Visite d'un prisonnier

L'italien nous avait littéralement mis dehors, en nous poussant vers la sortie avec des injonctions nous interdisant de remettre les pieds chez lui tant que son labo serait pas de nouveau opérationnel. Marché noir ou pas, il avait une entreprise (il) légale à remettre sur pieds. De nouveau dans la foule des gens qui piétinaient entre les étales et devant les quelques enseignes défraichies, j'ai expiré le soupir le plus long d'histoire d'androide.

-Y a plus qu'à aller à la Caserne alors.

J'ai fouillé dans mon manteau pour y trouver insigne, le miroir refléta le soleil et attira l'attention de quelques passants qui s'écartèrent instinctivement dans l'ombre de la ruelle. Je posais une main sur l'épaule de Swing et avant que la porte de téléportation de la caserne n'apparaisse je lui dis :

-Faut arrêter de me sauter dessus dès qu'on ose dire que... enfin, tu sais, que tu-sais-quoi serait peut-être déjà à la casse, le prend pas mal, je t'aime bien mais les gens vont se poser des questions.

Un large sourire, je lui tapais dans le dos quand la porte s'ouvrit devant nous, donnant directement accès à l'intérieur d'un couloir de la caserne. Un pas derrière lui, je suis entré pour retrouver ma maison.
Enfin, la résidence préférée d'une partie de la population criminelle de l'Entre-Monde, et le domicile de la moitié des sanctuaris.

-Bienvenue à la Caserne. J'espère que c'est la première fois que t'y mets les pattes !

C'était une fausse reproche. Des gens y venaient tous les jours pour tout et n'importe quoi. Même le patron, qui ne bosse que quand Stern fait grève, est là tous les jours... À se demander s'il ne souhaite pas créer un club de randonneur in-domus.
Un collègue passa, il avait un visage inexpressif. Dû au fait qu'il avait la forme d'un nez mais pas de narines, la forme de lèvres mais pas de bouches et le creux d'orbites oculaires mais pas d'yeux. En fait, il avait six yeux verticaux agripé à des appendices -ou des cornes- qui pendaient de son front commes les mèches d'un personnage de bande dessinée... Le sanctuaris le plus moche que je connaisse ! Mais il bossait surtout sous la surface au fond des galeries des Fumeroles là bas, personne pour voir sa tête, c'est mieux comme ça.
Il nous salua en passant d'un hochement de tête, ses yeux s'accrochant à l'image de Swing qui m'accompagnait.

-On est dans un couloir du bâtiment est, les cellules sont pas loin.

On a marché quelques minutes jusqu'à trouver le gêolier. Le secrétaire en charge de noter les visiteurs des gens en incarcération préventive en attendant que le maitre du miroir concerné ouvre un procès ou qu'il envoie un juge délégué pour le... enfin, les paperasseries habituelles. Le gratte-papier nous regarda tour à tour, ses yeux allant de Swing à moi. De moi à Swing.

-Formulaire de dépôt...
-Ah non non, aujourd'hui on vient voir quelqu'un. T'as pas un Alberto dans tes papiers ?
-Si j'ai un Alberto. Cellule 3. Signe ici.

Il m'a montré un formulaire. J'ai indiqué à Swing de signer.

-Si tu ne signes pas, tu n'entres pas.
-Aller, ça va faire tâche dans mon dossier si je viens rendre visite à des bagnards que j'ai pas arrêté.
-Signe ou...
-C'est bon, je signe !

J'ai pris un stylo pour griffonner à le graver sur le bureau une signature digne d'un androide : mon code de référence.

En deux temps trois mouvements, Swing et Septembre se retrouvèrent dans la fameuse Caserne des Sanctuaris. Vraiment pratique ces portes de téléportation, avec ça pas besoins de paniers à salade ou autre véhicule lourds et difficilement manœuvrable, surtout dans des petites rues bondées comme dans le Marché Noir, pour emmener des suspect directement en prison. Avant d'entrer dans la fameuse porte que venait de faire apparaître l'androïde, ce dernier prévint le vagabond à propos de son étrange habitude à sauter au col des gens parlant de son moyen de transport, histoire de ne pas faire jaser les commères. Swing souhaita donc clarifier la situation en s'excusant :

- Désolé, mais quand on parle de ma Mobylette en terme négatif, j'ai tendance à ne pas contrôler mais émotions. Comme dit un proverbe de Globulis III : "Si tu tiens à ta seconde vie, ne dit jamais à un Vagabond de l'Espace que tu lui crasher son vaisseau."

Quels gens charmants les habitant de Globulis, un poil susceptible quand on leur demande où se trouve la bouche sur leur globe oculaire qui leur sert de tête, mais dans le fond, très sympa. D'une tape dans le dos, Sept envoya Swing à travers la porte directement dans la Caserne, arrivant dans un couloir plutôt gigantesque, sûrement pour permettre à des spécimens très grands de pouvoirs s'y déplacer. Le Vagabond se montra si émerveillé de découvrir une pièce aussi spacieuse qu'il mit quelques temps avant de cesser de l'admirer pour répondre à l'avertissement de l'être mécanique :

- Ne t'en fais pas, je n'ai jamais été arrêté, par les Sanctuaris tout du moins.

En effet, une ou deux fois, au début de l'après fermeture des miroirs, Swing avait eut à faire à quelques milices pleines de zèle, mais rien d'aussi officiel que les Sanctuaris. Soudain un collègue de l'androïde croisa les deux hommes. Un être dont les yeux étaient concentré en mèches de cheveux cachant en parti un visage sans orifice les salua. Poliment, le Vagabond le salua en retour avant de demander à Sept :

- Dis-moi, vous n'avez jamais pensé à faire des parcours de golf dans vos couloirs ? Ça serait génial !

Au bout de quelques minutes de marche, le duo arriva devant un geôlier. Il fit signer des papier à Swing et à Septembre avant de les conduire à la Cellule 3 où se trouvait le fameux Alberto. Il s'agissait d'un homme plutôt grand pour un terrien, même recroquevillé sur la seule chaise de sa cellule. Il coiffait sa longue barbe brune avec grand soin, ne regardant même pas s'il avait des invités, du moins juqu'à ce que le Vagabond ne dise :

- Excusez-moi, monsieur Alberto du labo Magliani de Magna?

Un parcour de golf dans les couloirs ? Je bloquais entre l'intérêt et le fun de la chose. Ce serait drôle, ça occuperait le patron pour quand il se ballade en fuyant Stern comme la peste, mais ce serait encombrant quand même, on est là pour travailler pas pour jouer au golf. Et les prisonniers auront trop l'impression d'être en station balnéaire, ils seraient capable de demander un SPA dans la prison.

-Je suis pas sûr que le golf soit une si bonne idée que ça, marmonnais-je peu avant qu'on arrive devant Alberto.

Il leva les yeux sur nous, nous toisa un instant. Ses yeux étaient tellement plissés que ses rides semblaient encore plus profondes autour de ses yeux, ça lui donnait l'air d'un char pei (vous savez, ces chiens qui naissent avec leur peau d'adulte). Il allait prononcer un quelque chose de visiblement pas agréable... Mais, il était en prison, pas nous, il voulait sortir, nous on voulait forcément quelque chose de lui, le calcule était vite fais.

Je lui montrais le paquet remis par Magliani. la brioche sentait bon le pain chaud et le reste du paquet attira encore plus son regard. Il passa de moi à la brioche, de la brioche à Swing.

-'êtes là pour quoi ?

Il se leva pour tendre les bras vers mon paquet, je le gardais sous le bras... Il l'aura quand le service l'aura vérifié, je connais assez bien Magliani pour ne pas donner n'importe quoi venant de lui, ce n'est pas pour rien qu'il vit au marché noir et pas ailleurs dans Magna !
En pensant à un agent, un homme vint me tapoter l'épaule pour que je lui remette le torchon et ce qu'il contenait. Je lui laissais sans résister. En revenant à Alberto, je remarquais qu'il ne plissait plus les yeux, et pourtant il paraissait toujours aussi... enfin, Alberto quoi.

-On cherche une Mobylette de l'espace qu'il a perdu. T'aurais pas eu ça entre les mains dans ton labo ?

-Une mobylette de quoi ?

-Une mob' avec des réacteurs et des décorations peu courantes.

-Tu veux parler de la machine à moitié crashé qu'on a récupéré dans l'Arcos y a deux ans ! Elle était dans un sale état la pauvre ! Et cet engin, fichue mécanique si tu vois s'que j'veux dire ! Elle a toujours refusé de fonctionner et quand on l'approchait pour voir ce qu'elle avait dans le ventre, crashée ou pas, elle était plus réticente qu'une femme. Magliani t'as pas dit qu'on l'avait rangé au placard, au cas ou ?

-Non, il nous a dit ne pas s'en souvenir et que c'est toi qui t'occupait de ce genre de trucs.

-Ouai, lui c'est plutôt la robotique et les nanotechnologies, comme toi.

On avait eu notre réponse, si elle était au placard, cela signifiait qu'elle n'était pas dans le labo de Magliani pendant la saisie. Bonne nouvelle, on aura pas à convaincre Tchen de nous rendre l'objet... Mauvaise nouvelle, le placard était la réserve secrète du laboratoire, matériels et matières, ils y stockaient tout ce qui pouvait l'être "au cas où".

-Il était où dernièrement votre placard ?

Il haussa les épaules. C'était mal parti...

Attentif comme un intello lors d'un cours de maths, Swing buvait les paroles d'Alberto quand ce dernier fut interrogé par Sept. Le début fut plus qu'encourager jusqu'à environ le mot Arcos. En effet, le nom du fleuve rappela quelque chose au Vagabond. Il y a quelques années, il avait suivit une piste qui l'avait mené chez un Orc des rivières. Un être fort sympathique et amphibie qui raclait le fond de l'Arcos pour récupérer des objets et les revendre au marché Noir. Apparemment, le récit et les dates du prisonnier concordaient avec celles qu'il avait eut à l'époque, ce qui n'était pas une bonne nouvelle :

- Dites-moi Monsieur Alberto. Déclara le golfeur. La mob' que vous avez récupéré à cette époque, ce ne serait pas un certain Granit qui l'aurait repêché par hasard ?

- Yep, un gros Orc tout bleu avec une haleine de poisson pourri. Le gars a beau être un idiot, il a négocier dur pour qu'on lui achète l'engin. Si j'avais su qu'elle ne marcherait pas j'aurais jamais permit à Magliani de l'acheter à un tel prix.

Voilà qui tombait vraiment mal. En effet, la mobylette qui avait été récupérée dans l'Arcos n'était pas celle de Swing. A l'époque, l'un des contact du Vagabond l'avait mit en relation avec Granit, ce dernier cherchant à vendre une mobylette munie de réacteurs. Seulement, quand le golfeur vint voir la machine, il eut la désagréable surprise de découvrir que ce n'était pas la sienne, mais sûrement celle d'un de ses congénère. Par solidarité avec le Vagabond qui avait perdu l'engin repêché, Swing aurait aimé l'acheter, mais le prix demandé était beaucoup trop élevé. Et oui, même s'ils sont des solitaires, les Vagabonds de l'Espace s'entraident toujours. La mort dans l'âme, Swing avait dû laisser la mobylette à l'Orc. Il fallait maintenant mettre Sept au courant :

- Malheureusement, il ne s'agit pas de la bonne mobylette spatiale. Mais elle doit appartenir à un de mes congénères qui serait sûrement très reconnaissant de savoir qu'un Vagabond de l'Espace prend soin de son véhicule.

Swing se tourna ensuite vers Alberto qui ne semblait pas avoir de détails sur un fameux placard secret du laboratoire de Magliani. Il dit alors :

- Et si on utilisait un Renifleur, il pourrait nous conduire au placard ?

- Si vous pouvez avoir l'ADN d'un type qui va souvent dans le placard, ça peut marcher. Mais, comme la femme qui plaira à ma mère, les Renifleurs sont très rares dans l'enceinte d'Entre-Monde. A moins de tenter de vous aventurer à Fumeroles, vous avez autant de chance d'en trouver que votre mob'.

- Merci beaucoup monsieur.

Swing se tourna alors vers l'androïde et lui demanda solennellement :

- Ça te dirais qu'on aille faire un tour à Fumerolles, même si ce n'est plus pour ma mobylette ? A moins que tu es quelque chose d'autre à faire, dans ce cas tu n'auras qu'à me ramené à Entre-Monde et je continuerai seul.

Renifleur. Tiens ça me dit quelque chose ça... J'ai suivi la conversation, entre l'autre, sa brioche et Swing. Espoirs déçus, nous étions venus ici pour rien, enfin presque, ravivé d'un nouvel éclat, le golfeur venait de se mettre une nouvelle idée en tête.
Donc ce n'est pas sa mobylette que Maglini et Alberto ont récupéré, donc c'est celle d'un autre... Et à présent, malgré l'absence toujours évidente de celle de Swing, on allait devoir flairer la piste de la mobylette d'un autre : un fieffé inconnu d'ailleurs.

Mes circuits chauffaient. Je suis un robot, je ressemble à un humain, mais j'ai parfois du mal à assimiler les incohérence, l'informatique s'adapte difficilement aux circonvolutions si bizarres et sans fondements des cerveaux organiques. En traduit ça donne : Il me prend pour un pigeon ou il se prend pour une gondole ? Chercher la mobylette d'un autre, trouver un renifleur, trouver le placard, en espérant que Alberto ne préviendra pas Maglini au dernier moment, ce dernier pourrait très bien tout déplacer avant qu'on le trouve et installer de jolies barrières technologiques dont il a le secret.
J'ai haussé un sourcil. Puis deux sourcils. Mes iris s'éteignirent après ce court moment d'analyse.

-Si tu sais où trouver un renifleur, tu sauras te débrouiller sans moi pour trouver le placard.

Bah oui, j'allais pas courir après la mobylette d'un autre inconnu, courir après une d'un presque-inconnu c'est déjà suffisant et il était sûrement temps que je retourner travailler avant que le patron ne me sucre ma dernière prime.

-Allons trouver la bébête. Merci Alberto !
-Merci à toi Sept, elle est bonne cette brioche !
-C'est ça. Sort d'ici sans prévenir et je te reniflerais jusqu'à t'y remettre, clair ?

Il a sourit. Alberto qui sourit c'était pas très beau à voir, mais on s'y fait bien vite. J'ai vissé mes mains dans mes poches et en passant devant le gêolier, je me suis tourné vers le golfeur.

-Aux fumeroles alors. Tu sais ce que c'est un renifleur, toi ?

[désolé c'est pas très long. Mais c'est ça ou t'attend un mois avant d'avoir une réponse T_T]

Plus le temps passait et plus la quête de Swing se compliquait. Mais il avait l'habitude de ce genre de chose. Après avoir passé dix ans à explorer les fausses, il commençait à avoir l'habitude des chemins retords que pouvait prendre son enquête. Cependant, il restait toujours très motivés et savait que son congénère qui avait perdu sa mobylette devait l'être autant que lui. Les Vagabonds de l'Espace étaient quasiment tous attachés à leur véhicule comme à un membre de leur famille. Qui sait ? Peut être que le Vagabond à qui appartenait la mobylette était en possession celle du golfeur ? En tout cas, Septembre, semblait commencer à en être perturbé. D'ailleurs, l'androïde dit que le Vagabond n'avait plus besoin de lui s'il savait où trouver un renifleur, ce qui était vrai. Tranquillement, Swing répondit alors :

- Tu as raison, je ne vais pas t'embêter plus longtemps. Après tout, tu as des lois à faire respecter.

Après une petite discussion entre Sept et Alberto à propos de la nourriture offerte à ce dernier, le duo quitta les couloirs de la prison pour revenir là où ils étaient arrivés. Un endroit décidément idéal pour faire un terrain de golf. Finalement, l'être mécanique se tourna vers le Vagabond et lui demanda s'il savait ce qu'était un Renifleur. Avec un léger sourire, Swing déclara :

- J'en ai croisé un une fois. Ne t'en fait pas je m'en sortirai.

Soudain, un portail de téléportation apparu devant le jeune Vagabond. Sûrement l'œuvre de l'androïde. Swing se dirigea vers lui et dit avant de partir :

- Merci beaucoup de ton aide Septembre. Si un jour tu as besoin de quelque chose comme une ristourne pour appareillé sur le Fenrir, fais-moi signe.

[Désolé à mon tour d'avoir mit autant de temps à répondre et de mettre fin au topic comme ça^^'. Ce fut sympa de Rp avec toi, n'hésite pas à m'envoyer un MP si tu veux recommencer^^]