Vents hurlants

Ayame me devait un bras.

La fuite dans les lèvres de pierres s’avéra beaucoup plus dure que ce que j’avais prévu quand le capitaine avait aboyé ses ordres. Lui était agile, léger et n’avait pas d’amples vêtements. Je devais à chaque virage minimiser mon allure pour ne pas m’écraser contre la roche et les poursuivants qui s’étaient remis à courir derrière nous se rapprochaient à chaque ralentissement.
Mes vêtements n’aidaient pas à les semer puisque chaque aspérité arrachait un bout de tissu de mon manteau, laissant malgré moi une trace bien visible à l’attention des hommes-lézards.

Tandis que je pressais ma main contre mon flan, la blessure et le point de coté naissant me faisant serrer les dents, un genre de lion aux hormones apparut d’un coup d’un seul à nos cotés. Bon sang ils ont domestiqués des prédateurs. Je me préparais à avertir Ayame quand ce dernier enfourcha la bête. Heureusement que tous les flics ne sont pas comme lui, Magna aurait du souci à se faire.

Mourir dévoré par un lion, exsangue ou piétiné par des dévots écailleux ? Et pourquoi je devais faire ce genre de choix ?!

La bête n’attendit même pas que l’on soit bien accroché, et se lança dans le canyon. J’aurais presque pu jurer qu’elle filait vers la sortie uniquement parce qu’elle se doutait que les lézards derrière elle n’étaient pas là pour lui faire un câlin.
La place du crâne fut très vite atteinte et je prévenais Ayame d’une voix haletante qu’on avait pas forcément besoin de s’arrêter et qu’on pouvait chopper le trophée au passage. L’avoir sous la main permettrait de l’étudier plus en détail, au calme. Sitôt l’os récupéré, les mugissements commencèrent à retentir dans la gorge.

Derrière nous, les lézards hurlaient de colère et de peurs, et leur course fut plus désordonnée. La voix sans corps nous hurla des menaces intelligibles, un genre de gargouillis mélangé aux hurlements des esprits des airs, qui semblaient toujours prisonniers.
Mais le lion géant était lancé. Lui aussi semblait vouloir sortir et rien ne semblait le faire changer d’avis. Les vents contenus dans ce que j’avais appelé la « première couche » nous giflèrent le visage quand nous passâmes la limite.

Les esprits étaient déchainés. Je ne sais pas ce que leur avait fait le crâne, mais ça ne semblait pas leur avoir plu. Du coup, l’idée de l’avoir gardé me semblait un peu moins brillante, d’un coup.

Une main sur la taille, l’autre serrant tel un étau la touffe de poil qui me servait d’attache pour ne pas tomber, je ne pouvais rien faire pour rattraper mon chapeau qui s’envola, balayé par les vents déchainés.

J’avais hâte de sortir d’ici. Cette quête avait été une arnaque de A à Z.


Une fois sorti de la gorge de pierre, je jetais douloureusement un coup d’œil derrière moi. Au dessus du canyon, un vague vrombissement semblait agiter l’air. Les esprits étaient libres, ou étaient ils encore prisonniers ? Ils semblaient forcer les limites de leur prison, en témoignaient les volutes de sables qui tourbillonnaient dans quelques mètres au dessus du sol, s’arrêtant brusquement contre un mur invisible. Au moins, les cris s’étaient tus. Peut-être que le crâne les torturaient… Oui enfin ce n’est qu’un crâne, Corben…

– Virer le totem ne les a pas libérés, on dirait. Par contre on a réglé le problème du bruit, c’est déjà ça… Maintenant, si ça dérange personne, je crois que je vais aller m’écrouler un peu plus loin.

Je ne voyais pas encore flou, mais mon coté gauche commençait à être sacrément ensanglanté.

Ayame sauta à bas du Cyliong et se précipita pour aider Zedd. De son sac il sortie une bande de gaze soigneusement roulée et une bouteille de désinfectant. Ainsi qu'une fourchette. Pourquoi une fourchette ? Parce que le manche est en bois dur.
Il tendit tout l'équipement à l'éclopé, lui conseiller de commencer par mordre le bois avant d'appliquer l'alcool.
Certes, on connaissait mieux en terme de techniques de soin ou de guérison en ville, mais le temps d'y arriver, Ayame espérait que ce Zedd contiendrait encore assez de sang pour que cela serve à quelque chose.

-C'était assez spectaculaire toutes tes explosions !

C'était le moment où l'elfe faisait la conversation, réfléchissait en même temps et écoutait ce qui se passait autour d'eux.
Au cas où les fanatiques les auraient retrouver.
Cette fois, il n'était pas certain que Zedd lui pardonnerait la façon cavalière dont il avait mener les évènements juste avant. Le but était de leur sauver la peau le plus vite possible certes, mais il avait pris une décision sans concerter l'un des principales intéressés.
Le genre de manque de politesse qui lui dressait les cheveux sur la tête.

La conversation étant commencé, l'elfe écoutait déjà et en dehors du son lointain des esprits il n'y avait rien d'inquiétant. Ne lui restait qu'à réfléchir.
Ôter le crâne avait réveillé les esprits. Tout comme Corben, Ayame pensait que cette drôle de construction avait un lien direct avec ses esprits cloués au sol.

-Il est possible que le totem ne soit que la face émergée du problème...

L'elfe avait commencé à vérifier son équipement. Il engageait soigneusement trois boulons supplémentaires dans son arbalète. Il leva le bras, s'assura qu'il pouvait encore viser sans soucis. Le problème était que son épaule avait été sacrément secouée. Il tremblait lorsqu'il tenait son bras tendu. Pour viser sans trembler, il devait soutenir sa main porteuse par son autre main. Et là encore ce n'était pas tout à fait stable.

Il fronça les sourcils. Il remplit un petit plat en acier de la moitié de sa gourde d'eau. Le reste, il le laissa au blessé. Lui pourrait supporter un moment le manque d'eau. Ce ne serait pas éternel, mais la ville n'était pas si éloignée et avec toute ma panoplie de titres dans la poche il aurait bien assez de temps pour se trouver un point d'eau ou se remplir le ventre.

En parlant des titres il sortit la masse de parchemin de sa poche et s'assura d'un bref coup d'oeil qu'ils n'avaient pas été abîmés dans l'aventure. Le genre de chose dont je me fichais mais qui rendait Ayame furieux lorsque je revenais avec la moitié de mon équipement en pièces.

Nyctalope grâce au titre fleur, Aya eut une idée.

-Retournons en ville pour t'y faire soigner, nous pourrions revenir de nuit. J'aimerai voir ce qu'il y a en dessous du totem.

Sauf que maintenant le totem serait sûrement gardé.
Tiré sur tout ce qu'il verra sans se faire voir, ça lui rappellera des souvenirs, quand il travaillait pour la caserne ou bien avant, quand il travaillait pour seulement payer l'école de sa fille.

Même pas en rêve, tu allais approcher ça de mon flanc, espèce de psychopAAAAAAAAAAAAAAAAAAh !!!! Heureusement qu’il avait fournit la fourchette, parce qu’il aurait perdu quelques points d’audition.
Mes explosions, qu’est ce que ça nous intéresse mes explosions alors que tu me vitrifies le coté ?! C’est ça, détourne l’attention sur autre chose pendant que tu me tortures, Judas !
Bon, certes son action allait m’éviter une infection choppée au beau milieu d’un désert, mais je restais quand même persuadé qu’il avait agi par pure méchanceté. C’est un flic, ça ne peut agir QUE par pure méchanceté.

Tout en me tenant le flanc nouvellement (et rapidement) bandé, je regardais le spectacle étrange que formait le ballet enragé des esprits des airs enfermés entre deux zones. Le sable voltigeait violement, et je crus même voir une petite forme noir ballottée dans les tourbillons. Mon chapeau ou un lézard qui avait tenté de nous suivre ?

Émergée ? Holà, du calme, le borgne. J’avais signé pour résoudre le problème du bruit dans le canyon. Maintenant que les habitants pouvaient dormir sur leurs deux oreilles, je n’avais qu’une hâte : Me payer ma prochaine monture pour pouvoir me casser en urgence comme on l’avait fait avec le lion qui se lavait derrière moi.
D’un autre coté, si les lézards sortaient de là et menaçaient le village… J’acceptais avec joie l’eau, tout en gardant un œil sur un potentiel somnifère glissé discrètement. Eh, on ne change pas des réflexes acquis pendant une décennie de petits vols.

Par contre… Y aller de nuit ? Je n’avais rien contre les gens qui vont volontairement se faire casser la tronche, mais qu’ils m’entrainaient avec eux, ça non. Je fis part de mon désaccord sur le trajet du retour.

– Tenter une approche de nuit c’est pas un peu… Suicidaire ? Je veux dire avec les esprits qui ont l’air d’êtres furieux, le fait qu’ils peuvent nous projeter contre des murs taillés comme des rasoirs, les lézards qui nous attendent et la grosse voix maléfique, les pierres qui volent… Et le peu de visibilité… J’aime bien un peu d’action, mais trop d’aventure tue l’aventurier.

Une fois au village j’eu le droit à des soins un peu plus professionnels, et j’eu le droit à une suture digne de ce nom (et une anesthésie !). Mais je n’avais pas réussi à faire faire sortir du crâne l’idée de replonger chez les lézards à Ayame. Et finalement, je finis pas me convaincre que mes pims n’arriveraient surement pas dans la poche si un haut représentant de K’ouen annonçait qu’on avait simplement réglé la moitié du problème. Après tout, les esprits des airs pouvaient toujours se remettre à gémir…
C’est donc avec peu d’entrain –et un élancement au coté gauche que nous retraversâmes le désert sur le dos du lion-qui-sort-des-titres.

Une fois arrivés, la tempête silencieuse et sableuse ne s’était pas calmée. Je ne sais quel calmant le crâne avais eut effet sur les esprits, mais je voulais le même pour endormir Raku. Et surtout… Comment allions-nous passer sans trop de dommages ?

– Dans ton tas de titres, tu n’as pas un truc qui contrôle l’air ?

Le crâne n’avait pas eu l’air de nous protéger quand on avait fui. Allait-il marcher dans ce sens ?

Spoiler:

En ville Ayame se fit remettre l'épaule en place. Il se réhydrata et cette fois se prépara à une petite guerre. Son arbalète était chargée, il avait positionné d'autres carreaux prêts à l'usage pour une recharge rapide. Il avait de nouveau une gourde pleine et pendant que Zedd se faisait recoudre il avait ramassé un sachet plein de petits cailloux.

Le sachet il le donna à l'homme en noir. Chaque caillou était un projectile en perspective, si l'autre pouvait faire exploser des gravats de belle taille, aux yeux de l'elfe, ces petites choses devaient être des diversions intéressantes.
Car pour voir dans le noir mieux vaut éviter la lumière.

De retour aux abords du canyon, l'elfe voulu s'arrêter pour observer. Il apprécia d'autant plus sa nouvelle nyctalopie.

-Hélas non, je n'ai rien de ce genre...

Il me maudit de prévoir toujours tout pour foncer dans le tas et rien pour travailler avec plus de subtilités. Au final, avec l'aide de "fashion" il transforma ses vêtements. De la tête aux pieds il était habillé de noir et de reflets d'un ton plus clair. La nuit n'était pas si sombre et le terrain nécessitait un camouflage adapté. Avec cette tenue en imprimé du désert et "voleur" il savait pouvoir se dissimuler contre les parois.
Personne ne le verrait à moins d'avoir tout comme lui un don de nyctalopie. Pour ceux là, il avait prévu les lumières de Zedd, ou bien des flèches à profusion.

-Si ce crâne les coinçait au sol, il y a quelque chose d'autre qu'il les retient encore. Il faudrait observer le totem de plus près pour ça. Si je te couvre, penses-tu pouvoir y aller ?

Ayame avait pour priorité de libérer les esprits, quand ce sera fait, il cèdera volontiers la place aux sanctuaris qui voudront réduire à néant ce drôle de culte.
Par un vieux défaut il remarqua un petit nombre conséquent d'infractions qui coûtera à ces gens un petit temps derrière les barreaux ou dans l'arène.

-Dernière chose, si tu entends une voix invisible te parler, fais comme si elle n'existait pas et va te mettre à l’abri.

Ou fais autre chose, pensait-il, mais n'y répond pas.
Il n'aimait pas négocier avec les preneurs d'otages, ça ne donnait jamais rien de bon. Au fond, son équipier pouvait réagir comme il le voulait, tant que l'elfe l'avait en vu pour lui éviter des ennuis. Son seul problème c'était de perdre du temps. Le genre de secondes qui donne l'avantage à des téléporteurs de rochers...

Je regardais à tour de rôle le sac de petits cailloux dans ma main, Ayame, notre destination, puis le désert derrière nous, et recommençais. Quatre fois.
Je n'étais pas vraiment fan de la direction que prenait les choses. Comment ça, «je te couvre » ? Parce que ça allait être à moi d'avancer en pleine lumière ? Et lui il resterait pépère tranquille derrière un cailloux ou je ne sais quoi ?
D'un autre coté, il avait largement prouvé qu'il savait se débrouiller. Si jamais on me tombait dessus, j'avais forte espérance de croire qu'il ferait quelque chose rapidement. Surtout habillé comme un ninja. Il allait peut-être se transformer en caillou ?

- Je vais faire de mon mieux. Mais dès qu'on la certitude que les esprits sont libres, je rentre en ville. J'ai eu assez de désert et de reptiles humanoïdes pour les 10 prochaines années.

J'attachais la petite bourse à ma ceinture et testais la puissance potentielle d'un caillou. Ils n'étaient pas plus gros qu'une pièce. Ça n'allait pas faire masse de dégâts, mais ça pourrait détourner l'attention... Un genre de claque-doigts un peu survitaminé... Et qui ne marcherait pas forcément à tous les coups.


Devant la barrière de vent, j'avais considérablement pâli. Même si un silence religieux planait dans le désert, je supposais fortement que de joyeux hurlements de colère nous attendraient de l'autre côté. Et je n'avais pas entièrement tord. Les esprits continuaient à hurler dans les strates supérieures, mais ils étaient assez haut dans ce que je supposais être un espace entre les deux dômes de magie pour ne pas trop nous balancer dans tous les sens . Un peu voûté, j'avançais lentement, une sueur froide me coulant dans le dos à chaque virage. Je n'étais vraiment pas fait pour ce job. Je choisirais des boulots pépères la prochaine fois !

Nous avancions lentement mais sûrement. Aucun saurien ni caillou téléporté ne nous barrèrent le chemin. Je ne fus pas le cas de la place du totem : Le silence était revenu et nous pouvions entendre un petit groupe psalmodier d'étranges litanies à quelques mètres de notre emplacement. Je risquais un très rapide coup d’œil et en repérais quelques un agenouillés. Mais je n'avais pu déterminer si il y en avait d'autres dans la zone que je n'avais pas pu vérifier sous peine de m'exposer.. J'en informais mon ange gardien silencieusement en levant trois doigts et en levant les épaules, dans un air « Trois lézards et.... j'sais pas . »

Ma magie violette était bigrement voyante, et lancer un caillou lumineux depuis mon coin risquait de nous trahir. J'hésitais à en faire claquer un à nos pieds pour leur tendre une embuscade quand ils iraient vérifier la source du bruit. Mais s'ils étaient une demi-douzaine et tous armés ? Après notre tapage de cet après midi, ils avaient du renforcer leur sécurité... Non?

Si on voulait étudier ce truc, il faudrait faire place net pour être sur que du renfort ne nous tombe pas dessus. Je restais là à interroger Ayame du regard sur la marche à suivre quand les litanies s’arrêtèrent.
D'un seul homme, les trois dévots se relevèrent, époussetèrent et ôtèrent le piquet de bois. L'un d'entre eux plongea la main dans le trou et en ressorti un genre de sphère luisante.
Je lançais un regard perplexe a Ayame. Qu'est ce c'était que ça encore. Et était-ce le bon moment pour agir ?

Trois hommes armés de presque rien. Ayame était soulagé. Il avait observé le canyon dans toutes les directions possible lors de leur traversée. Jusque là, ses yeux transformés pour la nuit n'avaient rien repéré d'inquiétant.
Il l'espérait secrètement depuis leur départ, si l'un d'entre eux l'avaient reconnu comme membre de K'ouen et ancien sanctuari, les grands pontes devaient avoir vidé les lieux depuis un moment.
Ce n'était qu'un petit espoir pour trouver moins de monde autour du totem. Même si cela voudrait dire un travail acharné des enquêteurs qui leur succéderaient.

L'elfe se terra dans une ombre. Parfaitement immobile, il leva son arbalète à hauteur d'yeux. Trois coups disponibles avant de devoir armer à nouveau. Et trois idiots courant vers eux.
Plus une sphère.

Combien de titres utiles je possédais pour se débarrasser du troisième larron qui se faufilerait jusqu'à Zedd ?
Bien assez.
L'elfe choisi de viser en premier la sphère. Le boulon siffla dans l'air et traversa l'orbe comme du cristal. La boule explosa en morceaux et la nuit s'empara à nouveau du canyon.

Son deuxième carreau se ficha dans la cuisse du premier fanatique. Les nerfs de la jambe sectionné, il tomba à la renverse en serrant son membre contre lui. Le deuxième n'eut pas autant de chance, le carreau se ficha entre ses clavicule et fractura sa trachée.

A cet instant précis un puissant appel d'air ascendant le fit décoller de quelques centimètres du sol. Les esprits libérés aspirèrent toute matière gazeuse dans le canyon, le froid s'intensifia et l'elfe sentit l'étouffement le saisir. Il s'empara d'un rocher et avec toute la force et la précision de mon arsenal, le lança au travers du vent vers le troisième membre.

Le vent cessa.
Tout fut silencieux durant une longue seconde.
Le sable retomba en pluie dense sur le sol, et la gravité reprenant son sens normal, l'homme frappé à la tête s'échoua sur le sol.
Alors le son revint. Le bruit de la pluie drue, les gémissements de douleurs de l'une des victimes et le souffle saccadé du semi-elfe.
Il avait vu sa vie défiler devant ses yeux en moins d'une seconde. Son cœur menaçait de l'abandonner dès maintenant.

-C'est plus de mon âge...

C'est tout ce qu'il trouvât à dire en sortant de son sac de voyage une corde de rappel avec laquelle il commença à ligoter l'éclopé.

Spoiler:

J’eus à peine le temps de demander un avis que c'était déjà le chaos dans la gorge.
Retenant un juron quand la pierre vola en éclats grâce au premier carreau. Et dans les quelques instants qui suivirent, un des lézards était déjà au sol. Mais c'est qu'ils se modernisaient pour lutter contre les bandits,les flics de nos jours : Magna allait commencer à craindre si toutes les forces de l'ordre étaient équipées d’arbalètes à répétition.

Profitant de l'instant nécessaire à Ayame pour viser, je me jetais en avant, mains dégantées, pour profiter des quelques secondes de surprise pour moi aussi faire joujou avec les lézards. J'avais une revanche à prendre, et ce n'étais que des prêtres. Pas de quoi avoir peur au final ! Le premier dévot se tenait la jambe de douleur, et le deuxième tentait vainement dans un gargouillis morbide de retirer la flèche qui lui avait mystérieusement poussé dans le dos. Le troisième s'était retourné, mais j'arrivais à pleine vitesse et mon poing rencontra son estomac.

Magna avait un avantage. On apprenait très vite à se défendre. Et le full-contact m'avait été inculqué grosso modo de force. Enchaînant avec un coup de genou dans le menton qui s'offrait, relevant un peu le dévot dans la foulée, je fis de mon mieux pour le plaquer à terre en le projetant en arrière d'un grand coup à plat sur l'épaule et le front.

Ca aurait pu marcher. En fait ça avait marché, mais type ne tomba jamais au sol. Car dans l'instant où je posais ma main sur son front – en laissant d'ailleurs une jolie empreinte violacée, les esprits décidèrent que c'était le bon moment pour prendre la tangente en emportant avec eux la totalité de leur corps. C'est à dire, l'air du canyon.
Nous nous élevâmes tous deux d'un quasi-mètre, vu qu'au beau milieu de la place du totem ne restait que du sable.
Enfin le dévot eut un peu plus de chance (?) car ma magie décida que c'était le bon moment pour agir et la maigre poussée de l'explosion silencieuse le propulsa en arrière, dans une culbute assez drôle, si temps était le moment de trouver des choses drôles. Mes poumons semblaient vouloir exploser, mais à part ça tout allait bien.

Mais la nature n'aimait pas qu'un vide se fasse soudainement, ça faisait tâche dans le paysage. La physique rentra alors en scène,et tout ce petit monde retomba lourdement sur le sable de la place. Celui avec un carreau dans le dos ne semblait pas avoir apprécier tout ce que le destin lui avait fait subir en quelques minutes et mon acrobate aérien était aller s'échouer près d'une lame de roche qui semblait lui avoir blessé la jambe, le coinçant dans une position peu confortable. Reprenant ma respiration du mieux que je pouvais, toussant et grelottant, je parlais d'une voix enrouée.

– C'était totalement ce que j'avais prévu de faire.

Même Ayame se permit une plaisanterie. Si même les flics se mettaient à faire de l'humour...

Je me relevais lentement, m’asseyant dans un premier temps pour bien vérifier qu'on allait pas soudainement tous retenter le rêve d’Icare, et parti à la recherche de mes gants. Ils s'étaient envolés avec l'aspiration soudaine et je n'avais pas eu le temps de les voir partir. Bon. J'étais condamné à ne rien toucher de préhensile jusqu'à l'appart. J'aillais devoir sûrement à nouveau expliquer au logeur pourquoi j'avais de si élevés frais de réparations du verrou et de la poignée

- Dis-moi que c'est terminé pour moi. J'ai qu'une envie, c'est de me faire payer, de me racheter un chapeau et de prendre un bain .

Après tout, les esprits était libérés, le problème de la secte n'était plus le mien. Je n'allais pas non plus pousser le bouchon au point d'aider volontairement – et gratuitement- un représentant des forces de l'ordre.
Une fois le deuxième zélote ligoté, Ayame ramena tout le petit monde dans la ville d'Entre-monde grâce à son Perçant.

Il était temps ! Ma prime m'attendait. Enfin une bonne nouvelle !

[direction la bibliothèque ! Argent !]

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