Une soirée ordinaire dans le quartier [ PV Wu ]

[pour le lancer je peux accepter mais évite de jouer mon personnage à ma place, par exemple normalement je n'ai plus de fourreau à la ceinture j'ai changé pour des attaches dans le dos x) mais bon, c'est rien tu pouvais pas deviner]



Ce que je foutais en plein Magna ? C'est une bonne question... Et pour tout comprendre il faut remonter quelques heures auparavant.

Ayame assis sur le bord de mon bureau déchiffrait une missive à son nom, sourcils froncés et lèvres retroussées, je sentais qu'il n'allait pas tardé à m'annoncer une mauvaise nouvelle. Il n'en fit rien, il rangea la lettre et ramassa ses quelques affaires sur son propre bureau. Intrigué qu'il décide de partir au beau milieu de la journée, je fixais la page de dossier que j'examinais et lançais l'air de ne pas tant que ça m'y intéresser :

-Où vas-tu ?
-J'ai du travail à Magna, c'est... Personnel.

Personnel ? Je levais brusquement les yeux sur le semi-elfe pour continuer de le questionner du regard. Quand Aya disait "personnel" ce n'était jamais bon signe et jusqu'à aujourd'hui je ne l'avais entendu dire ceci qu'à une unique reprise... Nous avions failli finir en prison ce jour là, encore heureux qu'on enferme pas si facilement un maître.
Il sourit en sortant et je ne pus que le retenir d'une dernière question :

-Quand rentres-tu ?
-Dans deux ou trois heures je serais de retour, fais rien d'inconsidéré en mon absence !

Le sous-entendu me laissa perplexe alors qu'il refermait la porte derrière lui et quittait K'ouen au petit trot. Un coup d'oeil par la fenêtre je me rendais compte qu'il partait sans prendre une seule arme sur lui, inconscient ou prudent, il n'en restait pas moins que je m'inquiétais de le voir partir seul.
Ce n'est que par respect que j'ai attendu les trois heures fatidiques qu'il revienne... Le regard rivés sur les fenêtres plutôt que sur les papiers que je devais signer, j'ai attendu tendu comme une perche, si bien que les secrétaires qui normalement allaient et venaient pour déposer et reprendre les dossiers n'osèrent plus entrer au bout d'une heure.
Et au bout de trois heures il n'était toujours pas de retour, la quatrième heure défila avec une lenteur exagérée et c'est rongé d'inquiétude que je pris la décision d'aller le chercher moi-même. Hélas, en approchant du porte-manteau je me souvenais d'un petit détail, déjà porter une arme aussi voyante que ma grosse épée à Magna n'était pas une bonne idée et en prime je n'aurais pas pu la trimballer sauf à la main puisque les pointes que j'avais fais poser sur ma veste attendaient d'être changés... J'étais forcé de laisser mon arme favorite ici même et de récupérer l'épée et le fourreau d'un des soldats qui trainait dans les couloirs du palais de K'ouen.

Une demi-heure plus tard j'étais dans Magna, main dans les poches à tourner en rond à la recherche d'Ayame. J'avais questionné quelques commerçant et aucun ne pu me renseigner sur le passage d'un grand blond avec un cache-oeil, pourtant on ne pouvait pas prétendre que le semi-elfe soit facile à oublier... Mon humeur se dégradait à mesure que mes recherches s'enlisaient, j'étais mort d'inquiétude pour cet abruti.
J'avançais au hasard des ruelles, à fouiller les passants du regard pour chercher sur eux un indice, une idée qui m'amènerait à l'elfe, mais ce n'était pas vraiment efficace. Un moment je croisais le regard d'une jeune femme, j'allais l'ignorer quand son étrange manège m'interpella. Je me retournais sur elle et à voir son visage rougissant j'eus un bref espoir.

-Dis-moi, t'aurais pas vu un elfe blond portant les armoiries de K'ouen dans les parages ?

Je devais vraiment avoir l'air de sale humeur pour qu'elle détourne les yeux sans cesse, je la toisais longuement durant ces excédents de réactions... à en juger par le peu qu'elle montrait elle semblait timide mais déterminée, jeune et naïve au premier regard. Bah, c'était pas vraiment mes oignons, j'acquiesçais sommairement à la question évidente du "je le cherche ? Bah ouep, bien obligé je sais pas où il a encore fourré son nez", l'autre question me laissa quelque seconde sans voix...
Tout compte fait je devais avoir l'air avenant pour qu'elle me propose sa compagnie. J'avais du mal à y croire pleinement mais ça devait être une solution dans ce goût là. J'haussais les épaules, rien de mieux à faire si ce n'est marqué mon "oui" nonchalant d'un :

-Si t'as rien de mieux à faire, pourquoi pas.

Pas d'Ayame dans les parages et une jeune fille en plus qui me suit... C'est à croire qu'il le faisait exprès, je me demandais si j'avais une étoile assez perverse pour me retrouver avec des filles à chaque fois que je bougeais de mon bureau... Caliope, Selene, Calysta... à dresser une liste mentale des noms que j'ai croisé je me rendis compte que le sien m'était totalement inconnu.

-Je m'appelle Wergeld, et toi ?

Un coup d'oeil et je repris la marche, mains toujours dans les poches et l'air aussi inquiet et... désinvolte (?) que d'habitude. Dans un soupire je regrettais d'avoir cassé encore une fois mes lunettes, j'aimais bien les avoir sur le nez et avoir l'impression que personne ne pouvait déchiffrer les expressions de mon visage ; d'autant plus que j'exprimais sur moi la moindre préoccupation, j'avais un visage expressif et c'était handicapant à mon poste. Jusqu'à maintenant c'est Ayame qui se chargeait des négociations avec les bureaucrates, alors, jusqu'ici je ne voyais pas ça comme un problème... Mais imaginons que l'elfe ait encore fait une connerie, qu'il se retrouve en ce moment même dans les geôles du maitre du coin... Va falloir négocier dur pour le sortir de là sans avoir à faire appelle au maitre de K'an. L'elfe me le paiera c'est certain. Et dans le meilleur des cas je devrais organisé une opération commando pour le sortir de là, ou sinon je vais arrêter de regarder des films chez lui, le cinéma, c'est le mal.

-T'es pas forcée de répondre mais pourquoi une fille comme toi traine dans ce quartier, c'est pas vraiment connu pour être un endroit où il fait bon vivre...

Simple constat Magna recensait la plus grosse population de criminels de tout l'Entre-Monde *après la zone du dehors* je voyais mal une gamine se balader insouciante dans les rues du quartier. Même moi je m'y trimballe pas sans un minimum de protection. En parlant arme, avoir laissé la grosse épée au palais ne m'aidait pas à me sentir en sécurité, le faible poids de celle que j'ai emprunté l'avait rendu invisible à mes yeux. Aya pouvait pas plus mal choisir son moment pour disparaitre.

Elle avait le chic pour attirer sur elle mon regard étonné, quoique là j'étais plutôt impressionné...

-Vu ton âge tu es arrivée dans l'Entre-Monde avant la fermeture des miroirs et tu me dis que tu ne sais rien des quartiers de la ville ?

Je passais une main dans mes cheveux pour les remettre en place ou mieux me décoiffer... On me l'avait jamais faite celle là, après 10ans d'existence de cette ville immense, quelqu'un en mesure de me dire franchement qu'il n'y connait rien. Si ça se trouve elle vient de l'extérieur, ayant vécu loin de tout ça expliquerait tout, mais... Y a pas masse de chances que ce soit ça. Dans des moments comme celui-ci j'aimerai avoir Ayame pour gérer, m'étendre sur des choses comme ça, c'est pas mon truc, c'est le sien. Raison de plus pour le retrouver !

-Tu viens de l'extérieur de la ville je suppose. Magna, le quartier où nous sommes, n'est pas très surveillé. Quand la nuit tombe il vaut mieux ne pas trainer dehors quand on est pas sûr d'être en mesure de se défendre.

Qu'elle ne se vexe pas mais elle est petite et mignonne... Loin d'être virile et baraquée. N'importe qui la prendrait pour une proie facile, n'importe quel idiot en fait. Je serais à leur place je me méfierai des apparences, je connais un petit maitre effronté pas plus haute que trois pomme qui peut tuer un lion dans un accès de colère. Flippant.

-Magna, le drapeau de l'ombre. Si tu veux de l'action attend encore une ou deux heures, les ombres du soirs t'apporteront de quoi faire des cauchemars pour le restant de tes jours, aussi longtemps que tu puisses vivre.

Mal famé, c'est le mot.
Un grand gaillard bouscula la jeune femme, j'allais me retourner pour lui apprendre la politesse mais l'homme s'enfuit littéralement sans se retourner. Voir quelqu'un s'enfuir ici c'est monnaie courante, mais, l'instinct peut-être, ou sinon j'étais trop anxieux pour deviner d'où venais cette idée, je repris la route vers la ruelle d'où sortais le fuyard, je voulais voir de mes yeux ce qu'il fuyait.
L'instant d'après j'étais dans un cul-de-sac, plutôt sombre coincé entre deux bâtiments à plusieurs étages, si proches que des fenêtres pendaient des cordes à linge, et des détritus informes trainaient partout sur la chaussée cachée du soleil.
Dans le fond de la ruelle, il faisait si sombre que mes yeux mirent du temps à s'adapter au manque de lumière. Une minute entière pour comprendre que les détritus dans le fond ressemblaient à des hommes assommés ou morts et qu'il y avait contre une barrière de vieilles planches un homme adossé la tête basse. Des cheveux blonds et les bras ballants, je reconnus Ayame. Je me précipitais sur lui pour vérifier qu'il était encore en vie, encore en état de parler.

-Aya ! Aya ! Aller réveilles-toi, parles !

Une gifle à lui déboiter la mâchoire plus tard il ouvrait des yeux hagards et chuchotais une vanne dont je ne compris rien si ce n'est qu'il était heureux de me voir.

-la laisse pas...

Il leva une main vers la sortie de la ruelle, je me retournais vivement pour voir la jeune femme s'enfuir à la poursuite de je ne sais qui.
J'usais de cette force qui fit ma réputation pour soulever Ayame et le porter sur mes épaules. L'instant d'après je suivais au pas de course la jeune femme dans le dédale des rues de Magna mon fardeau trimballé sur le dos.
Aya supporta le voyage endormi pour ne plus sentir la douleur de ses côtes brisés et de son corps tuméfié. Je grommelais sans cesse qu'il n'aurait pas dû partir seul que contre autant d'homme il était pratiquement sûr de se faire avoir tout entrainé qu'il était. J'avais envie de lui mettre une claque si forte que je lui en arracherai les cervicales... Mais c'était au dessus de mes forces.

Un dernier tournant, j'arrivais à la fin d'une phrase qui ne me plaisait pas tant que ça venant d'une jeune femme qui auparavant paraissait si gentille, si simple.

-Il n'a pas grand chose à avouer, n'est-ce pas ?

Sur un coin de mur je laissais retomber l'elfe évanoui. Les épaules libres, je pus me diriger à mon tour vers le fond de cette impasse, rejoindre la blondinette qui avait bien de l'audace pour espérer ce mesurer à un criminel. Quoique je ne la connaissais pas, il se pourrait qu'elle cache son jeu. Hélas, nous ne sommes pas dans un jeu vidéo, les gentils ont des pouvoirs et plein de compétences, et les méchants aussi.

L'homme laissa trainer sur son visage un sourire mauvais, l'instant d'après je vis jaillir de ses poings fermés une boue épaisse, brûlante. Une purée de poids dégageant dans l'impasse une forte odeur, acre à nous en brûler les yeux de l'acidité qu'elle dégageait dans l'air. Il profita de la surprise de son étrange pouvoir pour grimper sur le muret qui lui barrait la route, le temps d'apercevoir qu'il prenait une fois encore la fuite, il était trop tard pour le poursuivre. Et j'avais mieux, beaucoup mieux à faire en cette instant.

-Laisse-le filer, on l'aura un autre jour.

Ordre donné je laissais ma veste tomber sur le semi-elfe. Il ouvrit les yeux juste le temps de se moquer.

-T'as une mine affreuse... L'inquiétude te va pas.

Il rit doucement avant de s'étouffer dans une toux de douleur.

-Commence pas à sortir des âneries, on va t'amener à l'hôpital.

Aya acquiesça alors que je me penchais pour l'attirer à nouveau sur mon dos. L'hôpital, le seul qui valait le coup à mes yeux était l'immense bâtiment des Fumeroles, le sanctuaires des braves étaient bien réputés et là bas les guérisseurs devraient être en mesure de retaper mon ami avant qu'il ne passe l'arme à gauche.

Ayame se cramponnait des forces qui lui restaient à mes épaules quand je le hissais sur mon dos. J'aurais juré qu'il était plus lourd que ça, en fait non, il avait même l'air plutôt léger pour un homme de cet taille. Pour l'avoir vu sans vêtements je savais aussi qu'il n'était pas maigre et fragile plutôt musclé et bon mangeur... Nous partions pour trouver l'hôpital, une entrée vers le fumeroles, une galerie qui nous mènerait au plus vite dans l'hôpital souterrain.
Chiddori nous rejoignit bien vite, son sourire avait quelque chose d'apaisant. Je tentais de le lui rendre, l'inquiétude ayant mis à mal toutes mes façades dures et sans intérêts en cet instant.

-Je suis Maitre, le Maitre de K'ouen pour être exact.

Ayame profita de ce moment pour sortir de sa léthargie. Je pouvais sentir sur mon dos les vibrations du faible rire qui s'échappait de ses lèvres. Je pouvais deviner rien qu'à l'imaginer le sourire qui étirait son visage et tirait aussi sur les égratignures qui l'entourait.

-Je disparais une heure et tu te trouves déjà une jolie fille, t'es vraiment intenable comme môme.

Je m'arrêtais de marcher une seconde pour lui lancer un regard noir, il l'avait vu et s'en fichait éperduemment tant qu'on arrive à l'hosto avant qu'une hémorragie ne se déclare sous ses côtes cassées. Je repris la marche, l'air de rien, et surtout l'air moins inquiet.

-Si tu fais de l'humour, tu dois au moins être à peu près encore en vie.

-Le à peu près est judicieusement placé.

Ayame, son visage caché derrière le bras qui le retenait à moi, m'invita à le présenter.

-Ah Chiddori, je t'ai pas présenté Ayame, Capitaine de la garde de K'ouen... Enfin, Capitaine tant qu'il va pas fouiner dans Magna pour se faire latter. Sérieusement, t'aurais pu m'inviter à venir, tu serais en meilleur état et je me serais pas inquiété avec tes conneries. Bon sang, t'as pensé à Lys qui t'attend chez toi ?!

L'elfe ne répondit pas, je le réprimandais rarement, et je me mêlais tout aussi rarement des affaires qui ne concernaient que lui. J'esquissais un nouveau sourire pour Chiddori. Elle me faisait penser à Caliope en moins agressive et plus grande... et plus blonde aussi.
À y penser, je crois qu'il était bon de lui faire des excuses. C'était l'une des nombreuses étaptes qui me mènerait à devenir une meilleur personne, quelqu'un de confiance qui ne serait plus si facilement manipulé.

-Désolé... De t'avoir entrainé là dedans. Si tu nous accompagne jusqu'à l'hôpital je veillerai à te faire escorter jusque chez toi, pour le reste il t'arrivera rien, c'est promis.

Mon sourire s'effaça pour laisser une expression indifférente gagner mes traits. J'étais fatigué d'avoir courru partout et mes pensées étaient tournées vers pas mal de questions que l'elfe devra subir quand il ira mieux. C'est peut-être pour cette raison qu'il parle peu, il sait qu'il devra bientôt répondre à un interrogatoire dans les règles et il peut mentir à son patron, pas à moi.

-Que fais-tu dans la vie ?

Aya ricana encore un peu avant de s'arrêter brusquement une toux sévère menaçait d'exploser et lui arracher un cri de douleur. Le prix à payer d'avoir des os cassés... Je le voyais venir avec ses pensées tordues, comme quoi, se faire frapper n'était pas cher payé pour m'entendre un jour socialiser avec quelqu'un de normal. Aussi normal qu'on puisse l'être dans ce monde.