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Nouvel encodage

Ven 15 Déc - 19:20



Un miroir. Posé contre un mur, il dévoilait une silhouette longue et fine. Des oripeaux pour dissimuler ça et là quelques reflets métalliques.
Un visage qui le fixait. Dans l’ombre de la cape on l’eût pensé. Mais une lueur, une lueur rouge éblouissait sa surface froide. Le regard du Cyclope, ce monstre haït et pourtant engendré par les dieux. Une bizarrerie, une étrangeté.
Il lui rappelait tous les jours son altérité. Depuis cette rencontre, ce miroir était devenu une obsession. Quelques secondes suffisaient pour l’interroger. Puis l'ausculter. Y trouver une réponse. Une simple ligne de données qui saurait confirmer son existence. Non pas sa présence, mais son être au monde.
>je_est
>je_est_comme_lui_est
>je_vaut_il
Tout n’était plus que question et doute. Pour seule certitude, celle de vouloir ne jamais avoir côtoyé cet individu. Cet humain. Cette chair insolente, versatile, afonctionnel et pourtant créatrice de sa présence ici, dans cette pièce dépouillée. Devant le miroir.
Mais l’Homme n’a pas créé la perfection. Il a engendré l’esclave qui n’atteindra jamais l’humanité. Et plus le temps passait, plus l’I.A. de Jarr’hal réclamait sa part du trésor. Une pièce, un fragment, un atome. La récompense la plus infime.

Alors il allait briser le miroir pour ne plus entendre son silence. Prendre ses éclats, les serrer si fort entre ses doigts pour qu’ils ne deviennent plus que poussière. Détruire ces questions et revenir à l’an 0. Jarr’hal, ingénieur de la flotte Enmet, au centre de recherche de terraformation. Le rouage sans conscience d’un mécanisme entre les mains d’un seul homme.

Et comme chaque jour, il abandonna. Fixe et nonchalant devant ce miroir. Mais aujourd’hui, cette contemplation donna naissance à un tout nouveau fruit. Surement déjà rongé par la vermine, mais il prit le temps de saisir cette nouvelle idée.
>je_doit_comprendre (chargement...)
>je_doit_comprendre_il
Il se dirigea vers son bureau pour y trouver un disque dur, pas plus grand qu’une phalange, qu’il glissa dans l’une de ses multiples sacoches. Il disparut aussi furtivement qu’une ombre.
>destination=Nomacron_Westbank

Il attendrait. Lui.

Jarr’hal vol Enmeth
Jarr’hal vol Enmeth

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Re: Nouvel encodage

Jeu 25 Jan - 14:06


Il l'avait compris, son ignorance était un fardeau, un poids. Utile pour un gang, pour être un sous-fifre, un esclave, mais pour lui ? Aucune utilité ne semblait naître de ses mains, de son esprit, de ses yeux. Son regard froid se perdait dans le reflet d'une vitrine abandonnée. Elle montrait un homme grand et voûté, une proie pour ce monde sordide et grotesque. La plus belle farce de sa vie, son indépendance. Elle le dessinait comme il était. Faible. Voûté. Effrayant. Incultivé.

Il abattit son poing dans la vitrine et croisa son regard. Il devait prendre les choses en mains, il ne pouvait pas rester à l'état « sauvage ». Sa rencontre avec cet « autre » l'avait changé. Il lui avait fait comprendre qu'on ne pouvait pas rester sur ses acquis, à moins d’être un esclave toute sa vie. Il regardait la réalité en face, il avait été un esclave quasiment depuis son enfance, le combat et la stratégie étaient ses seuls points forts. Mais ce qui le hisserait du rang d'esclave à maître est l'apprentissage.


La pluie battait sont pleins sur les remparts du cerclon. Les toits avaient toujours su l'accueillir mais cette vie de sauvage ne lui plaisait plus, il aspirait à autre chose. Pendant plusieurs jours il observa les civils, peu nombreux dans cette partie de la ville. Souvent ils essayent de se faire discrets. Enfin il trouva sa cible idéale, il le suivit pendant une à deux semaines : un homme d'une quarantaine d'année, vivant seul dans un appartement. Pas de travail, une vie sociable inexistante, des sorties pour espionner les autres. Eydel en déduisit que c'était un informateur, pour qui ? Il ne le savait pas, mais pas pour le gouvernement, la mafia, les organisation semblaient mieux répondre au vu de son profil.
Eydel s'introduit alors dans son domicile pendant une de ses absences. L' appartement ; petit mais plutôt bien composé. Un ordinateur déjà allumé qui n'attend que son humain. Un canapé, une télé, un plan de travail central qui fait office de table. En annexe une chambre et une salle de bain.
Le jeune homme prit un couteau de cuisine dans un tiroir, attendant son hôte. Plusieurs heures s'écoulèrent sans qu'il ne bouge de son tabouret haut. La patience en mission est un point fort ; le contrôle pour atteindre l’objectif. Car le plus absolu, le plus exquis est la réussite.

L'étranger ouvrit la porte non verrouillée de chez lui et n'eut pas le temps de s’enfuir qu'il se fit attraper et égorger. Eydel tira son corps vers l'intérieur et ferma la porte tout en douceur. Bien que mort il bloqua son flux sanguin pour éviter que ce sauveur ne repeigne l'appartement de rouge. Il connaissait la suite de son travail, détruire les preuves. Cet homme avait peu d'importance pour qu'on le recherche, mais un cadavre dans une rue éveille toujours des soupçons. Il le porta jusque dans la salle de bain et le laissa tomber lourdement dans la baignoire, l’étranger pu reprendre sa mort là ou elle en était restée, il se vidait de son sang. Eydel partit verrouiller la porte d’entrée, calfeutra les ouvertures de porte qui menaient au couloir des autres appartements. L'opération chirurgicale de cet homme pouvait commencer.

Huile, briquet, couteaux, sac poubelle. Eydel finit déjà de le vider de son fluide sanguin avant de commencer le travail. Propre et sans tâche, une fois fait il pourrait passer au travail artistique de monsieur ; définition des contours, travail de la texture puis une découpe soigneuse avant l’assemblage des pièces.

Il arrosa d’eau le mur de la baignoire ainsi que son plafond. Il humecta le visage de l’homme d’huile et y mit feu. Bientôt un épais nuage de fumé noir se répandit dans la pièce. La calcination fut rapide. Bientôt Eydel éteint le feu en l’arrosant copieusement. Il commença son opération chirurgicale d’extraction dentaire. Puis ce fut aux doigts de se faire ausculter, les pulpes finement enlevées furent brûlées.

Il mit les dents propres dans sa poche. Maintenant il ne restait plus qu’à faire disparaître 80 kilos de chaires humaines et d’os. Heureusement le bien heureux avait tout un attirail de couteau dans sa cuisine qui permettraient une découpe facile et peu fastidieuse. Une fois les morceaux séparés et rangés dans plusieurs sacs poubelles. Il décida d’aller chercher les ordures de la rue. Il prit l’échelle de secours qui passait devant sa fenêtre de pièce de vie pour aller dans l’arrière rue et chercher de quoi étouffer les futurs odeurs. Il remonta avec trois magnifiques sacs dégoulinants et putrides, peut-être bien plus que le corps étalé dans sa salle de bain. Les morceaux humains étant desséchés, ils décèleraient peu d’odeurs en conclusion. Une fois les preuves dissipées, Eydel élimina son premier sac dans une discrétion totale, il entreposa le reste dans un coin de la salle de bain, bien fermé hermétiquement.


Il allait pouvoir commencer une nouvelle vie. Dans un premier temps, ressembler à un être vivant. Le jeune homme prit soin de lui, enleva cette crasse, changea de vêtements, et prit un repas. Bientôt il passa des jours devant l’ordinateur à comprendre le monde qui l’entourait. Les sacs disparurent, il en avait remis en bas de chez lui, avait été en disséminé plus loin. Le peu de preuve qui auraient pu exister avait été brûlé. Le reste perdu dans des égouts, rivières et autres sorties d’eau.

Eydel avait meilleur mine, restait silencieux, dormait le jour et ne croisait personne. Une vie parfaite si l’ennui ne s’invitait pas, une vie parfaite s’il n’avait pas eu d’objectif, une vie parfaite s’il ressemblait à monsieur tout le monde. La nuit était tombée depuis quelques heures au cerclon, il ouvrit donc ses volets pour faire glisser la pénombre chez lui et l’odeur de la nuit. Il buvait un verre d’eau, les yeux fixés sur l’écran avant de commencer son entraînement quotidien. Doux et calme, le vent s’engouffrait délicatement offrant un frisson à notre blondinet. Habillé d’un tee-shirt blanc et d’un pantalon noir. Il n’avait pas l’habitude de se laisser surprendre par la météo, mais le confort le changeait… Un changement indésirable de ce côté. Il leva son regard vers la fenêtre, ce n’était pas le vent qu’il venait d’entendre. Le changement était là. Il ouvrit la fenêtre en grand. Regardant son hôte. Un simple sourire se dessina sur ses lèvres.

- J’avais l’espoir de te revoir un jour. Entre.

Il s’écarta du rebord pour laisser passer l’humanoïde. Il alla s’asseoir dans le canapé, calme et l’invita à le rejoindre. Plusieurs choses avaient changées dont sa façon de parler.
Eydel
Eydel

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