Baignade aérienne

Rubis resta un instant les yeux dans le vague, à attendre. Allez savoir ce qu’elle attendait, peut être un geste de réconfort ? Celui-ci n’arriva pas, après tout à quoi s’attendait-elle… Ce n’était pas parce qu’elle faisait tomber les barrières quelques instants que d’un seule coup on allait être à ses côtés.

Pitoyable, elle était pitoyable, il n’y avait pas d’autres mots Tout ce qu’elle y gagnait c’était de revoir ses veilles compagnes : tristesse, amertume, haine, toutes trois rassemblées dans un coin de son esprit, en train de se foutre de sa poire… Finalement boire autant n’était une très bonne idée. Owen avait bien trop d’infos sur son compte. Et puis quoi,ce n’était pas le monde des bisounours… Elle ne le savait que trop bien comment avait-elle pu oublier.

- Plus d’une fois, c’est souvent un mal nécessaire.

Il était sorti de la piscine et il buvait la bouteille à même le goulot. Sa décente était vertigineuse. Finalement, Rubis avait du souci à se faire question teneur en alcool.

- Laisse m’en un peu tu veux ?

Elle sourit avant de lui prendre doucement la bouteille des mains, il en restait à peine une gorgée, elle balla les dernière goutes avant de jeter la bouteille derrière elle. L’air était frais.

- Peut être qu’il te fallait d’abord faire le deuil de ton ancienne vie ?

Owen semblait se renfermer, tout comme elle, c’était le double effet kiss cool de l’alcool qui faisait son entrée, ils étaient en train d’emprunter la mauvaise pente…

- effectivement t’as un peu refroidit l’ambiance, et si tu me laissais réchauffer tout ça ? On a assez parlé pour ce soir non ?

Rubis s’extirpa de la piscine. L’air était mordant, sa peau devenait chaire de poule. Elle aida Owen à se lever et se serra contre lui. Au risque d’essuyer un rejet, elle prit son courage à deux mains…
… et l’embrassa.

Il n’était pas dans le bonne état d’esprit pour ça… mais tant pis, c’était tout ce qu’elle avait trouvé pour faire taire son anxiété grandissante.

Un mal nécessaire, hein ? Elle disait ça comme si elle avait fait ça des tas de fois, et moi qui n'avait fais ce "nécessaire" qu'une pauvre petite fois, et me voilà dans cet état. Je me trouvais ridicule. Je n'avais aucun droit d'être ainsi. Ce n'était que pour une c*nnerie en plus. Je lui tendis la bouteille qu'elle demandait tandis qu'elle expliquât son point de vue sur mes questions.

"Le deuil sur mon ancienne vie". C'était peut-être ça dont j'avais besoin, c'était quelque chose que je n'avais toujours pas fait... Je la regardais avec un léger sourire en guise de remerciement. J'avais peut-être trouvé quelque chose qui me ferais avancer, et me permettrais de faire ce dont j'avais vraiment envie. Peut-être même rejoindre cette "guilde", qui sait ?

Enfin, bref, Rubis s'asseyait à côté de moi au bord de la piscine. Je n'avais pas vraiment entendu ce qu'elle disait, encore un peu trop pris par mes pensées pour vraiment payer attention à ce qu'il se passait autour de moi.

Elle me tira le bras, et je me levai machinalement, finissant par lui faire face. Puis, en un instant, je sentis la peau tremblante de Rubis contre moi, et ses lèvres qui atteignirent les miennes. Elle m'embrassait. J'écarquillai les yeux, restant immobile un bon moment. Elle savait pourtant qu'elle ne m'avait pas dans sa poche, ça ne pouvait pas être une technique de la femme voleuse et séductrice qui me ciblait, bien trop risqué. Je finissais par la repousser doucement d'une main.

Si je m'attendais à ça de la part de celle qui voulait me voler, il y a à peine quelques heures...

Puis, je repris ma mine sérieuse aussi rapidement qu'elle m'avait embrassée, ne lui laissant pas le temps de voir plus mon visage heureux. Je ne savais plus trop quoi penser, c'était peut-être ça, son pouvoir de succube, l'envoûtement ou quelque chose du genre ! Elle ne m'aurait pas.

Je... Je crois que tu ferais mieux de partir... Dis-je timidement en passant à côté d'elle, me dirigeant vers la penthouse pour aller lui chercher ses vêtements et de quoi se sécher.

Si elle restait plus longtemps, j'avais peur de ce qu'il pourrait se passer, et puis, j'avais matière à penser. Cette soirée avait été bien plus étrange que je n'aie pu l'imaginer.

Owen la repoussa doucement, mettant un terme à leur baiser. Elle le fixa longuement attendant sa réaction… Il l’avait repoussé mais pas avec virulence, il y avait donc une chance.

- Je m’étonne moi-même, je dois bien l’admettre.

Le visage d’Owen se ferma, emportant avec lui le drôle de sentiment d’espoir qui s’était formé dans la poitrine de Rubis. Elle baissa les yeux comprenant qu’il avait prit sa décision à l’instant. Il lui dit fébrilement de partir, avant de se diriger vers le penthouse.

La voleuse resta planté là, grelottante, au bord de la piscine, elle serrait ses bras contre elle-même, ne comprenant pas trop ce qui lui prenait, elle fixait les remous de la piscine, jusqu’à ce que sa surface devienne paisible. Finalement, elle poussa un long soupire, et rejoignit Owen dans le penthouse.

Sans souffler un mot, elle prit ses vêtements, et se planta devant lui, le regardant droit dans les yeux elle hotta le haut de son maillot de bain qu’elle jeta à ses pieds, puis elle chercha à tâtons sa robe qu’elle enfila, et se débarrassa du bas du maillot, qu’elle glissa à ses pieds.

- Je te rends ce qui t’appartient.

Le regard de la voleuse se chargea d’amertume, il était rare qu’on la rejette et encore plus que cela l’affecte. Elle le regarda ensuite avec défiance, quitte à partir, elle allait le faire transpirer un peu.

- Si tu tiens tant que ça à me voir partir, il va falloir que tu m’attrapes et que tu me mettes dehors car j’ai bien l’intention de rester.

Et avant qu’il ne puisse réaliser ce qu’elle venait de dire, elle se mit à courir, vers le toit.

Rubis vint me rejoindre à l'intérieur, puis sans me lâcher du regard se déshabilla. Étrangement, mon regard soutenait le sien au lieu d'aller voir ailleurs. Je m'en voulais presque de la faire sortir, sa compagnie m'était loin d'être désagréable, tout comme ce baiser. C'était sûrement, car j'avais besoin d'être seul que je lui avais demandé, ou que ce doute sur ses intentions étaient encore présent pour ne pas me laisser aller.

Son maillot était à mes pieds et elle était maintenant en robe. Je soupirai. Je ne savais clairement pas ce que je voulais. C'est à ce moment que son regard changea. Elle portait maintenant un éclair de défi dans ses yeux, puis elle m'intima de l'attraper si je voulais la faire partir. Elle détalait si rapidement qu'elle était déjà dans les escaliers avant que je ne me rende compte de quoi que ce soit. Elle ne me rendait clairement pas la chose simple.

Attends...

C'était le seul mot qui sortit de ma bouche avant que je ne me mette à courir après elle. Elle était déjà loin et je la voyais essayer la porte de la salle de bain alors que j'arrivais à l'étage. Un des inconvénients de ma nature de gargouille, je ne suis clairement pas un des plus rapides à la course.

Rubis !

Elle finissait de trouver la porte pour le toit alors que je me mettais enfin à courir à son niveau. Elle arrivait en haut, suivie d'un Owen un peu essoufflé. La course dans les marches ce n'était pas mon truc. Je m'arrêtais devant la porte. Cette femme me rendait fou, je ne savais clairement plus quoi faire.

Pourquoi t'as couru ?

Je cherchais encore où j'en étais, et quelle chose était la mieux pour le moi actuel. La chasser pour m'éviter des ennuis et encore plus de questions que je n'en avais déjà à traiter, ou tenter le tout avec elle ?
Et me voilà qui cherchait à me justifier devant elle, qu'est-ce qu'il me prenait ?

Écoutes... Je ne sais plus ce que je veux, je ne sais même pas si je préférerais être seul pour en réfléchir ou non. Alors...

Je ne finissais pas ma phrase, rien n'en sortait, comme si j'avais oublié ce que je voulais dire.

Elle n’a absolument aucune idée de ce qu’elle fait ni où elle va, tout ce qu’elle sait c’est qu’elle est en train de courir. Rubis ouvre une porte au hasard, tandis qu’elle entend Owen l’appeler par son nom d’emprunt. La pièce qu’elle découvre est une salle de bain. Dans sa précipitation elle avait complétement oubliée sa connaissance succincte des lieux. Le repérage qu’elle avait fait à son arrivé lui était inutile maintenant qu’elle avait l’esprit embrumé par l’alcool et les sentiments.

Elle ouvrit une autre porte : des escalier. Ils montaient. Elle entendait Owen se rapprocher, alors elle s’engouffra, montant les marches à une vitesse folle. Les escalier débouchaient sur le toit du Penthouse, et là elle se sentit profondément stupide. Elle faisait comme dans tout bon scénario de film, elle était montée vers un endroit sans issus, alors que n’importe qui pouvait voir que c’était une mauvaise idée.

Elle s’éloigna de son point d’arriver, d’où surgit Owen avec quelques secondes de décalage. Il était essoufflé.

- et toi pourquoi tu m’as suivi ? répondit-elle avec aplomb

Répondre à une question par une autre question, c’était le moyen le plus simple de ne pas y répondre. Surtout qu’elle ne savait pas y répondre. Et puis c’est vrai, s’il ne l’avait pas suivit, elle serai parti sans demander son reste. Donc, il n’était pas vraiment indifférent.

Elle se mit à tourner autour du toit comme un lion en cage, flirtant dangereusement avec le bord. C’est alors qu’il commença à dire ce qu’il pensait réellement.

- Réfléchir ? Mais réfléchir à quoi ? Pour ce genre de choses, la raison ne devrait pas avoir son mot à dire, dit elle tout bas.

Elle se tourna vers le vide, qu’elle fixa un instant, la nuit était si dense qu’elle ne distinguait rien, il n’y avait rien à y voir. Mais l’obscurité semblait accueillante… Elle fit un drôle de sourire, un peu fou avant de se retourner vers lui et d’avancer de quelques pas.

- Alors que vas faire le grand Owen Dawson hein ? vociféra t-elle. Tu m’as amené ici pour ça à l’origine non ? Elle reprit sur un ton un peu plus calme. Et maintenant tu te dégonfles ? Tu ne t’attendais pas à ce que je sois plus qu’une simple poupée gonflable sans cervelle c’est ça ? C’est toi qui a cherché à faire connaissance. C’est vrai que je suis arrivée avec de mauvaise intention, mais…

Elle s’arrêta comprenant que si elle allait plus loin elle ne pourrait pas reprendre ses paroles. Elle inspira profondément.

- Mais celle que tu as vue ce soir, c’était moi. Pas la voleuse. Pas la journaliste. Pas la séductrice. JUSTE MOI. C’est si décevant que ça ?

Elle tue, se trouvant soudainement pitoyable de se donner ainsi en spectacle, elle venait certainement d'empirer les choses.

- Et toi pourquoi tu m’as suivi ?

C'est vrai, tiens, pourquoi ? On ajoute une question à la liste, hop. C'était sûrement, car c'était une des seules personnes avec qui j'avais pu parler assez librement depuis un moment, de tout et de rien. Faire connaissance n'était pas quelque chose de naturel là où j'étais.

Je n'entendis pas ce qu'elle me dit alors qu'elle s'approchait du bord du toit. Je l'observai d'un regard inquiet, faisant quelques pas timides vers elle. Je ne voulais pas finir cette soirée avec la chute de cette femme. Ce serait... Triste ? C'était bien le mot que j'allais dire... Étrange comme je commençais à donner de la valeur à la vie de quelqu'un que je connaissais que depuis quelques heures.

Elle s'approchait enfin, je pouvais souffler. Elle commençait ensuite à me dire ses quatre vérités, j'avais du mal à les entendre. Ce n'était pas totalement faux, ni totalement vrai non plus. Je "cherchais à faire connaissance", surtout. Elle me plaisait comme femme, mais je n'avais pas la bêtise d'amener dans mon lit quelqu'un qui veut me voler, j'avais donc fini par me faire à l'idée de juste parler passé, vol... Comme je le pouvais avec les têtes de mon gang il y a quelques années.

Je ne répondis pas de suite, la laissant finir après son inspiration. Ces mots étaient durs, et j'étais loin d'être quelqu'un qui pourrait l'aider.

Ce n'est pas ça... Et tu es loin d'être décevante, crois moi... Je marquai une pause. Et si c'est ce que tu veux... Me voilà.

Je m'approchais d'un pas rapide, la prenant dans mes bras. Mon geste suivant fut maladroit, bien que plein de bonnes intentions. Je voulais lui faire savoir que je n'avais pas vraiment envie qu'elle s'en aille, et lui montrer que je ne pensais pas rien d'elle. Alors, qu'est-ce que j'ai fait ? Un acte très gargouillesque, le genre qui provenait plus de l'instinct qu'autre chose.
Je l'emportai dans mes bras en me laissant tomber dans le vide qui n'était pas bien loin.
Je l'embrassais durant la chute, tout en transformant partiellement. Enfin, je me détachais de ces lèvres puis passai à ma forme complète de statue, déployant par la même occasion mes ailes afin de faire deltaplane pour redescendre vers un parc en contrebas.

"Pourquoi ai-je fait ça..."

C’était ce qu’elle voulait au fond, il approchait d’elle. Le cœur de Rubis se mit à battre la chamade, qu’est ce qu’elle avait ? Elle prit peur d’un coup et esquissa un geste de recul.
Il la prit dans ses bras, elle avait peine à y croire. Rubis ne sentit plus le sol sous ses pieds, il l’avait soulevé, comme un vulgaire poids plume.

A présent, il s’approchait du bord.

*Attends il fait quoi là ? Il va quand même pas.. NON, non, c’est trop tôt je peux pas mourir*

Rubis s’agrippa à son cou avec la force du désespoir, elle cru un instant qu’il allait la balancer par dessus bords, après tout ce qu’elle avait dit c’était logique. Mais elle ne s’attendait pas à ce qu’il saute avec elle. Elle plongea ses yeux dans les siens, cherchant une raison à cet acte étrange… Quand il l’embrassa. Elle écarquilla les yeux, son baiser la transperçait de part en part, il venait de mettre leurs âmes à nu. Rubis n’y comprenait plus rien, ses muscles jusque là raidit par la surprises se décontractèrent, elle se laissa envahir par la sensation et lui rendit son baiser avec passion, amenant une main à son visage, elle s’abandonna totalement à lui.

Si c’était la fin quelques mètres plus bas, c’était une belle mort, digne d’un film, mais c’était dommage, elle aurait aimée en voir plus, elle voulait vivre encore, elle avait le sentiment que quelques chose commençait, non pas que quelques chose se terminait. Elle se blottit contre lui, laissant l’obscurité les engloutir à jamais. Elle attendait l’impact qui ne venait pas. Elle sentit le visage d’Owen changer sous sa main, sa peau devient roche, et de grandes ailles noirs se déployèrent dans son dos. Rubis écarquilla les yeux de plus belle, sous le choc, elle chercha à travers les prunelles dorées de la créature, les traces de l’âme d’Owen.

Alors c’était ça… la barrière qu’il avait érigé depuis le dépars, il avait peur de lui montrer sa véritable nature ? Rubis se sentait minuscule dans ses bras, il aurait pu la broyer d’une simple pression de la main, pour autant elle le trouvait tendre, presque protecteur.

- Alors c’est ça qui te faisait si peur, Belzebuth ? fit-elle en souriant. Cette forme te va bien aussi, t’as un côté ténébreux c’est pas pour me déplaire, j’ai toujours eut un faible pour les mauvais garçons….

C’était tout ce qu’elle avait trouvé pour détendre l’atmosphère. Elle ne savait pas quoi faire ou dire, ni qu’elle serait la suite des événements. Mais elle continuait à s’agripper à la créature sans éprouver le moindre sentiment de peur. Il venait certainement de lui dévoiler un de ses plus grands secrets, elle voulu faire de même… mais l’idée d’être bloqué sous son autre forme pendant les 24 prochaines heures ne l’enchantait pas.

Ils atterrirent dans le parc, une petite foule aillant assisté à la scène s’était regroupé autour d’eux, les chuchotements allaient bon train, et quelques flashes d’appareils photos retentirent. Les pieds de Rubis touchèrent la terre ferme, mais ses jambes fébrile encore sous le coup de l’émotion refusaient de la porter, elle du se rattraper à Owen pour ne pas tomber. Elle avait le tournis, un vol plané mélangé à l’alcool et aux sensations fortes ne faisait pas bon ménage, il lui fallut quelques minutes pour recouvrer l’équilibre.

- alors tu me fais confiance maintenant ?

Rubis remarqua enfin la foule et les appareil photo, elle cacha son visage ce n’était pas bon pour elle pas du tout, elle allait se retrouver avec mes sanctuaris aux trousse.

- On peut pas rester ici, souffla t’elle, y a trop de curieux.

Rubis se décontractait, elle se laissait abandonner à ce baiser étrange que l'instinct du monstre avait éveillé. Me voilà maintenant assuré qu'elle était bien de mon côté, non pas pour mon argent, mais pour moi. Elle aurait sûrement hurlée, se serait débattue si c'était le cas. La seule chose qu'elle avait faite était de s'agripper à moi. Devais-je louer cette pulsion qui m'avait éclairé ? Peut-être était-ce bien là le problème après tout, je n'écoutais pas la partie monstre, ou que très rarement. Elle était bien pourtant l'incarnation de mes envies.

Belzebuth, hein ? Dis-je d'une voix rocailleuse, bien plus grave que celle que j'avais sous forme humaine. Content que ça te plaise.

Je me posai enfin, prenant soin d'aider Rubis à retomber sur ses pieds. Des gens arrivèrent rapidement, prenant en photo la bête noire et l'humaine dans les bras l'un de l'autre était une scène qui plaisait apparemment. Je ne pouvais pas me retransformer de suite en humain au vu du public que l'on avait amené en si peu de temps.

Ouais... Je te fais confiance.

Je lui adressai un sourire. Il n'avait plus rien de celui de l'homme incroyablement beau que je suis, mais tenait bien de l'épouvante. C'était un sourire carnassier, montrant tout les crocs de pierre de ma gueule à la voleuse.

Tout à fait d'accord.

Je regardais un instant Rubis se cacher des flash. Elle n'était pas faite pour ça. Je me tournais rapidement vers le monde en hurlant vers eux. La plupart reculèrent aussitôt et je profitai de ce moment pour prendre la femme dans mes bras comme une mariée, puis repartait dans les airs péniblement. Le vol d'une gargouille était loin d'être aussi gracieux qu'un oiseau, il tenait plus de la course d'un gros, maladroite et demandant beaucoup d'énergie.

Après quelques minutes de silence et de trajet, je me posais dans un endroit plus calme de Tern, un parc fermé pour la nuit. Je laissais Rubis descendre de mes bras, puis m'éloignai un instant pour me retransformer, je rapetissai et prenais forme humaine... Tel Adam. Nu. Je jetai un œil à mon accoutrement et soupirai, ne me cachant pas pour autant de suite.

J'avais presque oublié pourquoi j'évitais de me transformer complètement en gargouille... Bon. On fait quoi, l'humaine ? Dis-je en pouffant de rire.

Je commençais en même temps ma transformation vers la gargouille, passant en premier dans la forme "hybride". Je n'allais pas non rester nu toute la soirée, et même si je ne me transformais en monstre que le temps des combats qui demandaient plus que de la simple force et résistance, je préférais toujours parler ainsi que de me balader en pleine nuit dans un parc l'entrejambe à l'air.

Sa voix roque tremblait d’une puissance monstrueuse. Rubis n’aurait assurément pas apprécié de l’avoir comme ennemie. Dire qu’elle avait eut dans le projet de l’arnaquer, elle aurait déchanté en découvrant sa nature. Au lieu de ça la soirée avait prit un chemin diamétralement opposé. Son sourire de pierre était quelque peu déstabilisant, il n’était pas charmant, et en d’autres circonstances, il lui aurait fait froid dans le dos…

Finalement, il fit fuir la foule et l’instant d’après, il l’emportait vers un autre parc, désert celui-ci. La sensation du vol était plutôt agréable, elle se dit qu’un tel don devait avoir quelques avantages, en plus d’une force surhumaine, il pouvait voir le monde différemment… Tout paraît différent vu d’en haut.

Owen se retransforma, et reparut nu comme un ver. Rubis ne put s’empêcher de le détailler des pieds à la tête se mordant la lèvre inférieure, une chose était sure, elle ne s’était pas trompé sur la marchandise.

- Tu devrais peut-être songer à le faire plus souvent, dit elle en faisant un sourire espiègle. La vue n’est pas désagréable.

Qu’allez t’ils faire hein ? Elle n’en avait fichtrement aucune idée.

- Déjà, on devrait te trouver des fringues, tu risques de créer une émeute là. Je m’en occupe, reste là.

Rubis escalada la barrière avec la grâce d’un félin. Elle chercha un homme de stature équivalente, parmi les badauds alentour, il suffirait de l’attirait à l’écart de l’assommer avec une technique dont elle avait le secret, mais tous avait des carrures trop chétive, Owen ressemblerait à un gosse dans des vêtements trop serré. Au bout de quelques minutes, elle était prête à rebrousser chemin quand elle tomba sur une enseigne lumineuse : « laverie automatique 24/24 » plusieurs machines tournaient sans surveillances. *Bingo* Rubis ouvrit le tambour du premier sèche-linge pour y trouver des vêtements de femme dimensions XXL, elle pouffa en imaginant la gargouille vêtue ainsi… Une fois remise de son fou rire, elle reprit ses investigations pour enfin trouver son bonheur, malheureusement si c’était la bonne taille, les vêtements n’étaient pas vraiment dans le style d’Owen.

Elle rebroussa chemin, elle eut un léger pincement au cœur se demandant s’il serait toujours là, où elle l’avait laissé après tout elle s’était absentée un moment.

- tiens, c’est tout ce que j’ai trouvé.

Elle lui lança un Bermuda vert kaki, accompagné d’une chemise à fleur.

- Le look baba cool un peu rétro… On peut toujours retourner à la tour pour que tu te changes, ou alors… Son regard s’illumina. On pourrait aller danser…

Une autre idée lui traversa l'esprit, elle aurait pu aussi lui proposer de venir chez elle, mais la proposition serai peut-être mal accueillis... Elle la chassa de son esprit.

"La vue n'est pas désagréable". Je rigolais un moment, bien que le compliment fonctionnait plutôt bien sur moi. Je pris la pose en rigolant, puis tandis qu'elle partait me chercher de quoi m'habiller, je me transformais en gargouille.

Ok, je reste là. Fais vite.

Je lui fis un signe de ma main monstrueuse, puis la regardais passer par-dessus la barrière du parc en un éclair. Elle était douée. Pendant ce temps où elle était partie, je tournais en roue dans le parc, marché ainsi transformé pendant si longtemps, je crois que je ne l'avais jamais fait. Je finis par m'arrêter à un banc que je cassai rien en posant à peine mes fesses dessus.

Camelote... Grondais-je.

Je me mis à faire les cent pas pendant de longues minutes, ne trouvant rien de mieux à faire dans ce parc. Au final, je partais vers une fontaine du parc et me plaçais dessus, prenant la pose comme une gargouille. Pourquoi ? Pour rire. J'avais fini par me dire d'écouter l'instinct de monstre dont j'étais doté, alors me prendre pour le monstre était quelque chose qui m'amusait particulièrement.

Je finis enfin par voir la voleuse revenir, j'avais bien cru qu'elle m'avait planté là... Je descendais de mon perchoir et me retransformais en humain pour attraper ce qu'elle avait trouvé : un bermuda et une chemise à fleur. Ce n'était clairement pas mon style, ça, c'est sûr. Le mot "danser" était plutôt plaisant à entendre, pas que j'étais un professionnel dans le domaine. Mais l'idée de passer du temps avec Rubis, tout en lui faisant plaisir (chose que je pouvais voir à son regard) était appréciable.

Alors c'est parti pour danser !

J'enfilai le bermuda, et mis la chemise que je refermais doucement en la suivant vers la barrière. Avant qu'elle ne reparte faire des acrobaties pour la passer, j'explosai la chaîne de la porte et l'ouvrais en lui faisant signe de passer. Quand j'entre ou je sors, c'est toujours par la porte principale.

Mademoiselle.

Je regardais un peu partout autour pour me repérer, puis indiquait une rue avant de commencer à m'y rendre.

Par ici, "The Vibe".

Je ne fréquentais pas souvent les clubs, mais celui-ci avait reçu ma présence pour contacter un type venant de Magna. Il voulait avoir des informations sur un gang, informations que j'avais. Vous vous souvenez ? Le réseau d'oreilles que je m'étais fait...

Alors, comme ça, tu aimes danser ? Je t'avoue que je ne suis pas un pro des danses à deux.

Quand je dansais, c'était plus pour m'amuser avec des amis. J'avais donc l'habitude des danses que l'on réalise seul, celles en duo, je les avais appris, mais elles étaient loin d'être sur ma liste des choses que je savais correctement faire.
Une fois devant l'entrée du club, je passais la file pour me rendre devant le vigile. Un signe de main et un sourire, et il me laissait rentrer avec Rubis. C'est ça d'avoir un nom.