Les chiens de Valérian

Louvia avait l’air de vraiment bien s’amuser, la caravane allait et venait avec ses escapades furtives et ses jeux. Pendant ce temps, Ayame me communiquait des données dont je ne savais plus quoi faire :

-Taux d’oxygène dans l’eau, trop proche du zéro pour toi…
-Rien sur le radar ?
-Rien du tout. Si. Louvia !

Je ris. Contrairement à la louve je m’étais peu éloigné du vaisseau, ma priorité avait été d’observer les environs. Un instinct de survie surdéveloppé je suppose… Pendant ce temps, Ayame explosait de rire et me vrillait les tympans alors qu’il se tenait les côtes.
Son rire était interminable et si contagieux en voyant la louve faire des loupings qu’il arrivait à faire trembler la Raie Manta. Les courants que créèrent les immenses ailerons me projetèrent droit sur la caravane.

-Ayame !
-Oh, pardon Wu…

Et il recommença à pouffer de rire et cherchant les commandes qui devaient stabiliser la machine.

-J’m’éloigne avant que tu ne crées un raz de marée, maugréais-je soudain entouré d’une miryade de personnages hauts en couleurs pour certain.

Un genre de triton se tenait près de moi et j’avais beau bouger il s’était mis en tête de rester collé à ma combinaison.
Ayame recommença à rire…

-Tu leur fais un de ces effets…
-Aya !

Rougissant jusqu’aux oreilles sous mon masque, je tentais de me dépatouiller de l’individu, jusqu’à ce que le semi-elfe se décide à m’expliquer :

-Du calme Wergeld, les poissons anges sont des… guérisseurs. Ils souhaitent sûrement ôter un quelconque parasite de ta combinaison ou peut-être s’assurer que tu n'es pas blessé.

-Et je suis censé ne rien dire alors qu’il approche sa bouche de … Hey !

Aya explosa de rire…
Je repoussais le poisson-ange pour regagner l’aigle de mer avant de finir en plancton. Finalement je me relevais dans le sas, et je commençais par ôter la combinaison, sous le rire hilare d’Ayame qui se contentait de me regarder me dépatouiller.

-Cesse donc de te moquer maudit elfe…
-Mais je ne me moque pas, je constate.

Les effets d'un poisson ange sur le corps d'un jeune homme...
Un cri de rage plus tard, je finissais enfin de retirer la combinaison, un pantalon sur le derrière et une serviette sur les épaules, je l’enjoignis de faire remonter Louvia avant qu’elle ne se transforme en loup de mer. J’avais opté pour un retour à la surface après avoir vu la louve imiter la grenouille, mais il faut dire que les suivants étaient pas mal dans le genre aussi !

Le voyage de retour fut calme. Tant que je piquais du nez sur mon siège, à regarder les fonds marins inchangés depuis plus d'une heure... Ma mésaventure sous-marine avait refroidie la bonne humeur dont j'avais fais preuve jusque là (qui se cantonnait à râler dès que l'elfe parlait trop). Somnolent, j'étais tranquille et n'embêtais personne. Pas même Ayame qui tenait la barre comme un maitre maintenant qu'il avait clairement bien pigé le truc.
Il faisait son malin à la sortie de l'eau. Il avait forcé sur les moteur et l'aigle de mer avait volé durant une brève seconde au dessus d'une haute vague... De quoi nous secouer et me réveiller pour de bon.

Sur le quai, c'était aussi calme que d'accoutumée. Depuis les mésaventures de Vink plus au Nord, Cabèche s'était montrée particulièrement calme et discrète. Ils commerçaient peu, la présence de nombreux commissaire dans cette région au climat agréable avait forcé le calme de la région.

-Cabèche c'est un coin tranquille. Mais n'y reste pas trop, les gens d'ici sont peu hospitaliers.

Ayame et moi greffions nos écussons de K'ouen sur nos vêtements. J'étais connu mais comme on ne sait jamais... Cette ville pouvait changer du tout au tout au mauvais moment.
Même si elle restait relativement calme.

C'était totalement différent pour Vink, les réparations tout juste terminées depuis le passage de l'Homme de bronze, la ville voyait poindre un groupe d'ours d'Etra. Une colonnie de quelques individus, un peu plus grands que des ours bruns. La race était invasive et déjà très présente en montagne, il fallait réduire le clan avant que les prédateurs du coin ne disparaissent.
Tout ça à cause d'une coulée de boue fin mars.

-On remonte vers Vink, on a une chasse à l'ours qui attend. Tu penses rester ici ?

Ayame s'éclaircit la voix et ajouta en me coupant la parole.

-Ce qu'il veut dire c'est que tu peux continuer vers Vink avec nous, ça nous fera de la bonne compagnie. C'est qu'il est tellement de mauvais poils ces derniers temps qu'il pourrait tuer un mort...

Je frottais une ride entre mes sourcils et partais en avance avant de faire cracher son cerveau par le nez à cet elfe de malheur...