La Force Brute [Wergeld vs Morok]

Le son du public criant son impatience, l'odeur musquée des créatures qui étaient prisonnières, la chaleur du sable et du soleil, le poids de son arme et l'adrénaline charriant l'envie de sang.

Morok était dans son élément.
Il revivait.

Depuis plusieurs semaines, les criminels s'étaient calmés. Aucun avis de recherche n'avait été publié et le chasseur de prime avait envoyé volé ses dossiers en cors dans un accès de colère. Résultat des courses : blamé et mis à pied, il ne pouvait qu'attendre quelques temps que sa sanction se termine et qu'il puisse regagner la Caserne dans croiser le regard réprobateur du Prétorien et celui effrayé de l'artisan qui avait à changer les vitres du bureau de Morok.


L'annonceur de la lice hurlait déjà les présentations destinées à enflammer la foule. Apparement, le Charan était « la terreur des eaux », « le prédateur ultime » ou encore « le Marteau de guerre ». le saurien souriait d'un air carnassier.

Il validait chacun de ces surnoms.

La grille de fer se leva lentement et entra dans l'arène lentement en levant les bras vers le ciel. Riant et rugissant, il laissait sa frustration parler.

Enfin un peu d'action !

Les grilles s'ouvrent, des cris de liesse, le bourdonnement de la foule dans les gradins me frappe comme une masse. Elle est grisante. J'avance dans l'arène, droit et fier. Les hauts-parleurs scandent des noms, des sobriquets, des cris de guerre que la foule se partage à parts égale tout autour du terrain.

Je l'ai attendue cette revanche, il me tarde d'entendre le marteau sonner le début du combat. Acharné bien sûr ; l'alligator et son marteaux ne sont pas à prendre à la légère.

La vibration du gong se répand dans l'arène. Le sable sous mes pieds crisse. Je fléchis mes appuis, prudent quant à ce début de combat et j'avance en pas assurés le long d'une ligne imaginaire formant un cercle entre nous.
Pour faire tressaillir la foule au bord du champ de bataille, je fais rouler mon épée d'un unique mouvement. La liesse retint sons souffle.
J'observe Morok, pupilles fendues contre chasseur de monstres. Mon coeur bat en rythme avec le tambour, je sais qu'il est temps de faire le premier pas.

Je m'élance, un pas en avant, l'épée, taille, et décrit une horizon lumineuse parsemée des reflets du Ciel.

Je m'attendais à ce qu'il évite le coup. Mon épée siffla sans mordre aucun obstacle. Le géant avait reculé.

Son marteau, énorme masse sombre dans de si petits bras, décrivit un arc de cercle. Trop bas pour être paré.
Trop lourd pour être paré.

J'esquive d'une roulade sur le côté. Je suis sorti du cercle. Le marteau passe si près de mon dos qu'une décharge d'adrénaline me parcoure des pieds à la tête. C'était moins une. Un peu et mon squelette serait bon pour jouer aux osselets.

Je m'élance à nouveau.
Il est facile de deviner que le crocodile est dangereux à une certaine distance à cause du marteau et sur un angle faible avec sa gueule pleine de dents. J'ai donc plusieurs choix possible : lui faire lâcher son arme à tout prix, réussir à aller dans la partie de notre espace révolu où il ne pourra pas m'atteindre.

Campé sur des appuis solides, je tente de nouveau de le faire reculer en taillant vers son abdomen.
Il va bien finir par se prendre les pattes dans sa queue !

Je pouvais éviter le sable et j'avais tout intérêt à le faire. C'est ma bête noire, de celle qui me pourri tout une combat en quelques secondes. Mais le coup qui suit est top bien calculé. Je suis projeté à deux mètres. Cul par dessus la tête, je roule, je roule... Mon élan m'emporte un mètre plus loin, je suis sur le ventre. A peine un genou à terre je sens la brûlure là où il a frappé. Ca tambourine, c'est chaud. Je crois que je suis bon pour une petite hémorragie locale.

-Du sable, hein. Je croyais que tu savais te battre...

Je me relevais, armais mon épée. Horizontale devant moi, plaqué contre mon avant bras. J'ai une idée en tête et elle ne va pas lui plaire. Au mieux, il recule encore et j'espère qu'il se fatiguera. Au pire, j'aurais récupéré mon retard sur l'espace de combat.

Je m'élance vers lui, traçant la distance qui nous éloigne.

Le combat faisait rage sur le sable de l'arène, les spectateurs en délire hurlaient le nom de leurs favori à chaque coup que celui-ci portait, qu'il s'agisse aussi bien de l’épéiste que du reptile.

Après quelques échanges, K'ouen roula sur le sol à la suite d'un violent coup de la terreur des eaux, se tordant un instant de douleur prouvant ainsi à quel point le marteau de guerre et son utilisateur pouvaient être dévastateurs. Mais le maître de miroir se releva et, brandissant son épée, il chargea le saurien. Voulait-il l'avoir à l'usure ou pensait-il simplement pouvoir, cette fois-ci, planter sa lame dans le ventre de l'animal ? Nul à part lui même ne pouvait être certain mais c'est en tout cas la deuxième option qui se produisit. La pointe de sa lame se planta dans la partie molle du corps du reptile, son ventre qu'il n'avait eu le temps de protéger. Wergeld enchaîna alors sur un combo d'attaques puissantes et dévastatrices qui mirent Morok à terre. Il lâcha alors son épée qui se planta dans le sable et bondit sur le reptile, le frappant de nombreux coups à la mâchoire dont le violence et la force ne tardèrent pas mettre définitivement KO Morok.

- Stooop ! Le combat s'arrête ici !

Layn descendit de la tribune d’où elle regardait le combat et arriva près des deux guerriers pour déclarer le vainqueur.

- Et c'est Wergeld qui sort triomphant de ce superbe combat !