La Crise de Magna

Une vieille bâtisse en décrépitude, silencieuse et fermée au monde extérieur… Jusqu'à ce que la porte vole en éclat. Sur le perron, un crocodile sur deux pattes, à la respiration rauque. Il reste là quelques secondes avant de jeter un œil derrière lui et entre. Il monte l’étage le plus vite qu’il peut sur ses deux pattes fatiguées par la course qu’il vient de faire à travers Magna. A chaque place, un commando l’attendait. Chaque grande rue était gardée par une escouade d’une guilde.
Trois guildes le recherchent depuis plus de trois heures. Trois guildes qui se charcutent et/ou se tirent dessus à vue.

Il se pose contre le mur, loin de la fenêtre et proche de l’escalier, prêt à toute situation louche.
D’après ce qu’il a comprit en écoutant les cris, une certaine Mary veut sa tête et celle de Dirk pour l’avoir dénoncé. La guilde des mercenaires, l’Acier, protège Dirk contre la poursuite de son commerce. La guide de Mary –les marchands de drogue apparemment- considèrent donc l’Acier comme un obstacle. Dirk a attaqué le Charan… A quelle fin ? Un don à Mary pour payer sa vie ? Mais que venait faire le Phoenix Noir la dedans, et que voulaient-ils au Sanctuari ? Une guilde d’espions ne s’intéresse principalement qu’aux informations… Aux informations…sur les guildes…

La tête du Charan se lève soudainement. Le Phoenix Noir n’en veut pas à Morok. Il en veut à Dirk. Il veut le capturer, lui qui était dans les petits papiers de Mary. Mais celle-ci le protégeait surement, en l’échange d’une part de son revenu. Pour une raison qu’il ignore ce marché a l’air d’être rompu, sinon, les Aciers ne protègeraient par Dirk. Celui-ci doit les payer en armes… Trois guildes qui se retrouvent avec des occasions en or. La situation ne pouvait qu’exploser. Morok a joué malgré lui le rôle de l’étincelle.

Quelqu’un a mis des gros doigts de métal dans les rouages fragiles de la ville. Si le Charan retrouve ce Zoran, il lui fera regretter amèrement.

Quelques instants de repos salvateurs. Mais le repos est de courte durée. Des voix s’élèvent et semblent se rapprocher. Morok se prépare en jetant un œil rapidement par la fenêtre.
Sept jeunes. Armés de battes ou d’épées. Par le genre d’armes habituelles des guildes. De plus ils ne portent aucun signe distinctifs de ces dernières, pourtant désormais quasi-obligatoires pour savoir sur qui tirer.
Les ados brisent les vitres, urinent sur les véhicules à grand coup d’éclats de rires, ou taguent les habitations. Un gang. Le chaos qui règne désormais à Magna a permis aux petits gangs de vouloir jouer dans la cour des grands.

Mais la scène qui suit l’irrite encore plus.

Un autre gang semble venir d’une rue adjacente. Sitôt que les deux bandes s’aperçoivent, les coups se mettent à pleuvoir. L’air lui-même semble charrier l’envie de sang.

Même si Morok ne connait pas le quartier, il est prêt à parier que si des crétins dans leur genre sortent pour se défouler, certaines grandes familles de la mafia seront prêtes à faire bien pire pour gagner du territoire.
Toute la zone n’a plus que quelques minutes avant de se transformer en véritable champ de bataille pour la suprématie de telle ou telle faction.
Guildes, mafia, gangs, bandes et profiteurs. Tous sont désormais dans la rue, pour profiter des faiblesses qui se présentent chez les voisins, trop occupés à faire la même chose.

Il faut qu’il sorte du quartier avant qu’il ne soit trop tard. Et pour cela, il lui faut rejoindre une rivière. Ou Cerclon. Le Charan se lance à l’extérieur, sans même faire attention si les deux bandes l’aperçoivent. De toute façon elles sont surement assez intelligentes pour ne pas aller voir les guildes en ce moment. Les rues ne sont plus sûres. Plus aucun civil qui n’a rien à voir avec l’illégalité ne circule. Des coups de feu résonnent dans toutes les directions. Désormais, les membres tirent à vue. Le but premier de chaque organisation est presque oublié. Il faut maintenant agrandir le territoire, ou venger ses frères tombés au combat.

Après deux bonnes heures de fuite et de combats, l’Ourgandi lui tend enfin les bras. Plongeant dans l’eau froide, il fuit le quartier en proie à une véritable guérilla pour s’approprier son contrôle. Des dizaines d’hyènes qui se battent pour une charogne.
Et alors qu’il ressort de l’eau dans le quartier de Northrive, essoufflé et épuisé, un fil vient le cueillir derrière la nuque, et il hurle de douleur, la charge du teaser se déversant dans son corps. Ventre au sol, groggy et tentant de comprendre, il perçoit alors une voix.

« Sanctuari Morok, par les pouvoirs qui me sont conférés, vous êtes en état d’arrestation pour être le principal instigateur du chaos qui règne dans Magna, le Quartier du T’chen. Et votre miroir a permis à une bande d’attaquer la Caserne. Vous êtes donc immédiatement démis de vos fonctions jusqu'à votre jugement. »

Dans un grognement mou, il se tente de se relever pour mordre vers l’origine de la voix. Une autre fléchette se fiche dans son cou et l’assomme pour de bon. Le Charan tombe lourdement sur le sol, ses membres agités de soubresauts nerveux. Il aura fallu deux charges de teaser pour assommer totalement Morok.

Le crocodile est rapidement entravé de lourdes menottes qui lui recouvrent les griffes et ses gardiens l’emportent à la caserne. Le Sanctuari responsable de l’arrestation donne quelques ordres afin de sécuriser les passages entre les quartiers. Aucun civil ne peut plus entrer dans Magna. La guérilla est partie pour durer.

[RP Terminé]