Le début de la fin [RP personnel] [Terminé]

Le Sanctuari se tenait droit, la tête droite, les bras croisés et le regard plongé dans l’agent de la sécurité de Magna qui faisait tout pour éviter de fixer les dents luisantes qui dépassaient sur les cotés des babines du Charan. La voix de celui-ci résonnait comme un grondement.

°Comment ça, « C’est pas si simple » ? Je te demande juste le type d’arme que le tueur a utilisé. C’est si compliqué que ça pour toi de répondre à une simple question, cheval ?°

Le centaure sentait le sang lui monter de plus en plus au visage. Depuis le moment où le Sanctuari était arrivé sur les lieux, l’ambiance générale s’était échauffée de plusieurs degrés. Les policiers, toutes espèces confondues, n’aimaient pas le Charan, de par son apparence peu rassurante et l’attitude qu’il avait tenue depuis son arrivée. Froid, menaçant, peu coopératif et surtout, exigeant des réponses.
De son coté, Morok détestait foncièrement ceux qui n’étaient pas utiles et il avait la certitude que la majorité des agents présents sur le terrain étaient de trop pour une simple affaire d’identification de cadavre. Le centaure inspira longuement avant de se pincer l’arrête du nez entre le pouce et l’index, et répondre le plus cordialement possible à la masse de muscle écailleuse qui se dressait devant lui.

« Pour la 3eme fois, je m’appelle Izural, et si vous me laissiez le temps, je pourrais ENFIN vous dire que nous n’avons aucunes preuves formelles nous indiquant qu’il s’agit d’un meurtre ou d’un accident. Le seul indice que l’on a est cette trajectoire dans le crâne. Du moins, ce qui reste du crâne.»

Morok pencha la tête sur le coté. Derrière le centaure, 4 ou 5 policiers s’affairaient autour d’un reste de ce qui avait autrefois été un humain. Le corps avait été pratiquement entièrement dévoré par les vermines du quartier mais le crâne, la cage thoracique et un bout de la jambe droite restaient en grande partie couvert de chair et de peau.
Le Sanctuari se redressa et replanta son regard dans celui du centaure.

« Toujours est-il que plusieurs choses ne collent pas. Le calibre de la balle par exemple : même pas 2mm. Et l’angle de tir. C’est un angle type de suicide : ça part du menton pour sortir derrière l’oreille. Aucune type ne se suicide dans une ruelle, surtout pas à Magna.»

Le centaure mimait la trajectoire de la prétendue balle en pointant son menton du doigt, l’enfonça un peu dans sa peau et indiqua de son autre main l’arrière de son oreille gauche.
Le regard de Morok ne cilla pas. Cet hybride allait-il oui ou non lui donner un jour ou l’autre une information plus utile que ça ? Toute mort à Magna était forcément soit liée à une quelconque affaire illégale, soit due à un combat.

°C’est que c’est tout simplement pas un flingue qu’on a utilisé.°
«La forme est trop parfaitement ronde pour être une arme blanche. A moins qu’on l’ait attaqué avec un poinçon. Mais là encore, c’est étrange : l’arme a transpercé de part en part le crâne de ce type, c’est trop long pour être un outil de bricolage. Donc, pour répondre à votre question, Sanctuari : je ne peux pas vous donner l’arme précise puisqu’elle est non-conventionnelle. »
°Hmph. T’as pensé à un pistolet à clous ?°

Morok s’impatientait de secondes en secondes.
L’interrogation continua quelques temps encore jusqu'à ce qu’Izural lève les bras au ciel, les pattes frappant le sol d’exaspération.

« Bon sang de… Bon écoutez, tout ce qu’on sait pour l’instant c’est que tard cette nuit, après minuit selon les observations du légiste, un homme a trouvé la mort, tué par quelque chose qui lui a transpercé le crâne de part en part avec une arme inconnue. Voila ce qu’on sait ! Pour le reste, vous allez devoir faire comme nous et attendre le rapport détaillé des tests. »
°Continue de faire joujou avec ton morceau de viande, cheval. Moi, je vais bosser.°

Izural détestait ces Sanctuaris. Sous prétexte qu’ils dépendaient d’une organisation plus haut placée que celle de la sécurité des secteurs, ils se pavanaient dans leur puissance et leurs passe-droits. Avec un dernier grognement, il se détourna du crocodile pour aller donner quelques ordres et prendre des nouvelles auprès des agents présents.
Morok s’éloigna de la scène de crime de son pas lourd. A Magna, il restait constamment debout. Ce quartier pourri recelait des tonnes de dangers et il préférait être prêt à tout. Il était de surcroit suffisamment intimidant pour ne pas être pris pour cible par les petits malfrats locaux.

Il refit le tour des informations qu’il avait glané. Il n’avait rien de concret. Plusieurs questions restaient en suspend. ‘Pourquoi’ en était la principale. Il pouvait s’agir d’un simple règlement de compte tout à fait banal comme d’un meurtre sordide.
L’absence de preuves semblait indiquer plutôt un professionnel qu’un simple délinquant : Dans le milieu, les morts étaient exhibés pour faire passer un message. Un cadavre à moitié dévoré dans une ruelle sombre n’avait rien d’une mise en garde.
De plus l’arme utilisée était unique. Quel type se ficherait de fabriquer quelque chose d’intraçable si ce n’était pour commettre des illégalités ?

Morok ne put s’empêcher de grogner, éloignant un peu plus les passants alentours. Il n’aimait pas les affaires de meurtre qui partaient mal. Généralement, ça finissait au fond d’un tiroir à prendre la poussière. Et malheureusement pour lui, la caserne manquait de main d’œuvre. Il avait donc été envoyé ici sous les ordres directs de Sten.
Et le Charan n’aimait pas faire du mauvais boulot.
S’il voulait un début de réponse, il lui fallait faire le tour des différentes guildes et confréries que renfermait le quartier désœuvré pour voir si elles avaient perdu un membre, ou si elles savaient quelque chose. Moyennant finance, bien entendu. Une longue journée l’attendait.[/i]