Dans le marais

Spoiler:

-Sarkina !

Un griffe de belle taille fauve du bec au pinceau de sa queue apparu devant nous deux. Mi félin mi aigle, le griffon extirpa de son gosier un cri strident.
A peine sortie de son titre de transport low cost, il étendit ses ailes.
Ce n'était pas un environnement idéal pour décoller, mais il s'y ferait et moi aussi !

Je saisie le bras de ma compagne et l'incitais à monter sur la bête.
Cet idiot de piaf faillit décoller avant que je ne puisse me mettre en selle aussi.
Dans son champs de vision restreint, l'aigle avait regardé fixement le monstre arriver sur nous toutes griffes dehors.
En s'élevant de plusieurs mètres il esquiva la perte inopinée d'une masse considérable de chair.

On entendit le rugissement grave de l'animal qui nous avait pris en chasse, frustré de ne pouvoir nous attraper, et le vent coller nos vêtements à nos corps.

-Ouf ! C'était moins une !

Je rengainais mon boomerang devenu parfaitement inutile maintenant.
Placé devant la demoiselle, je flattais la massive encolure, mélange de plumes et de crinière brune, d'un félin à la cervelle de piaf qui roucoulait se sachant incapable de ronronner pour montrer sa joie.

-Brave gars, sans toi, on aurait eu du mal à s'en sortir indemne.

Sauf que le griffon était parti pour s'élever toujours plus haut dans le ciel et aller dans une direction au hasard tant que personne ne lui aurait donné d'autres indications plus précises.
J'allais le faire bifurquer quand au loin, ni moi ni Physis, nous ne pouvions ignorer la présence d'une faille.

Il suffisait de voir la longue marque creuse dans la frondaison, une balafre visible depuis les hauteurs.

-Oh ! Par là on dirait que nous venons de trouver où se cache notre araignée.

Les éléments se recoupaient aisément. La rivière, ancien fleuve sûrement, avait dû creuser dans la roche pendant des milliers d'années. Depuis la carte holographique c'était dur de le remarquer, alors nous étions passés à côté du meilleur endroit pour les recherches.

Le griffon se posa en douceur sur une saillie nous laissant le temps d'observer sous nos pieds l'étendu de la zone à inspecter.
Avec le griffon c'était un jeu d'enfant de regarder depuis les airs où pouvait se positionner l'araignée. Dans des fissures ou bien entre les racines plus épaisses qu'un homme qui s'arrachaient à la falaise.

Le plus dur sera de récupérer la toile.
J'élançais la monture dans un nouveau balai aérien, commençons par fouiller du regard. De là nous ne risquons pas grand chose.

Sauf si nous réveillons ces oiseaux carnivores qui vivent en essaims comme dans la forêt Ing... Et dans ce cas, notre seule chance sera la fuite.
Encore.

Mon compagnon se trouvait être pleins de surprises. Qu'aurions-nous fait si son ami à poil et à plume n'avait pas été là pour nous sauvés... Question que je ne souhaite finalement pas me poser.

Après avoir pris de la hauteur sur son imposante monture, le regard de mon camarade ainsi que le mien se dirigeaient vers le même endroit : une énorme faille se trouvait à même le sol, surement creusée par un ancien cours d'eau.

Enfin. Enfin un endroit où nous serions pratiquement sûr de trouver notre amie à pattes velues.

L'endroit semblait être abandonné du reste du coin : sombre, froid, profond... C'était une maison idéale pour notre recherchée.

Sans même besoin de communiquer, Azurée et moi pensions à la même chose : profiter de cette hauteur pour faire de plus amples recherches.

Le griffon se posa sur une saillie, nous laissant le temps d’observer l'étendue de la zone à fouiller. Bien pratique ce phénomène volant.

Après un temps d'observation suffisant, Azurée élança de nouveau sa monture dans une nouvelle balade aérienne, qui nous permettrait peut-être de trouver un indice.

Ayant une assez bonne vue, je profitais de l'instant pour fouiller du regard chaque coins et chaque parcelle de cette balafre naturelle. Il ne me fallu que peu de temps pour enfin avoir ce que je cherchais : je vis les restes d'un tronc, surement tombée lors d'une tempête ou de vieillesse, qui s'enfonçait loin dans la faille. Personne n'aurait pu loupé le début de toile d'araignée qui s'enroulait aux branches restantes du troncs, tant elle était énorme...

La taille de la toile ne présageait rien de bon, cette bête devait être gigantesque.

Je m'empressais de prévenir mon ami :

- Je crois que j'ai trouvé ce que nous cherchions, j’aperçois là-bas un tronc avec quelques branches restantes, je peux également y voir un début de toile... Et je te garantie que nous n'allons pas aimer croiser sa propriétaire.

Ne manquait plus qu'a s'armer de courage, a diriger notre ami à plume, puis à partir à l'assaut de cette fameuse toile...

-Vache ! - En descendant à hauteur de la toile, le griffon et nous deux dessus paraissions petits comme des oiseaux face à l'immense toile.

En s'approchant, une grande partie de la toile s'ouvrait au regard. Nichée dans une fissure maligne elle recouvrait un amas de racines et s'étendait jusqu'aux restes d'un vieux tronc.

D'en haut elle semblait plutôt petite. Assez pour être rassurante.

-On pourrait construire une maison au dessous qu'on ne l'y verrait pas !

Actuellement propriété interdite et zone de chasse réservée, la toile était immobile malgré les courants d'airs qui traversait la faille.

Je tirais sur les rênes.

-Il faut trouver une partie indépendante de la toile que nous pourrons subtiliser. Il vaut mieux éviter de s'approprier un "bout de toile" au risque qu'elle ne serve à rien au technomage.

En clair, il nous fallait les rayons centraux de la toile et une partie des rayons annexes. Car si nous prenons un "quart" c'est à dire une partie des rayons annexes tout en oubliant de prendre le centre, nous n'aurions en main que des fils emmêlés.

-Tout ça s'en réveiller la propriété du linge... Une idée ?

Je pourrais faire diversion... En attisant une partie éloignée de la toile avec des branchages. Mais nous n'avons qu'une seule monture volante et pas d'équipement d'escalade.