Enquête : croque-mitaine

Spoiler:

-Bonjour.

Pour tout dire, ce jeune homme, je ne l'aurais pas d'office mis dans la catégorie "aventuriers et suicidaires". Il semblait trop neutre, trop calme, pour y avoir une place pré-louée à la naissance. Avec un temps d'observation si court, je l'aurais même considéré comme une personne sensée et civilisée. Jusqu'à ce qu'il se propose pour une mission. Une mission assez dangereuse et en compagnie d'un sanctuari.

-Tu es sûr ? As-tu déjà fait des missions auparavant ?

Ce faisant, je saisissais quelques mots dans un message à destination de la caserne.

-Un sanctuari ne devrait pas trop tarder.

Je le laissais aller s'installer en attendant Septembre.

Au beau milieu de la bibliothèque, une porte. Un panneau de plastique de taille standard et de couleur blanc cassé-passé, taché, usé et laissant voir par endroit le bois de qualité agglomérée sous la croûte de peinture. La poignée avait du jeu et en l’ouvrant un grincement réveilla les morts dans la bibliothèque.
Je passais de l’ambiance aseptisé du sanctuaire à celle tout aussi sèche de la bibliothèque. Un sourire mi-dents ivoire, mi dents d’acier et j’approchais d’Eva, de son bureau et des problèmes - très certainement.

-Qui est mon équipier pour l’enquête ?

Un coup d’oeil vers Morgan, c’est inscrit sur la fiche sur le bureau et je suis muet de surprise. Mon processeur balance du jus dans les protocoles de politesse et mon bras se plie de lui-même pour lui tendre une main amicale.

-Septembre.

Il va jusqu’à effleurer son coude pour lui indiquer que je lui propose une poignée de main. Mon processeur est une conscience dans ma conscience. Je me trouve de plus en plus flippant et vu ce que je m’en vais chercher dans la ville en compagnie d’un aveugle, ce n’est pas près de s’améliorer.

-Tu as déjà bossé avec la caserne ?

J’approche de la porte du vestibule derrière le comptoir d’Eva, où j’emmène d’une pression de la main “Morgan”. La porte ouverte donnait sur le perron de l’immeuble où nous attendait notre dernière victime en date.

-J’espère que tu n’es pas malade à la vu du sang, plaisantais-je.

Spoiler:

-ouais bah moi, l’odeur, c’est le pire. Ça fait monter mes capteurs dans des strates pas possibles et j’en entends parler pendant un moment dans les micro-serveurs. Une vraie plaie, toutes ces alertes en continue…

J’appréciais qu’il soit ouvert à la plaisanterie, une mission comme celle-là serait peuplée de cadavres dans un très mauvais état, nous aurons tous les deux besoin de lâcher un peu de pression de temps en temps.

Derrière-nous, la porte du bureau d’Eva claqua suivie de près par celle de la caserne. Le voyage fut rapide jusqu’à la dernière scène de crime.

L'heure de la paye à sonner. De mon pas triomphant, je pénétrais la bibliothèque. Mon visage était passablement crispé et pour cause, mes Nanobots reconfiguraient une partie de mes composants pour rétablir ma conception d'origine.
L'hôpital avait fait ce qu'il pouvait mais les pièces remplaçantes provoquaient comme un syndrome de rejet après une greffe... A la différence que je ne vomis pas et que mes nanobots dansent la macarena sur toute ma carrosserie.

-B'jour.

Kip attendit un moment que je me décide à lui parler. C'est que j'étais un petit peu occupé. Mes capteurs me notifiaient sans arrêt de nouveaux rapports d'analyse et tout ça contrôlé par mes bactéries personnelles. De la haute technologie qu'ils disaient.
Pas fichus de me programmer avec un anti-spam.

-Kip, tu peux regarder la mission croque-mitaine. J'ai envoyé mon rapport d'arrestation hier. Tu dois pouvoir nous payer avec Morgan ?

Le robot s'enfouit dans les registres d'Eva et moi je continuais de trier mes pop-up. Le regard dans le vague, incapable de voir si Morgan m'avait rejoint ou non.
Encore que, s'il était présent, ce serait sûrement contre avis médical.