Re: La Petite Ali et le Maître de Ken

Je sentit la moutarde me monter au nez... Je pris une inspiration, puis deux, puis trois. Je ferme les yeux, rester calme, ne pas se mettre en colère face à cet homme qui visiblement n'a de respect pour rien se ce n'est peut être lui.
Non mais il a vu comment il me parle?! Je suis pas un vulgaire cyborg où un robot sans cervelle moi! Il est au courant des règles de politesse? Sa mère lui a rien appris?
Non, là c'est plus être mal à l'aise, c'est clairement se sentir indésirable alors que je fais juste mon job quoi! Je prend une autre respiration, histoire de pas me mettre en colère car franchement ce n'était pas approprié. Et je me voyais mal finir à la caserne pour manque de respect envers un Maître.
Je me relève, je rouvre les yeux et répond, gardant un sourire mais qui n'avait plus rien de polis. Il était clairement ironique.

"Pour votre gouverne, si il vous venait la merveilleuse idée de traiter les hypothétique patients venant dans l'hypothétique annexe de Cerclon comme vous venez de me traiter, en effet, dans ce cas je préfère ne rien ouvrir par chez vous de peur de les voir mourir encore plus rapidement."

Froide, glaciale, je parlais rarement comme ça mais là, il me tapait sur le système et sa dernière intervention à fais sauter mes barrières. Non mais il se prend pour qui le Maître de Ken? Je me fiche de son prédécesseur, moi ce que je vois c'est que lui n'a pas lu une pauvre note annonciatrice de ma visite et de son but, envoyé deux pauvres jours plus tôt.

"Et bien j'ignorai que ma requête datant d'il y a tout juste deux jours croulerait déjà sous d'autre demande. Si j'avais su, je vous en aurai envoyer une vingtaine expliquer en gros caractères."

Oula Ali', calmos ma fille, tu perd le contrôle de tes nerfs là. Je prend une inspiration pour me calmer, je ferme quelques secondes les yeux et quand je les rouvres, je reprend en essayant de rester calme:

"Pour votre gouverne, je compte mettre une personne compétente à la tête de ces annexes, une personne capable de prendre des décisions et de gérer une équipe. Bien évidement, tout comme le Sanctuaire, ces personnes dépendront du Conseil d'Administration et devront rendre des comptes à ma personne mais aussi au Maître de chaque quartier. Satisfait où vous voulez en savoir plus?"

Et pour toute autre réponse, je lui tend le dossier avec un autre sourire remplis d'ironie:

"Tenez, de la lecture, si cela vous intéresse bien évidement, dans le cas contraire, libre à vous. Je ferai avec où je ferai sans, ça changera pas la face de mon monde, mais ça pourrait peut être vous faire apprécier de la population de votre quartier qui pourrait voir au travers ce geste, le soucis que vous avez d'eux, mais là encore, ce n'est peut être pas l'essentiel à vos yeux."

Oula... Je m'enflamme grave, quand je vous disais que je la sentais mal cette visite... J'aurai dû aller à Tchen... Où retourner à K'ouen tiens...

Spoiler:

Ben s'il avait su, il serai resté dans sa tour, tiens. Pour une fois qu'il faisait l'honneur à quelqu'un de bouger ses fesses... En temps normal il faisait venir les invités à lui. Il aurait dû se douter qu'en changeant ses habitudes il allait au devant des pires emmerdes. Et lui qui était si fier d'avoir fait l'effort de... comment on disait déjà ? « Discuter ». C'est pas que se faire remonter les bretelles lui faisait peur – il avait essuyé des colères bien pires que ça en son temps de la part de ses supérieurs – mais ça ne lui était plus arrivé depuis onze ans. Ça faisait une paie quand-même... et il avait un peu perdu l'habitude. Pendant onze ans il avait instauré SES règles, déversé SA colère, imposé SA façon de penser. Et tant occupé à haïr l'Entre-Monde entier et tout ce qu'il y avait autour, iil avait fini par oublier qu'il y avait d'autres libres arbitres, avec leurs sensibilités, leurs coups de sang, et que tout le monde ne répondait pas à sa mauvaise humeur par des grognements et des assauts de bêtes sauvages... Quoi que pour le coup, Aliénor n'en était pas loin... Bref, tellement étonné par la subite colère de la jolie guérisseuse, il en avala un grain de raisin de travers et failli s'étouffer avec. Et ça, pour feindre de s'en foutre royalement, c'était pas terrible... Il haussa un sourcil, incrédule. Allez, qu'est-ce qu'il avait dit encore ? Un coup d'œil vers Briarée, mais apparemment elle avait planté. Y'avait pas à dire, il était pas en veine...!

Se redressant enfin, il planta son regard bleu dans celui d'Aliénor, violet. Pas courant. Elle était pas moche d'ailleurs, mais fallait croire que notre maître était bizarrement constitué, car ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Se faire engueuler par un supérieur passait encore, mais par une femelle au-dessous de lui, il avait un peu de mal. Il alla cueillir un autre grain de raisin qu'il s'enfila dans le gosier, histoire de s'occuper les mains autrement qu'en distribuant les mandales qui lui picotaient les bras... « Allez Neythen, t'as giflé plus imposant et vachement plus belliqueux... ». Oui mais à force, il est fatigué de cogner à tout va.

« J'me renseignais, mais si vous préférez que j'm'en foute, moi ça m'va. Dans ce cas j'dis plus rien, vous m'balancez vot' dossier à travers la figure, et j'regarderai ça quand vous s'rez partie vous calmer ailleurs. Ou alors ça m'intéresse, et vous continuez d'prendre la mouche à chacune de mes questions et à m'jeter vos réponses à la gueule comme des insultes. »

Hummm... mauvais plan... Il n'avait jamais su calmer les esprits. Déjà qu'il était incapable de dominer le sien... M'enfin bon, ça pouvait bien en venir aux mains, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il n'en ferai qu'une bouchée, de la p'tite excitée, et c'est pas parce qu'elle était une femme que ça allait l'arrêter. Pourtant, aucune colère ne transparaissait dans sa voix, et il en fut le premier étonné. Il se sentait juste très bête, sans vraiment comprendre pourquoi. Avoir fait tous ces efforts de « communication » pour arriver au même résultat que quand il n'en faisait pas, c'était décevant. Et sa voix ne trahissait rien d'autre qu'une sorte d'incompréhension mêlée à une froissure d'égo un peu vexante. Il aurait mieux fait de démonter Briarée le jour où elle était venu le chercher...

« Tant mieux si vous êtes à jours dans vos p'tits papiers, mais j'ai pas à m'justifier d'pas pouvoir en dire autant en ce qui concerne Cerclon et Ken. Vous voulez une médaille pour vos p'tites notes mortes au combat ? »

Hop ! Un nouveau grain de raisin vint lui suggérer de se taire et de mâcher. Conciliant toutefois – miracle – il se saisit du dossier que lui tendait Aliénor et... l'ouvrit ! Bien obligé, Briarée était hors service jusqu'à ce qu'une âme charitable veuille bien la rebrancher au système, histoire qu'elle vide son surplus d'informations inutiles. La faute à trop de notes inutiles envoyées par des guérisseurs nombrilistes, à tous les coups, pensa Neythen en parcourant les premières lignes du regard. Silencieux dans sa lecture, il fit demi-tour et entreprit de recommencer son petit tour de l'Hécatonchire. Finalement, c'était parfois plus reposant de lire un projet que d'en entendre parler...

« Janus, vas chercher un androïde d'entretien et demande-lui d'aller rebrancher Bri au terminal...
_ Ordre 54 : faire rebrancher Briarée VII au terminal par un agent cybernétique d'entretien.
_ Et arrête de répéter tout c'que j'dis, c'est lourd !
_ Ordre 55 : ne plus répéter les ordres du maître. » fit Janus en s'éloignant pour accomplir le premier ordre.

On le vit disparaître avec son plateau aimanté sur la tête. Neythen soupira. Briarée ne bougeait plus, le regard éteint. Un de ces tableaux... j'allais dire de maître...

Partie me calmer ailleurs... Bon sang de bois, c'est la meilleure de l'année. Je suis parfaitement calme moi, enfin presque... Où pas. Non mais c'est vrai quoi mince j'ai pas déjà suffisament eut mon lot d'ours mal léché qu'il m'en faut un autre? EN plus, il est foutrement impressionnant et je me sens pas franchement rassurée quoi... Zut de zut de zut! Je suis pas venue en ennemie moi, je suis venue faire mon boulot!

"Si vous vous sentez insulter par mes propos, je me demande ce que je devrai dire de votre comportement."

Non mais calme Ali' calme... Tu vas finir par créer un incident diplomatique! T'es au courant qu'il faut être respectueuse et polie envers les maîtres? Ouais mais eux aussi ça serait pas mal qu'ils soient polis et respectueux envers moi! Je sais je suis qu'une femme mais la femme elle a aussi un cerveau et une façon de penser qui parfois surpasse celle de pauvres hommes et puis surtout, elle a une certaine politesse et un savoir vivre... Quand elle n'était pas bourrée cela va de soi.
Vouloir une médaille, ouais pour sur il m'en faudrait une quand je sortirai d'ici... Essayant de reprendre un air calme, je tourne les yeux vers une fenêtre tout en me relevant. Je secoue la tête et remet de l'ordre dans ma tenue.

"Bon, je ne vais pas vous dérangez plus longtemps. Peut être que je devrai revenir quand vous aurez lu mon dossier? En tout cas, mon projet je le porte fièrement et le connait sur le bout des doigts. La technologie de Cerclon fais des miracles et est capable de beaucoup et cette annexe peut être une chance pour ceux qui ne peuvent se rendre jusqu'aux Fumeroles. Maintenant vous êtes seuls maîtres de cette décision."

Je jette un coup d'oeil au cyborg qui semble avoir total planté. C'est en partie pour ça que je déteste la technologie moderne, pour ces bugs et ces ratés qui peuvent vous crer bien des soucis.

"Désolée d'avoir pu vous paraitre désagréable, Maitre Haine."

Ouais, je préfère m'excusez même si j'en pense pas un mot, parce que c'est pas moi qui me suis montrer d'une façon fort peu accueillante dès le départ hein...

Neythen haussa les épaules. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait de son comportement, ça lui était foutrement égal. Mais il leva le nez de son dossier lorsqu'elle parla de son projet. Fière de le porter ? Elle voulait dire fière tout court ? Il plissa les yeux une fraction de seconde, tic nerveux trahissant son ironie intérieure. Plus fière que lui en tous les cas, et c'était beaucoup dire. Pas étonnant que ce soit partit en cacahuète dès le départ. Sûrement qu'inconsciemment, ils se battaient pour avoir le dernier mot, le dessus, le monopole du respect ou d'on ne savait quoi d'autre. Les êtres humains sont faits d'une chimie vraiment bizarre. Mais ne demandez pas à Neythen d'admettre qu'il y était peut-être un peu pour quelque chose, car il avait toujours raison, y compris quand il avait tort... et il resta bouche bée devant les excuses d'Aliénor. Euh... on ne s'excusait jamais à l'armée... Pas l'habitude. Sans rire, c'était quoi cette nouvelle vie de fou ?

« Vous me dérangez pas... »

Il se redressa tout à coup, surpris par ses propres paroles. Ça lui avait échappé, et le plus bizarre dans l'histoire c'est qu'il avait l'impression de le penser. En réalité, c'était bien là le problème : soit il la fermait, soit il disait exactement ce qu'il pensait. Franchise ou silence, pas de dentelle, et pas d'insinuations. Ça dérangeait. Il s'en foutait... ou pas. Un coup d'œil en biais à Briarée et il soupira de nouveau. Il faudrait vraiment qu'il prenne des cours en accéléré... En attendant, il fixa Aliénor d'un air vague. Bah au moins, ça lui changeait les idées d'avoir de la visite. Les notes, les mémos, les mails, il n'en pouvait plus. Overdose de style pompeux et de requêtes alambiquées. Ceux qui sollicitaient ses « services » n'allaient jamais droit au but. C'était comme un foutu virus qu'on chope en traînant dans les courants d'air : ils tournaient tous autour du pot... épuisant ! Et puis il fallait bien admettre qu'à avoir passé tant d'années à servir des supérieurs, à obéir à des ordres qu'il n'avait pas à donner, comme un bon toutou docile et bien dressé, et à n'avoir fait que cela... il n'avait pas une grande notion de l'initiative. Démêler les problèmes était pour lui un défi au quotidien, et il avait beau faire semblant de s'en cogner, il n'en restait pas moins qui était quand-même soucieux de bien faire. Être apprécié du quidam ? Bof, rien à secouer. Mais faire au mieux, ça, ça lui importait. Il était là pour bosser, pas pour copiner.

Était-ce réellement indissociable ?

« Z'avez un lézard dans les cheveux... »

Il à l'air totalement blasé de la vie, c'est effrayant. Je pousse un léger soupir et quand il me dit que je ne le dérange pas, je ne peux m'empêcher d'oser un sourcil, signe que je n'en crois pas un mot. Bref, je me reprend avant de sortir de mes pensées et de saisir le petit cartable que je tenais dans mes mains à mon arrivées, j'en extirpe un dossier, le même que je lui ai tendu, avant de réagir aux paroles qu'il me sort un...

"... Un quoi?!"

Je sursaute et applique ma main sur mes cheveux comme une folle, un lézard? Un lézard, mais... Je supporte pas les insecte où tout autres bestioles sur moi, les voir ça me dérange pas mais les savoir sur moi... Déjà quand j'étais à Ing mais là c'est...
Je lâche le dossier qui s'éparpille sur le sol et me met à secouer les cheveux comme une folle tout en appliquant mes mains dessus:

"Il est encore là?! Il est partit?"

Je frôle la crise de panique, je supporte pas les bestioles, surtout depuis que je suis revenues des montagnes ce qui est parfaitement ironique au vu de ce que j'ai pu rencontrer là haut!

"Mais restez pas planté là! Enlevez moi ça de lààà!!!!"

Et je secoue de plus belle la tête... Un léazrad! Un lézard!

Sidéré. Oui, c'est bien le mot qui caractériserait le mieux notre maître à la minute actuelle. Il regardait Aliénor avec une expression que Briarée ne lui avait jamais vu – dommage qu'elle ne soit pas en état pour voir cela ! Qu'en aurait-elle conclu par ailleurs, sinon que les humains avaient des comportements décidément étranges ? Et si on lui avait appris comment faire, Neythen aurait pu éclater de rire... mais en attendant, il se contentait d'en rester comme deux ronds de flan, le dossier ouvert dans ses mains. On n'avait pas idée de paniquer pour si peu ! Et puis tout à coup, comme un éclair fugitif, une sorte d'embryon de compassion traversa l'esprit de notre gagnant international du prix d'égoïsme. Franchement, à ce demander ce qui lui prenait tout à coup. Il referma son dossier et entreprit de venir au secours de la veuve et de l'orphelin... ou quelque chose dans ce goût là. S'avançant à grandes enjambées comme s'il allait au devant de la créature la plus monstrueuse de l'Entre-Monde – quel héros – il se débarrassa du projet d'annexe en la laissant s'échouer sur l'une des duchesses entourant l'Hécatonchire comme une arcane mystérieuse.

Soyez rassurée, jolie Aliénor, SuperNeythen est là pour vous sauver !

Le responsable – bien malgré lui – de toute cette agitation ne fut pas bien difficile à repérer malgré les mouvements hystériques de la jeune femme. D'un vert étincelant pailleté de bleu, il ressortait comme une jolie broche dans la chevelure aux fils d'argent. Très jolie couleur d'ailleurs, la lune n'avait qu'à bien se tenir ! Planté devant la guérisseuse, le maître arma son mouvement. Non pas qu'il redouta un quelconque mouvement défensif de la part du petit reptile, mais l'attraper au vol pendant que son support s'agitait en tout sens ne s'annonçait pas aussi simple qu'il n'y paraissait. La main en suspens, le regard attentif... MAINTENANT !!!

« C'est bon, je l'ai... » constata-t-il presque déçu.

Ça aurait été plus amusant s'il s'était agit d'un varan aux griffes acérées ou d'un dragon du Komodo... voir carrément d'un vrai dragon. M'enfin bon... tant pis. Son héroïsme n'était qu'un tout petit peu émoussé par la taille ridicule de l'assaillant qu'il observait à présent. Coincé entre ses doigts, le pauvre lézard se cramponnait aux doigts de Neythen en haletant du menton ; et ses petits yeux semblaient l'interroger quant à l'état de santé mental de son invitée... Ça allait pas bien chez elle pour lui faire faire un tour de grand 8 sans prévenir ? Et ne cherchez pas à comprendre pourquoi notre bonhomme était plus sensible à la panique de la minuscule créature qu'à celle de la plus grande... Peut-être parce qu'il entretenait un contact physique avec la première et pas la seconde ? Mais pas sûr qu'Aliénor soit tout à fait d'accord pour tenir la main du maître iceberg juste histoire de lui faire ressentir sa frayeur à elle. D'ailleurs, mieux valait oublier l'idée. Elle ne lui plairait peut-être pas d'avantage à lui.

« Janus, ramasse ça.
_ Ordre 56 : ramasser le dossier de mademoiselle Mireamwen. » obtempéra la boîte de conserve en revenant accompagné d'un agent d'entretien sur roulettes.

Et derrière Neythen tout absorbé par la contemplation de son lézard – il fallait bien qu'il se donne contenance – une scène digne des théâtres les plus absurde se jouait tranquillement. Le grand robot à roulette chargea Briarée dans une sorte de fauteuil roulant et disparu dans le couloir en l'emportant avec lui. Quant au petit Janus, une dizaine de trappes s'ouvrirent de tous les côtés de sa carlingue d'où jaillirent de tout petits bras comme des tuyaux de douche munis d'une pince. Et en deux temps trois mouvement, il se mit à ramasser chaque feuillet et à les reclasser un à un, dans un ordre dont lui seul avait le secret... autrement dit aucun. Neythen plissa les yeux, indifférent au manège dont il avait l'habitude qui se déroulait derrière lui. Il ne disait rien, mais intérieurement, il réfléchissait à toute allure. Mince, un acte de bravoure et un acte de gentillesse en une minute chrono, il devait être gravement atteint... Lorsqu'il daigna baisser son regard sur son robot-toutou, il sembla se souvenir de quelque chose d'important et tourna le dos à Aliénor pour rejoindre sa duchesse. Celle où il avait jeté son propre dossier dans un mouvement héroïque... ahem... Il y lâcha le lézard qui disparu au détour d'un coussin et ramassa sa chemise plein à craquer de papiers, d'annexes, de notes, de schémas et de paragraphes explicatifs à lui en donner le vertige. Puis il revint vers Aliénor.

Et de trois. Faudrait vraiment qu'il pense à consulter un médecin...

« Vous vouliez me montrer un truc ? » hasarda-t-il en lui tendant son dossier.

Même si il me l'avait enlevé des cheveux, je me pris à mettre mes mains dans ma chevelure et à la frotter fort, très fort afin de m'assurer qu'il n'y avait plus rien dedans. Je hais les bestioles et encore plus depuis l'expédition dans les Montagnes!
Sauf que le résultat de se secouage intensif doit me donner l'air d'un véritable épouvantail à moineau! Je dois être sacrément ridicule là, et surtout quelle formidable image je dois renvoyée de ma personne... Non mais je vous jure il n'y a pas idée...

Essayant de reprendre contenance, je remet vaguement de l'ordre dans ma tenue, puis dans ce qui ressemble plus à une coiffure, avant de me racler la gorge et de lancer un timide:

"Désolée."

Et il y avait de quoi... Je vais vraiment paraitre pathétique et l'image que les différents maîtres vont avoir de moi va être très spéciale selon les points de vues. Lui montrer un truc... Un truc... Ah oui... Le dossier, les plans, mon projet...
Allez, respire cocotte, tu lui montre ça, tu le laisse réfléchir et tu évacues les lieux, tu repars à la caserne ou tu t'enfile une camomille et tu pionces pour les dix prochains jours!

"... Hum... Oui... Euh."

Mon dossier qui était au sol me fut ramasser et tendu par un cyborg que je remercia d'un mouvement de la tête, avant d'en sortir un papier et de m'approcher du maître de K'en:

"Oui, je voulais vous dire et vous montrez, que le projet n'es en rien financer par les quartiers mais bien par le Sanctuaire des Braves. Bien sûr, vous aurez droit de regard, mais pour le reste, ce sera le représentant de du Sanctuaire qui aura les responsabilité et qui devra rendre ces comptes à vous et à nous."

Puis, je lui tend une feuille et ajoute:

"Hum... C'est le résumé de tout le dossier, à l'origine je le fais pour moi, mais vous pouvez le garder, ça vous évitera de vous manger le dossier complet."

Moyen de le remercier. Je ne me suis pas rassie sur la duchesse et lui lance même des regards frénétiques, espérant ne pas revoir le lézard se pointer parce que là, je risque de partir en courant...

Voir Aliénor remercier Janus d'un hochement de menton, ça avait quelque chose d'assez comique. D'abord parce que le cyborg n'avait strictement rien à faire des remerciements, ensuite parce qu'il était aveugle... et qu'il n'avait de toute façon pas vu son mouvement. Neythen s'était d'ailleurs toujours demandé comment il se dépatouillait pour voir où il allait sans jamais s'écraser dans un mur. Bref. Expliquer ce paradoxe à la guérisseuse ne faisait pas partie de ses projets. Sûrement qu'elle n'en avait cure, et sûrement que s'il ouvrait la bouche sur un « ça sert à rien d'le remercier », la jeune femme risquait de le prendre mal. Il n'y pouvait rien si l'agressivité habitait ses mots. Enfin si, il y pouvait peut-être un peu... avec quelques efforts... Un jour... En attendant, il se contenta de saisir le feuillet qu'on lui tendait. Un résumé ? Cool ! Pour un peu il l'aurait remercié pour cette délicate attention, s'il avait eu ne serait-ce que la moindre notion de délicatesse, déjà, et s'il avait été au courant des usages dans le style : dire merci. À défaut, un vieux réflexe oublié vint surgir tout à coup, comme une bulle du fond d'un verre de soda :

« À vos ord... »

Il s'interrompit, planta sur Aliénor un regard méfiant. C'était pas le moment qu'elle se paie sa tête, malgré la perche magnifique qu'il lui avait tendue. D'un autre côté, niveau perches, la jeune femme y avait été généreusement de son côté. Qu'elle s'avise de faire de l'ironie, et il saurait où lui flanquer le premier lézard qu'il attraperai... Bref, il se contenta de hocher la tête. Le résumé, elle venait de le lui faire à l'oral, et ça lui convenait. Pour s'assurer d'avoir bien compris et pour changer de sujet – la guérisseuse jetant autour d'elle des regards suspects – il préféra demander. Il ne manquerait plus qu'il interprète son projet de travers.

« Comme si j'vous louais une piaule en fin d'compte. J'suis l'proprio à qui faut demander pour les gros œuvres, pi vous faites c'que vous voulez chez vous tant que ça reste légal... Et j'vous fait pas payer d'loyer. »

Oui bon, d'accord. C'était peut-être résumé à l'extrême...

Spoiler:

Je hausse un sourcil, sa comparaison est tout à fait euh... Ben oui, c'est ça. Il a tout compris le monsieur! Je hoche la tête à l'affirmative avant de serrer la pochette que j'avais récupérer contre moi. Pour le coup, je voulais qu'une seule chose, partir au plus vite de cet endroit et aller quelque part où je me terrerai pour le reste de la journée!

"Hum... Oui, c'est ça. Mais je ne m'attends pas à avoir votre réponse immédiate. Comme je vous l'ai dis, je suis venu vous parlez d'un projet, la décision finale vous appartient. Prévenez moi quand vous l'aurez prise afin que je puisse prendre les dispositions nécessaire."

Je lui offre un petit sourire crisper, vraiment, je veux y aller maintenant... Oui je suis peureuse et alors? Rien que le fait que cette bestiole ait été dans mes cheveux me donne envie d'aller me shampooiner aussi vite que possible.

"Si... Si cela vous intéresse, vous pouvez toujours passez aux Fumeroles, pour voir comment les choses sont organisés là-bas, au Sanctuaire, cela vous donnera une idées. Et..."

Je regarde ma montre, et bien le temps passe vite, cependant, je ne désir pas être impolie... Je prend une inspiration, puis deux, non faut vraiment que je me calme, sans quoi il va me prendre pour une pauvre hystérique de base ne sachant pas ce qu'elle veut et réagissant au gré de ces hormones, manquerait plus que ça tiens.

"Veuillez m'excuser... En bref, je suis bien consciente du travail que vous avez et mon projet ne doit pas être dans l'ordre des priorités, je vous demande juste... D'y réfléchir et de voir."

Je lui offre un petit sourire, histoire de montrer que je suis pas totalement irrécupérable non plus...

Comment dire... ça l'arrange, cette histoire de délai pour réfléchir. Pourquoi ? Parce qu'il trouve l'idée intéressante. Parce qu'il trouve que la guérisseuse a de la trempe – même si elle est un peu timbrée sur les bords. Et parce qu'il ne sait pas très bien s'il peut – ou non – décider comme ça d'un seul coup, juste sous prétexte que ça lui plaît. Il a besoin de Briarée. Sa cyborg est plus intelligente que lui, même si elle lui est servile comme un chien, et elle saura lui exposer le pour et le contre. Elle n'influencera pas sa décision finale, elle n'est pas programmée pour cela. Mais elle seule est capable de lui mettre les pièces sous le nez et de le laisser jouer avec jusqu'à ce qu'il décide de la meilleure manière de les placer dans le puzzle. Lui, il ne voit même pas les trous. Pour lui un puzzle c'est deux grosses pièces : la proposition, son accord. Il n'y a que Briarée pour voir objectivement... et elle avait du boulot la pauvre. Bref, qu'on lui demande de prendre son temps, alors ça c'était le pied. Il se voyait mal avouer que oui, il était maître, mais il ne savait pas trop, il hésitait, Bri était mieux adaptée à ce type de réflexion, tout ça. Sérieusement, il serait passé pour un demeuré... qu'il était un peu... mais en nets progrès, soyons pas vache.

« Ok. »

Un haussement d'épaules plus tard il hésita entre demander à Janus de raccompagner la demoiselle ou le faire lui-même. Étant donné la quantité de lézards présents dehors, il valait peut-être mieux qu'il se dévoue. Genre le chevalier servant, prêt à intervenir en cas d'agression massive... comment ça c'était pas crédible comme excuse ?

« J'vous ramène à vot' pont d'envol ? »