[event] Pugilat de zombies

Ils ont colmaté les brèches avec des bandes de gaz bien serrées sur mes articulations sensibles... J'ai l'air du seul robot éclopé de tout l'Entre-Monde avec tout ces pansements. Ma carrosserie n'aura jamais été aussi pitoyable.
Je préférais encore ressembler à une vieille carlingue nageant dans des eaux saumâtres. Mais les mécano du sanctuaire ont refusé. "Veto" qu'ils osaient présenter comme une obligation si je voulais aller donner un coup de main.

On dirait qu'ils en ont marre de nettoyer mes rotules...
Qu'ils payent pour faire terminer ma couverture de peau en nanorobot dans ce cas !

C'est tout ce à quoi je pensais quand mon bouclier se ficha dans un thorax dont il ne voulait plus s'extraire. Le zombie tendait es bras vers moi, dévoilant des serres gluantes sous mon nez. Quand le bouclier céda enfin et quitta le corps du mort, j'emportais une moitié de ce dernier et dans mon élan fracturait l'os pariétale de celui qui approchait sournoisement dans l'opération.
Strike !

Mon processeur m'envoie ses félicitations dans un applaudissement spirituel.
Il me distrait. Je n'ai pas vu la créature rampante derrière le petit talus (formé de quelques corps). L’affamé s'agrippait à ma jambe cherchant à mordre dans le métal et les bandes de gaz.

-Tu peux y aller, ce n'est pas avec moi que tu mangeras copieux...

J'avançais sur la terre retournée par trop de foulée en tirant derrière moi un boulet dont les dents commençaient à quitter le navire.
Je tentais de me rapprocher d'un coéquipier envahis par quelques amis surprise. Il était encerclé et avait un mal fou à les tenir à distance. En même temps, avec son corps de chair et de sang, il risquerait bien de passer dans le camps ennemi en cas de morsure.
ça m'embêterait un petit peu, quand même, de devoir lui refaire le portrait dans la mort.

J'attrapais une épaule flasque, sous la veste en jean il n'y avait que des os et l'épaisseur de peau morte. Le zombie se retourna. J'assénais mon plus beau direct du droit. Ce qui n'était pas prévu c'est que la tête s'ôte d'elle même dans la foulée et pendouille à sa colonne vertébrale comme à une corde de rappelle.

Ne restait qu'à y ajouter celui qui me tenait la jambe depuis cinq minutes. Sans ses jambes il était drôlement plus léger l'animal. Je le soulevais et l'envoyais droit sur une herse dressée là pour tenir les monstres à distance du camp.

J'en suis à... quatre en cinq minutes dans la fosse. Le ratio pourrait monter à plus d'une cinquantaine en une heure là dedans.
Ils sont combien à s'être fait mordre par des zombies ? On vient de perdre la moitié de notre population ou ceux là viennent d'ailleurs ?

Perché sur un tas de cadavres morts de chez mort, HK était au comble de la joie virtuelle. Depuis des heures qu'ils étaient là, le droïde assassin mitraillait toutes les têtes ne serait-ce que vaguement décomposées qui dépassaient. Xénon était sûr que son assistant aurait déjà fait deux fois plus de victimes s'il ne lui avait pas très fermement ordonné d'être certain qu'il visait un zombie avant de tirer. Même ainsi, Xénon dut plaquer un des combattants au sol pour lui éviter une brûlure très douloureuse ; la salve de plasma fila juste au-dessus de la tête de Ken et lui grilla quelques cheveux.

"On a dit seulement les zombies, HK !" lui hurla-t-il par-dessus le vacarme de la bataille.
"Plainte : Ce n'est pas ma faute si tous les organiques se ressemblent, vivants ou morts. Ton dubitatif : Tu es sûr que ce n'en est pas un ? Il a vraiment une sale tête."

Le guerrier - qui ne correspondait effectivement pas aux canons esthétiques humains, avec sa peau grise tachetée de brun, son nez porcin et sa dentition proéminente - n'apprécia pas le commentaire. Il se releva en bousculant Xénon, adressa un grondement bestial à HK, et repartit à l'assaut des zombies en brandissant sa grande épée à deux mains. Xénon se releva en fusillant HK du regard, mais le droïde ne lui prêtait déjà plus aucune attention.

Avec une précision redoutable, il dégomma coup sur coup quatre zombies. Le cinquième, pourtant touché lui aussi droit à la tête, ne perdit qu'une petite partie de son crâne. Il pencha la tête, confus, et reprit son avancée en grognant, changeant de direction vers HK. Le droïde consultait la jauge de batterie de son canon à plasma. Xénon avait compté : c'était la huitième fois de la journée qu'il était à sec. Frustré, HK secoua son arme comme si elle allait soudain se remettre en marche. Xénon s'interposa en roulant des yeux entre lui et sa cinquième presque-victime. Il acheva la créature d'un coup d'épée bien placé.

"Il ne va pas se remettre à marcher tout seul. Va le recharger !"
"Capitulation boudeuse : Bon bon, j'y vais."

Aussi stupides qu'ils soient, les zombies avaient bien repéré que HK était une menace (ce qui les rendait déjà presque plus intelligents qu'un certain nombre d' "organiques" que Xénon connaissait). Maintenant qu'il était vulnérable, ils affluaient dans le coin. Xénon fit barrage pendant que son assistant tournait les talons pour retourner au camp. Il se dégagea tant bien que mal des mains qui se tendaient et s'agrippaient à son pull, dégaina son pistolet et tira dans le tas pour les éloigner.

Du coin de l’œil, il vit un androïde qui ne lui était pas complètement inconnu balancer un zombie sur la herse. Un sourire ironique effleura les lèvres de Xénon. Les membres de Ken étaient encore ceux qui avaient le moins à s'inquiéter dans cette arène grandeur nature. C'était presque une promenade de santé.

Il jeta un coup d'oeil rapide par-dessus son épaule, juste à temps pour voir HK fracasser la crosse de son canon sur un zombie qui avait presque réussi à s'infiltrer dans le camp. La créature s'écroula, le crâne en miettes, et le droïde assassin se remit à courir vers la tente du générateur, propulsé par sa hâte de retourner sur le terrain. Xénon sourit encore et décapita un zombie que sa salve de coups de pistolet avait privé d'une jambe et d'une partie de son torse. Il chercha du regard des vivants qui auraient besoin de son aide et replongea dans la mêlée.

La concurrence était rude !
Un dingue faisait dans le tir aux pigeons et les abattait à un rythme incroyable. Il faisait le malin sur son tas de cadavre avec son pistolet à plasma.
Mais le gros défaut de ces engins là, c'est leur autonomie limitée. Heureusement qu'il était bien accompagné. Les zombies ont sûrement assez de force à plusieurs pour endommager sérieusement les liaisons fragiles des corps d'androïdes.

Sur la herse un second mort-vivant avait rejoins son camarade sans jambe. Un début de brochette digne d'un tableau d'art moderne.
Ou juste de film d'horreur.

Encrassé par de la boue et des éléments en décompositions, les capteurs ingénieusement placés dans les terminaisons de mon cuir chevelu avaient rendue l'âme. Comme quoi, un zombie peut causer de sacrés dégâts aux robots...
Miracle de la magie, un shampooing suffira à tout remettre en ordre. Du moins, il fallait l'espérer. Sinon, j'allais encore dépenser toute une solde à tout faire réparer...

Machinalement, le mort qui venait de s'avancer vers moi, en dépit de ses petits camarades qui devaient faire la queue, fini la tête sous mon biceps. Je frappais de l'autre main jusqu'à entendre le craquement signifiant qu'il y en aurait au moins un de plus sur ma brochette.
Ou pas. Celui là tomba au sol et fit trébucher deux macchabées qu'il me suffit d'écraser la nuque du pied.

On ne peut pas dire que tuer du zombie se fasse proprement... Il faut viser les endroits mous et sensibles : la colonne et le crâne résiste trop bien. Alors que le cervelet est presque à nue. Si même la peau qui le protégeait finit par pourrir... il ne reste presque rien pour le protéger.

Mon processeur me signifia qu'il était temps de faire une petite pause. L'énergie de mon cœur était quasiment inépuisable. Cependant, le rythme effréné du massacre faisait trop chauffé mes circuits... On peut être de la haute technologie et avoir l'autonomie d'une lampe torche !

Tenant à distance un mort-vivant du plat de la main, je calculais le temps qu'il me faudrait pour ajuster mon système de refroidissement.
Et le comble de l'histoire c'est qu'il faut quelques robots pour anéantir une armée de zombies. Ils devraient y penser dans les films !
En me détournant du mort, je le laissais tomber droit sur la herse.

Il faut le dire, j'étais drôlement bien placé.

Une petite bestiole volante, pas du tout gênée par le danger, venait virevolter autour de ma carcasse dégueulasse avec joie et bonne humeur.

-Noah, retourne au camps, tu vas finir en chair à zombie !

Ou en tas de plumes pour zombie. Ce truc a moins de viande sur le dos qu'une cuisse de grenouille... Et autant de cervelle.
C'est déjà difficile d'avoir un colibri pour animal de compagnie... ça a tout de même moins de classe qu'un énorme chien, mais si en plus il se pointe quand je joue aux dur sur un champs de bataille...
Dans ma vie passée, j'ai dû accumuler un max de mauvais karma.

Un réflexe résistant aux afres de la putréfaction faillit emporter le colibri. L'oiseau fut plus vite dans mon poing qu'il ne l'aurait voulu quand à l'autre zombie, il fini dessous. Plusieurs fois.
Beaucoup de fois.
Jusqu'à ce qu'il ne subsiste rien de reconnaissable sur sa carcasse.
On ne touche pas aux plus petits que soi. En y repensant, j'ouvris la main et libérait l'oiseau tout chiffonné. Le pauvre venait de développer une claustrophobie aigüe...

-C'est ça aussi, tu traine n'importe où. Aller, oust sale bête, au camp j'ai dis !

L'oiseau avait la moitié d'une cervelle de piaf, il n'écoutait pas et continuait son petit manège autour de ma tête. Je l'envoyais promener d'un "va te faire digérer par un zombie !" et tournait les talons vers ce qui ressemblait à un amas de chair.
C'est comme lorsqu'il faut décoller des bouts de viandes qui ont été conservé trop longtemps l'un contre l'autre. Ils adhèrent, se solidarisent...
En donnant un coup d'épaule, l'un d'eux se détacha des autres en emportant quelques souvenirs.

Si j'avais été humain, mon estomac n'aurait pas aimé le tableau.
Même mon processeur danse une rumba dans ces cas là !

Trop serré dans la cohue, je perdis l'équilibre et tombait en emportant avec moi celui qui s'était approché dans mon dos. Le pauvre reçu trop de poids pour son bien. Un mètre quatre-vingt de métaux lourds dans les dents.
Le plus dur fut de se remettre debout.
J'emportais sur mes épaules une goule avachie sur moi qui avait tenté de gouter mes bras. Le métal lui avait fait perdre ses dernières dents.
Je rejetais le cadavre sur la herse.

Une quatrième victime s'ajoutait à ma liste après que son crâne céda contre le bois de l'une des piques en bois.

Du côté du camps, les goules n'approchaient jamais vraiment. Des volontaires s'occupaient de sécuriser tout le périmètre avec des pistolets de toute sorte et des familiers aux dents longues. ça en faisait des chasseurs de morts pour une si petite région.
Ça expliquait pourquoi les zombies tombaient aussi vite.

Cet instant de distraction passé, je me retournais sur peut-être cinq horreurs silencieuse. A moins qu'elles aient toutes eu les cordes vocales coupées, j'étais estomaqué qu'elles puissent réussir à approcher en silence.
Jusqu'à ce que le soft des nanobots me désigne des éléments étrangers dans mes capteurs auditifs. Des jurons lancés à la chaine, je bousculais tout ce petit monde comme une boule de bowling renverse des quilles.

Avec le titre lin, j'utilisais un tas de tissus pour soulever par la gorge l'une des goules que je trainais derrière moi en traversant la foule. Accroché à morceau de la herse, tiré eut pour seul effet de la rappeler au royaume des morts.

Et de cinq !

Une plaine immense. Un camp minuscule. Une horde de zombies ! Une foutue fiesta ! Seule ombre au tableau : les sanctuaris. Mais je ne vais pas me laiser refroidir pour six peu. Je quitte le camp comme j'y suis entré. Sans un mot. Pas un foutu bonjour, ni un salut. Je suis là pour tuer du cadavre et pas pour prendre le thé.

Sang et larmes.

J'enfile mes cestes en avançant vers un petit groupe de zombies accroupis à bouffer à je ne sais quoi. En m'entendant arriver l'un d'eux se retourne et se lève. Il grogne mais n'a pas le temps de faire plus. D'une téléportation je fonds sur lui et j'abats mes poings sur son crâne, chacun sur une tempe, en même temps. La tête de l'affreux explose littéralement et le reste s'effondre.

Sang et larmes.

Les autres prennent note de ma présence et deux d'entre eux se jettent sur moi. J'esquive leur charge et brise en deux le tibia du plus grand des deux. Il s'affale au sol. L'os a transpercé la chair pour pointer à l'air libre. J'en profite pour faucher son copain qui revient à l'assaut et il tombe sur son pote. C'est pas beau à voir. La tibia du premier s'est fiché dans l’œil du second et s'est taillé un chemin jusqu'au cerveau. Bref, ces deux là ne bougeront plus non plus.

J'enchaine sans attendre sur trois de leurs compères. J'envoie mon poing dans les côtes du plus proche. il vacille et met un genoux à terre. Je me téléporte derrière un de ces potes et lui brise la nuque. une téléportation de plus et ma botte rencontre le genou du zombi aux côtes cassées. Cette fois, il tombe carrément. Je recule un peu alors que le dernier membre du trio enjambe son pote au sol. Il court vers moi et me saute dessus. Je m'accroupi, bande mes muscles et bondi à sa rencontre. Un uppercut du gauche, un direct du droit et pour finir un crochet du gauche. Voilà un mort-vivant, plus mort que vivant. Son crâne défoncé n'a d'ailleurs plus vraiment de forme. Je retourne vers le zombie aux côtés brisées et au genou luxé. Il rampe tant bien que mal vers moi, toujours aussi désireux de manger. Pourquoi le lui refuser ? Ma botte rencontre violemment sa gueule et dans un craquement sinitre le cou du zombi cède. Mort pour de bon.

Sang et larmes.

Les deux derniers du petit groupe me rejoignent. Le premier reçoit un bon coup de genoux dans le sternum avant que mes deux poings collés s'abattent sur sa nuque. Expéditif, mais pas autant que pour son pote. je me téléporte derrière lui et l'enserre à la taille. Un suplex et sa tête rencontre le sol. Son crâne est réduit à l'état de charpie. Fin de l'histoire.

Je retourne au camp histoire de boire un coup. En attendant le round 2.

Cela devenait très répétitif !
Un zombie bousculé tombait sous mon pied. Le second venu profiter de la place libérée se prenait un coup de coude, puis sa tête rencontrait les piques en bois, sur la pointes ou les côtés. Le tout était de s'acharner un peu plus dans la seconde option.
Toujours est-il qu'après ce troisième mis à mort de manière maccabre, ma carcasse rutilante n'avait plus rien à envier aux tas de boue et aux cadavres du coin.

Berk. Je collais plus qu'un chewing-gum dans une laverie automatique ! Au petit trot j'ai regagné le camp. Une bonne occasion de faire refroidir mes circuits tout en profitant d'une douche désinfectante.
Je suis le premier androïde tout de métal vêtu à prendre une douche et à aimer l'eau chaude...

Un peu de savon là. Voilà, juste là et on brosse.
Même en fermant les yeux, j'arrive à mémoriser l'odeur et la quantité de choses qui retombent sur le sol.
Voyons le bon côté, maintenant j'arrive à bouger les bras sans me croire pris dans une piscine de colle à papier.

-Vous êtes prêt à y retourner !

Voilà qui tombait bien, je me sentais d'humeur massacrante.
Une rayure longue comme mon bras barrait les pièces sensibles de ma poitrine. Ils me le paieront. Cher, très cher.
Et je paierais tout aussi cher pour la faire disparaitre.
La vie est injuste.

En bordure du camp, des goules étaient passées en force après avoir fait s'effondrer une partie des herses. Plusieurs dizaine d'entre elles s'étaient amassées en brochettes dessus jusqu'à faire s'écrouler la construction de bois.
A présent, au dessus des tentes on voyait les éclats des armes à feu et des armes à plasma qui fusaient dans tous les sens.

Un sanctuari que je connaissais pour avoir un jour té assit à côté de lui en conférence dégainait un canon à plasma. L'homme était si grand et si large que le canon me semblait faire office de jouet dans ses paluches.
Pourtant, l'effet fut radical. Une tête entière disparu dans le rayon qu'il tira sous mes yeux.
Il avait l'air drôlement heureux avec son joujou dans les mains.
Il faut avouer que c'était déjà moins salissant de les avoir à distance et par anéantissement de toute matière au dessus des épaules.

Je me retenais d'applaudir. C'est fou toute la cervelle qu'il peut y avoir dans une aussi petite boite crânienne (comparée à la masse du corps particulièrement impressionnante. Je crois bien qu'il s'agit là d'un géant...).

Un bout de bois démonté de la herse dans les mains, j'empalais le mort le plus proche avec la ferme intention de lui faire un trou au sommet du crâne. Je n'y manquais pas après un petit effort supplémentaire (certes, un gros effort). J'en fus quitte pour abandonner mon arme improvisée...