Communication d'enfer

L'employé qui se tenait là dégoulinait de sueur, de toute sa carrière -et les Dieux savent à quel point il a trimé dur pour rester à son post malgré le changement de Maitre- il n'avait jamais eut à faire autant d'efforts !
C'était bien simple, on lui avait fourré une oreillette et un baladeur dans les mains en lui disant tout simplement "tu devrais déjà être au laboratoire !"

L'homme était entre deux âges, un peu ridé mais encore bien droit, il avait un sourire un peu pincé figé sur les lèvres après tant d'années au service des K'ouen. Et même avant cela il travaillait déjà derrière un bureau, c'est un miracle si ses jambes ont pu le trimballer jusqu'ici sans faillir.
Il faut le dire honnêtement, K'ouen n'est pas la Res Publica la plus proche du laboratoire.

Bien sûr qu'il était tout de même content, lui il avait évité de très près de devoir crapahuter dans les marécages qui entouraient l'antre du nouveau technomage. Pour rien au monde il n'aurait accepté d'aller là bas pour y faire des achats au nom de son Altesse Grincheux. Il y a des limites à ce qu'un brave assistants peut faire, notamment parlementer avec des mort-vivants fan de musique disco.

Dès qu'il fut entrer dans l'immense boutique qu'était le laboratoire, il ficha l'oreillette au dessus de son lobe et s'assura que l'appareil fonctionnait correctement. Alors il prononça distinctement :

-J'y suis, que dois-je rapporter au palais ?

Le jeune homme est avachi sur le comptoir à compter les inégalités du bois. Cela faisait un moment déjà qu'il n'avait pas eut de client et ça l'ennuyait profondément. Il baille avant de se remettre à compter.

- 99... 110... 140... 283...

Puis soudainement, il entend un bruit et relève la tête. Quelqu'un vient d'entrer dans le magasin. Un client ! Un client ! Le jeune homme commence à s'arranger, histoire d'être présentable et prépare ses meilleurs arguments de vente. Il fallait qu'il vende le maximum comme ça tout le monde sera content.

Il baille encore avant de se tenir droit, sérieux, près à pigeonner ce client. Il adresse un grand sourire à la personne tout en lui annonçant la bienvenue dans le magasin.

- Que puis-je pour vous ? demande-t-il ensuite.

L'oreillette grésillait dans le silence de la boutique. Un homme se porta à sa rencontre et en parlant lui fit louper une partie de sa commande. Il dressa une main d'excuse envers l'employé et dans un réflexe commun à toute l'espèce humaine, il se courba vers l'avant, poussa l'oreillette de l'index et fit :

-Hein ? J'ai pas tout entendu, pouvez-vous répéter ?

L'oreillette grésilla un peu plus fort. Le fonctionnaire grimaça et ôta son index du petit objet dans l'espoir que le bruit ne lui ferait pas perdre quelques points d'audition.

-Bonjour monsieur, j'aurais une commande de 4 fusil d'Arcturus s'il vous plait.

Encore une fois l'oreillette grésilla. Le fonctionnaire fronça du nez et parla dans le vide à son interlocuteur invisible :

-Comment ça une moto ? Il y a plein de modèles ici !

Ah ces maitres... Pas fichus de faire leurs courses tous seuls et en plus ils ne savent pas ce qu'ils veulent !
Exaspéré, l'homme attendit patiemment que son oreillette lui donne l'autre information.

-Il y aura aussi une moto mais... Désignant le baladeur entre ses mains, ils ne savent pas encore laquelle prendre.

Le jeune homme soupira lorsque son client, d'une manière fort peu courtoise, lui demanda de répéter. Mais faisant toujours aussi bonne impression, l'employé se mit à sourire à nouveau et répéta d'une voix, certes un peu énervée, mais tout de même vendeuse.

- Que puis-je pour vous ?

Son client passa commande à toute vitesse, si vite qu'il ne put presque pas noter sur son calepin qu'il venait d'attraper en vitesse. 4 fusils d'Acturus, c'est à dire 4x75... Il réfléchit un instant avant de noter rapidement un total et de regarder son client en attendant la suite qui ne tarda pas à venir.

Des motos mais il ne savait pas quel modèle. Intérieurement, l'employé se foutait ouvertement de sa gueule mais extérieurement il gardait une façade polie.

- S'ils ne savent pas laquelle prendre, je peux vous transmettre la liste de nos produits avec une courte description à moins qu'ils ne veuillent une moto pour un usage particulier.

Voilà ce qu'il préférait dans ses ventes, étaler sa connaissance des marchandises.

-Voulez-vous la liste... Tenta-t-il avant que l'oreillette ne grésille et ne le coupe dans son élan.

Le son fut bref et le fonctionnaire soupira un bon coup avant de retirer l'objet de son oreille avec un air satisfait et soulagé.

-Je suis désolé.

Il replia soigneusement le câble autour du baladeur et fourra le tout dans sa poche. Si les autres avaient une autre commande à passer ils devront envoyer un de ses collègues. C'était déjà assez épuisant (et déroutant) de suivre les indications tronquées venues de K'ouen... Il avait fait sa part !

-Donc j'ai dis 4 fusils d'Arcturus et une Legacy, c'est possible de réunir le matériel rapidement, l'équipe ne va pas tarder à partir ?

Il vérifia le titre perçant dans sa poche et laissa faire l'employé.

L'employé hocha la tête et se dirigea dans... un hangar où étaient entreposées de multiples marchandises en réserve. Il soupira et commença à prendre 4 Acturus.

Il fourra tout ça dans une grande malle qu'il tira jusqu'à son client et retourna dans le hangar sortir une moto qu'il poussa également devant son client. Des perles de sueur commençaient à apparaitre sur son front et son visage était rouge. Il s'essuya le front du revers de la manche et commença à faire un calcule de tête.

*4x75=300pims plus une Legacy à... merde, je sais plus le prix... Heu... à si ! 160pims...*

Il fronça les sourcils avant de continuer.

*300+160=460 normalement alors heu... Bah 460 pims.*
- Wow, l'est riche votre patron, murmura-t-il en tendant la facture à son client.

Il soupira légèrement avant de sourire à nouveau.

- Merci de votre achat, revenez nous voir. *et viens, je te pigeonnerais pour de vrai*

Le fonctionnaire regarda l'employé s'activer sans même lui proposer son aide, en fait, à le voir suer comme un boeuf sous l'effort, l'homme était pas mécontent d'être dans le camps du client. Une malle pleine de gadgets dangereux et une Legacy toute neuve arriva devant lui, puis une facture.

Il pris une bouffée d'air si brusquement qu'il manqua de s'étouffer avec. Il était estomaquée par la facture, la chasse coûtait plus cher que le gain de la mission !
Encore plus heureux d'être le messager et non le payeur, il tendit le badge de la banque qu'on lui avait confié.

-Après ça, il le sera beaucoup moins...

L'avantage d'être Maitre, on est toujours de bon payeur. Le badge fit de ting ting rassurant dans la machine. Une moto hors de prix et des fusils à vous paralyser un éléphant acquis par K'ouen proches de ses mains, le fonctionnaire salua le vendeur d'un sourire qui en disait long. Le titre Perçant le fit aussitôt disparaitre.

Direction le palais, où la comptabilité aura des sueurs froides.

Spoiler: