Faucher comme les blés

S'il y a bien un truc qui me soule depuis que j'ai quitté mon village, c'est que je n'ai plus d'équipement : pas de lance, pas de cordes, même pas un canif... Et les deux missions que j'ai fait, la galère...

Faut que je change ça ! Donc direction Ordae, à c'qui paraît, le forgeron là-bas fait des miracles.

Le quartier est plutôt sympa, avec son côté médiéval, ça change de la grisaille de Tern (trop de béton). Et j'aperçois au loin une colonne de fumée au-dessus d'une cheminée en pierre taillée, ça doit être la Forge.

Je pousse la porte et .... Whoahou ! Regardez-moi toutes ces armes bien rangées, rutilantes et tout ! Et il y en a pour tous les goûts. Et ça se voit que le forgeron ne lésine pas sur la qualité des matériaux. Et la foule d'équipements me ferait presque tourner la tête.

Et parmi tout ça, je viens de tomber sur l'arme de mes rêves : une faucheuse ! une lame de faucille, une chaîne, un poids, juste tout ce qu'il me faut. J'accours au comptoir :

- Bonjour ! Est-ce que je pourrais voir la faucheuse d'un peu plus près, s'il vous plaît ?

Je reconnus sans mal la plante vers qui se tenait à mon comptoir excitée par sa trouvaille.

Caché dans un coin de la forge à briquer les armures, j'approchais tranquillement derrière le végétal avant de la saluer les mains derrière le dos :
- Ivy ! Comment vas-tu ?
Au souvenir de notre mission à la chasse à l'ours mon sourire était quelque peu jaune.

- La faucheuse ? Pas de problème je t'attrape ça.
Je pris les clés derrière le comptoir pour ouvrir le râtelier et fis signe à la plante de me suivre. Signe qui ne servait à rien puisque Ivy était déjà devant son coup de coeur.

- Voilà le bébé. Si tu veux l'essayer il n'y a pas de problème, nous irons dans la cours un instant, tu auras plus de place pour tenter des figures plus invraisemblables les unes que les autres.

- Bonjour Ayren ! C'est toi le forgeron ? Le pouvoir du feu t'es super utile alors, dans ton travail de tout les jours... Ça va super ! Mais j'ai besoin d'équipement, pour mes futures chasses. Sans armes, c'est hachement plus compliqué.

Ayren qui m'invite à essayer la faucheuse dans la cour, je lui emboîte le pas.

- Bien sûr que je veux l'essayer ! J'ai envie de voir si je n'ai pas perdu la main.

Tout en le suivant dans la cour, je lui expliquais.

- Dans mon village, on utilisait une arme à la fois similaire, mais différente : une lance de bois robuste, munie d'une pointe d'os, avec une liane accrochée à l'arrière. Les matériaux étaient souvent prélevés sur des sources de qualité au sein de la forêt d'Ing. La lance permet une longue portée au corps à corps et peut même être lancée, et la liane robuste permet d'entraver les proies. J'en avais une, mais j'ai dû la laisser quand j'ai quitté mon village.

Ok...ok... je n'ai pas vraiment quitté mon village de gaité de cœur, encore que... C'est surtout parce qu'on m'en a jeté.
Et tout en jetant un oeil à l'arme en question.

- Mais on n'a pas de forgeron dans le village. Je suis sûre que ton talent sur les métaux peuvent rendre n'importe quelle arme encore meilleure. Tu pourras me faire une démonstration ?

J'ai aussi hâte de la tester moi-même.

L'enthousiasme d'Ivy me fit oublier les mauvais souvenir de notre mission commune.

Lorsqu'elle me parla des armes de son village je pris note mentalement des description qu'elle m'en faisait. Ce sujet était fort intéressant, peut-être pourrais-je réadapter cette arme avec du fer et du cuir ? Il me faudrait essayer en tout cas.

Les compliments de la plantes me firent sourire, tandis que je l'amenais dans la cour, l'arme en main, je préférais lui préciser :
- Tu sais je ne suis pas un maître d'arme, je ne maîtrise pas l'art subtile de toutes armes. Néanmoins, je peux t'en montrer quelques subtilités.

Me plaçant en garde au milieu du pavé je fis signe à Ivy de s'écarter un peu. J'élançais alors mon bras dans les airs faisant voler l'arme autour de moi. La lame en demi-lune fendit l'air d'un sifflement tandis que le boulet tournoyait avant de s'écraser contre une pierre, en arrachant un éclat.

Finissant ma démonstration je revins vers le végétal, lui tendant l'arme.
- Regarde, tu as ici un mécanisme qui te permet de rentrer la chaime dans la garde, tu peux contrôler toi même la longeur de la chaîne qui peux s'étendre jusque 1m50. Plus la chaîne est longue, plus le boulet suivra ton mouvement avec de temps, mais l'impact en sera plus conséquent, force centrifuge oblige. Conclus-je.

M'éloignant de plusieurs bon pas de la plante guerrière je l'incitais à bouger :
- Vas-y, tu peux l'essayer.

Ayren me faisait reculer un peu, le temps d'une démonstration. Ses mouvements sont souples et fluides, ça se voit qu'il a autant l'habitude de manier les armes que de les forger. En finissant son explication, il m'explique que la chaîne est rétractable.

Et là, il me propose d'essayer. Je trépigne d'impatience :

- Oh oui oui oui ! Merci

Je prends l'arme, attends que le forgeron recule un peu, et commence à faire tourner un peu la lame. Elle est très équilibrée, et ne dévie pas. Et l'arme est particulièrement légère, pour du métal. Pour le mouvement suivant, j'attrape le manche de la lame, et commence à faire tourner le poids. Je finis par faire un tour sur moi-même, élever le boulet au-dessus de ma tête, et asséner un coup vertical dans la terre meuble devant moi.

- Oh, je la veux, je la veux, je la veux ! Mais... c'est possible de rallonger un peu la chaîne ? Rajouter 50 cm ?

De toute façon, possible ou pas, je la prends quand même.

Je réfléchis un instant à la demande d'Ivy avant de lui répondre :
- Je peux te la rallonger de 35cm, après j'ai peur que ça fasse trop et de déséquilibrer totalement l'arme. Je rajouterai aussi un bout de plomb au niveau de la garde pour rééquilibrer le poids. Cela garantira la maniabilité de l'arme mais la rendra plus lourde par contre. Tu penses que ça pourrait te gêner ?

Je repris la faucheuse pour en évaluer le poids avant de retourner à la forge, invitant la plante à me suivre.

- Si les changements que je te rpoposent te conviennent revient d'ici une petite heure, ton arme sera prêtre. Je t'encaisserais à ce moment là, tu pourras la réessayer pour t'assurer de sa maniabilité. Cela te convient ?

Ayren me décrit la limite de la rallonge qu'il peut effectuer sur l'arme, et le temps que ça prendra :

- Ce n'est pas autant que je le voudrais, mais je te fais confiance sur ce point. Tu as plus l'habitude de manier les métaux que moi. Ça me convient parfaitement. Je reviendrais dans une heure.

Une heure, juste le temps de prendre un petit bain de soleil.

Je travaillais d'arrache pied avant que la plante vivante ne reviennent. Rajouter les anneaux de faire pour rallonger la chaîne n'avait pas été difficile, ce qui m'avais pris le plus de temps était le plomb pour compenser la rallonge et retrouver une harmonie dans l'équilibre de l'arme. Une fois rop lourd, puis trop léger, j'avais réussi à trouver le juste équilibre une dizaine de minutes seulement avant le retour d'Ivy.

Lorsque cette dernière fit son apparition, je me tournais vers elle fier de moi :
- Tiens, viens l'essayer et dis moi si cela te convient !

Je l'invitais à revenir dans la cour pour le test. Je ne pu m'empêcher de toucher le haut de son crâne oubliant presque que la fleur était un être vivant :
- Dis moi ... Tu n'aurais pas verdi en une heure ?

J'avais l'impression que sa couleur resplendissait davantage, peut être une illusion suite au temps passé dans la pénombre de mon atelier.

Quand Ivy eut fini de tester l'arme nous retournions dans la boutique où je lui fis régler la sommes de 45 Pims pour l'achat de cette faucheuse sur mesure.

Après mon petit bain de soleil, mon retour à la forge était des plus agréable : Ayren avait fini d'améliorer mon arme, et m'invite à tester encore une fois mon nouveau joujou. Et juste au moment où j'allais commencer à essayer la faucheuse, le voilà qu'il me touche les pétales ! Je me raidis d'un coup :

- A...A...Ah... Dou...doucement, c'est sensible, tu sais ?

Je contenais mon embarras comme je pouvais, et rougissais un peu :

- Oui... après un bain de soleil, je reprends des couleurs plus vive.

J'ai eu bien du mal à finir mon essai, mais l'arme me parait vraiment équilibrée et facile à manier.

Au final, dans la boutique, j'ai réglé les 45 pims, mais j'ai eu tout le mal du monde à croiser son regard. C'est que ma fleur, c'est sensible... et... délicat.