Aride Augure [PV : Nini & Wu]

Trois soupirs plus tard je les enregistrais pour la mission et confiais à : La fée frustrée... Augure, le matériel que je venais de sortir de la réserve ainsi que quelques recommandations de dernières minutes. Le genre de post-it qui encombre ma table de travail.
A la bibliothèque il y a toujours un téléphone qui sonne : un sanctuari a repéré des problèmes par ci, un commissaire a visiter la région d'une quête qui attend des volontaires... Les renseignements afflux, très vites et changent souvent quand ils nous font tous une crise traumatique. Et parfois, je prenais grand soin de les noter quelque part : sur mon bureau.

-Premier point, il y a trois gourdes glacières, à restituer. Donnez celle qui revient à K'ouen, il en aura besoin. Deuxième point, même si tu as envie d'enterrer la demoiselle, il vaut mieux qu'elle revienne en un seul morceau et encore... saine d'esprit -enfin comme elle est maintenant, ou mieux. Dernier point : le désert est secoué de pas mal de tempêtes de sable ces derniers temps, la saison est précoce cette année, faites attention. N'hésitez pas à rejoindre le temple si vous avez besoin de vous reposer, c'est une chasse de longue haleine. Et bien que je ne sois pas votre chaperonne...

*encore heureux*
Je soupirais encore. Il parait que ça détend les muscles...

-Bref, revenez entier. Je n'aime pas avoir de la paperasse supplémentaire à cause d'imprudents. J'ai confiance en K'ouen, il saura se débrouiller, mais vous deux, là, ajoutais-je en fixant "Nini", soyez prudents.

S'ils reviennent à la bibliothèque, peut-être que je ne leur referai pas le spitch de précaution et du risque potentiel de mes foudres jusque dans la mort s'ils osent me rajouter du travail.

-Bonne chance !

Je tournais les talons. Avant de partir je leur lançais par dessus l'épaule :

-Je garde les chiens pour le moment. A votre retour, baillonnez-la.

K'ouen ! Je m'en veux de ne pas m'en être rappelé plus tôt. Hier encore je jouait aux fléchettes sur sa photo dans un bar de Magna. Mon adversaire semblait tenir une dent contre le maître du miroir... Mais à peine le temps de me maudire que la gamine part dans un autre délire et je ne peux réprimer un soupire lorsque la bibliothécaire me prévient qu'il faut ramener "nini" saine et sauve. Je sens l'énervement monté en flèche et la voix hurle comme un ouragan dans ma tête. Je m'emploie tant bien que mal à la contenir, puis je me m’accroupis au niveau de la fillette et la regarde droit dans les yeux.

- Ton avis j'en ai rien à cirer. Tu manges ce qu'on te dit ou tu dégages.

Je me redresse et prends le matériel que l'on m'a tendu.

- Compris.

Un mot pour répondre à toutes les recommandations et à toutes les injonctions de la bibliothécaire. Ceci dit, si nini tire trop sur la corde je ne peux rien promettre... Quoi qu'il en soit, elle répondra de ses actes et devra faire face au désert comme tout le monde et si elle a besoin d'aide, K'ouen s'en chargera. C'est lui le prince après tout. Pour ma part je m'en tiens aux instructions de mon employeuse du jour. Je n'agirai qu'en cas de danger pour l'intégrité physique de la gamine. Tant que sa tête ne menace pas d'être séparée de son corps je ne bouge pas un pouce pour elle.

Je me retourne et m'en vais.

- Dans deux heures, gamine.

Le seul rappel que je ferai. Si elle n'était pas en temps et en heure au rendez-vous, nous partirons sans elle. Je ne pense pas avoir trop de mal à convaincre K'ouen d'agir en ce sens. Les arguments ne manquent pas et le simple bon sens dicte d'agir ainsi. J'ai un très mauvais pressentiment, mais il est trop tard pour faire demi-tour. Le désert est impitoyable et cette gamine est pitoyable...

Chargé des gourdes, je sors de la bibliothèque et me dirige vers Magna. J'ai des préparatifs à faire en vue du désert. Et je pense que je vais aller boire un verre ou deux pour essayer d'accepter l'idée que la gamine vient avec nous. La faim se fait sentir aussi.