Au détour du comptoir

* Suite du sujet de retour chez les vivants*

J'ai même pas eu le temps de dire quoi que ce soit en fait que je me suis retrouvé avec ce... Ce truc en papier vivant pendu à mes lunettes! Sans rire, faut-il que je sois au service de mes clients hein...
Enfin... Je jette un coup d'oeil assez mauvais vers l'espèce de cage où j'ai enfermé ce fauve qui a manqué de me mettre ma cuisine sans dessus dessous! (et qui au passage a faillis brûler à deux reprises!). C'est quoi comme animal hein? J'aurai vraiment tout vu...

Il a pas l'air content mais en même temps, c'est pour son bien, si je le laisse sortir, il va encore finir dans la cuisine et là... Ce sera sans doute le drame, une fois de plus.
L'après-midi avance, il n'y a plus grand monde, logique. Généralement c'est ces moments là qui me permettent de mettre à jour mes cartes. C'est aussi dans ces moments où je me sens maître de mon Auberge. La cuisine est calme, les cuistot et les seconds sont en pause et reviendront ce soir, j'ai plus que deux serveurs en salle ce qui est bien suffisant. Plus moi ici, derrière le comptoir.

J'ai troqué ma tenue de chef contre le simple tablier blanc sur mon pantalon noir et ma chemise bleu marine, tenue décontractée. Je sers mon cher pilier de comptoir d'un fond de whisky, comme d'hab' tout en faisant gaffe aux proportions, il a déjà bien assez bu mais bon, il paie, j'peux pas refuser de le servir y a aucune loi contre ça.

Récupérant mon torchon, je jette un autre coup d'oeil à cette cage et me met à essuyer les verre avant de les ranger.

J'aime cet endroit, j'aime ce que j'en ai fais. Bien sûr c'est du boulot, mais je regrette rien. les rencontres que j'y fais et la reconnaissance quand à la qualité des repas est une belle récompense qui me dit que j'ai bien fait de tout lâcher à Trinity pour venir ici.
Je peux faire mes preuves par moi même en tant que Chef, mais aussi en tant que patron et jusqu'à présent, je n'ai pas eu à me plaindre bien au contraire. Je pose le verre que j'essuyais et en attrape un autre quand une voix me fais relever la tête.

Je connais cette silhouette pour l'avoir vu souvent par ici. Généralement elle n'est jamais seule d'ailleurs... Un beau brin de jeune femme qui a un regard plus qu'envoûtant je dois l'admettre et elle se tiens là, face à moi, le regard vrillé sur cette cage... J'vais peut être pouvoir faire sa connaissance non? C'est une idée tiens...

Mes pas m'ont menés ici sans que je ne le cherche vraiment en fait. Je sais pas pourquoi, c'est un endroit que j'aime bien, même si le patron m'a vu dans un fameux état. A ce souvenir le rouge me monte aux joues... faut vraiment pas me faire boire, c'est pas une bonne idée, à chaque fois ça se termine en catastrophe... Enfin non... Y a une fois où ce fut pas si catastrophique, mais les conséquences elles par contre...
Bref, je pousse la porte de l'Auberge après avoir remonté la rue où ce trouve l'Auberge, vraiment ce quartier me fiche des frissons. Pour le coup, j'ai un immense respect pour Gwendal, parce que vraiment quand on voit certaines personnes ça donne plus envie de fuir en courant plutôt que de s'aventurer dans le secteur...

Me voilà donc à l'entrée de l'Auberge, je regarde autour de moi, l'endroit semble calme, en même temps, c'est pas midi ni le soir, ce doit donc ne pas être le grand rush. Tant mieux, ça permettra d'être un peu au calme. J'en ai besoin en ce moment...
Je regarde autour de moi et aperçois l'aubergiste derrière le comptoir , il est pas mal à le regarder, silhouette assez élancée, les cheveux blond comme les blés et un regard derrière ces lunettes assez... Euh... Mon esprit s'égare là non?
Je fronce les yeux quand quelque chose derrière lui attire mon regard. Derrière les barreaux de cette cage, il y a quelque chose que je reconnais sans peine. Bon sang mais...

Je m'approche du comptoir et sans regarder l'Aubergiste je demande:

"Mais... Mais c'est Pan! Que fait-il dans cette cage?"

Dans un élan je contourne ledit comptoir et me glisse derrière. Pan... Pan ici mais alors... Mon regard balaie la salle mais je ne vois pas son propriétaire. Étrange... D'habitude c'est jamais pas sans Virgile et on ne le voit plus ce cher où cette chère d'ailleurs, Virgile depuis la disparition de Caël...
Je lève la main pour ouvrir la cage quand des doigts s'enroule autour de mon poignet pour m'en empêcher, je tourne la tête et rencontre le regard de l'Aubergiste qui a pas l'air de vouloir que j'ouvre cette cage...

"Je connais Pan, je peux pas le laisser comme ça! Où l'avez vous trouver? D'habitude il est toujours avec Virgile et là, je ne vois pas sa silhouette... Non j'peux pas le laisser dans cette cage, c'est pas un vulgaire animal..."

Hum... Non définitivement je peux pas le laisser comme ça se pauvre Pan...

Je la vois se glisser derrière le comptoir, j'ai même pas le temps de réagir qu'elle s'apprête à ouvrir la cage, non mais elle est pas folle la guêpe là? Je lève la main et la pose sur son poignet afin d'éviter qu'elle ne libère le fauve, qui visiblement à un nom en plus... Non, vraiment je tiens à ma santé mentale, je tiens aussi à mon établissement, ce truc est pas gérable mais pas gérable du tout!

"Hep là ma jolie, ce truc reste là dedans que ça plaise où non, je ne tiens pas à le voir tout saccager!"

Oula, elle n'a pas l'air bien contente, son regard ne me dit rien qui vaille, mais... Mais j'ai pas l'intention de me laisser faire par une fille toute aussi jolie soit-elle, jusqu'à présent, je n'ai jamais laisser la gente féminine me marcher sur les pieds et c'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
Et c'est avec une certaine disons, autorité que je la saisit par la taille et que je la raccompagne à sa place, soit de l'autre côté du comptoir, non mais oh.

"Et la place d'une demoiselle n'est pas derrière un comptoir mais devant, quoi que même là, c'est pas tellement sa place."

C'est sûr que je préfère les voir ailleurs qu'affaler à mon comptoir mais bon, du moment qu'elles paient hein... Je retourne à ma place initiale, je la vois ne pas lâcher du regard cet espèce de truc vivant et ne peux m'empêcher de hausser un sourcil.

"Pan vous dites? parce que cette chose a un nom?"

Peut être que la fille qui l'accompagnait me l'avait dis, enfin je l'avais pas retenu à ce moment là faut dire qu'ils ne m'ont pas laissés le temps de dire ouf.

"C'est peut être pas un vulgaire animal mais c'est une tornade qui est très bien là où il est. Je vous serre quelque chose à boire? Un coup de Vodka peut être?"

C'était facile mais j'ai pas pu m'en empêcher, ben quoi j'ai droit de la charrier non?

"Vous avez parlé de Virgile?"

Spoiler:

Après une rapide et vaine tentative de recoiffage - je saurais quoi faire demain, aller chez le coiffeur - on redescendait dans la salle afin de récupérer le petit monstre en papier de Virgile. Et j'espérais que le petit monstre en question ne soit pas à l'état de papier maché ou de combustible pour les fourneaux... Et au son qui sortait de la cage, je supposais que l'aubergiste avait eu assez de self control pour le garder intact.
Je me tournais vers Virgile.

- T'as eu une bonne idée de nous en débarrasser, mais l'aubergiste a du te haïr...

Et plus nous approchions du comptoir et plus la tête blanche en face du dit aubergiste me rappelait quelqu'un. Il me fallu quelques secondes et quelques pas de plus pour que ma mémoire, qui elle aussi prenait de l'âge, arrive à mettre un nom sur ces cheveux si reconnaissables. Aliénor.
Je ne l'avais pas revu depuis très longtemps, j'avais entendu dire avant de disparaitre qu'elle était devenue directrice de l'hopital. Ca changeait de la jeune fille timide que j'avais connue à l'époque et que j'avais hébergée pour une nuit.

- Tu t'es enfuie du travail ?

Et un sourire caché sous ma barbe plus tard, je rajoutais.

- Salut Aliénor, ça fait un bail. Félicitation pour ta promotion d'ailleurs !

Le bal des revenants, ou comment se prendre tout son passé à la figure.

J'apprécie moyen d'être reconduite de la sorte mais le problème c'est que je ne peux même pas me défendre... Je peste intérieurement et lance un regard polaire à l'Aubergiste qui à l'air de ne pas être dérangé plus que ça par ce qu'il vient de faire...
Quand il me relâche je fais mine de défroissé ma chemise qu'il a touché et m'assied face au comptoir toujours en le fusillant du regard, en plus il fait de l'humour vaseux, super tiens!
Je hausse les épaules et jette un regard à Pan, regard vraiment désolée de n'avoir pas pu le libérer:

"C'est pas une chose alors un peu de respect et j'vais prendre un verre de jus de mangue s'il vous plait."

J'accentue bien sur sur le jus de mangue histoire qu'il comprenne hein, non mais. Mon regard ne lâche pas Pan et je reprend:

"Ouais Virgile, c'est une de mes connaissance et le propriétaire de Pan aussi. Généralement quand on voit l'un l'autre est pas loin..."

Je ne peux terminer ma phrase qu'une voix résonne près de moi et m'interpelle, je tourne la tête, un léger mouvement de surprise accompagne mon geste alors qu'il s'adresse à moi... Non mais et...
Je fronce les yeux, j'hésite, il me connait? Quelle promotion de quoi cet homme barbu aux cheveux long me parle?
Pourtant y a quelque chose dans son regard qui me dit quelque chose...

"On ce connait?"

J'avais même pas capté que derrière lui il y avait quelqu'un...

Un "on se connait" résonne et je me glisse sous le bras du forgeron, serrant sa taille dans le miens. Un immense sourire aux lèvres me voilà bien heureuse après ... un long moment à dévorer ledit beau garçon, bien que barbu, très bien fait. Vraiment très bien proportionné et je peux le garantir : sous tous les angles.
Quand Pan nous remarque c'est la crise. Un diable dans une cage n'aurait pas fait autant de boucan. L'aubergiste me détestera sûrement, et Pan détestera cette auberge. Si on réfléchit ça équilibre la donne, le patron n'aura peut-être plus jamais l'occasion de rencontrer le singe le plus insupportable de tout l'Entre-Monde (je m'avance, mais c'est véridique), ce qui est une excellente chose pour lui... moins pour les autres taverniers.

-Bonjour Aliénor !

Lancée avec tout cette engouement caractéristique de ceux qui ont eu de belles retrouvailles, je fais claquer une bise sur sa joue pâle. Oui, je suis heureuse, excitée, épuisée, et vraiment heureuse... Une histoire d'hormones, il parait.
D'ailleurs, dieu que cette guérisseuse est blanche. Un fantôme passerait pour terne à côté d'elle. Je m'apprêtais à en prendre de ses nouvelles, hélas, on occulte pas Peter Pan sans risque.
Le vacarme de Pan fini par attirer mon attention -après qu'elle ait attiré celle de toute la salle.

-Oui, oui je te récupère !

Un beau sourire pour remercier le blondinet élu "nounou de l'année", et je me faufile pour retrouver mon compagnon en papier, avant qu'il ne bondisse sur l'aubergiste pour lui "faire sa fête" (au sens propre du terme puisque Pan ne se bat jamais) , je pinçais la queue du bestiaux et le soulevait à hauteur d'yeux.

-Tu as une seconde pour te calmer ou je te replies en cocotte.

L'animal figé dans le vide, n'esquisse plus le moindre mouvement. Avec un Pan dans la position d'un Superman en plein vol, je retrouvais la bonne place de l'autre côté du comptoir. Et faisant mine de faire ça tout les jours (j'entends : retrouver avec beaucoup de bruit un forgeron disparu, et confier mon casse-pied de compagnon à un aubergiste) je lançais comme si de rien n'était :

-Combien je vous dois ?

Et me voilà qui pioche dans une corbeille de bonbons sur le comptoir. J'ai besoin de refaire mon taux de sucre avant de tomber dans les pommes.

J'avais raison, si elle avait eu des éclairs à la place des yeux, je serai surement mort foudroyer pour deux orbes violettes superbe... Y a pas à dire, elle a vraiment un magnifique regard... Mais il n'y a pas que ça d'ailleurs, tout chez elle est beauté, c'est vraiment une femme comme je les aime, avec du caractère en prime que demander de plus? Trop souvent les midinettes jolies ont tout dans la plastiques et rien dans le ciboulot et là... C'est souvent dramatique...
Elle demande un jus de mangue, malgré moi je ne peux empêcher un sourire goguenard alors que je sors un verre et me tourne pour chercher la petite bouteille de jus de mangue que je sers quand on me commande des jus de fruits.

"Il n'empêche que cette chose à manquer de prendre feu au moins six fois et m'a mis ma cuisine dans un état digne de Trinity après un bombardement alors très franchement je..."

Je me retourne en entendant le son de sa voix retentir de nouveau et d'une manière assez sèche, je hausse un sourcil derrière mes lunettes, ce "on ce connait" est disons étrange dans sa bouche. Je pose la bouteille sur le comptoir près du verre et place dans un geste mon torchon sur mon épaule.
J'ai pas le temps de répondre que la jeune femme avec qui il s'était éclipse débarque et récupère son fauve, je la regarde agir et soupir:

"Ouais la prochaine fois donnez moi le temps de dire non hein, j'dois vous faire la note des dégâts en cuisine aussi?"

Un sourire à l'adresse d'Aliénor qui ressemble à une carpe en dehors de l'eau, elle a la bouche légèrement entrouverte et semble comme figée, comme ce truc que tiens la jeune femme dans ces doigts tiens. Je me dirige vers ma caisse et ne peux m'empêcher de reprendre:

"Votre truc est aussi efficace pour mes être humains, regarder moi ça vous avez figé la dirlo du sanctu!"

Je tapote sur ma caisse, la chambre plus... Je relève la tête:

"Pour le tout où juste la chambre et les parts de tartes?"

Spoiler:

Je laissais VIrgile et l'aubergiste se débrouiller pour les comptes, j'avais pas assez d'argent sur moi pour me permettre de payer les catastrophes de la mini tornade en papier de ma copine...
Je m'approchais du comptoir et d'Aliénor également, avec un air malheureux, et je dois l'avouer beaucoup feint. Je pouvais parfaitement comprendre qu'elle ne me reconnaisse pas, j'avais déjà eu beaucoup de mal à me reconnaitre moi même....

- Ouais je sais, faut que j'aille chez le coiffeur et que je me rase... T'étais pas obligée de me le dire de cette façon !

Mon air grincheux fut vite effacé par un grand sourire. Ca me faisait plaisir de la revoir, d'autant plus après mes retrouvailles avec Virgile. Même si la dernière foi que je l'avais vu, j'avais un travail et une maison, alors que maintenant, j'allais devoir me battre pour retrouver ma forge et mon petit chez moi. Mais le fait d'avoir revu ces deux là en premier me rendait ma bonne humeur, je n'avais pas tout perdu.

Je n'osais pas dire à l'aubergiste que Virgile pouvait plier Pan en cocote pour qu'il nous fiche la paix de temps en temps. Il aurait sans doute mal pris le fait qu'on lui laisse un monstre ainsi en liberté dans son auberge alors qu'on aurait pu l'éviter... Et je ne voulais pas être banni à vie de Providence à cause d'un morceau de papier, mais là c'est Virgile qui le prendrait mal, alors je me contentait de ne rien dire et d'attendre. Il ne faut jamais se mettre entre ma copine et une négociation, c'est un truc que j'ai compris assez rapidement.
Alors je décidais de discuter un peu avec Aliénor.

- Bon maintenant que tu m'as sans doute reconnu, tu répondras peut-être à mes questions. Comment tu vas ?

Je fusille du regard cet aubergiste qui semble vouloir faire de moi la proie de ces sarcasmes et de ces plaisanteries, qu'il ne m’entraîne pas sur ce terrain où je risque de lui faire ravaler son sourire colgate! Quand j'aperçois la silhouette de Virgile, je ne peux m'empêcher de sourire, parce que la revoir me faisais trop plaisir, j'allais lui répondre mais...
Mon regard se pose sur l'homme près de moi, puis sur Virgils qui s'éloigne avec l'Aubergiste et... Et...

Non c'est pas possible... Si? Mais cela ne ce peut, il a disparut depuis quoi? Des mois et... Sans laisser d'adresse ni de trace d'ailleurs et... Et pourtant, Virgile ne pourrait être avec une autre personne que lui...

Je me redresse et plonge mon regard dans le sien et là, je le reconnais, pour le coup, la surprise doit se lire sur mon visage, car je le suis réellement. Près de la caisse où l'aubergiste fait ces comptes, je vois Virgile, je souris de nouveau avant de descendre de mon siège et d'envelopper Caël, car s'était bien lui dans une étreinte amicale. Bon sang que ça faisait du bien de le voir!

Quand je le relâche, je passe une main sur une de ces joues et je secoue la tête avant de prendre une de ces mains et de me rasseoir:

"Bon sang... Tu es bien la dernière personne que je pensais voir ici. Mais qu'est-ce que ça me fait plaisir!"

Je n'ai pas envie de parler de moi, j'esquive donc la question et m'adresse à Virgile de là où elle est:

"Virgile! Tu es sortis de ton trou toi aussi? Han mais ça fais super plaisir ça!"

Caël et Virgile... L'un ne pouvait pas aller sans l'autre s'était impossible, inimaginable... J'avais pu voir Virgile dépérir sans pouvoir faire quelque chose pour l'aider et là, elle semblait bien et rien que de voir ça me mit du baume au coeur.

"Pour te répondre ça va mais toi? Où étais-tu? Pourquoi être parti sans rien dire? Tu te rend compte de la peur qu'on a put avoir?

Oui la peur... Je tourne la tête vers Mikail et lance:

"C'est ma tournée! Vous vous joignez à nous?

Cette minuscule créâture en papier n'a pu, décemment, raisonnablement (et tout un tas d'adjectifs intelligents), avoir fait tant de dégâts qu'il le suppose. Coup d'oeil pour Pan qui a retrouvé toute sa mobilité et se cramponne à mon bras comme au tronc d'un bananier. J'ai du mal à croire qu'une boule de papier puisse me coûter cher et en même temps j'ai du mal à imaginer Pan faire autre chose que beaucoup, vraiment beaucoup, de singeries. Pour tout ça, c'est un expert.

-Le repas ... et la chambre.

L'habitude. Ne pas relever les dégâts et le préjudice moral subi par ce doux blondinet qui ne remporterait pas la palme des dogsitters. Je ne paierai pas pour Pan, il n'a qu'à mettre le singe à la plonge. Finir en tas de papier mâcher c'est tout ce que mérite cette erreur de origamique (on lirait autre chose derrière ce mot, n'est-ce pas ?).
Je lui cédais avec réticence mon badge de la banque... Il peut bien me facturer ce qu'il veut. Le principe : je suis responsable pour une bestiole irresponsable. Un murmure pour Pan pendant que l'aubergiste se paye :

-Ce soir je te fais un corps en carton rigide. Et je te leste de plomb pur...

Oreille basse, j'y verrai presque un regard larmoyant sur le papier inexpressif. Je suis ferme. Il sera puni, il est grand temps qu'un homme lui apprenne à se comporter correctement. J'espère que Caël s'est bien reposé, il lui faudra du courage pour faire de Pan un singe docile...
Car, non, je ne pensais pas à moi en traitant de discipline. J'en suis totalement incapable. C'est dans ma nature, je suis acteur pas comptable, pour une bonne raison... Pan l'a connait mieux que quiconque.

Regagnant la chaleur de mon barbu compagnon, je souris à Aliénor en laissant trainer quelques regards fuyant.

-Il est revenu c'est l'important, non !

La tournée lancée, j'attrapais Pan avant qu'il ne se jette littéralement au cou de la guérisseuse.

-Non, privé de gâteau jusqu'à nouvel ordre Peter Pan...

Le singe se débat et fini dans ma poche, fermeture zippée et le voilà pris au piège.

-Enfin un peu de calme ! Et si tu nous disais pourquoi tu es pâles comme un cachet d'aspirine, non que l'évolution capillaire d'un forgeron ne soit pas intéressante... Mais on en lit de bonnes dans les journaux sur ton compte ces derniers temps... Tu as la côte avec tout un tas de maitres, lequel as-tu mis dans ton lit pour ça ?

Le tout dit avec plaisanterie et le tact de quelqu'un pour qui la sexualité est quelque chose de tout à fait naturel... Les sentiments c'est à part. Et malgré moi, je n'imagine pas une seconde la blesser, juste l’embarrasser un peu...

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