Bains de minuit

Une hécatombe. Des dizaines d'aventuriers aux sanctuaires ou dans les cliniques de la Zone, personne ne veut plus aller se charger de cette mission.
Une annonce du miroir n'avait rien changé. Moi, qui d'ordinaire n'ai jamais de mal à trouver un équipier ou deux, je suis boudé par les quelques groupes encore sur pieds qui trainent dans la tour.
L'elfe venait de finir son dernier rapport et je lui raccrochais au nez, excédé.

-Si personne ne m'accompagne, j'y vais seul !

De la colère et des reproches s'étaient glissés dans ma voix. Tous autour de moi pouvaient entendre l'accusation derrière ces mots. Je leur reprochais de ne pas avoir assez de courage pour faire ce qui doit être fait.

Eva ? Je n'avais rien à craindre d'elle, j'irais inscrit ou non dans ses fichues bases de données.

Elle avait croisée dame Gisèle pour la première fois depuis son adoption, elle l’avait invitée à boire un thé dans son chenil. Ce que Lilou avait acceptée avec grand plaisir. Elles avaient passaient des heures à discuter comme deux vielles copines, Lilou lui avait racontait toutes ses aventures et ses mésaventures, la rencontre de son père lors d’une expulsion musclé de chauves souris, son adoption, les disputes entre Kaïl et Richye, la disparition de Titou et comment ils avaient démantelé un trafique d’animaux en le retrouvant. Son apprentissage de la médecine avec un maître tout a fait étrange, mais attachant. Autant de moment émouvant et palpitant qui rendait à la vielle femme le sourire de ses vingt ans. Puis, madame Gisèle lui parla d’une mission périlleuse qui n’avait pas trouvé acquéreur à la bibliothèque malgré les nombreuses demandes. Ses compétences de guérison et son amour pour les animaux faisait de la petite Lilou une candidate idéale pour se rendre sur les lieux, Lilou remercia la vielle dame.

- Passe bien le bonjour à ton petit ami de ma part, même s’il est malpoli. Fit la vielle dame avec un clin d’œil.

Lilou rougit comme une pivoine.

- Ce… C’EST PAS MON PETIT AMI ! …. Mais je lui dirais..

Elle avait parlé beaucoup plus fort que ce qu’elle pensait. Rouge écarlate, Lilou prit ses jambes à son cou avant que ça ne deviennent plus embarrassant encore

- Au revoir Mme Gisèle !

Puis elle partis en direction de la bibliothèque.
Une petite heure plus tard, Lilou fait une entrée fracassante sa ménagerie sur les talons, elle crie fièrement.

- Qui a demandé une guérisseuse ? Me voilà ! c’est par où la mission bain de minuit ?

C’est alors qu’elle avisa Kou’en avec sa mine renfrogné et son petit air bougon et ténébreux, il était presque aussi craquant que Kaïl… presque hein, personne ne peu le détrôner avec ses yeux couleurs coquelicot et son sourire a faire chavirer un navire difficile de faire mieux.

- Bah alors M’sieur, vous êtes tout chose, ça va pas ? Je peux vous ausculter si vous voulez, j’en ait pas l’air comme ça mais je suis guérisseuse ! Oh ! mais vous cherchez quelqu’un pour aller soigner les animaux ? Je suis votre homme !

Elle lui serrait la main frénétiquement tout en parlant, un vrai moulin à parole.

Personne. J’avais l’air fin avec ma fiche de mission à moitié remplie sous le coude. Une gamine entra dans la bibliothèque. Encore une adepte des glaces de Kip ? C’est vers moi qu’elle se dirige et devant mon air médusé, elle propose de m’ausculter. Il y a bien un ou deux gros malins que ça fait rire dans le hall.
J’étais persuadé que cette petite accompagnait quelqu’un ici, mais personne ne semblait vouloir venir la chercher. Sa mère par exemple ? Un coup d’œil sur l’assemblée me confirma mon intuition. Puis, son visage me revint.
Je repris contenance alors qu’elle me serrait la main. Je ne serrais aucune main de peur d’emporter les doigts de malheureuses victimes. Avec toute la délicatesse du monde, je tâchais de ne pas broyer la sienne. Un miracle se produisit, elle ne pleurait pas et elle parlait même d’aller en mission.

Ayame lui aurait demandé son âge. Pour ma part, je lui donnais la fiche de mission et un stylo. Puisqu’elle voulait partir en mission, j’allais exaucer son souhait.

-Tu ne serais pas Lilou, par hasard ? L’apprentie d’Atrya ?

Un peu moins bougon et un peu plus souriant à présent, cette petite pleine de bonne volonté me rappela un gamin qui a mal vieillit. Chassant l’ours le matin et ses démons le soir.
Je lui donnais le baladeur et l’oreillette qu’elle pouvait utiliser. L’appareil appelant déjà Ayame.
J'avais eu une idée à voir son joli minois et sa voix adorable, je l'utilisais sans vergogne pour se charger du "terrible Capitaine de K'ouen". En clair, j'allais amadouer Ayame avec une fillette. Non, je n'ai pas honte. A situation désespérée...

-Tu veux bien prévenir Ayame pour moi ?

Je me tournais vers le bureau pour y attendre Eva.

J’arrivais à point nommé. Bouche bée, mon air en disait long sur ma désapprobation. Mais qui peut se targuer de pouvoir dire « non » à sa Majesté K’ouen ?

-K’ouen, ce n’est pas sérieux d’emmener une enfant dans une mission pareille… S’il lui arrive malheur ?

Carine ne comprenait pas pourquoi j’en faisais tout un plat. Si la petite voulait y aller, qu’elle y aille. Elle reviendra bien la queue entre les pattes quand elle se sera pris une mandale… Ou bien elle mourra et c’était tant mieux. La nature ne tolère pas la faiblesse.

Prise entre les feux de Carine et ceux de Wergeld, j’étais acculée et forcée d’abdiquer.

-Entends-moi bien Wergeld. Ayame sera informé à l’instant où tu te seras téléporté et si cette petite revient avec une seule égratignure, je te transforme en rôtis pour loup-garou.

J’enregistrais la fiche. N’est pas K’ouen qui veut… Et ça ne m’empêchera pas de lui botter son petit c… Ah ! Les Maitres !
Carine n’essaya pas de me calmer, j’étais furieuse et il le sentait. Je pestais contre les Maitres fou furieux et les gamines imprudentes tout en montant les marches vers le 1er étage.

- Si si c’est moi ! Lilou Erelm et vous ? vous connaissez Atrya ? Oh... mais j’y suis !

La fillette marqua une pause et tapa son poing dans la paume de son autre main.

- Atrya ne s’était pas trompé en vous décrivant M’sieur Couane.

Elle terra bien évidemment la description que lui en avait fait son maître : grincheux, bougon et renfermée sauf quand on parle de chasse, là il n’écoute plus personne et se comporte comme un gamin. C’était a peu prés l’essence de ses paroles puis Atrya avait continué en disant que s’il lui laissait faire des câlins plus souvent, il ne serait pas si grognon. Puis Wergeld lui donna un baladeur.

- bah… d’accord mais je lui dis quoi moi ?

- allo ? Wergeld
- Bonjour Monsieur Ayame
- Mais qui êtes vous
- Lilou m’sieur, et Couane m’a dit de vous prévenir, donc voilà je vous préviens au revoir.

Puis elle raccrocha.

- Voilà c’est fait ! Bon alors on y va maintenant ?

HRP:

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Echec de la mission