu’ils passèrent le cordon de sécurité sans avoir à faire le pied de grue.

Sas insonorisé, un bip dans les oreilles, elle eut la sensation de perdre l’équilibre quelques secondes. Puis le bruit de la nuit festive les submergea, tandis qu’ils faisaient leur entrée.

Les flashes et les lumières néon donnait à la salle une ambiance particulière, ainsi Rubis découvrait son partenaire sous un nouveau jour, à la lumière des néons, un sourire amusé aux lèvres, elle l’entraîna jusqu’au bar et héla le serveur.

- Salut mon chou, tu nous sers un Whisky et une tequila s’il te plait ?

Elle aurait bien pris un cocktail, mais elle ne connaissait pas les spécialités de la boite, et puis ils n’étaient pas tellement là pour boire. Les verres arrivèrent rapidement. Elle prit le sien et trinqua.

- À cette soirée, puisse t’elle durer.

Elle balla son verre cul sec, un de plus, avant d’entraîner Owen sur la piste de danse en marchant à reculons.

La boite portait bien son nom, les vibrations de la musique la transperçaient en rythme tandis qu’elle entrait dans la danse, se trémoussant en rythme, elle essaya de guider un peu son partenaire qui semblait moins à l’aise sur des danses en binôme. Tantôt proche, tantôt éloigné, Rubis maniait le jeu de l’attraction répulsion avec simplicité, veillant à conserver une alchimie précaire entre eux. Cependant plus le temps passait plus les phases proches duraient… Jusqu’à entrer dans un genre de transe sans fin, le monde se dérobait, seul restait les vibrations de la musiques et leurs deux corps ondulants en rythmes plus prés toujours plus prés, le souffle court, le regard débordant d’un appétit libidineux.

C'était tout à fait le genre de soirée que j'appréciais, bien qu'être dans quelque chose de public ne plaisait pas forcément plus que ça. Si on commençait à me reconnaître ici, je savais que j'étais bon pour donner une séance de dédicaces ou de photo. J'étais donc sur le qui-vive, l'œil scrutant la pièce colorée et éclairée par les néons. La musique battait son plein.

J'entrais en faisant quelques pas de danse et jeux de jambes, puis me tournai vers Rubis avant que celle-ci n'attrape mon bras pour m'entraîner au bar. On n'avait pas fini de boire. En tout cas, elle avait retenu une chose : j'aimais le whisky. Je trinquai avec elle.

Et à la femme avec moi. Dis-je en lui offrant un clin d'oeil.

Puis, l'imitant, je bue mon verre d'une traite avant de le reposer sur le bar. L'instant d'après, la femme me tirait vers la piste de danse. Je la suivais, au moins, ça, je savais bien faire. Je m'autorisais quelques écarts lorsque nous nous éloignions pour ne pas sembler trop nul face à la demoiselle qui prenait complètement les rênes de la danse.
Je faisais aussi particulièrement attention à mes mouvements, pas de choses trop brusque pour la blesser, et je regardais bien où je mettais les pieds. Imaginez le désastre si je marchais malencontreusement sur le pied de ma partenaire. Aie.

T'es plutôt douée. Tu as appris quand ?

Pendant ce temps, nous nous rapprochions de plus en plus. Je finissais par la rencontrer contre moi, je lui adressai un sourire tendre, puis, lui offrais un baiser alors que je commençais à prendre les devants et à l'emmener main dans la sienne et main sur sa hanche faire des tours. Les gens autour de nous s'étaient effacés, je ne sentais plus les regards. Je rompis le baiser au bout d'un long moment à tourner ainsi en rond, cherchant le regard rouge de ma partenaire.

Alors ? Je peux aussi embrasser sans tomber d'une trentaine d'étages ? Dis-je en pouffant de rire.

C'est au moment où je voulais replonger dans ses lèvres qu'un type choisit pour tirer ma chemise en arrière en disant un timide "Owen Dawson ?".

Deux minutes, Rubis... Je me retournai et lui offris le sourire le plus forcé qu'il m'avait été doté d'offrir à un fan. C'est moi, alors ?

Une photo, siouplait, je suis fan.

Je soupirais et d'un "Bien sûr, je ne refuse rien aux fans.", prenais sa photo de malheur. Il s'en allait tout content, puis je me retournai vers Rubis, l'air fatigué. Il m'avait gâché ce moment, et il faut croire que la célébrité m'avait ramolli aussi, il y a deux ou trois dizaines d'années, ce serait un coup-de-poing qu'il aurait reçu pour m'avoir gâché ce moment.

- Merci, tu te débrouilles pas mal non plus contrairement à ce que tu m’avais dit. J’ai appris jeune, mais pas sure que l’histoire soit très intéressante à raconter, répondit-elle

Il n’y avait pas grand chose à raconter, la danse faisait partit des atouts indispensable d’une bonne arnaqueuse. Enfin maintenant qu’elle y pensait… Si elle avait appris à danser, c’était avant tout pour faire tomber un certain fonctionnaire sous son charme… Et ça avait marché.

Rubis chassa cette pensée au loin. Se replongeant dans les yeux de son partenaire. Owen prit de l’assurance, et tandis qu’il prenait la main, guidant la danse, il se pencha pour l’embrasser. Rubis se laissa submerger, elle était totalement sous son emprise, et ce n’était pas pour lui déplaire. Les mains d’Owen sur ses hanches lui donnaient le sentiment d’être désirait, et elle le désirait en retour. Elle-même glissa ses mains dans ses cheveux courts.

- Je l’admets, je suis conquise ! Mais j’aurais besoin qu’on remette ça pour en être sure !

La température montait. Ils s’apprêtaient à y retourner, quand ils furent interrompus. Rubis lança un regard noir à l’opportun, et se vexa un peu qu’Owen accède à la requête de son fan. Elle devrait sûrement s’habituer si… *Oula stop… Ne pas se projeter.* Rubis secoua la tête, cette soirée était bien trop bizarre, hors de question de chercher à voir plus loin que le présent.

Le rythme était perdu, et la fatigue mélangée aux nombreux verres qu’ils avaient déjà avalé avait raison de son envie de danser.

- Et si on prenait l’air 5 minutes ?

La voleuse l’entraîna à l’extérieur par l’intermédiaire d’une sortie de secours, elle débouchait sur un balcon en fer, d’où descendait un escalier rudimentaire. Au moins, ici, il n’y aurait pas de fan pour gâcher leur plaisir, il n’y avait personne à l’horizon. Rubis sortis de son sac un paquet de cigarettes, elle ne fumait que rarement, et ce soir était assez exceptionnel pour qu’elle veuille en allumer une. Elle en proposa une à Owen, avant de s’accouder au balcon.

- Alors t’es vraiment aussi connu que ça ? Je dois admettre, que je ne le savais pas quand on s’est rencontré. Lança t’elle sur le ton de la conversation.

Une foule de choses se bousculaient dans sa tête, elle avait envie d’évoquer des tas de sujets, mais elle n’avait rien trouvé de moins banal à dire. Elle inspira une bouffée de sa cigarette, mais celle-ci ne suffisait visiblement pas à satisfaire son envie. Elle frisonna un peu la différence de températures entre le club et l’extérieur était énorme, mais emporter par les sensations de la soirée, Rubis ne s’en était pas aperçu tout de suite. Elle se rapprocha naturellement d’Owen, autant pour la chaleur que dégageait son corps, que pour l’aspect vitale qu’il avait prit à ses yeux.

Rubis avait l'air un peu fatigué, et nous venions de perdre notre rythme à cause de ce fan. Elle proposait de sortir prendre l'air. C'était peut être le mieux à faire. Reprendre la danse n'était pas forcément chose facile quand on s'était ainsi perdu. Je maudissais ce fan pour être arrivé maintenant, et je me maudissais aussi pour avoir accepté machinalement.

Pourquoi pas, je te suis.

On arrivait à l'extérieur, sur le genre d'escaliers de secours en ferraille. Au moins, c'était du solide, un de mes pas sur celui-ci ne le fit pas bouger. Je soufflais, et alla la rejoindre au balcon alors qu'elle me tendait quelque chose à fumer. Machinalement je commençais à lui répondre "Je ne consommes pas la marchan-", puis je remarquai enfin que ce n'était qu'une cigarette. Je lui souris et la pris en la remerciant, l'allumant par le biais de la sienne et prenant une bonne bouffée pendant qu'elle commençait à parler.

J'ai remarqué, t'avais même demander mon nom. Dis-je d'un air amusé. Mais, oui, je ne suis pas non plus super connu... Enfin, je le suis assez pour qu'on me reconnaisse assez souvent à Tern. D'ailleurs certains ne me connaissent que pour mes interviews.

Je ricanais, puis prenais une nouvelle bouffée de cigarette. Je dis un timide "Désolé", c'était la seule chose qui me venu à l'esprit pour ce qu'il venait de se passer avec le fan, et la seule chose à dire sur ma notoriété. Depuis quand je m'excuses pour être connu ?.. Aucune idée. C'était étrange.

Je la sentis ensuite se rapprocher de moi, elle cherchait le contact. Je passai mon bras autour d'elle, lui adressant par la même occasion un sourire tendre.

Et alors...

Je n'arrivais pas à finir ma phrase, en fait je voulais lui parler, mais aucun sujet de conversation ne me plaisait. J'avais toujours le "hélène" et le "björn" dans un coin de ma tête, mais vu comment elle avait réagi devant l'autre type, je préférais m'abstenir.

Tu fumes depuis longtemps ?

Je me mettais une baffe depuis mes pensées.

Rubis expire la fumée, c’était comme relâcher dans les airs ses pensées les plus obscures… pour qu’elles s’éloignent au loin. C’était à peu prés l’effet que ça lui faisait à chaque fois. Sa gorge chatouillait un peu sous l’effet de la nicotine, ça faisait un peu trop longtemps. La jeune femme prit sur elle pour ne pas tousser et briser son image.

- Je suis découverte alors… en même temps tu devais déjà avoir une petite idée du genre de personne que t’avais devant toi… Je l’admets c’était pas mon meilleur coup de bluff !

Owen passa un bras autour d’elle accompagné d’un sourire tendre, ça contrastait avec le sourire gargouillesque de tout à l’heure. Rubis lui rendit son sourire, puis ferma les yeux, se blottissant un peu plus prés, elle semblait faire ça sans vraiment y penser, comme si elle n’était plus vraiment aux manettes de son propre corps… La question qui suivie n’était pas tellement moins banal que la sienne.

La voleuse se mit à rire, sans pouvoir s’arrêter… Une fois remise elle répondit.

- Excuse moi, je crois que c’est les nerfs, la soirée était riche en émotion, et cette question... On peu pas faire plus normal. J’ai l’impression que ce n’est pas exactement ce que tu voulais me demander, je me trompes ? Pour te répondre, je fume depuis mes 9 ans… Un peu jeune je sais, mais bon, j’ai grandi dans la rue, y avait personne pour me dire de ne pas le faire, et honnêtement c’est pas la pire des choses que j’ai du faire à l’époque. Tiens maintenant que j'y pense si tu es une gargouille.... Ça te fais quel âge ?

Elle prit une autre bouffé, la cigarette se consumait un peu vite, elle était déjà au bout, et les braises se rapprochaient, faisant chauffer ses doigts. Rubis l’éteignit sur la rambarde et la lança dans le vide. Un petit silence s’installait, la voleuse ne voulait pas bouger, l’air de la nuit avait quelque chose de spéciale, quelque chose qui lui plaisait, et qui l’invitait à rester, et puis elle était bien dans les bras d’Owen, même si la vue n’était pas au rendez-vous… Un mur de briques ce n’était pas l’idéale.


- Dis moi… t’avais une famille dans ton monde d’origine ? .. Tu crois… que les miroirs reviendront un jour ?

Rubis se blottit contre moi, elle était vraiment belle. Je l'observais envoyer de la fumée parfois, sourire à d'autres. Et comme je m'y attendais, c'est un rire moqueur qui accueillit ma question idiote. Enfin, plus qu'un rire moqueur, c'était une explosion de bonne humeur. Je la regardais faire jusqu'à ce qu'elle s'arrête, l'air dépité.

Je n'apprenais pas que des informations inutiles au moins, elle avait donc vécu dans la rue depuis au moins ses 9 ans. J'avais été un peu dans le même cas à vrai dire, bien que je n'avais pas survécu seul comme elle me le laissait penser pour elle. J'étais le môme qui suivait partout un gang, parce que je n'avais rien de mieux à faire, et personne sur qui compter.

Oui... Ce n'était pas vraiment ce que j'allais dire... Je soupirais, puis envoyais une nouvelle bouffée de fumée en entendant la dernière question. Je suis plutôt jeune pour une gargouille, alors hors de question que tu m'appelles Papy, d'accord ? J'ai 97 ans. Et toi, l'humaine, quel âge ?

Je n'appelais jamais les humains "humains", étant donné que je me vivais comme l'un d'eux, mais comme on parlait de moi en tant que gargouille, autant me prendre au jeu, non ? Je finissais ma cigarette quasiment en même temps que Rubis et l'imitai en l'envoyant dans le vide. Le silence ne fut pas trop long, la voleuse avait encore des questions, tant mieux, mon cerveau avait dû partir en vacances vu à quel point ce qu'il me passait par la tête était banal et sans intérêt.

Une famille ?

Je repensais de suite à mon gang. Je n'avais pas eu de vraie famille, un père et une mère, tout ça. Il n'y avait que peu de monstres qui en avait dans mon monde. La plupart étaient "uniques", quand leur prédécesseur mourrait, alors un autre allait les remplacer quelques années plus tard. C'était mon cas.

Si je peux appeler les Blacks Devils ma famille, alors oui. Mais si c'est un père et une mère dont tu parles, non, nada. Pas de famille à l'horizon. Et en ce qui concerne les miroirs, je me demande bien... On ne sait toujours pas pourquoi ils ont arrêté de fonctionner, hein ? Alors on ne peut pas vraiment savoir si ce qui les a arrêtés refonctionnera.

Je n'avais pas non plus envie d'apprendre ce qu'il s'était passé après mon départ forcé. Je n'avais donc aucune envie particulière à retrouver mon monde.

Pourquoi ? Tu aimerais que les miroirs reviennent, toi ? Je marquai une pause. Au fait, je ne sais pas si tu veux en parler... Mais Hélène, c'était bien toi, non ?..

Rubis écarquilla les yeux a l’annonce de son âge, il avait vécu 80 ans de plus qu’elle. Autrement dit, elle ne devait être qu’un bébé à ses yeux.

- Hum je ne sais pas, fit elle avec malice, c’est quand même tentant… Pas vrai papy… ?

Elle s’accrocha à son cou, un sourire espiègle fixé aux lèvres, elle était bien décidée à le taquiner.

- Il va falloir que tu trouves quelques choses pour me faire taire si tu veux que j’arrête de t’appeler comme ça… c’est vrai quoi t’es pratiquement centenaire.

Elle l’embrassa avec engouement avant de reprendre

- Pourquoi tu m’appelles l’humaine d’ailleurs… Si tu continues sur ta lancée, je pourrais bien t’appeler papy Belzebuth jusqu’à la fin de tes jours…

L’alcool commençait à taper sévère si bien qu’elle ne filtrait plus tellement ses paroles. Sa tête tournait, mais elle s’en fichait l’univers pouvait bien s’effondrer.

- Et donc pour répondre à ta question… Elle marqua une pause pour le suspens. J’ai 27 ans.

Wow même sur son âge elle ne lui mentait pas. Est ce qu’il avait un genre de super-pouvoir qui ne fonctionnait que sur elle, un truc qui la poussait à dire la vérité ? Elle mentait depuis si longtemps qu’elle avait oublié a quel point c’était plaisant de ne rien cacher ou presque.

Elle resta silencieuse à la réponse d’Owen sur sa famille. Finalement, leurs histoires se ressemblaient. Rubis leva ses mains et dans un geste doux et réconfortant, elle lui caressa le visage. Elle était flattée de voir qu’il répondait à ses questions sans détours. Est ce que c’était ça avoir confiance ? Pourtant il y a encore quelques heures ils étaient encore de parfaits inconnus….

- Oui et non… j’aimerais bien revoir mon monde… j’ai aussi quelques comptes à régler là-bas, mais… Je ne pourrais pas y être libre au final la fermeture des miroirs je l’ai plus vécu comme une bénédiction.

La suite de la question d’Owen la figea, il aborda un terrain glissant, qu’elle n’était pas certaine de vouloir emprunter…. Depuis la naissance de Rubis lors de ses 14 ans, elle n’avait jamais reparlé à qui que ce soit de son passé ou alors uniquement des détailles insignifiant… Et admettre que c’était bien elle Hélène, c’était comme entrouvrir la boite de pandore. Elle resta silencieuse un long moment avant d’esquisser un sourire triste qu’elle essayait de rendre joyeux.

- Je suis si mauvaise comédienne que ça ? Je devrais songer à changer de métier dans ce cas… Ou alors c’est toi qui est sacrément observateur… En même temps quand on est aussi âgé… plaisanta-elle

Elle venait de répondre, sans tout a fait répondre, elle n’avait pas envie de lui mentir, du moins plus maintenant, mais, elle n’était pas prête à se mettre complétement à nu non plus…

"Pas vrai papy.. ?"

Je me sentais débile d'avoir cru un court instant qu'elle ne rebondirait pas dessus. Je m'apprêtais à soupirer quand elle me prit au cou, cet air malicieux au visage. Il n'y avait rien de bon là-dedans, à part ce rapprochement dont j'appréciais la présence. Et elle rajoutait un "pratiquement centenaire". Argh, le coup de vieux.

Grand papy aussi, pendant que t'y es...

Et hop, elle m'embrassa. C'était une bonne façon de nous faire taire tous les deux au moins, je la garderais pour plus tard, si je devais encore entendre un "papy" par exemple. Chose qui fut rapidement le cas quand elle lâcha mes lèvres.

Plus d'humaines si j'entends plus de papys, d'accord ?

Et comme pour sceller notre deal, je l'embrassais à nouveau un court instant, lui adressant le même sourire qu'elle avait quelques moments plus tôt.

Elle me répondit ensuite sur son âge. 27 ans, hein ? Elle était bien dans la tranche d'âge de mon apparence en tout cas. Si j'avais un âge humain, je devrais être dans ces coins-là après tout.
Vint la discussion sur ma famille, mon passé, et sur les miroirs. Elle ne fit aucune remarque avant de continuer sur ma question. Apparemment, elle était dans le même cas que moi, même si la fermeture des miroirs n'était pas complètement une bénédiction dans mes yeux. Si elle n'avait pas été là, j'aurais peut-être pu retourner dans mon monde pour me venger... Enfin bon.

Puis, c'était le moment de la question dont je n'étais pas tant que ça sûr de moi, que Rubis évita d'ailleurs.

On est aussi âgé, hein ?... Tu vas continuer longtemps ? J'suis dans la fleur de l'âge d'une gargouille, madame ! Puis, reprenant mon sérieux. Disons que tu avais l'air vraiment insistante là-dessus. Tu lui a lancé un de ces regards au type... Enfin bref, si tu ne veux pas en parler, je peux comprendre. On a tous quelque chose que l'on n'aimerait pas dire, hm ?

Pour moi, c'était la gargouille. Ce n'était pas quelque chose dont je n'étais pas fière, ou que je préférais garder pour moi, c'était plus une habitude gardée de mon monde. Et puis, je ne sais pas si l'image du beau Owen serait toujours présente en me montrant en gargouille.

Bien ! Parlons d'autre chose, donc. Je marquai une pause cherchant un sujet sur lequel tourner. Tiens, ça te dirait de faire un coup marrant demain ? J'ai repéré une maison à Ciel qu'on pourrait voler ensemble.

- Ok ok c’est bon j’arrête de t’appeler papy promis !

Elle fixa le vide un instant, pesant le pour et le contre…

- Hélène… c’est mon prénom d’origine… Je te raconterais, mais… comprend moi ça fait des année que j’ai enfoui ces histoires… je…

Elle baissa la tête et se mordit la lèvre jusqu’au sang, elle avait soudainement envie de s’enfuir au loin. Paralyser par sa propre incapacité à se confier alors même que lui semblait avoir déjà dévoiler l’un de ses plus grands secrets. Mais il faudrait plus d’une soirée pour partager les siens. Elle inspira profondément, se redonnant courage, elle n’était pas une pleureuse, hors de question qu’elle se donne en spectacle.

- désolée… s’excusa t’elle avant de sourire.

Il changea brillamment de sujet, une lueur s’alluma dans les yeux de la voleuse.

- Oh oh ! Dis m’en plus beau brun tu m’intéresses. Elle ressemble à quoi cette propriété ? Système de surveillance ? alors c’était ça que tu faisait au moment ou je t’ai fais les poches ?

Décidément… une cigarette ce n’était pas assez. Elle en sorti une autre et comme pour la première elle en proposa une à Owen. Puis elle percuta, qu’il proposait l’air de rien de se voir demain, même si c’était sous le prétexte du boulot. Cette pensée lui redonna de l’entrain. Elle écouta un moment avant de rebondir.

- Quoique ce n’est peut être pas le meilleur endroit pour en parler, on devrait peut être en discuter ailleurs et une fois qu’on ce sera reposé. Je ne sais pas toi… mais j’ai un peu abusé sur la boisson. Quand on a commencé à boire j’avais déjà un peu d’avance… avoua t-elle, d’ailleurs maintenant que j’y pense tu tiens drôlement bien l’alcool, je n’avais aucune chance… Tu me caches d’autres capacités dans le genre ?

La porte s’ouvrit brutalement sur un couple éméché en train de se bécoter, dans leur empressement, ils les bousculèrent et Rubis lâcha sa cigarette fraichement allumé. La voleuse pesta.

- Pu*ain mais faites attention quoi.

Sur le coup de la colère et sans vraiment lui demander son avis Rubis prit Owen par la main, et l’entraina à l’intérieur, mettant prématurément fin à leur discutions. A l’intérieur l’ambiance avait un peu changé, elle ressemblait plus à celle des fins de soirée, moins de monde et ceux qui restaient était totalement à l’ouest. L’ambiance enfumée, les lumières stroboscopiques tout était agressif, Rubis se sentait un peu mal son coup de nerf avait fait ressurgir sa nausée, elle s’arrêta au beau milieu de la salle incapable de faire un pas de plus.

Rubis commençait à délier sa langue sur le sujet qu'elle m'avouait refoulé depuis des années. Je l'écoutais attentivement, si c'était dur pour elle, je ne devais pas en manquer un mot. Elle finit par me faire comprendre qu'elle n'était pas prête, je lui caressai le visage, relevant sa tête et découvrant ses lèvres ensanglantées: "Désolée", me fit-elle alors.

Qu'est-ce ?..

Je m'arrêtais dans mon élan, lui passant le doigt sur les lèvres pour les lui nettoyer. Mon regard portait mon inquiétude et un peu de culpabilité d'avoir tenté cette pente qu'elle n'était absolument pas sûre de prendre. Attendez.. Depuis quand je me sens coupables de chose que je fais, moi ?..

Ne fais plus ça, d'accord ?..

Je changeais enfin de sujet, l'amenant sur le vol, alors qu'elle commençait rapidement à poser ses questions. Elle me présentait aussi une autre cigarette, chose que je refusai poliment d'un geste de la main et d'un sourire.

Ouais, je faisais un peu de repérage. C'est une grande propriété de bourge. Un véritable manoir. En ce qui concerne la surveillance, j'ai remarqué des caméras à l'entrée et des gardes à l'intérieur. Et puis, je ne suis pas allé plus loin, ça m'a suffit à me faire comprendre que c'était intéressant.

Elle remarquait que ce n'était pas le meilleur endroit pour continuer. Je haussais les épaules à cette constatation, ça ne me faisait ni chaud ni froid d'en parler ici, ou n'importe où d'ailleurs. Enfin, elle avouait avoir trop bu pour parler boulot. Je ricanais, puis répondis à sa question d'un air amusé.

Va savoir !

Soudain, la porte s'ouvrit sur un couple qui bousculèrent Rubis. Je n'avais pas particulièrement été affecté par cette accrochage, mais l'idée qu'ils viennent ici et ceux sans faire attention à notre présence... Ce n'était clairement pas la meilleure des choses à faire, surtout au vu de ce que je commençais à vouloir faire revenir en moi: le Owen d'avant la célébrité. Un Owen violent. Je serrais les poings, en leur adressant un regard noir. Et... Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, je sentis Rubis me tirer sur ma main. Je leur adressai un dernier regard, et suivis Rubis qui tirait plus fort.

L'intérieur du club avait changé, je continuais de suivre la voleuse jusqu'à ce que celle-ci s'arrête brusquement en plein milieu de la salle. Je lui adressai un regard surpris et interrogateur.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

J'observais son regard, son visage. Son regard à moitié dans le vide me laissait entendre que l'alcool faisait effet et que l'on en était au stade "nausée". Je soupirais, puis la prit dans mes bras façon mariée. On ferait sans doute une scène, ça la dérangerait peut-être, mais autant sortir rapidement du club.

Ne me vomis pas dessus, tu seras gentille. Dis-je avec un léger sourire.

J'arrivais enfin à la sortie du club, passant la porte et reprenant une bouffée d'air libre. Je continuais à la porter dans la rue un moment, attendant qu'elle me dise que ça allait mieux.