Vents hurlants

Le sable qui nous assaillait commençait a devenir vraiment blessant, et le col de mon manteau ne suffisait plus a me protéger efficacement. Je m'arc-boutais pour rejoindre une saillie rocheuse et y restais quelques instants, afin de faire signe à Ayame de me rejoindre. Lui était mieux équipé que moi et je clignais plusieurs fois des yeux quand je parlais, le sable s'étant déposé partout sur mon visage.


– Il faut trouver ce qui les retiens ! Un sort, un phénomène naturel, ou quelque chose du genre. Ils ne se sont quand même pas perdu pour le plaisir!


Toujours était-il que j'ignorais totalement à quoi ressemblait un esprit des airs et comment évoluait-il dans le monde. On pouvait déjà éliminer la solution du « bloqué sous terre ». Le ciel était bien visible. A moins qu'ils ne soient bloqués dans la roche elle-même ? Ca serait étonnant, les esprits paraissant immatériel.


– Ca pourrait être magnétique ? Après tout, c'est peut-être comme ça qu'ils se repèrent ? Le canyon est peut-être saturé de métal et ils sont complètement déboussolés, sans mauvais jeu de mots.


Peu probable aussi dans un sens où les veine de fer se trouvaient en montagne, pas dans les gorges creusées par des rivières. Mais tout était possible en Entre-monde, alors pourquoi pas un bloc de métal magnétisé abandonné là. J'ajoutais en riant à moitié.


– Ou alors, quelqu'un les a enfermé dans un sakrina et les a oublié là !


Je jetais un œil -comme je pouvais- en direction de la baie, mais rien de particulièrement remarquable. Du sable volant, des rochers érodés par le vent et de la très rare végétation fouettée par la colère du ciel. La raréfaction de la végétation était-elle due à la puissance du vent, presque à son paroxysme ici, ou à une autre raison ?

-Une chose est sûre ce qui les retiens n'est pas ici ! Et ce n'était pas dans cette région auparavant.

Une certitude : il y avait quelque chose ici qui empêchait ces esprits de trouver refuge dans les strates d'atmosphères auxquelles ils étaient habitués. Lui et Zedd étaient d'accord sur ce point.
Mais ce quelque chose qui n'y était pas avant. Ce qui supprimait la supposition d'une veine de métal ou d'un type de roche spécial. Sinon, ce problème ce serait déjà présenté en treize ans. Alors, pourquoi maintenant ?

L'endroit ne recelait rien de visible qui puisse expliquer pourquoi les esprits restaient ici à transformer la région en haut-parleur géant. Ils devaient chercher plus loin. S'engouffrer dans le canyon.

La roche inégale permettait de se tenir quand les vents les prenaient de face. L'elfe trop léger pour son bien dans ce genre de situation s'agrippait fermement aux cailloux. Manquerait plus qu'il s'envole.
Les semi-elfe n'ont pas d'ailes, c'est peut-être pour ça qu'ils ne sont pas taillés pour les vols planés...
Il fit quelque pas.

Là bas, dans la gorge, les vents semblaient plus violents encore que dans cette zone à découverts. En s'engouffrant dans l'entonoire, les masses d'air prenaient en vitesse.
Le bruit aussi devait y être assourdissant.

-Et ils n'ont pas l'air de vouloir nous dire d'où ça vient, criait-il sous l'étoffe. Il nous faut fouiller le canyon.

C'était risqué. Un coup de vent et ils pourraient s'écraser contre les parois.

Prenant les devants, Ayame se déporta jusqu'à la falaise. Se tenant aux saillies quand le vent commençait à le faire trembler sur ses appuis.

Le vents se transformaient de plus en plus en hululement presque humains qu'en sifflements de vent. Super rassurant. Les esprits des airs continuaient de nous torturer les oreilles alors qu'Ayame s'engouffrait difficilement dans la suite du canyon. Je voulais vraiment cette paye pour suivre un flic dans un boyau rocheux dans lequel soufflaient des vents à décorner les minotaures -et Papa sait qu'ils sont susceptibles à propos de ça-, nous menaçant de nous réduire à l'état de purée sur toutes les aspérités rocheuses dont certaines avaient l'air effilées comme des lames de rasoir.


- Et si c'était tout simplement physique ?! Une masse d'aire trop chaude qui les cloue au sol ?! Apres je connais pas la physionomie des esprits des airs mais ça pourrait être un début non ?!


Il falais désormais hurler pour se faire entendre et surtout parler dos au vent pour éviter de mourir asphyxié par le sable. De mon coté, j'avais perdu mon chapeau qui s'était envolé dans le ciel assombri. Une grande perte, mais je n'avais pas eu le temps de vraiment essayer de le rattraper. C'était lui ou moi (contre les pierres).

Après quelques minutes a galérer contre vents & vents, les cris s'étouffèrent un peu avant de disparaître progressivement. La force qui nous pliait en deux s’allégea aussi progressivement, avant de disparaître d'un coup. C'est comme si les esprits s'étaient soudainement calmés, ou avaient disparu pour une tout autre raison.
Frottant énergiquement mes cheveux pour faire partir le sable qui s'y état accumulé. Point positif : On aurait plus a crier. Point négatif : On était toujours pas plus avancé. Enfin...


Un sceptre trônait au beau milieu du chemin, planté dans le sable. Un crâne de licorne posé dessus. Ou du moins ce qui y ressemblait : la protubérance osseuse qui ornait le front du crane ressemblait vachement à une corne.


– Hum... Un avertissement ? De danger ou de mise en garde ? Ou une simple déco ?


J'approchais lentement ma main de la construction quand d'un renfoncement rocheux jusqu'alors tout à fait banal, une silhouette sorti des ombres et se précipita vers nous.


– Noooooooon !! Ne touchez pas au Crâne !! Sinon la colère des Cieux s'abbatra sur nouus !!! Quittez ce lieu ! Repartez !! Allez-vous en !!

Spoiler:

Spoiler:

-Plutôt une masse d'air froide , corrigea Ayame.

Il regardait au loin, à la recherche d'un indice, d'un petit quelque chose qui leur permettrait d'arrêter tout de suite de contrer les vents. Peine perdue, du vent, du sable et l'air brûlant du désert lui remplissait le nez et rien n'accrochait ses yeux.
Peut-être bien, après tout, de l'air froid et dense empêcherait les esprits de remonter.

-Mais le désert les aurait réchauffé.

Mesurant ses mots, il réduisait ses phrases au strict minimum tant il était difficile de se faire entendre.

-Ils auraient déjà dû remonter !

En considérant qu'ils sont bloqués, que cela fait un bout de temps, bien sûr, que ce problème ne s'est encore jamais présenté une première conclusion s'imposait. Ce ne pouvait pas être une simple raison climatique, même ponctuelle.

Puis, le calme revint. Les dernières syllabes de l'elfe éclatèrent dans un presque silence aussi soudain qu'inespéré.
Pas le temps de se réjouir, Ayame grimaça lorsque ses yeux se posèrent sur un autel chiche en décoration mais tout à fait explicite. De loin ou de près c'était toujours désagréable à regarder. Un crâne, un sceptre. Du bois, venu d'on ne sait où puisque le désert n'est pas connu pour ses forêts luxuriante, un crâne, de quoi vous donner l'appétit...

-Charmant...

Noooo...ooon ?
L'elfe sursauta. Il ne se posait pas la question si la créature ayant poussé ce cri était hostile ou non, par précaution, son arbalète chargée était déjà pointée vers le nouveau venu.

Bipède. Écailles et tête allongée. Crâne plat. Pas d'oreille mais une queue longue et hérissée de pointes balançait derrière l'homme -jugement fait sommairement sur le timbre grave du concierge de l'autel macabre.

-Tiens donc ! Et si nous refusons, que se passera-t-il ?

Aussitôt dit, le semi-elfe tendis la main vers le crâne qu'il ôta promptement de son bâton.

Pourquoi fallait-il toujours que je tombe sur des trucs bizarroïdes ? Le vaguement humain qui nous faisait face avait les yeux hagards et une fâcheuse tendance à agiter les bras en l’air. Très mauvaise combinaison avec le flic qui pointait déjà une arme sur ce pauvre bougre.  Je levais les mains aussi, plus par surprise que pour montrer que je n’étais pas dangereux.

– Wow, wow, wow, wow, wow ! Que tout le monde se calme avant que - Je n’eu pas le temps de finir ma phrase que Ayame « profana » l’autel. …que quelqu’un fasse une bêtise… Genre ça.

Bon, je voulais bien reconnaitre que je n’étais pas le plus responsable de tous, mais tout de même ! Le premier réflexe sain d’un type qui se faisait agresser par un dément, ce n’était pas forcément de contrarier ledit dément… non ? Le type d’ailleurs ne sembla pas apprécier la plaisanterie et se jeta à genoux en sanglotant, appelant des puissances supérieures. Je chuchotais quelques phrases à Ayame qui tenait toujours le crâne alors que le pauvre hère priait pour sa vie.

– Ô puissances innommables !....
– Allons bon…
-… pitié de nous ! Ces hérétiques ne pensaient pas leur geste ! Ne…
– Tu avais l’air vachement décidé, pourtant.
– … pas notre village ! Nous sacrifierons nos enfants et nos femmes…
- Classique… Peu efficace toutefois, je pense.

Je posais les poings serrés sur les hanches et me penchais un peu en direction du croyant qui commençait à être un vrai puits d’irrigation pour la terre environnante.

– Bon écoutez, mon vieux. C’est pas qu’on voulait créer d’incidents, mais avouez que vous n’avez pas été très accueillant non plus, quoi. Et si on se calmait, qu’on rendait à chacun ce qu’il lui appartient – Je lançais un regard appuyé à Ayame - et qu’on repartait sur de meilleures bases, hein ?

L’humanoïde écailleux se releva d’un bond, se tint la tête en hurlant « les Dieux nous puniront ! » et détala vers le fond de la gorge en continuant de crier des mises en gardes et des avertissements. Le vent qui semblait s’être arrêté reprit sa petite brise de départ, sans toutefois gonfler outre-mesure. Quand à moi je prenais le crâne entre mes mains et l’observait. Il n’y avait aucune ressemblance entre cette pseudo-licorne et l’homme lézard dévot. Et vu se fine couche d’écaille, ce dernier ne devait pas être originaire du désert. Je replaçais négligemment le crâne sur le poteau de bois, et les mugissements s’arrêtèrent. Je m’amusais pendant quelques secondes à soulever/reposer le crâne, rieur, ce qui eu pour conséquence de faire mugir tout le canyon comme une vache. Je me sentis observé et arrêtait de jouer avec l’installation et me raclais la gorge avant de me tourner vers Ayame.

– Bon. Euh… Y’a clairement un lien entre le crâne et le vent. Et ce type n’a pas l’air de venir du coin, et je ne crois pas que les licornes soient particulièrement friandes de chaleur. Peut-être que des voyageurs ont élu domicile sur un site qui appartenait aux esprits des airs ? De toute façon, pour avoir un peu plus de précisions, il faut poursuivre mister l’élu divin.

Je m’engageais dans le corridor de pierre en tirant le cou pour essayer de trouver notre croyant apeuré. Et avec mes bêtises de tout à l’heure avec le crâne, si les dieux de ce peuple ne nous détestaient pas, j’étais prêt à parier qu’ils me regardaient avec un œil noir.

S'il n'avait pas ôté le crâne, personne n'aurait su pour le vent. C'est en se disant cela que Ayame emboita le pas à Zedd. Il y avait quelques fanatiques en ville, d'expérience il était plus facile de leur tirer les vers du nez en leur faisant peur. Et pour faire peur à un fou, il faut perturber sa folie.
Mais tout leur en avait appris un peu plus encore.

-Je doute que nous ayons affaire avec des dévots un peu trop zélés de A'vogenlhil ou d'un autre. Ou bien nous l'aurions sûrement déjà sur le dos.

Et si ça avait été le cas, Ayame se serait senti bien bête d'avoir défié l'un des huit...
Ce qu'il trouvait étrange c'est qu'aucun habitant ne lui avait laissé supposer la présence d'un camp ou même d'individus étrangers dans la région (sinon les voyageurs et marchands habituels). Des fous dans les parages auraient dû alerter quelques commissaires installés dans l'oasis.
Cela signifiait que le culte était très récent, ou bien il était très organisé. Assez pour se cacher dans le désert.

-Si jamais suivre ce type ne donne rien peut-être que nous pourrions rallier le temple du dieu chat, son prêtre aurait peut-être entendu parler d'une religion atypique.

Cela ne donnerait pas grand chose si Ayame ne s'était pas trompé sur l'intelligence des chefs. A moins que ce ne soit qu'une banale coïncidence qui leur a permis de rester dans l'ombre. Il était trop difficile de faire des suppositions à ce stade. Alors, il les garda pour lui.

Se disant, il fallait admettre que le vent n'aidait pas à suivre le gaillard. Ce dernier semblait bien plus habitués au terrain que les deux chasseurs. Il disparaissait parfois et se faisait repérer à d'autres moment lorsque la gorge formait à nouveau un couloir régulier.
Chaque rocher lui servait, quand chacun d'eux ralentissaient le semi-elfe et son équipier.
Mais le canyon reprenait une courbe douce, presque droite, il n'était plus possible de perdre l'autre homme. Malgré l'absence d'ouverture, de grottes ou même de trappe aménagée, ce dernier réussi à disparaitre sous leur yeux, happé par la falaise.

L'elfe en resta sans voix, l'oeil allant des murs au sol, y cherchant sans comprendre comment le fou s'était volatilisé sous leur nez.

-ça c'est la meilleur...

Allez, au prochain virage on le choppe. Bon, à celui d’après. Ou au prochain. Ou au prochain…
Raaaahhh ! Mais il allait arrêter de disparaitre à chaque renfoncement de roche ?! Dès qu’on arrivait à comprendre comment il se déplaçait aussi rapidement, un nouvel obstacle lui servait de booster, et nous bloquait pendant quelques précieuses secondes. Quand à la ligne d’arrivée, nous n’en vîmes pas un carré blanc. Disparu, le sectaire timbré. Il n’avait quand même pas pu escalader les flans de falaise aussi rapidement sans se faire voir…
Laissant mes mains gantées glisser sur la pierre, la frappant des phalanges parfois, à la recherche d’une quelconque illusion ou d’une faille imperceptible, force était de constater que notre homme-lézard avait purement et simplement disparu.

La tête levé vers les murs des falaises, mes mains toujours collées à la falaise, faisant des allers-retours le long de la lèvre de pierre, je repensais aux propositions d’Ayame. Pas dépendant du Dieu oiseau. Quel autre Dieu de l’entre-monde pouvait protéger des hommes lézard en plein désert grâce à un crâne de licorne ?

 - Il semblerait avoir disparu dans la roche… On a un Dieu de la matière inerte, dans l’Entre-monde ? Remarque s’il s’agit d’une illusion, ça pourrait tout de même être A’vogenlhil. Mais si c’est une affaires de vents, il faudrait mieux aller chercher du coté de Ho’una, non ?

Une dernière frappe contre la roche, et je me détournais de la falaise. L’absence totale de résonnance indiquait qu’aucune grotte n’existait à notre niveau. Plus haut peut être, caché par une toile ou un renfoncement naturel… Mais par où avait-il bien pu disparaitre… Le silence régnait dans le canyon, même les hurlements des esprits ne s’entendaient plus. D’ailleurs, c’était étrange en y repensant.

 - Dis, je viens de remarquer un truc. Les esprits ont l’air d’être bloqués entre deux couches. Celle qui les retient au sol, et une autre qui les empêche de venir nous percer les tympans avec leur voix mélodieuse. – Je plaçais mes mains l’un au dessus de l’autre, légèrement courbées pour symboliser un espace entre deux couches. Faut une magie sacrément puissante pour ça. Et puis…

Ma phrase s’arrêta net progressivement alors que je voyais des points d’ombre apparaitre soudainement sur le sol, grossissant progressivement. Levant les yeux à nouveau, un air horrifié/désabusé se peignit sur mon visage alors qu’une dizaine de boulets de pierres semblaient avoir apparu dans le ciel.

 - Vous vous foutez de moi…

La suite des opérations devint chaotique. Si l’ombre des rochers donnait une indication claire sur leur point de chute, le nuage de sable que les impacts soulevèrent rendit progressivement la tache de plus en plus ardue. Il était de plus en plus clair qu’on n’était pas les bienvenus, et que cette secte cachait beaucoup plus qu’une simple adoration de cadavres de licornes.

Ayame était sceptique. Il balançait sur ses positions. Si un Dieu était en cause il ne voulait pas avoir à se convaincre d'aller lui rendre une petite visite pour en savoir plus à ce sujet. Tout ce qui touchait aux Dieux le mettait mal à l'aise. C'était toujours mieux que moi qui les ignorait royalement sauf lorsque ceux là venaient mettre le foutoir dans mon quartier. Après tout, tant qu'ils ne piétinent pas mes tapis, ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
Le semi-elfe était-il en présence d'un cas de tapis boueux ?
L'autre conséquence d'une telle solution : il devrait en référer à son supérieur. Supérieur actuellement drogué dans un lit d'hôpital et furieux d'avoir été piégé par son, moins, fidèle camarade.

-Je ne sais pas, fit-il alors, les Dieux sont susceptibles, nos jeux avec l'autel de tout à l'heure auraient dû en attirer. Que je sache ils ne se font jamais attendre lorsqu'ils veulent nous botter...

Il sourit de manière éloquente. Ce Zedd était une mine d'idées, une qualité qu'il apprécia à sa juste valeur, même si tout cela ne les avançait à rien. Coincés entre deux couches ne rendait pas le problème plus facile à résoudre : comment libérer ces esprits du canyon afin d'apaiser la région ?
Que ce fanatique, fortement accompagnés d'un nombre sérieux d'autres dingues dans son genre, soit lié à cette question était bien assez inquiétant.

Il y avait comme des images incongrues sur le sol. L'elfe se penchait sur la question et se jetait vers un point plus sûr quand son esprit format une semblant de réponse à ce qui produisait de telles ombres...

-Ils les téléportent !

Et bien oui, le sable et la poussière rendaient une identification impossible, mais cela n'empêchait pas l'elfe d'écouter avec attention lorsque le fracas des rochers s'écrasant sur le sol ne troublaient pas l'atmosphère.
Son ouïe, bien moins puissante que celle d'un elfe de sang pur était bien assez aiguisée pour discerner une chose essentielle : il n'y avait pas de bruit de frottement lorsque les rochers s'échappaient du haut du canyon.

Ayame chercha son équipier du regard et pensant l'avoir trouvé, essayait d'attirer son attention en faisant de grands moulinets du bras et en désignant le ciel comme si l'autre aurait tout compris.

-Les rochers, hurlait-il entre deux fracas, ils les transportent par magie !

Autre chose, Ho'una et A'vogenlhil ont des techniques bien plus divines pour châtier les envahisseurs. Ayame était presque convaincu que les huit n'étaient pas dans le coup cette fois ci.

Pressé contre une paroi, il détournait la tête dans l'espoir que des éclats minérales ne viennent pas lui cingler le visage. Il ne lui restait qu'un seul oeil qu'il ne pouvait sacrifier.
Il tendit l'oreille, essayant de percevoir des voix, des bruits d'hommes ou de créatures, des mécanismes ou bien des bruissements inconnus qui auraient pu être autant d'indices que d'énigmes à résoudre.
Mais il était clair que ces rochers venaient de nulle part. Tout comme l'homme disparu nulle part lui aussi.
Ils téléportaient des objets de grande taille. Evidemment, à pouvoir catapulter une montagne la pluie de rochers mis un certain temps à ralentir, jusqu'à l'arrêt complet. Ayame était recouverts de gravas et des égratignures et des ecchymoses lui couvraient le corps. Il n'osait bouger de peur de déplacer son épaule déboîtée qui avait percutée un recoin pointu de la falaise lorsqu'il avait cherché un abris.

A tâtons sur la paroi, derrière un épais nuage ocre, l'elfe se relevait en tenant fermement son bras contre son flanc. Il cherchait Zedd arbalète dressée devant lui près à tiré tous ses carreaux sur le premier individu non reconnaissable qu'il verrait.
Recevoir des rochers sur la tête lui aura mis du plomb dans la cervelle (ou des silicates, question de goût).
Ce fut une excellente idée, son premier carreau se ficha dans l'estomac du premier qui se jeta sur lui, le second fusa juste au dessus de l'épaule du suivant. Jusqu'à ce qu'il cogne le crâne de son assaillant d'un coin métallique de son arme.
Mais c'était très inefficace. Ceux qui venaient d'arrivés sur l'aire d'atterrissage des rochers volant étaient bien trop nombreux pour un elfe handicapé et une arbalète n'ayant plus qu'un seul coup de chargé.

Spoiler:

Ayame dansait. Je devais lui donner ça, il est borgne et flic, mais il avait l’air plus apte que moi à esquiver les cailloux tout en réfléchissant à l’origine de la pluie minérale soudaine. Pour ma part, je n’eus pas la même grâce à m’agiter sous les rochers. M’aplatissant du mieux que je pouvais au mur derrière moi, je priais pour que les bombardiers n’aient pas l’intelligence de téléporter un bloc de pierre à raz du bord. Je me cachais derrière les pans de mon manteau pour éviter les éclats de rocs qui jaillissaient du nuage. Mais la nature est rusée et fourbe. Et une matière en coton a rarement arrêté net une arrête de roche effilée comme un rasoir. Même si la majorité des éclats étaient trop petits pour être létaux, la lame qui s’enfonça dans mon flanc gauche eut la mauvaise idée de rester coincée.

Aucun entrainement ne m’avait entrainé à me battre avec un éclat de roche enfoncé entre les cotes. Mais j’étais habitué aux bagarres de bars et aux affrontements sans véritables règles. Aussi, quand les formes vaguement humaines –apparus Père sait comment- se détachèrent dans la poussière, ma réaction fut immédiate.
Plusieurs. Donc pas Ayame. Donc danger. Donc taper.

Le terrain avait l’avantage/désavantage d’être instable à cause du sable et les débris. Lançant une jambe plus par réflexe qu’autre chose, je fis sauter en arrière l’une des deux formes les plus proches, qui en se réceptionnant, tomba à la renverse à priori gêné par les rochers. La deuxième se détacha de la poussière pour me faire face. Il était tout aussi saurien que le dévot, mais celui-là semblait habité par de bien plus violents envie que celle de nous menacer verbalement. Arrachant la roche de mon flanc, je la plantais avec rage dans la base du menton de mon adversaire. La partie creuse de la mâchoire était aussi molle que celle d’un humain, et le lézard porta ses mains à son cou, un regard affolé sur le visage.
Avec le recul, arracher un morceau de pierre d’une blessure en pleine bataille n’était pas le meilleur des plans, à la vue du sang qui s’écoulait de mon coté gauche. Colmatant maladroitement ma blessure avec ma main droite, je dégantais avec les dents ma main gauche, récupérant un bloc de pierre qui s’embrassa de magie explosive.
Cotés positif : Les nombreux éclats qui jonchent le sol me promettent un arsenal quasi-inépuisable, et sont dangereux même sans magie.
Cotés négatif : La magie m’épuise, je ne distingue pas mon allié des ennemis dans cette purée, et accessoirement, je me vide de mon sang.

Des bruits de bataille résonnaient à ma droite, mais je n’eu pas le temps de jeter un œil qu’un autre silhouette se dirigeait vers moi. Derrière lui, plusieurs ombres s’avançaient aussi. Lançant comme une grande mon morceau de pierre dans cette direction, je n’attendis pas l’explosion surprise de mon projectile pour tenter de retrouver Ayame. Un cadavre de lézard avec une hampe de carreau dans le ventre m’indiqua que j’étais sur la bonne voie. Continuant de bombarder à l’aveuglette derrière moi, j’agitais parfois le bras –indiquant idiotement par ce faire ma présence à tous- pour éviter de me faire tirer dessus par mon collègue d’infortune. Je flanquais un coup au lézard menaçant le borgne qui me tournait le dos. Il eut du bol, mes phalanges n’avaient pas envie de lui laisser un souvenir violet sur le coin de la joue.

– Le crâne ! Faut le chopper ! Chantage !

Je n’avais plus l’envie de faire des phrases construites. J’avais un trou dans le flanc, me*** à la fin. Je ramassais un éclat qui se mit à briller d’une lueur violette, me faisant cligner des yeux de fatigue. J’indiquais à Ayame de passer devant d’un geste du menton, quand une voix résonna dans le canyon.

– ASSEZ !

Les guerriers à écailles s’immobilisèrent dans la poussière. Ils semblaient obéir à l’ordre, même si j’avais l’impression qu’il s’adressait plus à nous qu’à eux. La voix reprit, grave et colérique.

- VOUS NE CESSEZ DE PROFANER CES LIEUX.

– On n’aurait pas foutu les pieds ici si vous ne reteniez pas les esprits prisonniers, à l’origine !!

Oui, j’étais sur les nerfs. J’étais blessé, fatigué, assoiffé et 75pims pour se faire trouer par une secte de fous furieux n’étaient plus suffisants - je veux une prime de risque.
Crier dans le vent sur une genre d’entité surpuissante n’était pas le meilleur moyen de s’assurer d’une discussion calme et posée.

– SILENCE !!

Qu’est ce que je disais…

Spoiler:

Ayame est quelqu'un de très intelligent, ce n'est pas un génie mais son caractère est doté d'un sens du raisonnable très affiné. En clair, il était pragmatique.
S'arrêter de courir parce qu'une voix invisible vous hurle dessus était le genre de chose qui lui faisait monter la moutarde au nez.
Heureusement, d'ordinaire il coure avec moi et dans un cas pareil je réagis comme lui : je ne m'arrête pas.
Enfin, dans cette situation, l'elfe ne se laissa pas démonter. Avisant son compagnon répondre au discours qui leur faisait perdre un temps précieux, Aya saisit le bras de son camarade et l'emporta avec lui de force.

-On dégage !

C'était sûrement mal poli et mal venu. Mais au fond discuter avec une voix invisible, provenant potentiellement du chef de cette secte de fanatiques capable de leur envoyer des rochers volant, c'était plus qu'il n'en fallait pour lui ôter tout sens de la bienséance.
Donc il décida pour eux deux de s'enfuir, se promettant qu'il s'excusera plus tard de lui avoir forcé la main.

Le semi-elfe était grand, plus encore il n'était pas bien lourd et détonnait par une certaine agilité. Dans le boyau couvert de détritus, il se déplaçait avec aisance, tirant sur ses jambes pour détaler comme un lapin.
Il ne connaissait pas assez ce Zedd pour savoir si ce dernier avait suffisamment à perdre pour se laisser avoir bêtement par une secte folle. Lui en tout cas ne cessait de penser à sa fille et à un suicidaire cloué sur un lit d'hôpital. Autant de personnes qui avaient besoin de lui, au moins pour ne pas créer d'ennuis aux autres.

Il faut vraiment qu'il explique à Lys qu'on ne doit pas jouer avec les armes à feu. Elle finira par tuer quelqu'un un jour !
Moi il ne me dira rien du tout, il me soupçonne depuis longtemps d'être à moitié sourd quand c'est sa voix que j'entends...

Il jugea de la distance. Derrière, des bruits de pas bruyant, et donc nombreux, lui laissaient penser qu'ils étaient suivis.
Lui, il pourrait s'échapper ça ne poserait aucun problème en réalité, il courait vite et la ville était proche.

-Sarkina !

Le Cyliong bondit à ses côtés. Il arrêta sa course et proposa d'une main tendue à ce Zedd de grimper sur la monture.

Mais il devait songer à son équipier blessé qui ne tiendrait pas une course dans le désert dans son état.

Avec la vitesse de pointe et l'ouïe fine du lion aveugle, Ayame savait qu'ils arriveraient à ce crâne bien assez vite pour s'en sortir vivant. Au pire, l'animal les emmènerait loin d'ici, assez pour trouver des commissaires et des miliciens prêts à en découdre avec ces fous