Need a medic ?

Médecin vétérinaire spécialisé, ça devait en jeter sur un CV. Mais au moins j’étais sûr qu’elle ne me donnerait pas un effet secondaire détestable comme aurait pu le faire la guérisseuse par défaut de connaissances. Mais elle ne pouvait pas tout savoir non plus.

*Bonjour, je suis Ivana, je suis un médecin vétérinaire spécialisé dans les créatures comme vous êtes. Je vais vous demandez d'ôter votre chemise pour que je puisse vous soigner.*

*Je vais l’enlever si ça vous arrange.*

Enlever mon haut… Hmmm, ça risquait d’être sympa maintenant que je n’étais plus dans l’action. Je me redressais et enlevais d’abord mes gants, montant jusqu’au bras, dévoilant encore plus mes mains aux articulations écailleuses. De toute façon, j’allais devoir jeter tous ces vêtements, ils étaient tous déchirés… Les gants, pas de soucis, mais quand je plaçais mes mains en bas de mon haut et commençais à le remonter pour l’enlever, mon dos exprimait son désaccord par une vive douleur. Un rictus s’affichait instantanément sur mon visage, accompagné d’un léger grognement puis je baissais mes mains, remettant mon haut à sa place initiale.

*Seconde option dans ce cas.*

Ma voix trahissait la douleur que me causait cette blessure dans le dos.
Si je gardais les bras droits, ça ne devrait pas me raviver la douleur. Je levais alors les bras en l’air, fermais les yeux et me concentrais pour enlever mon haut. Il montait, doucement, et quand ma tête fut passée, je descendais les bras afin de l’enlever complètement. Volant toujours au dessus de ma tête, d’un coin de l’œil j’aperçu un fauteuil de mon coté de la pièce et d’un geste de la main, mon haut se jetait dessus, en vrac. Plus ça allait et moins j’avais de tissu sur moi, ça ne me plaisait pas du tout. A croire qu’elles le faisaient exprès.

Comme elle voulait commencer par ma plaie au mollet, je restais assis, mes jambes allongées sur le lit. Elle regardait de son œil expert cette plaie pour ensuite appliquer des baumes qu’elle avait amenés avec elle.

*La plaie au mollet est impressionnante mais pas dangereuse. Je vais appliquer un onguent spécialement conçu pour vous et vos semblables. Pas d'effet secondaire et vous pourrez ainsi guérir plus facilement.*

*Pas d’effets secondaires, ça c’est gentil.*

Fallait vraiment que j’arrête de parler, la douleur se ressentait toujours dans ma voix malgré mes efforts. Elle se mit alors à étaler le baume après avoir nettoyé la plaie, j’eu droit à des points de sutures, pas si superficielle que ça cette plaie, et un magnifique bandage. Finis en peu de temps, parfait.

*Vous voilà sacrément amocher en tout cas.*

Un sourire sur les lèvres, elle prenait mon bras afin de s’occuper de la morsure. Pendant qu’elle s’y affairait, je lui expliquais une chose qu’elle ignorait peut-être.

*Oui effectivement, mais il y a une particularité dans ma famille qui est ma foi fort intéressante. Nous avons ce qu’on appel une guérison parfaite, appelée aussi guérison retour au passé. Elle a pour conséquence la disparition de cicatrices. Ma plaie au mollet, ainsi que celle de mon dos et la morsure à mon bras, tout cela fera une cicatrice. Mais au bout d’une semaine ou plus, ça dépend de l’importance de la cicatrice, la peau aura repris son aspect d’avant. Pratique non ?*

A mon tour je lui décochais un sourire, amusé je l’avoue. Je l’avais vu retirer deux petites dents de mon bras, je ne les avais même pas vues. Elle réserva le même sort à mon bras que pour mon mollet, excepté la suture, et je me retrouvais avec un deuxième bandage.
Venait la blessure du dos.

Je senti ses doigts se poser près de la griffure, et je ne pu retenir un léger sursaut. En même temps je vis une espèce de petite boite qu’elle avait amenée, se décaler de l’autre coté du plateau et se cogner contre le bord.

*Oups, pardon…*

*Je vais vous demander de vous placer à plat ventre Monsieur. Je crains que cette plaie soit plus importante que les autres.*

Je vais m’amuser je crois. Ca m’apprendra à tourner le dos à un adversaire…

*Si vous me donner une minute ou deux, je vous fais ça de suite.*

Doucement, je posais les mains sur le lit pour me tourner sur le coté, retenant les plaintes qui auraient aimé sortir de ma bouche. Dans un dernier effort, je me tournais sur le ventre et m’allongeais lentement, laissant pendre mes bras sur le coté du lit. Au moins, si j’avais à faire un geste brusque, je ne taperais pas malencontreusement le médecin, ou la guérisseuse qui apparemment se joignait à la tâche.

*Par quel animal vous êtes vous fait surprendre? J'aurai besoin de le savoir s'il vous plait.*

*Par deux félins, des espèces de grosses panthères noires pétées de muscles, rapides, intelligentes et imposantes. Chassant en couple ou plus peut-être. Voilà ce que je sais, peut-être que ma coéquipière en sait plus…*

Je remerciai la doctoresse de me tenir au courant de la santé de mon infortuné camarade de chasse et écarquillai les yeux lorsqu'elle me dit qu'elle allait devoir examiner la douleur de mon flanc droit. Elle s'en retourna et j'eus tout le loisir d'observer la compresse qui recouvrait mon bras recousu. J'allais gagner une jolie cicatrice. Poussant un soupir, je me redressais dans mon fauteuil et je senti une douleur sur mon flanc droit ; absente lorsque je demeurai immobile mais présente lorsque je bougeais, plus particulièrement lorsque je bougeais mon torse, la douleur était vive, comme une pointe. Je souris en songeant au don d'Aliénor qui avait pu détecter une côte cassée alors que je ne me l'étais pas diagnostiqué moi même. Rire me faisait mal ; tout mon respect allait à la jeune humaine aux yeux d'améthyste.

Négligent les recommandations, je m'efforçai de me redresser sur mes jambes pour aller voir moi même dans quel état celui qui avait contribué à ma survie se trouvait. Deux docteurs pour un seul patient ne laissait présager que de vilaines choses à Nagarithar ; peut être m'inquiétais-je inutilement ?

Alors que je m'approchai du rideau qui cachait Noryan de ma vue, mes oreilles se mirent à bourdonner. Peu à peu, les quelques bruits de la salle de soin ne parvinrent plus à mes oreilles ; ma vue commença à se brouiller et je perdis mon sens de l'équilibre. Je cherchai alors en vain les causes de mon malaise soudain, mais mes jambes défaillirent. Je voulus m'appuyer sur une table, mais celle ci était munie de roulette pour faciliter son déplacement. Je m'écroulais par terre, renversant la table sur laquelle se trouvait des ciseaux, aiguilles à recoudre dans des pochettes stérilisées et d'autres objets destinés aux soins. Je perdis connaissance.

Spoiler:

Alors que j’étais allongé sur le ventre pour faciliter le travail des médecins, j’essayais de me détendre le plus possible et de faire taire ma douleur. Toutes deux s’occupaient de blessures différentes et moi je ne pouvais qu’attendre… De ma position je ne pouvais pas voir grand-chose de ce qu’elles pouvaient faire, ma tête était tournée sur le côté et j’apercevais Aliénor, en partie du moins.

"La plaie est impressionnante mais pas mortelle. Elle ne va même pas nécessiter de points de sutures mais elle commence à s'infecté."

Ah voilà qui étaient bien, des explications. J’appréciais que l’on me décrive ce qui se passe et pourquoi quand je ne pouvais pas le voir.
C’était alors qu’Aliénor commençait à respirer différemment, plus difficilement. Pensant à ma chère coéquipière qui était juste de l’autre côté de ce rideau, je le tirais télékinésiquement d’un geste de la main. Le rideau se retira sans se faire prier dévoilant Ravëfanwen pas en très bon état et debout.

"Ravëfanwen vous devriez aller vous..."

Trop tard, Ravëfanwen tombait au sol entrainant un chariot. Je repoussais les objets qui auraient pu lui tomber dessus et arrêtais le chariot avant qu’il ne tape dans quelque chose. Pas la peine de faire du bordel en plus, avec deux patients qui donnaient assez de boulot comme ça. Aliénor s’était précipitée sur elle, ainsi qu’une infirmière. Je tournais alors la tête de l’autre côté pour voir ce que faisait Ivana après que Ravëfanwen soit revenue sur son lit.

*Vous vous en sortez ?*

"Ivana ça va aller?"

J’aurais ma réponse, étant deux à le lui demander…

*T'inquiète je gère, je te l'ai dit, impressionnante mais pas mortel.*

Bien, si elle pouvait gérer toute seule, très bien.
Par contre avec ce petit jeu de pousser et repousser ça, ma douleur en avait profité pour faire sentir encore plus sa présence.
Après avoir fini avec Aliénor, Ivana se concentrait plus sur moi et ce qu’elle faiait.

*Votre blessure est infectée, on va donc la soigner avant de la couvrir d'un pansement. Cela va sans doute être la plus longue à guérir au vu de l'étendu. Elle barre tout votre dos.*

Logique, c’était la plus longue et la plus profonde. Tout ça parce que j’ai tourné le dos à mon adversaire, qu’était cette panthère, comme un débutant…

*Il faut me le dire si ça vous fait mal, je peux vous donner quelque chose pour la douleur et ainsi, cela gardera un minimum votre don sous contrôle.*

J’aurais bien voulu mais aucuns sons ne sortaient de ma bouche et je n’arrivais pas à penser correctement pour lui en faire part… Mon activité cardiaque augmentait de plus en plus, ma respiration également. Et je commençais à avoir chaud avec tout ça, malgré que je n’aie plus grand-chose sur moi.

"La tension augmente."

Ah ça pour augmenter, elle ne faisait certainement pas semblant. Je serais les poings et des objets commençaient à s’élever une fois de plus dans les airs. Si elle ne stoppait pas cette douleur je ne garantissais pas que ces objets allaient rester gentiment en lévitation.
Les yeux d’Ivana se plantèrent dans les miens.

*Je vous donne un analgésiant, cela vous apaisera.*

Faites donc, faites, et vite.
Je la regardais prendre mon bras et y insérer la seringue contenant le fameux médicament. Pendant qu’elle l’injectait, je voulu tourner la tête pour voir où en était Ravëfanwen, mais je fis un faux-mouvement d’où naquit une douleur fulgurante dans mon dos, ressentant enfin cette blessure maintenant que l’adrénaline était bien passée. Je poussais un léger grondement laissant tomber ma tête sur l’oreiller, et un flacon qui était en lévitation fonça à toute vitesse vers le mur, en face de mon lit, et s’y fracassa.
C’est alors que je sentais le produit commencer à faire de l’effet et ma douleur s’estompait.

Reprenant mes esprits, je m’adressais à Ivana et à l’infirmière qui était venue l’aider, d’une voix contenant la douleur restante et passée.

"Désolé…"

Mes mains se desserraient, je me décontractais et essayais de calmer ma respiration.