Re: La fête à la grenouille.

Fred baissa les yeux sur sa jambe blessée.
L’odeur du sang… Il aurait du se casser la fiole de désinfectant sur la jambe, c’aurait été radical.

Le maître tendit une oreille attentive à tout, son regard électrique demeurant sur Karan.
Sa question lui arracha un sourire, même un rire un peu moqueur.
Le milicien se méfiait ? Il avait peur de quoi ?
De découvrir d’affreux secrets, des conspirations ?
Ils étaient dans l’Entre-monde, ce genre de chose, théoriquement, n’existait pas vraiment.

D’un coup d’œil, le Sire s’assura que sa lame était nettoyée, puis la glissa dans le fourreau en travers de son dos. Karan proposait déjà de partir, comme s’il ne voulait plus connaitre la réponse à sa question. Il pleuvait de plus en plus sérieusement. Karan tenait absolument à partir par un temps pareil ? Pour sa part, il aurait encore préféré les zombies, ici à moitié au sec… Plutôt que plus loin sur le sentier glissant.

Fred accepta le bras qu’on lui tendait courtoisement.

Je me promène souvent.
La blessure est un dommage collatéral.

Il songea à ce rigolo à cause de qui il en était là, blessé.

Mais c’est sans rapport avec mon statut de maître.

Et ça avait tout à voir avec sa vie de Sire.
Et c’était amusant de le préciser.

Une blessure infligée par un monstre il en aurait parlé librement. A présent, Karan était convaincu qu'elle cachait plus qu'un accident malencontreux.
L'autre riait.
Un accès de nervosité qui échappe au sang froid, c'est le prix du mensonge.

Il calait le bras de l'autre et partait en direction de la sortie du bois.
Un zombie n'est pas un prédateur, juste une créature affamée. Sans le moindre sens pratique. Le mieux était encore de les semer en terrain découvert.

-Je n'aurais pas dû poser cette question. Ce ne sont pas mes affaires.

Prononcé avec peu d'entrain et un soupçon de "mais je n'oublierai pas", il détourna le regard. Un sentiment de contrariété pointait son nez.
Il était certain qu'il valait mieux ne pas s'en mêler. Si Rei n'en parlait pas, il n'avait pas besoin de son aide.
Si on le lui demande, il ne mentira pas pour un inconnu.
Et puis, lui aussi, ça le rendait curieux de savoir comment un maitre en arrive à être blessé dans un endroit aussi perdu. A l'exception de ceux qui font d'un sport la récolte de cicatrices !
Chacun ses secrets.

Les racines se faisaient moins nombreuses en regagnant un vieu sentier mal entretenu. Elles n'avaient pas disparues pour autant. La boue avait révélé la surface lisse d'une petite racine. Les couleurs ne se distinguaient plus les unes des autres dans se brouillard de gouttes et Karan marcha dessus.
Il manqua de s'étaler face contre terre. En se redressant, il pesta toutes les insultes les plus grossières qu'il connaissait dans d'autres langues.
Une demi-seconde de panique s'écoulait, il jetait un oeil par dessus son épaule.

-Ils ne nous lachent pas. Prenons le chemin pentu, avec de la chance ils ne pourront pas nous suivre.

Les créatures suivaient de loin, avec la même maladresse que Karan. Si ce n'est pire ! Même lorsqu'elles chutaient et entrainaient les autres, elles se relayaient avec toujours le même objectif.

Bien sûr qu'il se souvenait qu'il trainait un éclopé au beau milieu d'une averse. Le problème étant, il ne se sentait pas prêt à lui confier sa vie si la situation en venait à une bataille rangée contre les zombies.