Les rhinocéros Pointes d'Argent.

Je n'ai passé que quelques minutes à la bibliothèque. Il était rafraîchissant de voir que certains aventuriers avaient conservé l'esprit simple de la chasse : un équipier, une mission, et on y va. Pourquoi faire des complications, n'est-ce pas ?
Dis-je en contemplant la partie visible de mon équipement... Sans l'elfe et sa manie de me transformer en armure vivante j'y serais allé avec mon épée et les mains dans les poches. Et mon couteau de chasse. Je ne pourrais oublier ce couteau même si je partais en mission pendant une crise de somnambulisme.

Malgré les restrictions technologiques, je n'avais aucune honte à sortir ma carte holographique et à vérifier les mouvements de populations de Rhinocéros à Pointe d'Argent. Ils étaient proches, à l'est de la ville vers le désert. Je rangeais la carte une fois l'information obtenue. Qui sait quel sanctuari pourrait venir me coller une amende dans les prochaines secondes. Un regard pour mon équipière, j'ai du mal à évaluer son niveau d'expérience. Sa posture est souple, son apparence musclée et son calme apparent me suggère que j'ai affaire à une experte de la chasse animale. J'allais devoir confirmer cette information avant que nous ne nous retrouvions face aux rhinocéros furieux, sans compter que la mission était de faire se déplacer un troupeau de femelles. Les mâles gênant ne devant figurer sur notre tableau de chasse qu'à la seule condition de charger les premiers.

-Wergeld, dis-je sans lui tendre de main amicale. Nous en avons au moins pour une journée de marche vers l'est, tu es équipée pour le soleil ?

Je lui donnais la gourde fournie avec la mission ainsi qu'un chapeau pour le soleil.

-Il fait plein soleil, pour ma part ça ne m'affecte pas réellement mais si tu sens que tu as besoin de repos...

Je m'interrompis car j'avais l'impression désagréable de la materner. Je prenais la direction d'une artère commerçante menant, grossièrement, vers l'est. Mon sens de l'orientation en ville étant toujours exécrable, je priais pour être sortit de la zone urbaine de Dun avant la nuit.

La louve fut quelque peu surprise au contact de la peau froide de son équipier, lorsqu’il l’empoigna pour une téléportation. Elle conserva cependant son sang froid. Visiblement il ne s’offusquait pas qu’elle soit directe, tant mieux elle en avait plus qu’assez de lutter contre sa nature pour être acceptable socialement.

Dun était un sacré dépaysement. Après la jungle, et les montagnes elle se retrouvait dans le désert. Le soleil de plomb qui s’abattit sur ses épaules lui fit légèrement regretter de ne pas avoir ne serait-ce qu’essayer de lire la mission même si elle n’aurait pas tout compris.

Elle posa une main sur sa poitrine pour se désigner

- Kiyiya, équipée pour chasse uniquement, fit elle en pointant son équipement.

Équipement tout frais qu’elle n’avait pas encore testé d’ailleurs, elle avait hâte de l’utiliser.
Elle pris la gourde d’eau sans rechigner, par contre elle hésita à mettre la chapeau de paille qu’il lui avait donné… Le soleil aveuglant, agressant ses pupilles, sa décision fut rapide.
À présent joliment coiffée, elle sortie une dague découpant les bouts de vêtement superflu, ne gardant qu’une toute petite superficie pour couvrir sa poitrine et son entre jambe, ses vêtements étant constitués de peau de bête, elle récupéra instantanément quelques degrés, pour arriver à une température supportable. Elle se confectionnerait une tenue plus tard… Elle acquiesça simplement lorsqu’il parla de temps de repos nécessaire, un bon chasseur devait savoir gérer son énergie et son temps de repos, elle ne jouerait pas les gadjos. Elle n’oublia pas que les nuits du désert pouvait être froide, elle n’y avait jamais été mais elle en avait déjà entendu parler, elle empaqueta toutes ses peaux sous une forme de baluchon qu’elle prit sous le bras et emboita le pas de Wergeld.

- Nous devoir trouver point rouge de carte ? dans ce cas sortir de ville par là.

Elle ne savait pas lire, mais lire une carte était pratiquement instinctif, on lui avait expliqué une fois et elle avait compris. Si seulement la lecture lui avait était aussi facile. Elle passa devant lui de sa démarche animale et tourna à droite à l’embranchement se fiant à la position actuel du soleil. Ce village de fortune ressemblait davantage à un bidonville qu’à une cité civilisée cependant trouver la sorti ne fut pas très compliqué. Elle continua le chemin puis se demanda comment obtenir d’avantage d’infos sur le mission et elle opta pour aller droit au but quitte à perdre la considération du chasseur à ses côtés.

- Quel est objectif mission ?

Vu son parlé hésitant et haché il avait surement deviné la nature de son probléme.

D'une seule mimic synchronisée, le buste penché et une main désignant mon équipement visible, je répondis à sa première remarque.

-Ça tombe bien, moi aussi.

Avec une reconnaissance bien cachée derrière mon visage fermé et mes mains dans les poches, je la suivais dans le dédale des rues de Dun. Le soleil nous gratifiait des parfums délicats de ruelles mal entretenues. D'arrières cours et de cul-de-sac émanait des effluves à me couper l'appétit.
Kiyiya se déplaçait souplement, un pied après l'autre, avec l'allure de celle qui surveille sa proie. Ce n'était pas grand chose, une simple impression, mais elle me rassurait un peu.
Depuis ma dernière chasse en compagnie d'un bleu, je n'avais aucune envie de réitérer l'expérience. Je m'en voulais encore d'avoir emmener avec moi une cible facile et de ne pas avoir eu d'assez bons réflexes pour le protéger.

Me voilà distrait dès le début du chasse, je me maudissais intérieurement de m'être laissé emporter par un flot de réflexions inutiles. Je devais mon retour sur terre à la chasseuse qui m'interpella sur la mission. Je n'avais pas percuté tout de suite à sa question. Jusqu'à me souvenir qu'elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de lire le descriptif de la mission. Un sourire fleurit sur mon visage. Me voilà à partir chasser avec une personne qui ne sait rien du bordel dans lequel nous serons bientôt.

Je mis sur le compte d'un séjour prolongé en ville cette perte conséquente de mes réflexes de survie. Ayame devra se faire très bientôt à mon absence. Je devais vivre de nouveau dans cette Zone avant qu'elle ne me retire mon ticket d'entrée.

-Une horde de rhinocéros s'est approchée dangereusement de Dun. Les femelles sont harcelées par un groupe de mal surexcités. Nous devons d'abord déplacer la harde vers le Nord afin que Dun ne se fasse pas détruire par un troupeau le traversant au premier mouvement de panique des femelles. Il est probable que nous ayons à tuer quelques mâles pendant l'opération.

D'ordinaire nous protégeons scrupuleusement nos rhinocéros. Leur reproduction étant faible comparé à leur espérance de vie et leur environnement, nous devions éviter à tout prix de les tuer. Même si l'espèce, dans l'Entre-Monde, n'est pas en voie d'extinction, nous devions la protéger. Après tout ce ne sont que des herbivores placides dont personne n'a besoin pour se nourrir. Nous n'avons aucun intérêt à chasser ces animaux. Surtout vu la taille de leurs cornes et l'épaisseur de leur cuir.
Cela dit, la présence d'un groupe de mâles, d'ordinaires solitaires, qui affolent une harde conséquente de femelles pourrait être dévastateur pour une ville comme Dun. Le seul moyen de forcer la séparation des mâles est de tuer les meneurs. Ceux-là même que je m'attends à voir sur notre chemin lorsque nous aurons commencé à faire bouger le troupeau de rhinocéros. Ils ne seront pas très heureux qu'on s'approche autant de leur harem...

-Tu as déjà chassé de tels animaux ?

La louve arrêta sa marche aux explications de Wergeld. Accroupie sur ses talons les mains posées au sol, elle mesurait l’ampleur de ce qui les attendait, elle s’était embarquée dans une mission complexe et dangereuse, il faudrait que ses instincts soient convenablement aiguisés le moment venu.

- Ok juste dévier harde de trajectoire ? sans se faire piétiner. Allons-y.

Kiyiya reprit la marche à allure modérée, l’endurance avait son importance, inutile de se précipiter en courant et en épuisant sa réserve d’énergie. Le sable brûlait ses pieds nus, la corne épaisse qui les tapissaient ne semblait pas suffire à la protéger. Elle se contenta de serrer les dents
À la question suivante elle répondit simplement

- Non pas si gros et pas en grand nombre, mais je avoir déjà chassé ours bicéphale, pour territoire, mais chasse très très difficile, je faillit faillir….

Au souvenir de ce combat où elle avait bien laissé quelques griffes ses yeux s’illuminèrent, elle était relativement fière d’en être sortie vivante et victorieuse, bien qu’il lui avait fallut 1 mois pour cicatriser. En terme général elle évitait les combats inutiles à sa survie sauf cas d’extrême ennuie… Et elle s’ennuyait régulièrement…

Ils avaient déjà bien avançaient et au loin la silhouette de Dun se brouillait en vagues de chaleurs. La soif se faisait sentir la journée s’annonçait longue. C’est alors que quelque chose lui traversa l’esprit, avait t’il seulement de quoi faire un feu pour la nuit ? Elle avait bien ses peaux pour se couvrir en plus de son pelage naturel, mais son coéquipier n’en avait peut être pas autant.

- Toi avoir de quoi passer nuit au chaud ?

Dit comme ça, tout paraissait simple. Je lui emboîtais le pas, soulagé qu'elle fasse le guide en ville. Je ne le dirais pas trop fort mais Ayame me manque dans ce genre de situation. A tout le temps savoir se repérer peu importait le niveau technologique du lieu où il était, c'est à croire qu'il avait mémorisé les cartes détaillées de toutes les villes du pays.
Puis je me souviens qu'il se complait à se plaindre de mon emploi du temps chaotique, de mes escapades régulières dans la zone pendant que du "vrai" travail m'attend au palais.

Alors qu'elle me parlait d'un ours, je ne pouvais ignorer l'étonnant parallèle avec ma première véritable chasse. J'avais quinze ans et une maison délabrée au bord d'une falaise pour tout abri. Le destin s'excusait-il pour ma dernière chasse particulièrement laborieuse en m'envoyant une équipière qui me fait penser à ce que je serais devenu si je n'étais pas devenu Maitre du Miroir ? Tout en elle respirait la Chasse. J'ai du respect pour ça, je sais comme il est dur de survivre seul dans cette Zone extérieure.

"Sarkina" et la magnétic apparue de nulle part. Je l'enfourchais tout en interpellant Kiyiya.

-Grimpe, nous irons plus vite ainsi et nous avons un large territoire à inspecter avant la nuit.

Une fois dessus, la route nous éloignant de la vie m'apparue bien plus tranquille. Comme si la vitesse créait un mur de sûreté... Rien n'est plus faux et pourtant, l'engin avançait à son rythme, ne produisant que le ronronnement de son système anti-gravité.

-Je ne crains pas le chaleur, ni le froid. Mais si c'est ton cas, il y a une veste sous ton siège ainsi qu'une couverture pour passer la nuit.

La carte holographique sur les genoux, je zoomais allègrement sur la région que nous étions en train de traverser. Le dénivelé était faible et la végétation pouvant servir d'abri tout aussi rare. Nous serons obligés de camper en pleine brousse, ce qui incluait des tours de garde et une vigilance particulière à tout ce qui pourrait dévaler vers nous et peser plus de cent kilos.

Je pilotais quelques degrés plus au Nord de notre direction initiale. La carte indiquait un amas rocheux que j'espérais vide de tout occupant.

-Être dehors en plein après-midi n'est pas une bonne idée, je te propose de nous abriter du soleil pendant quelques heures et de repartir en chasse en début de soirée.

Décision prise, je lui transmettais la carte afin de me concentrer sur le pilotage de la magnétic.

Elle fut prise de stupeur lorsque Wergeld sortie d’un vulgaire bout de papier un engin volant. Malgré sa récente rencontre avec un technomage qui avait fait évoluer son point de vu sur la magie, elle ne put s’empêcher d’être méfiante et de renifler l’intégralité de l’appareil avant de l’enfourcher à la suite de son coéquipier.
Une fois en vol, la louve pu apprécier les sensations du vent, qu’on pouvait assimiler à un sprint effréné en forêt ou un plongeon du haut d’une cascade. Ses cheveux fouettaient son dos aux rythmes des virages et elle ouvrait la bouche, la langue pendante dans une attitude canine. Elle aurait aimée se transformer mais, mais nul doute que son équilibre aurait était compromis. À voir l'expression de son équipier, elle n'était pas la seule à apprécier ces sensations...

Kiyiya calma un peu son euphorie lorsqu’il lui tendit la carte. Elle se reconcentra et le guida vers l’amas rocheux dont il avait parlé, elle n'avait pas vraiment l'impression qu'il ait besoin d'être guidé contrairement à tout à l'heure. Elle n’était pas mécontente qu’il propose cette halte, elle devait bien admettre que la chaleur commençait à lui peser. Ils arrivèrent à l’amas après une petite heure de vol.

Tandis qu’ils amorçaient une décente en douceur, quelque chose l’interpella. Elle se transforma instantanément, son collier scintillant d’une magie violette, indiquant la téléportation de son équipement, et elle sauta de l’engin avant que l’atterrissage ne soit finit. Son pelage sombre saillait dans le décor, elle grogna, et se mit à évoluer lentement autour de la roche. Sous la roche, une niche abrité une petite meute de Fennecs, constituait de quatre individus. Ils l’encerclèrent en quelques secondes. Kiyiya retroussa ses babines et mit en avant tout un savoir faire d’intimidation. Ils étaient certes plus nombreux, mais il semblait plutôt en mauvaise forme. Elle n’aurait aucun mal à les combattre, d’autant qu’ils étaient plutôt petit. Après un échange interminables de grognements et de menace, l’un des individus jappa avant de décamper, ce qui donna le signal aux autres qui lui emboîtèrent le pas. Elle reprit forme humaine avant de se tourner vers Wergeld.

- Eux surement revenir quand nous dormir…

Nullement déconcertée par ces événements, elle défit sa ceinture où pendait un chapelet de carcasses de petits gibiers. Elle tendit le bras devant elle, les carcasses effectuant un mouvement de balancier.

- toi faim ? choisit en une

Une louve contre des fennecs, je pariais avec légèreté sur sa victoire, qui n'aurait de fait pas été très difficile. Le temps qu'elle se charge de la bande et se retransforme, j'avais extirpé du coffre de la Magnétic mon sac et décroché mon épée du support latéral. Posée contre un rocher encore à l'ombre, je m'assurais qu'elle soit à portée de main en cas de problème.

-Ce ne sont pas les fennecs qui m'inquiètent dans cette région.

La carte holographique de nouveau en main, je lui désignais les mouvements de population ainsi que les prédateurs connus dans ce coin du monde. En plus des vers géant grouillant dans certaines parties du sous-sol, des tauracles, des lions, des hyènes, des léopards et de diverses populations d'éléphants, de babouins, nous pouvions nous attendre à voir débarquer toute forme de créature fantastique habituelle dans l'Entre-Monde cela allait du dragon au tréant en passant par des Britz, des gobelins sauvages ou même un troll.

Mais tout ça n'était rien comparé à la proposition qu'elle me fit.

-Heu...

J'avais un air un peu idiot en observant le fruit d'une chasse récente.

-ça va aller, je n'ai pas faim pour le moment.

Mais au cas où elle aurait besoin de boire, je fis apparaitre une orange dans mon sac que je le lui lançais.

-Sucre et eau, tout ce qu'il faut pour supporter ces températures. Ah ! m'exclamais tout en fouillant le sac à dos, mais où ai-je mis cette montre !

Je soupçonnais Ayame d'avoir touché à mon équipement et de l'avoir organisé à sa façon. Ce qui voulait dire à l'encontre de la mienne. Avec une dernière exclamation de joie, je trouvais une montre à gousset, faite de laiton. J'ouvrais son panneau gravé et je la déposais au sol, au milieu de notre campement de fortune. Un bouclier translucide nous engloba ainsi que les rochers et la moto.

-Je savais que ce truc me serait utile un jour. Tu peux te reposer sereinement, rien ne viendra nous déranger.

Je rangeais mon barda quand un rugissement lointain mais inquiétant me fit dresser l'oreille. C'était un son grave et puissant balayant l'air en vibrations longues. Il réveilla l'instinct de conversation des créatures de la région. Sous nos yeux, une horde d'oiseau s'envola en fuyant et quelques chiens de prairies curieux prirent la poudre d'escampette dans la seconde.

Kiyiya, par méconnaissance, avait du mal à anticiper les potentiels danger de la région, bien qu’elle se soit doutée que les fennecs ne soient pas des plus dangereux, elle ne comprit l’importance de la mise en garde de Wergeld que lorsqu’elle entendit le rugissement puissant et lointain d’une créature inconnue.

Elle s’assit tranquillement en tailleur, et décortiqua l’orange qu’il lui avait lancé, le grondement était lointain ils avaient tout le temps de se reposer. Elle préféra garder ses provisions pour plus tard, s’allongeant tranquillement, le tomahawk dans une main elle fermi les yeux et… s’assoupi... Elle devait être en mauvaise forme car il fallut le cri de la bête qui désormais devait être à proximité, pour la réveiller.

Elle bondit instantanément sur ses pieds, ses bras transformé, était poilue et se finissait en de longues griffes acérées, tenant fermement le tomahawk. Ses pupilles ronde et fendu scrutaient l’horizon à la recherche de la source de ce bruit, le soleil était couchant mais elle le distinguait clairement.

La créature devant eux était immense et longue : 2 mètres de haut pour 4 de long et 1 d’épaisseur, le dessus de son corps recouvert d’écaille rouge étincelante, lui donnait l’apparence d’un dragon, mais ses pattes arrières de batraciens lui conférait une agilité déconcertante au vu de sa masse. La queue ras, déséquilibrés sa silhouette allongé et sur ses pattes avant de petites ailles naissantes ne pouvant servir à voler lui donnait des allures de… dragon inachevés. Dans sa gueule un fennec semblait coincé entre ses dents. Nullement rassasiée, la créature guettait de nouvelles proies….

Je m’étais assoupi à mon tour. La montre enchantée tiendrais la plupart des animaux à distance et la chaleur, sans être dangereuse pour mon organisme, était confortable et l’endroit paisible. Je somnolais les bras repliés derrière la nuque sans dénombrer les heures lorsqu’un nouveau rugissement plus proche me fit sursauter. Kiyiya était déjà debout, prête à combattre. Elle avait bien raison, nous étions face à une créature aussi rare que dangereuse. Sa taille avait le mérite de titiller mon sens du défi, mais tout au fond une petite voix m’assurait qu’une confrontation de face me tuerait.

La montre boussole était toujours au sol et le bouclier devait, normalement, pouvoir supporter le passage du monstre. Cependant, nous n’allons pas rester coincés ici pendant des jours à manger des oranges en attendant qu’il se lasse de nous tenir en siège. Nous devions le terrasser ou mourir. Un choix assez simple finalement.
L’animal ne comprenait pas le concept du bouclier, il abandonna bien vite les restes du fennec et se jeta sur notre campement. D’un bond il traversa la distance qui nous séparait, sa tête heurta le champ de force invisible et d’un rugissement assourdissant exprima son mécontentement.

-Il ne peut pas passer le bouclier invisible. Que dis-tu de nous servir de lui pour faire se déplacer le rhinocéros !

J’enfournais mes affaires dans la magnétic et ce qui en restait dans le sarkina tout en expliquant.

-Tant qu’il nous pourchasse, nous avons un argument convaincant pour forcer la harde à changer de direction.

La nuit approchant, le titre Crépuscule me dévoilait les mouvements dans un décor de plus en plus en sombre.

-Grimpe !

La magnétic ronfla bruyamment et ses roues la hissait au-dessus du sol. Leur rotation créait une énergie s’échappant en rayons lumineux. Ne reste plus qu’à espérer qu’une moto lancée à 100km/h suffise à maintenir une distance de sécurité entre lui et nous… Finalement, j’aurais peut-être dû emmener l’elfe. Son fusil d’Arcturus nous aurait été utile !

La louve attendait la bête fermement. Elle fut aussi étonnée que lui lorsqu’il percuta le champ de force, elle qui était sur le point d’esquiver, persuadée que le champs de force céderait à la violence de l’impacte.

Elle jeta un œil au maître de K’ouen, qui lui n’avait pas sillé d’un demi millimètre, il semblait étrangement confiant. C’est alors qu’une lueur un peu folle traversa son regard. Il avait une idée, et pas des moins dangereuse.

- Tu es fou !

Kiyiya eut un instant d’hésitation, elle n’était pas du genre à prendre des risques inconsidérés, mais n’était-ce pas l’ennuie mortel de sa vie qui l’avait menée vers la civilisation ? Le chasseur devant elle semblait beaucoup plus vivant et amusé qu'elle alors… Elle allait le suivre évidemment. Elle sourit en dévoilant ses canines.

- Mais j’adore !

Elle enfourcha le magnétic comme si elle avait toujours fait ça. L’engin parti à vive allure, mais la distance qui les séparés du dragonnet batraciens n’était pas très confortable… Wergeld était obligé de slalomer pour éviter les coups de pattes du dragon. La louve fouilla à sa ceinture et en sorti une petite sarbacane et quelques fléchettes à tête chercheuse. Elle arma sa sarbacane, se tourna, et tira, impossible de rater une cible aussi grosse même dans ces conditions ! La fléchette, bien que puissante, se heurta aux écailles du dragonnet. Celui-ci, ne fit même pas un geste de mécontentement.

La louve grimpa sur le siège du magnétic, et se mit debout, dos à Wergeld et face à la créature, dont elle pouvait presque sentir l’haleine, rapidement, elle lui jeta une carcasse de lapin et au moment où il ouvrit la gueule pour l’engloutir, elle tira. La fléchette atterrit droit dans sa trachée, ce qui eut le mérite de stopper la course de l’animal et de leur faire gagner quelques mètres d’avances. Cette petite avance obtenu, elle se réinstalla dans le sens de la marche en position assise. Il ne restait plus qu’à trouver la horde de Rhinocéros.

- Ça nous faire gagner un peu de temps ! dit elle à son équipier

Elle n’était peut être pas assez équipée pour cette mission… En même temps elle ne s’était pas attendue à tomber sur une créature aux écailles impénétrables, qui servirait de rabatteur à un troupeaux de rhinocéros enragé…. Derrière eux le rugissement de la bête semblait beaucoup plus enragés... Kiyiya l'avait quelque peu énervé, et la créature semblait dopé, par sa blessure toute récente, ses bonds étaient plus puissant, plus vif. À ce rythme, il aurait vite fait de rattraper l'avance gagné....

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