Un chat, un chien, un homme mille sabords!

Kallistrat regardait Cixi en penchant la tête d'un drôle d'air. Si quelqu'un voulait les suivre, il n'aurait qu'à suivre les petites flaques de vomit que la renarde semait derrière elle... C'était bizarre de vomir quand on n'avait pas de boule de poils à régurgiter. Et toujours après un transport par les airs en plus. C'était peut-être une maladie ? Quoi qu'il en soit, la question de Nozomi le tira de ses réflexions très poussées. S'il savait grimper aux arbres ? Évidemment ! Les lions savaient tout faire. Il allait lui montrer ! Décroisant les bras de sur son imposante poitrine, il alla fureter aux pieds de quelques arbres aux troncs les plus imposants et leva le nez pour en jauger la hauteur. Lorsqu'il en trouva un qu'il estima lui convenir, il ne bougea plus quelques secondes, comme s'il calculait son coup, sa queue fouettant l'herbe derrière lui comme un serpent qui se débat furieusement. Et puis tout à coup il s'affaissa légèrement sur les jarrets et bondit toutes griffes dehors, attrapant l'arbre à bras le corps pour son ascension... musclée ! Il se hissait chaque fois à l'aide de ses bras tandis que ses pieds lui assuraient de solides appuis. À voir, on aurait dit qu'il courait par petits bonds le long du tronc épais.

Une nuée d'oiseaux s'envola à son approche sans qu'il ralentisse l'allure – bien que l'idée d'en attraper un au vol lui fit claquer des dents – jusqu'à atteindre enfin la cime chancelante. Il cligna des yeux en observant l'horizon de tous côtés. Par là-bas, la mer et ailleurs... des arbres. Encore des arbres. Toujours des arbres.

« Il y a de la brume. Gronda sa voix profonde depuis les hauteurs. Mais par là-bas les arbres sont plus hauts. Il doit y avoir une colline. »

Il jeta un œil en bas pour voir s'il apercevait Nozomi et Cixi depuis sa position, et là... on faisait comment pour descendre ? Un souffle exaspéré s'échappa de ses narines délicates. La même chose en sens inverse peut-être ? Il laissa son poids se reporter sur ses cuisses et n'accepta de lâcher le tronc de ses griffes qu'une patte après l'autre afin de la placer plus bas et descendre progressivement. Évidemment, comparé à son ascension c'était beaucoup moins glorieux... et beaucoup moins rapide aussi. Sur les derniers mètres il opta pour la chute libre et sauta au sol. Les chats retombaient toujours sur leurs pattes, c'était bien connu. En se redressant, il désigna la direction de la déclivité et se mit en route d'un pas tout guilleret. En fin de compte, c'était assez drôle comme mission.

À la seconde où Nozomi se mit à jouer, Kallistrat lui... ronronna ! C'était autre chose que le Rockband Tour où il avait joué d'un « djembébête » comme un fou. La mélodie de l'humanoïde était plus douce et plus harmonieuse. Pour un peu, il se serait allongé là pour dormir. Sauf que ce n'était pas vraiment le moment. Levant le nez, il vit comme les deux autres les feuillages roux, et en eut des frémissements jusque dans ses moustaches même s'il était un peu déçu de ne pas avoir à faire à... un champ de coquelicots !

« Il y a peut-être un terrier ? Le poème dit « au creux de la colline ». Il faut peut-être chercher un creux ? »

Ça faisait beaucoup de peut-être, mais Kallistrat n'avait jamais été très doué avec les énigmes... même si elles l'amusait. Ils se remirent donc en route, mais avec le brouillard, ils ne voyaient pas grand chose. En fait, ils finirent par pénétrer une brume à couper au couteau, si bien qu'ils ne voyaient plus à trois mètres. À quelques pas, un léger écoulement se fit entendre, ce qui donna aussitôt soif au chaton. Il bifurqua alors vers la pente de la colline jusqu'à trouver la source qu'il cherchait et s'accroupit, mais au moment où sa langue goûta le précieux liquide, il sursauta.

« Elle est chaude ! » constata-t-il en glissant sa grosse patte dessous.

Kallistrat fronça les sourcils, se donnant involontairement un air de lion prêt à dévorer le premier qui lui adresserait la parole. Des herbes qui fumaient comme le capitaine du Fenrir ? Pourquoi n'avait-il rien sentit ? Il suivit Cixi avec intérêt et s'arrêta pour observer les roseaux fumeurs. Effectivement, ils produisaient d'envoûtantes volutes de fumée... mais ça ne sentait rien.

« C'est drôle. » fit-il inutilement remarquer.

Puis son attention fut attirée par la renarde rose camouflée couleur boue à feuilles persistantes. Apparemment elle venait de repérer quelque chose d'encore plus intéressant et Kallistrat s'approcha lorsqu'il la vit disparaître au creux de la colline. Comme dans le poème ! Il s'accroupit près de l'entrée, repensant à la fois où ils avaient du se faufiler dans les goulots du temple d'A'vogenlhil. Bon sang ce qu'il avait détesté être à ce point à l'étroit. Définitivement, il préférait les grands espaces. Les petits terriers confinés n'étaient pas pour lui. D'ailleurs, le labyrinthe dans lequel il avait fait connaissance de Lulu la vache-garou n'était pas mieux. Il soupira brièvement, sa queue battant les roseaux derrière lui en seul témoin de ses pensées irritantes. S'il avait été superstitieux, il aurait croisé les doigts juste pour ne pas avoir à s'engouffrer là-dedans. De toute façon ses épaules ne passeraient pas... et puis Cixi revenait déjà. Malheureusement pour lui, elle proposa de trouver une entrée à sa taille, et Nozomi abonda dans son sens. Tant pis.

Ils se remirent alors en route, plus attentifs à présent qu'ils savaient quoi chercher. Ils s'arrêtèrent à plusieurs reprises en croisant d'autres entrées, mais toutes étaient trop étroites pour Kallistrat. L'une d'elle failli même s'effondrer sur lui lorsqu'il tenta de s'y glisser de force. Il en ressortit la crinière terreuse et la mine vexée, et ils reprirent leurs investigations. Avec la brume, il n'était pas facile d'y voir grand chose, mais chaton s'arrêta brusquement. Il lui semblait avoir vu quelque chose l'observer.

« Je crois que nous sommes suivis... » fit sa voix grave tout juste assez fort pour alerter les deux autres mais pas assez pour inquiéter leur poursuivant.

Deux minces fentes noires se formèrent dans ses yeux verts alors qu'il s'avançait sur la pointe des pattes. Mais il n'y avait rien. Pas même la moindre odeur trahissant une présence et pourtant, il aurait juré. Il jeta tout de même un regard circulaire avant de tourner les talons, mais au moment de repartir, il vit de nouveau cet éclat braqué sur lui et se retourna d'un bloc, sur ses gardes, prêt à bondir. Rien. Pas un chat.

« Oh ! »

Il fit un pas en avant. Posée là et à moitié ensevelie sous les ronces, une petite statue le dardait de son regard rouge. Des rubis sans-doute, mais à l'esprit non vénal du Chertan, ce n'étaient que deux gros cailloux rouges. Il s'accroupit pour la regarder de plus près, la tête penchée comme si ça pouvait l'aider à mieux la voir. Son gros index griffu pointa la poitrine de la statuette.

« C'est une femme humaine non ? Il me semble qu'il n'y a que les femelles qui ont de si grosses mamelles dans leur espèce. »

Spoiler:

Décidément, Kallistrat se trouvait être assez encombrant finalement! Ce qui amusait la renarde, même si elle ne le montrait pas, en particulier lorsqu'il essaya d'entrer de force dans l'un des petits tunnels. Puis Nozomi parla de dolines et alors la, Cixi ne comprit plus rien.

Elle suivit docilement le groupe jusqu'à ce que le chertan trouve une drôle de statue qui avait de jolies pierres rouges à la place des yeux

«Oui, j'en ai moi aussi quand je mange des noizumènes, donc ce doit être une femelle humaine oui!» répondit-elle à Kallistrat concernant les mamelles, malgré tout, elle commença à la renifler, réfléchissant à ce qu'avait dit Nozomi concernant les dolines, où il fallait chercher un lac ou autre

«Si l'eau coule, elle vient forcément de quelque part non? Votre... doline pourrait donc être soit tout en haut, soit tout en bas?»

Elle voulut alors s'assoir mais en levant le museau, elle vit un papillon passer au-dessus de sa tête et se mit alors à bondir comme une folle jusqu'à percuter violemment la statue dont les rubis se mirent à briller avant qu'elle ne se mette à trembler

«C'est pas moi!!!» couina la boule de poils rose avant de reculer d'un air apeuré alors que la terre disparaissait autour de la statue, sous les secousses pour dévoiler finalement de la pierre polie qui semblait disparaître en escalier. Elle se souvenait avoir vu un truc similaire quand elle était partie chercher la relique avec Ryner. Elle s'avança un peu pour renifler, au moins là, Kallistrat pouvait passer, mais elle se demandait bien où ça pouvait mener, surtout que l'odeur qui se dégageait semblait particulièrement étouffante et nauséabonde, le renfermé en quelque sorte, comme s'il n'y avait pas beaucoup d'air... c'était probablement dangereux et elle n'était pas sure que ce soit vraiment lié à ce capitaine

«Euh... au moins ça va sous terre... c'est ça une doline?»