Remplacer ce qui a été brisé

HRP:

Eylène reconnut Morgan et l'accueillit chaleureusement.
- Peut-être Ayren pourrait-il réparer votre canne une nouvelle fois ? Suggéra-t-elle.

Elle vint me chercher alors que je jouais avec Tea pendant que mon ouvrage refroidisse. Je devais bien avouer qu'avoir Eylène à mes côtés pour s'occuper de la boutique changeait mon travail. Je pouvais ainsi consacrer tous mes jours de repos entièrement à Eva, ou à mon temps personnel.

J'enlevais mon tablier avant de me rendre à la boutique :
- Morgan ! Comment allez-vous ? Eylène m'a dit que vous vouliez une nouvelle canne-épée. Avez-vous l'ancienne avec vous ? Je sais que vous y teniez, je peux peut-être récupérer les matériaux pour vous en refaire une autre si elle n'est pas réparable.

Elle me fit part de son désir de confort, je la rassurais aussitôt :
- Ne vous inquiétez pas, je vous mettrez de la laine de Moutonphant, l'une des plus douce d'Entre-Monde, sur la poignet. Et je finirais la canne avec un embout de fer comme l'ancienne, cela vous convient ? Je savais que Morgan utiliser le son pour se repérer, d'où l'acier en fin de canne pour émettre des ondes sonores lorsque celle-ci toucherait un sol dur.

Je finis par reconnaître la pétillante Eylène qui appela son patron. C'était vraiment un bonheur de venir les voir tout les deux. Moi qui vivait en solitaire, ces petites excursions à la forge me permettait d'avoir le contact social nécessaire pour ne pas devenir fou. Je souris et me tournais approximativement vers Ayren. Sa proposition de me créer une canne à partir de l'ancienne me fit extrêmement plaisir et je me félicitais d'avoir effectivement penser à ramener l'ancienne !

- Vous pourriez faire ça ? Ce serait formidable ! Je l'ai justement pris avec moi, j'ai eu une bonne intuition...

Je sortis la lame brisée et le bois coupé en morceaux de mon sac pour les lui donner. Je savais qu'entre ses mains magiques, ma lame renaîtrait plus forte et belle encore. Je fus aussi touché par son attention quand à la douceur de la poignée.

- C'est vraiment gentil de votre part. Oui, l'embout en fer est primordial, mon Echo est vraiment défaillant quand j'utilise du bois.

Pour m'illustrer, je donnais un petit coup sur le sol avec ma canne en bois.

Tandis qu'Ayren partait s'occuper de ma commande, je me tournais vers Eylène.

- Oh je vous amenais ça aussi.

Je sortis de ma sacoche une boite contentant du thé et la lui tendit. J'aimais leur offrir certains de mes thés, après tout je leur étais redevable pour bien des choses.

- Je me souviens que vous aviez aimer le thé au pain d'épices de l'année dernière, alors je vous en ai refait. Tenez, c'est en remerciement de tout les services que vous me rendez depuis longtemps.

Tandis que je partais dans l'arrière boutique voir ce que je pouvais faire de son ancienne canne, Eylène se vit offrir du thé par Morgan :
- Oh il ne fallait pas, sourit-elle heureuse du présent. Elle ne l'avouait pas mais la Katsune adorait déguster du thé, un autre point que nous avions en commun.

- Installez vous, lui proposa mon acolyte, je vais nous faire chauffer de l'eau pour que nous dégustions ensemble ce thé au pain d'épice.
Elle aida Morgan à s'installer sur une chaise et vint me narguer avec sa poche de thé en main.

Le bois de la canne était inutilisable, cependant je pourrais récupérer la poignet et la couvrir de laine pour plus de confort. Quant au fer il me suffirai de le faire fondre pour refaire un embout de choix. Je viendrais consolider le tout avec une ossature en fer de premier choix pour que mon client soit entièrement satisfait de son ouvrage. En y regardant bien je vis un petit bout de bois gravé, comme des initiales. Fort heureusement ce coin là n'était pas en miette, je couperais donc proprement le contour pour pouvoir fixer cet espèce de blason sur la nouvelle canne épée.

Je revins dans la boutique où je trouvais Morgan et Eylène siroter leur thé en papotant.
- Puis-je m'incruster dans cette pause thé ?

Eylène me glissa un regard complice avant de me tendre une tasse cachée :
- Evidemment, tiens.

Je fis l'état des lieux au jeune homme androgyne et lui conseillais de repasser le lendemain soir le temps que je refasse une canne-épée de qualité et personnelle.
- Cela vous coûtera le prix d'une canne-épée neuve, soit 40 Pims. Cela vous convient ?

J'attendis quelques instants avant de demander à mon client :
- J'ai une petite requête ... Peut-on se tutoyer ? Je souris alors de toutes mes dents, le regard amusé.

- Il est délicieux, concédai-je. Eylène acquiesça de son petit sourire ravi.

La proposition de Morgan m'intrigua :
- Tu as tant de thé différent ? Je dois avouer être un grand amateur de cette boisson chaude, connais-tu le rooibos ? Ce thé sans théine est un délice aussi, il en existe également à différent goût. Je le trouve souvent plus doux et j'aime le déguster le soir après une bonne journée de travail.

Nous discutions un petit moment du thé et je finis par prendre congé dans l'arrière boutique pour commencer mon travail, j'en aurais pour quelques heures de travail et ne voulais prendre du retard.
- Je vous laisse à la discussion les amis, Morgan, à demain, je ne pense pas ressortir avant un moment. Ta canne sera comme dans tes souvenirs, avec quelques petits plus.

Un dernier clin d'oeil et je m'éclipsais.

L'émerveillement de Morgan me toucha. Il essaya sa canne sans tarder, en découvrant chaque chaque centimètre avec ses mains.

Quand il s'approcha du comptoir pour payer j'avais presque du scrupule à encaisser sa commande, son bonheur me suffisant de récompense. Mais il fallait bien que je fasse tourner la forge et pour cela ce n'est pas les poches vide que j'y arriverais.

Je pris donc sa carte et la passais dans la machine :
- Et 40 Pims pour l'homme le plus heureux du monde. Je lui rendis son bien avant de le remercier de ses compliments.

Je laissais Eylène le raccompagner à la porte d'entrée, une certaine complicité était née entre eux, je voyais bien que la femme-renard appréciait particulièrement le jeune homme. La main sur son épaule, elle discuta quelques instants sur le pas de la porte tandis que je disparaissais dans l'arrière-boutique.