Chasse à Choups

C'était plutôt risqué de rester avec ses paysans qui ne voulaient qu'une chose, la mort de la bébête que recherchait Nicolaïs et Rurik. Mais bon, le demi dieu savait surement ce qu'il fessait. D'ailleurs il venait de dévoiler son plan au Malphas. Héé c'est pas lui qui le paye le tabac non plus... Enfin bon autant écouter ce qu'il dit. Le paysan leur révéla la véritable intentions de cette appâts. Bon bien sûr c'était pour le chupacabras, Nicolaïs l'avait deviné. Mais laisser une chèvres comme ça ce n'est pas un peu suspect?? Et puis qui dit que Choups avait des tendances charognards?

" - Puisque vous voulez tuer un monstre aussi ... puissants.. Je vous conseille d'utiliser çà. " Il tendit à l'homme le paquet de tabac blanc comme Rurik lui avait conseillé de faire. "C'est une sorte de poison... Mais pour l'utiliser il faut le bruler ..... Et surtout ne pas le respirer .....ça fait mal. "

Il y avait un risque, s'ils se rendaient comptes que le tabac ne servait qu'a endormir la bestiole, les deux "citadins" passeraient surement un sale quart d'heure. Il vaudrait mieux fuir avant que cela n'arrive. Quoique, endormir la bête n'est pas non plus un effet indésirable étant donné qu'elle sera inoffensive..... si jamais le tabac fonctionne sur elle.... mais pourquoi ça ne marcherait pas, hein??

" - Merci, l'Alchimiste. Y'a un mode d'emplois?? "

" - Bah ... jeter le dans le feu quand le Chupacabras arrive. Mettez le dans une boule de papier, enflammer là et jeter si vous voulez .... Par contre s'il y a du vent, vaux mieux s'éloigner. "

Se serrait marrant de les voir s'endormir comme des bébés.
Là, un autre fermier armer d'une fourche et dont l'apparence fessait penser à un homme lézard, à cause des écailles sur son visage, s'approcha du démon et pris le bâton de berger d'une façon plus ou moins désagréable. Il se mit à fixer Nicolaïs et lui parla d'une façon plutôt amusante.... mais pourtant il avait le visage sérieux.

" - Et za? Qu'ez que c'ez??"

" - Ça ? C'est un bâton de berger. Nous l'avons trouvés sur la route tout à l'heure, je me suis dit " Tiens et si on l'emportait? " "

Nicolaïs se sentait mal à l'aise, faut dire que le fermier lézard le fixait d'un oeil mauvais. Ce doutait-il de quelque chose?? Non impossible, mais il devait avoir la méfiance naturelle des paysans face à des étrangers. En tout cas, le corbeau sur l'épaule ne l'aimait pas du tout, faut dire que lui et les lézards c'est une longue et douloureuse histoires pleines de drames et de larmes...

" - C'est surement un gars d'un village voisin qui l'a perdu. "

" - Certainement .... Je peux le reprendre?? Comme "souvenir".

Le lézard rendit le bâton au Malphas, mais toujours avec cet air si charmants et agréables. Pourquoi le récupérer?? Et bien ça peut toujours être utile.

Le petit groupe arriva enfin au village. C'était un petit bourg d'une dizaines d'habitations, vraiment un coin typiquement rurale. Les maisons étaient en bois, un peu comme des chalets et il n'y avait aucune technologie apparentes.. Sauf peut-être les fusils, les deux camionnettes un peu vieille tout de même et l'androïde qui gardait le village.

" - .... Jolie... "

Ils nous aimaient déjà. Ils se montraient si "accueillant" que s'en devenait bizarre. Mais comme dirait l'autre, on ne crache pas sur la mains tendue. S'ils nous faisaient confiance on aura bientôt un aperçu en onze dimensions de la où pourrait vivre Choups.
Nicolaïs se faisait un ami avec un épais cheveux sur la langue et j'entrepris de tailler la bavette à celui qui nous avait éloigné de la chèvre.

-Pourquoi vous chasser cette bête, ce Chupacabra, feignant l'ignorance, je lui tendis la main, Rurik.

Il me serra la pogne avec un sourire en coin.

-C'est un monstre. Un truc qui tue les chèvres et les vaches, un jour il s'en prendra à nos enfants ! Pour le moment c'est leur pain qu'il vole.

Sans rien ajouter de plus, il s'éloigna en entrant dans la ville. Je regagnais ma position auprès de mon coéquipier du jour. Les gens étaient peu loquace, trop peu pour être utile pour le moment.

-Tu peux envoyer tes corbeaux en éclaireur ? Si Choups chasse les animaux domestiques, il ne doit pas être loin, à moins que...

Je ne m'éloignerais pas de mon garde-manger sans une très bonne raison.

-J'ai peur qu'à le chasser ils l'ont fait fuir plus loin dans les montagnes...

Je n'eus pas le temps de continuer, on nous emmenait vers le lieu favoris de rassemblement de ce petit village : une vieille auberge qui servait aussi de mairie et de lieu de fête. Quelques hommes s'étaient rassemblés, et ils discutaient déjà de notre chupacabra, de l'échec du jour mais de la pêche aux gens de la ville comme cadeau bonus... Ils finiraient bien par révéler quelques informations intéressantes, ou nous expliquer leurs plans de bataille. Notre objectif étant de trouver Choups vivant, le protéger de ces piètres chasseurs ne seraient pas difficile et bon pour nos affaires.

C'était normal que ces hommes voulaient la mort du chupacabra, il tuait leurs chèvres et donc leurs sources de revenue. Dommage pour les fermiers, mais Nicolaïs devait sauver cette créature de leur soif de vengeance. On peut dire donc qu'il est un agent double pour ce village, d'un côté il aide les villageois mais de l'autre il faisait tout pour protéger Choups. Cette situation ne lui plaisait guère car les deux camps étaient des ennemis potentiels qui n'hésiteraient pas à les tuer.

Rurik retourna une nouvelle fois vers vers le Malphas pour lui demander d'envoyer ses éclaireurs. Ils étaient déjà en train de voler dans le village et ses alentours, s'ils voyaient quelque chose, il le préviendrait tout de suite.... normalement.... Sauf s'ils trouvent quelque chose à manger sur le chemin.

" - Ils sont déjà en train de surveiller le secteur... "

Mais pas sûr qu'il trouve des indices si proche du village, et puis comme le disait Rurik, il est peut-être parti dans les montagnes à cause des chasseurs. Ils n'allaient pas leur simplifier la tâche.

Tout à coup, une idée vint traverser l'esprit de l'aveugle. Mais si la rumeur disait vrai, que le chupacabra est un humain le jour, alors il est possible qu'il se cache dans ce village car peut-on trouver meilleur cachette que sous le nez de son ennemis?? Là où il ne nous attend pas. L'Alchimiste voulons exposer cette hypothèse à son compagnon de quête mais il n'eus le temps car ils entraient dans ce qui semblait être une salle polyvalente.

" - Faites comme chez vous. "

" - On va essayer..... "

Les habitants semblaient assez farouches à la venue des étrangers, mais semblaient penser que Nicolaïs et le demi dieu les aideraient, s'ils savaient la vérité ce sera autre chose. Une femme s'approchait d'eux.

" - Qui sont-ils, Brodeck?? "

" - Des citadins. Ils vont nous aider à chasser le monstre. "

" - Je vous sert quelque chose? "

" - Rien pour moi, merci. "

Nicolaïs n'était pas très porté sur l'alcool, la seule boisson qu'il s'autorisait c'était le Vin des Côtes de la plaine Malyrith, un vin de son monde d'origine, et bien sûr il n'en trouvait pas à Entre-Monde... ça lui manquait un peu.

" - Et donc .... Quel est votre plan pour capturer ce monstre?? "

" - On lui tend des pièges autour du village. Et on veux pas le capturer mais le tuer, pigé?? "

" - Euh ... oui je vois ..... "

Choups semblait être assez intelligent pour ne pas tomber dans des pièges aussi grossier. Une chance pour eux. Mais si ça se trouve il n'est plus là.... En tout cas, ils n'avaient pas de vrai plan à proposer. Aucune stratégie ces types. C'était comme une partie d'échec entre eux et Choups. Et bien qu'ils n'avaient pas perdu de pion, ils avaient plusieurs coups de retard.

J'ai décliné l'invitation peu après Nicolaïs. C'était le signal d'alarme déclenchant une pluie d'oeillades moqueuses et méfiantes. Moins un point pour la diplomatie.

-Vous avez déjà perdu des proches à cause du chupacabra ?

Perdre quelques chèvres quand les maitres compensent les pertes malheureuses par des prestations diverses, je ne voyais pas le problème. Leurs enfants ne mourront pas de faim à moins qu'ils ne s'affament eux-mêmes. Cela ressemblait plus à un règlement de compte, ces éleveurs contre ce chupacabra, ils défendaient leur territoire ou ils espéraient venger la disparition de quelqu'un.
Si la deuxième hypothèse se révélait juste, et que notre ami suceur de chèvres prend forme humaine le jour, il peut s'agir d'un disparu, de la même manière qu'il peut aussi se cacher dans cette salle.

-Parle pas de malheur blondinet ! Si ce monstre fais du mal aux nôtres, à la nuit tombée il est mort !
-C'est comme ça qu'on remercie les voleurs... ajoutait un homme d'âge mûre et de haute stature.

Une barbe sombre et fourni formait un épais croissant de lune sous son menton, il braquait sur moi et Nicolaïs son regard couroucé. Pas de bienvenue alors ?

-Vous avez disposez vos pièges aux niveaux des entrées, c'est ça ?

Interloqués, ils nous regardèrent avec un peu plus de méfiance, parce que j'avais vu juste.

-Si ce monstre peut poursuivre une chèvre sur des chemins abruptes, il doit pouvoir entrer dans votre village en utilisant autre chose que les portes.

Là ils étaient intéressés.

-Il faudrait restreindre le champs des possibilités, où gardez-vous vos chèvres la nuit ?

-Dans l'étable commune, on réunis les chèvres et les vaches à l'aurore et on les sort à l'aube, répondit un éleveur mal dégrossi.

-Alors, gardez-les enfermées plusieurs jours. Nourrissez-les au stricte nécessaire avec les provisions hivernales. Entourez l'étable de pièges et surveillez le bâtiment aussi longtemps que nécessaire. Si votre monstre se pointe, il sera affamé et affaiblit. Vous aurez plus de chances de l'avoir comme ça.

Entendre un conseil si avisé apporta du sourire sur presque tous les visages, nous montrons patte blanche en les aidant... Mais ce serait temporaire. Si notre chupacabra est parmi eux, il saura et trouvera un autre moyen de se nourrir, sinon, il ne devrait pas oser s'approcher autant du village puisque que jusqu'à maintenant il n'avait fait de mal à personne.
Malgré nos refus, nous finissions avec une chope d'une bière amère dans les mains, et les éleveurs se dispersaient peu à peu, libérant la salle de moitié, et nous laissant tranquille quelques instants, de quoi nous assoir et nous reposer après un "si long voyage".
Aussitôt assit, je justifiais mon plan.

-Ils ne l'auront pas comme ça, Choups sera assez intelligent pour ne pas se laisser faire et puis, il doit y avoir un peu de gibier dans ces montagnes qui sauront le nourrir en attendant que ces gens ce lassent. Et ça nous laisse le champs libre pour aller le trouver. Si une chèvre meure dans la foulée on aura la certitude qu'il est vivant. On aura plus qu'à l'éloigner du village afin qu'il le soit encore à notre retour. Si ça te va bien sûr ?

Un vrai stratège ce Rurik, c'est juste dommage qu'ils doivent sauver Choups et non le tuer, car là on dirait vraiment que c'est ce que voulait le demi-dieu. Bon okay collaborer avec les paysans afin de repérer la bête c'est bien mais..... à trop les aider ils risquaient de le faire tuer surtout. Nicolaïs faisait confiance à l'expérience de son compagnon de quête et Rurik semblait faire confiance à intelligence de Choups, mais rien ne pouvait prouver qu'il était intelligent, s'il a réussi à échapper au fermier jusque là c'est surement dut à sa méfiance naturelle.

En tout cas les pecnots étaient contents d'avoir enfin un plan même si ce n'était pas le leur. Ils se précipitèrent tous dehors, enfin presque tous, pour mettre en place les pièges et rentrer les chèvres. Au passage ils donnèrent deux bières aux étrangers. Ils leur avaient pourtant dit non, enfin bon. Rurik explosa une nouvelle fois son plan à l'Alchimiste.

" - Le problème c'est qu'on n'a aucune preuve qu'il soit intelligent... Okay il a réussi à éviter les pièges jusqu'à maintenant, mais c'est peut-être plus de l'instinct animal que de l'intelligence.... On sait trop peu de choses sur lui pour le juger...... et qui sait ? Si ça se trouve c'est un des habitants mordus et infecté..... "

Il eut un instant de silence quand il but sa bière. Baaarg vraiment dégueux cette boisson mal brassée au parfum de mauvais houblons. Ils allaient avoir besoin des services de l'Alchimiste pour ça aussi on dirait.

" - Et même si un chèvre ce fait dévorer et qu'il est vivant...... On devra toujours le trouver ou l'identifié, certes ça voudra dire qu'il est dans le coin, mais on en reste au même point au final.... Sauf si tu as un plan pour le trouver. "

Le Malphas finit sa chope rapidement, une mine amer se dessina sur son visage. Déjà qu'en général il n'aime pas la bière, mais là c'était encore pire, dommage pour lui qu'il n'avait pas pris des pastilles pour enlever le mauvais goût...... Attend une seconde, ça n'existait pas ça, du moins pas encore. Tout à coup, un corbeau se posa sur le rebord extérieur de la fenêtre et toqua au carreau avec son bec juste pour ce faire remarquer de Nico. L'aveugle l'aperçu -enfin l'oiseau sur son épaule- et fit un signe de main à l'animal dehors qui lui répondit de quelques battements d'ailes et autres mouvements qui faisaient penser à une danse, avant de s'envoler.

" - Un des éclaireurs a remarqué quelques grottes dans le coin.... Elles ont peut-être servi de refuge à Choups quelques temps.... Avant que les villageois les repèrent et ne les piègent, car ils ont certainement dû chercher le repaire du monstre depuis longtemps... "

Ils avaient peu d'indices sur le chupacabras donc la moindre preuve même si elle est infime est utile dans un sens. Le démon observa un peu la salle histoire de voir comment ils vivaient ici, c'est alors qu'il aperçu l'homme lézard de tout à l'heure, celui qui était pas très sympa. Le fermier saurien les fixait tous les deux de son coin. Alors lui, il ne les aimait pas beaucoup ou alors il ne leur faisait pas confiance, un farouche en somme.

" - Lui par contre il ne semble pas être d'accord avec votre plan.... "

Une grottes habitée récemment, et un potentiel admirateur... Gilleret, j'acquiesce à l'alchimiste, il a entièrement raison ! Si Choups est idiot il foncera tête baissée dans le village et se prendra les pièges et les paysans. J'ai aussi prévu cette... mauvaise éventualité, pour nous deux, puisqu'elle suppose que nous quittions le confort et la relative sécurité de l'endroit pour chercher nous-même la créature. Et j'entends bien sûr nous mettre en évidence sur sa croisée de chasse.

Distrait par un homme plus méfiant que les autres, je levais les yeux vers l'individu qu'il indiqua. Décidant de parler le plus doucement possible (on ne peut pas dire que c'était difficile de discuter sans risque vu le bruit continuel qui résonnait dans cette salle polyvalente), je me penchais à peine.

-Récupère ton bâton à grelots, nous allons attirer Choups nous-même.

Eva nous avait bien dit de ne pas nous aventurer la nuit sur le terrain de chasse de la bête, mais comment le trouver facilement sans aller le chercher au moment où il est le plus visible ?

-Je me dis que trouver son repaire, le vrai, sera bien trop difficile pour deux hommes peu habitués à l'escalade.

Je préfère voler, grimper c'est une toute autre affaire. Mes petits bras ne tiendront pas le rythme sans entrainement.

-Donc, si les chèvres sont enfermées il n'aura pas le choix des proies, deux hommes en pleine montagne, de nuit, à côté d'un village plein et de chèvres difficiles d'accès, tu choisirais quoi ?

Eloignant de moi la chope encore pleine à l'odeur âcre, l'index caressait machinalement une aspérité du bois.

-Si ça te dis. Je ne te force pas, c'est dangereux et si on enquête dans le village on pourrait peut-être trouver une solution plus prudente. C'est comme tu veux.

Et on aurait moins l'air suspect en restant dans le village pendant la traque... Leur dire qu'on part chercher des plantes malgré le danger, ils pourraient nous suivre pour vérifier qu'on n'ai pas dans l'idée de protéger leur gibier. Les vivants sont compliqués.

Le fait de servir d'appât ne plaisait guère à l'Alchimiste, mais si c'était la seule solution. Il avait bien fait de prendre le bâton à grelot et de le garder. Mais sortir du village la nuit serait un peu suspect, les fermiers pourraient avoir l'idée de les suivre, surtout le fermier avec une tête de lézard qui les fixait depuis tout à l'heure et qui essayait surement d'écouter leur conversation.

" - Servir d'appât, mouai.... Il ne faudrait pas qu'on se fasse répéter alors. "

Il parlait bien évidemment de l'homme lézard, mais les autres fermiers aussi seraient susceptibles de les espionner, après tout ils étaient encore des étrangers ici et bien que les paysans faisaient un peu plus confiance, rien n'était joué. Nicolaïs ce disait que rester au village sera surement une bonne chose, car ils pourraient attiser la confiance des autochtones. Mais ce n'était pas dans les priorités du Malphas que de faire ami ami avec les villageois. Peut être qu'ils obtiendraient des infos, mais ça il en doutait fortement.

" - Je sais pas si on trouvera quelque chose dans ce hameau, enfin peut-être que si, j'en sais rien. Si c'est un des habitants, je pense pas qu'on le découvrira comme ça, il doit surement bien se cacher. Mais c'est vrai qu'en apprendre plus sur la bête nous aidera à la localiser. "

Plus ils en sauraient, mieux ce sera. Questionner les villageois semblent un bon début, après tout ils ne trouveraient pas ça louche de voir deux "chasseurs de Monstres" s'informer sur leur proie. Par contre une question taraudait le démon, qu'est ce qu'il allait faire du Chupacabras quand ils l'auront trouvé ? Ils devaient le laisser là et rentrer ou faire en sorte qu'il soit en sécurité ?

" - Mais une fois Choups localisé ...On en fait quoi ?? "

Ne pas se faire repérer ? Mais servir d'appât c'est exactement pour cette raison... Blague personnelle à part, j'ai compris. Les villageois continueront de se méfier de nous, ce n'est pas un bon conseil qui nous fera entrer dans leur cercle très fermé. L'inconvénient des communautés aussi petites et qui ne survivent qu'à raison de leur grande solidarité. (Et de la rapidité à laquelle une rumeur se répend entre eux aussi...) Ces petites choses ne nous rendront pas la tâche facile. Celui qui se méfie le plus de nous contaminera les autres, ce n'est qu'une question de temps.

-Questionnons les villageois dans ce cas, c'est plus prudent. Choups ne sera désespéré que dans quelques jours, cela nous laisse du temps avant de l'attirer à nous...

En me contorsionnant, je regardais les quelques groupes restés dans la salle. Ils devisaient gestes à l'appuit. Concentrés dans leurs hypothèses et leurs histoires de monstres.
J'ai appris qu'on était bien plus discrèt en se faisant remarquer. Entre un homme qui marche fermement dans la rue mais calmement et un autre nerveux qui rase les murs, on se souvient bien plus aisément du second. Donc, je m'étirais sans appréhension, un large sourire découpant mon visage d'une demi-lune.

-Je n'en sais rien. Notre mission c'est de le trouver et de voir s'il va bien. Dès qu'on aura ces informations nous pourrions prévenir Eva, elle saura quoi faire, puisqu'il ne va pas bien du tout proche de ce village. Ou sinon on dépasse un peu notre mission et on l'éloigne de gré ou de force.

Le lézard s'approcha de nous avant que je ne puisse continuer. Il me jeta un regard en coin alors que je me rasseyais convenablement. Il s'assit et posa durement sa chope sur la table.

-Vous venez faire quoi ici, réellement ? Z'avez pas la tête à récolter des pâquerettes.

Un petit futé parmi eux. Pourtant, les reptiles ne sont pas les animaux les plus intelligents du règne animal si mes souvenirs sont bons...

Cinq doigts, une main s'étale sur l'épaule du lézard, derrière lui, une nana en courbes, en angles souples qui ravissent les yeux de quelques idiots du villages qui n'avaient que ça pour subsister dans ce monde cruel.

-Hey le brochet, va compter fleurette aut' part !

Le lézard se retourne, il ne voit qu'une fillette. Veste en cuir, holster à la taille, soulignant juste un peu plus les courbes généreuses. Il en siffle de la langue. Vulgaire petit reptile. Quand il comprend que mon autre main n'est pas posée sur la crosse de mon arme pour le plaisir - si j'étais un homme on dirait que je réfléchis avec mes...-, mais aussi le couple de gros bras baraqués derrière moi lui conseillent silencieusement de ne pas répondre. Il cesse de me siffler dans le nez et s'éloigne, de quoi me laisser passer.

-M'sieur l'alchimiste, on m'envoie pour prévenir qu'un incendie s'est déclaré dans votre tour. Y a pas mort d'homme et peu de dégâts mais on vous demande en ville pour la paperasserie.

Le pouce pointant dans mon dos, je lui désigne son taxi. L'aveugle aura vite fait de se lever et de rejoindre les commissaires qui m'ont amené ici.

-Rurik, c'est ça ?

Je prends la place de l'alchimiste, un tavernier arrive et récupère quelques saletés avant d'en déposer une énorme, qui sent le malte un peu pourri si vous voulez mon avis, devant moi. Son regard plongeant dans mon décolleté dessinait un sacré sourire sous sa barbe.

-Tu veux voir mon c*l aussi ?

Il rougit jusqu'aux oreilles -les commissaires ne sont pas encore partis- et s'éloigne en ronchonnant dans cette même barbe.
Ah, je les aime comme ça ! Docile, discipliné...
J'en étais où déjà ? Vulgarités, Rurik, assit, bière... C'est bon, je me souviens.

-Je viens donner un coup de main.

Le lézard, n'étant pas si loin, en profite pour revenir à la charge. C'est plus un iguane c'est un buffle...

-S'ils viennent chercher des plantes, en quoi ils ont besoin d'aide ?

-Tu veux que je te montre ?

La provocation fait mouche, il siffle de mécontentement dès que les commissaires eurent quitté les lieux. Ne reste qu'une fée-casse-pied, un commissaire infiltré, et plein d'ennuis potentiels. J'adore.

Elle est belle, du regard je me promène sur ses hanches à la peau clair qui dépassent de ses vêtements de chasseuse des forêts tropicales. Si peu couverte qu'elle-même frôlait les limites de la décence et du contrôle de tout homme normal. Les armes à sa taille ont le don de lui donner un côté agressif et sensuel à la fois.
Si je n'avais pas choisi l'exclusivité des contours anguleux d'un autre corps moins féminin, celle là m'aurait plus. Elle avait le goût du piment et de la vodka. Dangereuse et enivrante.

L'alchimiste préférait une approche délicate, avec elle ce serait plus difficile de passer sans faire de dégâts. La mission voulait qu'on trouve le chupacabra et par la même occasion qu'on lui évite de finir en brochette.

-A moins qu'elle ne t'invite à cette table, on aurait besoin de discuter en paix.

Il n'aime pas être envoyé sur les roses, sa langue humait l'air y cherchant des sources de duperies assez forte pour alerter le reste de la taverne. Rien ne lui parvint, il s'éloigna non sans laisser trainer ses ouïes au cas où. Celui là, je me le réservais pour plus tard.

-Je trouve aussi que t'es bien armée pour une cueilleuse de fleurs. Tu t'appelles ?