Re: Les bons thés font les bonnes rencontres

Trinity, j'y avais fais un bref séjour touristique jusqu'à ce que l'odeur de la mer me donne mal à la tête (en réalité Carine a fait des siennes après que je me sois facilement faite avoir par un barman peu scrupuleux qui m'avait fait boire, beaucoup... Evidemment le loup et moi, on était devenu allié par la force des choses, et quand un loup a décidé d'éloigner toute forme de danger... Surtout quand ce loup a déjà goûté à la chair humaine, ça donne un risque conséquent d'être envoyé dans une cage pour un moment) Et je ne racontais pas l'anecdote à messire Mikail. Il s'était incrusté à ma table et pensait même manger avec moi. J'espère qu'il ne mettra pas ça sur ma note le bougre... Et que Carine se tiendra tranquille encore un moment. En pensant au loup, je piquais dans une tartelette qui rafraichit ma langue échaudée par le thé.

-Pourquoi j'ai repris la bibliothèque ? Parce que je ne rends de compte à personne si ce n'est à moi-même. Parce que aucun mercenaire, aventurier, chasseur de monstre ou binoclard n'aura l'idée de venir me marcher sur les pieds. Parce que c'est calme aussi.

Le serveur revint son plateau chargé de trois assiettes, il les disposa devant nous et allait emporter les précédentes pâtisseries que je n'avais pas tout à fait fini... Il laissa tombé quand je l'ai regardé de travers, comme un loup qui se sent l'envie de vous mordre alors que votre main s'est un peu trop approchée de son dîner.
Je l'ai suivi du regard alors qu'il s'éloignait en haussant les épaules.

-Cette bibliothèque contient la banque de données la plus étonnante que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui, je peux en profiter sans être congédiée à la fermeture des lieux...

J'aurais ajouté que je pouvais râler sur qui je voulais aussi, et que cela faisait un bien fou de pouvoir faire ce que l'on veut, mais j'avais déjà du citron sur la langue et un frisson me parcourue l'échine.
Hurlement intérieur d'une joie sans limite, ça ne lui réussissait pas le sucre au cabot.

-Donc si je résume, fis-je en repoussant l'assiette le temps de boire une gorgée de thé, vous viviez à Trinity, vous êtes venu ici chercher une autre vie et vous avez racheté cette bicoque. Les types que je rencontre habituellement me sortent un tas d'inepties sur la vie d'aventurier et tout ça...

Né à Trinity. Les gens d'ici n'imaginent pas leur chance d'avoir tant de choses à voir sur le pas de leur porte. Je viens d'un village coincé dans une montagne. Minuscule et sans qu'il ne s'y passe jamais rien. Aujourd'hui... Je voudrais rentrer chez moi, mais on a toujours pas trouvé de remède au syndrome du loup garou. Alors les aventuriers, ils pourraient tuer A'vogenlhil en personne que je me ficherais bien de leurs beau discours sur l'aventure et le danger.

-Vous avez opté pour un destin plus banal. Enfin, si on peut considérer banal que toute la clique la plus étrange, et pas forcément la plus gérable, vienne s'assoir devant votre bar.

Moi aussi j'en ai des trucs bizarres qui viennent dans ma bibliothèque.

L'aventure... Ce n'était pas du tout le style du nouvel aubergiste mais alors là, loin de là. Il ne se voyait pas dans ce genre d'aventure, à chercher la bagarre où a tuer une quelconque créature où personne sous prétexte qu'elle est personna non grata. Non, vraiment.... Déjà petit il détestait tout ce qui touchait à la violence et en grandissant, cela ne s'était pas arranger, au grand désespoir de son père qui aurait voulu qu'il devienne autre chose que cuisiner et qui disait parfois que s'était un massacre de voir que ces mains si habile en cuisine n'était pas capable de tenir une épée où une arme digne de ce nom.

"Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours détester les quêtes et aventures qui mène vers l'inconnu. Il y a déjà beaucoup à voir autour de sois sans devoir chercher continuellement à aller toujours plus loin."

C'était une chose qu'il avait un peu de mal à comprendre, pourtant, il écoutait les récits des voyageurs où des gens qui partaient en quête et qui passait par Trinity, mais jamais il n'avait eu envie de délaisser ces casseroles et ces fourneaux pour ce mêler à eux.

"Dans ma cuisine, je suis le chef, c'est moi qui décide, c'est moi qui commande. Je n'ai d'ordres à recevoir de personne et si quelque chose ne plait pas, le client n'a qu'a évacué. Je ne force pas à venir mangé ici, c'est leur choix mais une fois entrer, ils doivent se plier à mes règles. Trop de personnes s'estime au-dessus de tout et de tout le monde."

Les règles de l'Auberge... Simple et pas difficile à retenir, qui casse paie, toutes les conversations ne sont pas liés au secret, à chacun de se modérer et la maison est en aucune façon responsable des dommages collatéraux. Manquerait plus que ça tiens.
Remerciant le serveur qui apporta une tasse de café et les trois assiettes de fondant, l'aubergiste en déposa deux devant la nouvelle bibliothécaire:

"Il va de soit que pour avoir servit de "testeur", les pâtisseries vous sont offerte par la maison."

C'était bon à signaler non?

"Je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter la bibliothèque, peut être que si vous avez une section cuisine et arts culinaires, je viendrai sans quoi, c'est surement pas moi qui viendrait pour prendre quêtes et missions, mais j'espère vous revoir ici, pour dîner où déjeuner, j'ai refondu les cartes et les menus sont en cours d'élaboration, mais je serai ravis de vous avoir de nouveau à une de mes tables."

Un léger sourire se dessine sur les lèvres de l'aubergiste qui pique et porte à ces lèvres un morceau de fondant au chocolat avant de demander:

"Si moi je suis de Trinity, vous, d'où êtes vous? De l'Entre Monde où d'ailleurs?"

Être au dessus de tout le monde ça a du bon. Il a tort de ne pas aimer le pouvoir, c'est gratifiant quand on est là haut de se dire qu'on marche sur des tapis moelleux quand en bas des gens rament dans leurs propres excréments !
Mais en fin de compte je suis d'accord avec lui. Avoir un titre ne signifie pas qu'on peut se sentir intouchable. L'impunité ne devrait pas exister. Si on ne peut se construire une notion de fraternité autant penser au respect pour commencer.

-Je suis le chef à la bibliothèque mais je n'ai personne à virer. Alors vous devriez en profiter...

Sourire. Le loup heureux, j'étais heureuse aussi. J'avais du chocolat au coin de la lèvre je l'essuyais sans façon du revers de la main. Je n'allais pas faire ma mijorée et y aller à l'ongle. De toute façon mes ongles sont courts surtout depuis que Carine est là... J'avais tendance à me les enfoncer dans le bras pour le calmer.
Après de nombreuses cicatrices et bandages du meilleur effet... Je les ai coupé et j'ai cherché d'autres méthodes. Des fois je lui fais la lecture, et comme il comprend ce que je lis puisque nous avons accès aux pensées l'un de l'autre : le bonheur d'être dans la même tête, ce fut une aventure fantastique quand il découvrit l'histoire de Peau d'Âne, ou du petit chaperon rouge. Quand les méchants gagnent, il a tendance à proposer la seule solution cohérente : on bouffe tout et on s'accapart les femelles...

-hum d'où ? Heu. De loin. Je suis née dans ce monde, mais dans un coin paumé que je serais bien incapable de vous le ressituez sur une carte.

Vrai et faux. Je sais exactement où est Varvandel, sauf qu'Entre-Monde ne possède pas de carte permettant de le situer physiquement sur le papier. Mais en terme de kilomètres je dirais 465 km vers l'Est-nord-est quand on a passé le col près de Main'l... Sauf que ça, je le garde pour moi. L'autre Loup a été clair sur ce point : Motus et bouche cousue. Ou je finis en pâtée pour loup affâmé.

Revenons au blondinet. Oeillade. Sourire. Il me drague !
C'était venu si soudainement que je faillis laisser Carine se déchainer.
Il est possessif l'animal.

-Arrêtez de me draguer. Je vous le dis, je n'aime personne. Ce n'est pas pour rien que je suis bibliothécaire et pas pompom girl. Ma petit fourchette tendue sous son nez. Vous êtes mignon. Mais s'il y a une fille qu'il ne faut pas approcher dans cette ville elle est devant vous. Le but du jeu est qu'on s'entende sans que vous ne fassiez grincer des canines mon loup intérieur. De là, je pourrais revenir manger vos douceurs sans avoir envie de vous arracher la tête. D'accord ? Concluais-je d'un fantastique sourire dévoilant un peu trop mes canines.

Ou sinon tu te les manges tes pâtisseries... C'est toujours mieux un masque au citron qu'une morsure mal placée, non ?

Pour le coup, Mikail haussa un sourcil alors qu'elle tenait son discours la fourchette sous son nez. Il hésita quelques secondes, à savoir entre être faussement navré par cette réaction, elle ne devait surement pas savoir ce qu'elle ratait, où bien rire devant cet éclat passablement... Effrayant? Non pas trop, si en fait quand elle dévoila ces canines.
Poussant un soupir, genre les soupirs mélo-dramatique des dragueurs venant de se manger un rateau, l'aubergiste prit sa tasse de café qu'il porta à ces lèvres avant de la reposer. Il inspecta plus, disons, en détail cette jeune personne face a elle. Dire qu'elle était intriguante était un fait... C'était possible ça d'aimer personne?

"Cela tombe bien, j'ai un peu de mal à vous imaginez pompom girl."

Carrément même, pas la carrure, ni la préstence d'une de ces filles se trémoussant pour encourager. Une fille qu'il ne faut pas approcher, savait-elle qu'ainsi, il était titillé et que son orgueil de mâle en puissance allait tout faire pour le contraire? Après tout, de l'amitié à l'amour parfois le fossé est pas bien grand entre deux personnes.
Il en avait vu des créatures, des personnes avec des particularités qui n'appartenaient qu'à elle et jusqu'à présent, mise à part cet homme à la tête de minotaure qu'il avait croisé à Trinity il y a quelques mois, il n'en avait pas été effrayé.
Son loup intérieur... Mikail était peut être blond, mais pas totalement stupide non plus, il savait très bien que 1+1 ne faisait pas 11 , tout en plongeant ces yeux dans les siens, il reprit, le plus calmement du monde:

"Laissez moi deviner... Loup-garou?"

Il avait plus murmurer ces mots que prononcer à voix haute, évitant ainsi les regards des autres clients. Valait ieux faire attention sur certaines choses et sur certaines paroles. D'un geste du doigt, l'aubergiste éloigna la fourchette de devant son nez:

"Et puis d'abord, qui vous dis que je vous drague? Ne peut on pas être juste plaisant pour une dame?Si cela vous déplais, je peux me comporter tel un mufle, cela est tout aussi dans mes cordes."

Moi aussi j'ai toujours eu du mal avec les pompom girl... Elles crient, lèvent les bras assez haut pour voir l'épilation récente et forcément douloureuses, sans compter les jambes qui révèlent souvent des sous-vêtements assez affreux pour attiser les fantasmes masculins.
Oui. Je suis de la ligue anti-pompom-girl.

-Loup-garou. Enfin, un genre de loup-garou, mais rien de bien traditionnel.

Je ne me transforme pas à la pleine lune. Je ne contamine personne et je ne bouffe personne non plus. Mon seul point commun avec les vrais loup-garou c'est la cohabitation avec un loup agressif et ayant déjà goûté à la chair humain à l'intérieur de ma tête.

-Et rien de méchant, mentis-je sans scrupule.

Il m'apprend la chasse.
Je lui apprends à lire. Et un jour j'irais dans un cirque et je serais le premier loup à lire, écrire et m'orienter avec une boussole.
Carine n'apprécie pas la comparaison à un élevage de puces, je le sens froid et amer au fond de mon regard. Il observe l'aubergiste. Un parfum sucré sous le nez, il reconnaitrait cette odeur dans le noir au beau milieu d'une crèmerie spécialisée dans le vieux camembert.
Ma main tremble, j'ai lâché la fourchette. Carine perd patience et tout le sucre que j'ai ingéré ne m'aide plus.

-Faites-le à d'autres, messire... Mais, passons, vous avez d'autres pâtisseries à me faire goûter ?

Un léger sourire pour répondre à sa mauvaise foi.

-C'est toujours offert par la maison ?

Spoiler:

"Qu'est-ce qui est traditionnel à Entre Monde? Toutes les personnes sont différentes, qui sait réellement ce que je suis."

L'aubergiste observa d'un oeil différent la jeune femme face à lui, des créatures et des personnes plus où moins étranges, il en avait vu passé, tout comme il avait appris à ce défendre au besoin, et pas seulement avec sa poèle où sa casserole, pourtant, là, il ne sentait pas de danger particulier, si ce n'est cette agressivité. A mettre sur le compte du loup en elle? Allez savoir.

"D'autres pâtisseries? Et bien il y a les tartes et le millefeuille au trois chocolat que j'ai fait. Il y a aussi le fraisier et l'abricotier."

Et c'était à peut prêt tout, Mikail fit un nouveau signe d ela main que compris le serveur qui disparut en cuisine. Puis il posa un coude sur la table avant de reprendre:

"Toujours, quand je dis quelque chose, je m'y tiens. Par contre, je ne serai pas contre une critique de ce que vous goûtez si cela ne vous dérange pas."

Autant savoir ce qu'elle en pensait et sa franchise dans ce cas là, allait être très utile. Le serveur revint avec un plateau sur lequel reposait d'autres pâtisseries qu'il posa sur la table:

"Merci. Vous parliez d'une zone que vous ne seriez pas capable de repérer sur une carte, le seul endroit que je connais et qui n'est pas encore encarté c'est la Zone Inconnu, est-ce de là d'où vous nous venez?"

Il était curieux, il le savait, mais il y avait quelque chose qui l'attirait chez cette jeune femme, et c'était pour une fois bien au-delà de la simple drague dont il était habitué. Sa façon d'être lui plaisait tout comme sa franchise, chose qui n'était pas si courant.

"J'adore votre franchise."

-Tu sens l'humain. Enfin, pour être exact je ne sens rien d'autre, pas de cuir, pas d'amertume, par de chlorophile ni autre mets singulier. Alors j'ai une chance sur deux de me tromper en disant que tu es humain.

Les anges sentent comme un cygne sorti de l'eau clair, les dieux ont une odeur fraiche et suave... Les odeurs ne trompent jamais. Les fées vous chatouillent le nez pour celles qui possèdent des ailes, les autres porte sur elle, malgré elles même, une brève et délicate odeur de rosée, de fleur coupée. Tout le monde sent quelque chose, tout le monde sauf les fantômes et les esprits. Ceux là èrent dans une sphère inconnu de l'odorat du loup mais pour le reste du monde je me fis à Carine.

-Ou tu es un esprit...

Pâtisserie. Pâtisserie... Une critique. Je le regardais sans trop comprendre, je lui avais déjà dis que j'aimais et pour information je suis loin d'être une critique culinaire. Mais vu que la maison est généreuse, je veux bien tenter le coup.
Le loup gronde. J'ai passé l'épate du "tu" sans m'en rendre compte et ce soudain excèse de familiarité le rend morose.

-Le fondant au chocolat est très bon, quoique trop sucré. Le citron est acide mais je suppose que c'est le but du jeu, enfin un peu plus de sucre dans celui là serait pas trop demandé pour les petites natures dans mon genre. Je n'aime pas trop les abricots mais je veux bien goûter le reste !

Le serveur revenait son plateau chargé de petites assiettes et de tout plein de choses qui attirèrent l'odorat de fin limier d'un loup qu'il était vraiment trop facile de distraire. Je portais ma tasse à mes lèvres et je me rinçais les dents avec le thé. On ne mélange pas les saveurs, leçon 1 d'un goûteur non-confirmé. J'aurais bientôt mon brevet !

-Je n'ai pas dis que je venais d'une zone non cartographiée, mais d'un endroit trop paumé pour que je le désigne sur une carte.

Interdiction de révéler que je viens de la zone inconnue. Ça c'est la règle 0, 1 et toutes les suivantes si je veux rester en vie.

-Partage donc ta tête avec un loup non domestiqué et toi aussi tu seras franc !

Je ne préciserai pas que je l'étais avant ma malencontreuse rencontre avec ce loup.

-Tu n'es pas gêné parce que tu te montres cavalier mais parce que je me sens draguée. Tu es un minimum orgueilleux et tu n'es pas en couple. Pas de Madame Mikail. Tu n'as pas de poils ni d'écailles sur ton veston, je dirais que tu vis seul, même pas un animal domestique. Toi aussi tu es un loup, qui s'accomode de la ville.

Je préférai qu'il sache comment je le concevais lui. C'est un pan obscure de la franchise que de permettre à son vis à vis d'avoir vu sur vos impressions...

Pour le coup, il ne trouva rien à redire sur les derniers mots de sa compagne d'un instant. Très peu de femme pouvait se vanter d'être aussi directe et aussi franche, il se fit la réflexion qu'en effet, sa condition devait aidé à ce trait de sa personnalité.
Pourtant, l'aubergiste ne fit pas l'étonné, il garda pour lui ce qu'il pensait réellement et fit un sourire, tout en enlevant ces lunettes, ce qu'il faisait rarement. La lumière le gêna quelque peu et il cligna les yeux, histoire de s'habitué.
Il passa d'ailleurs une de ces main devant son visage, remercia tout en le faisant le serveur qui déposait le plat et d'un signe de la main le fit décamper.

"Tout ce qu'il y a de plus humain. Sans pouvoir autre que celui de cuisiner, sans arme si ce n'est ma casserole, ça je peux sans problème en frapper plus d'un avec, ça m'a déjà servis pas mal de fois quand je servais à Trinity. Mes ambitions, faire de ce lieu un endroit aussi accueillant et chaleureux que possible pour tout habitant de l'Entre Monde et vu le quartier, ça fera pas de mal."

Il prit note des remarques et ce promis de voir à baissé le taux de sucre du fondant au chocolat et de voir à réduire l'amertume de celui au citron, un bruit dans la salle le fit redresser la tête, un des clients étaient sortis à grand renfort de bras par deux de ces employés les plus costaud. Et oui, ainsi va la vie d'une auberge, entre ceux qui font pilier de bar et ce qui reste discret.

"Et tu te goure, j'ai un hamster prénommé Hamtaro, mais t'as raison y a pas de Mme Toma et pour le moment, c'est pas au programme. Quand a être orgueilleux ça..."

Il haussa les épaules et planta son regard dans celui d'Eva tout en reprenant:

"Sur tes gardes, tu manques pas d'intelligence, cela ce voit dans tes yeux, tu as l'air impatiente aussi, une personne qui à mon humble avis, mérite d'être connu. Et j'dis pas ça à n'importe qui."

Pour peu, Mikail n'était pas du genre a chercher les amitiés où à fraterniser avec les gens. Il les laissait venir vers lui, il les laissait montrer ce qu'il valait et ensuite, il jugeait si ils pourraient lui apporter quelque chose, où non.
Sans pour autant être asocial, ce qui aurait été franchement ironique vu son métier, l'aubergiste n'est pas non plus du genre à chercher le copinage, surtout avec la gente féminine qui pouvait être si... Il se garda bien de continuer à penser dans ce sens et piqua dans un morceau de tarte à la mélasse qui venait d'être apporter, celle-ci ne figurait pas dans le menu, s'était sa petite consommation perso.

"Ton loup t'en fait pas trop bavé de ce changement d’environnement?"

Curieux... Oui, il l'était...

J'éclatais de rire. En même temps que Carine savourait le goût explosif qui envoyait des ondes de plaisirs à ma pauvre tête, nous partagions une bonne humeur soudaine, une joie sans aucune limite. Les animaux ne font rien dans la demi-mesure. Et lui il était heureux au comble de la joie, alors j'étais heureuse. Partager sa tête avec une bestiole, c'est une plaie.
Je retins le rire d'un revers de la mains, posé contre mes lèvres.

-Ça c'était de l'égo !

J'étais ravie, qu'il ait mordu à l'hameçon si facilement, qu'il soit si facile à déchiffrer, qu'il soit si simple.

-Authentique et charmant.

Je baissais les yeux sur ce que j'avalais.

-Je dis ça pour le dessert.

Je calmais un dernier assaut de joie en expirant les yeux fermés. Carine avait oublié l'humain, il se concentrait sur ce qu'il pouvait happer de ma mémoire. Une créature diablement intelligente qui avait tout de suite intégrer la différence de capacité et d'arbitrage en étant enfermé dans la conscience d'un être humain.

-Je ne suis pas sur mes gardes, je n'aime pas les gens. Je l'ai déjà dis. Et Carine, le loup, les aiment encore moins. Partager sa tête avec une bête c'est partager ses humeurs et les miennes. Il est agressif, ça déteint sur moi.

Un petit air de tristesse passa sur un iris qui se détachait l'espace d'une seconde de l'assemblage contre-nature d'une Varvandel et d'un loup.

-Avant j'étais différente. Aujourd'hui j'agis comme un animal. Vois-tu je ne goûtes pas tes pâtisseries juste pour le plaisir, mais parce que le loup ne se maitrise que de deux façon, le distraire ou le tuer. Le sucre est une bonne distraction.

Je repoussais les assiettes, le thé. Je n'en pouvais plus et les endorphines n'agissaient plus si bien que ça sur le loup. Mon ouïe intérieure résonnait du grondement régulier de l'animal. Je comprenais qu'aux yeux du loup j'étais sa femelle, une dominante forcément car il ne pouvait lutter contre moi et à l'inverse je ne pouvais lutter contre lui. Alors qu'il comprenait mon stratagème pour le civiliser le temps d'une pause déjeuner, son regard traversait le miens, il dardait sur le cuisinier deux prunelles fixent, il n'évaluait pas qui aurait le dessus, il calculais simplement qui d'eux deux serait le plus fort. Lui, forcément, il n'y avait pas d'autre solution possible dans son esprit. Il dominerait.

-La bête est une plaie. L'humanité est une plaie. Pour s'entendre l'un de nous doit se débarasser de son essence élémentaire. Il n'abandonnera jamais son instinct, je n'abandonnerai jamais ma raison.

Combat philosphique entre le bipède et le quadrupède...

Le sucre est une bonne distraction, ces paroles laisse Mikail quelque peu, déstabilisé? Non, il lui en fallait tout de même plus, non, surpris d'entendre ces mots de la part d'une jeune femme si jeune et semblant déjà ce faire une idée très particulière sur le monde qui l'entoure.
L'humanité est une plaie, Mikail n'était pas tellement d'accord avec ça mais bon, il se garda bien de le dire, cela ne servirait pas à grand chose. Il ne pouvait se mettre à sa place, il ne pouvait imaginer comment elle vivait donc...
Les points de vues des gens, faut les respecter, c'est ainsi qu'on gagne leur respect, du moment où eux aussi respecte votre point de vue.

Ne pas aimer les gens... Parfois s'était pas compliquer, les différentes espèces pouvaient être tellement imbu d'elles même que Mikail en était parfois dégoutté. Mais à côté de cela, il y avait toujours des exceptions qui venaient bousculés vos préjugés et vos points de vue. Il l'avait connu ça, d'où le fait qu'à présent, il attendait de ce faire sa propre idée avant de cataloguer les personnes. Ce n'était pas en les voyant une seule fois que les avis étaient posés et le contexte de la rencontre jouait pas mal aussi.

Pourtant, malgré tout, l'aubergiste développa une sorte de respect pour la demoiselle en face de lui. Un respect d'avoir le courage de vivre comme elle le faisait et puis un respect d'être aussi franche.

Remettant ces lunettes sur le bout de son nez, voilant ainsi son regard de nouveau, Mikail se redressa.

"C'est une recette de ma grand mère..."

Il désigna l'assiette vide et secoua la tête comme amusé:

"Je serai ravi de t' accueillir de nouveau dans ces lieux. En attendant, tout est cadeau maison, pour avoir bien voulu goûter à tout cela."

Levant la main, il désigna le bar:

"Faut que j'aille bosser, la pause est terminée, passe me voir quand tu veux, tu auras toujours ici de quoi le satisfaire."

Ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil, l'aubergiste salua Eva d'un mouvement de la tête, avant de se diriger vers le comptoir où deux clients attendaient d'être servis...