It's dangerous to go alone, take this

La féline ne sait plus où se mettre, ainsi peu vêtue devant son compagnon qui l’accueille de manière presque théâtrale après lui avoir fait découvrir son cadeau de Noël. Le regard de l’hybride fait la navette entre Corben et la clé avant de se tourner vers la porte de sortie derrière elle, ses oreilles bougeant de temps à autre.

À priori, elle n’est plus chez elle mais bel et bien au Vandavel, dans son petit cocon personnel confectionné avec amour par son amant. Un brin gênée, elle sourit timidement à son tendre demi-dieu, lâchant la clé qui se pose sur sa poitrine et lève légèrement les mains.

- Joyeux Noël, mon amour.

Un peu brusquée, la féline ne se rend compte que maintenant qu’elle a traversé l’ouverture sans prendre rien d’autre de chez elle à part la clé qu’il lui a offert. Embarrassée, elle se met à rire nerveusement.

- Je suis prise un peu de court pour tout t’avouer … Je ne suis pas vraiment prête et toutes mes affaires sont chez moi. Dont mes cadeaux pour toi et je n’ai pas mes titres sur moi. J’arrive un peu les mains vides.

Elle baisse le regard, soulevant délicatement son cadeau du creux de ses mains. La tête relevée, elle sourit chaleureusement à son Souen.

- Merci beaucoup Corben, elle est magnifique. J’aurais juste besoin d’un peu plus de précisions sur son utilisation.

Du peu qu’elle en a comprit, elle s’adapte aux serrures et lui permet de se rendre dans sa chambre du vaisseau volant. Pratique en cas de pépin et très facile pour retrouver son bien aimé en toutes circonstances, écourtant ainsi le trajet pour se voir de plusieurs kilomètres à la simple épaisseur d’une porte.

Elle a l'étrange pressentiment que, comme au Speed Dating, son cadeau principal va faire pâle figure à côté du sien.

HRP:

Voir la porte d’appel de l’enchantement s’activer était toujours une double victoire, en soi : Mon enchantement marchait parfaitement, et Leiline arrivait.
Que des bonnes nouvelles.

La cerise sur le gâteau fut ma demoiselle arrivant en nuisette.

Un sourire sur le visage, j’accueillais ma compagne avec humeur, la laissant se familiariser avec la clé.

- L’enchantement n’est pas sensé de déshabiller sur le chemin, mais c’est un effet secondaire qui ne me semble pas très dérangeant…

Je m’approchais et prenait doucement ses mains entre les miennes, plus que ravi que le cadeau lui plaise.

- Je vais essayer d’être le plus succins possible. Tu peux utiliser cette clé sur toute serrure non magique, et il faut que ce soit une porte. Un coffre-fort, une voiture ou une cage, ca ne marchera pas. Mais n’importe quelle porte fait l’affaire, du moment que tu ais une serrure dessus. Autre chose, ta clé n’ouvre pas la porte. Elle ouvre un passage entre ici et l’endroit ou tu as utilisé la clé. Vu de l’extérieur, tu traverseras le bois de ladite porte. Et enfin, utiliser la clé sur le portail derrière toi te renverra dans ta chambre à Northrive.

Je posais mon front contre le sien avant de reculer un peu en plongeant mon regard dans le sien.

- Tu m’avais demandé un enchantement pour te protéger il y a quelques temps. Je n’avais pas pu te couvrir entièrement alors, je t’ai créé une porte de sortie si jamais tu te sentais en grand danger.


Et après un blanc où mon sourire s’étira de plus en plus, je reprenais avec un soupçon de salacité dans la voix :

- Et puis tu pourras venir directement à la maison quand tu le désires, comme ça.

Corben fait preuve d’humour, comme à son habitude, face à une Leiline encore un peu perdue. Mais elle est vite rassurée par des mains aimantes lui prenant les siennes et des explications simples et efficaces sur l’utilisation de son cadeau. Par réflexe, elle jette de temps à autre des regards fugaces sur celui-ci.

Certes, si l’hybride y voit surtout un moyen pratique pour se rendre chez lui, ce n’est que lorsque Corben lui évoque sa précédente visite pour un enchantement qu’elle comprend les intentions premières de son cadeau. Se plongeant chacun dans le regard de l’autre, un sourire illumine le visage de la féline, émue par toute l’attention que lui porte son amant, tel un véritable protecteur. Elle répond tout de même à sa dernière remarque avec un brin d’humour.

- Tu es conscient que tu viens de me donner les clés du Vandavel, là ? - Elle désigne du menton sa main prise qui porte fièrement l’anneau qu’elle partage avec lui. - Tu as prévu un système pour savoir si je suis dans la chambre ou je dois te prévenir avec des mots doux ?

Laissant échapper un léger rire, elle baisse la tête, observant de nouveau sa jolie clé bleue, ornant désormais son cou au côté de son dé d’améthyste. Ses mains se détachent de celles de son Souen pour faire le tour de ses hanches, entourant sa taille de ses bras. Elle se blottit contre lui, profitant de cette douce proximité dont elle ne se lassera jamais.

- Merci beaucoup pour ton cadeau, sincèrement. Ton attention me va droit au cœur. - Elle cherche ses mots en se pinçant les lèvres. - Je ferai bien attention en mission et l’utiliserai à bon escient.

Depuis sa mise en couple avec Corben, Leiline avait fait quelques efforts sur ses régulières prises de risques pendant ses escapades. Allant même jusqu’à abandonner l’idée d’aller se battre contre le prochain Arcturien à apparaître. Tout ça par amour.

Après ce silence pendant lequel l’hybride s’est laissé bercer par la respiration de son bien-aimée, elle s’écarte de peu, levant les yeux vers les siens, admirant toujours cette envoûtante couleur violette. Son cœur se met à battre plus fort qu’à l’accoutumé.

- Je t’aime, Corben.

Cela fait si longtemps que Leiline a essayé de lui dire ces mots. Pour elle, les employer ainsi est une première. En un peu plus de six mois de relation, elle n’a jamais eu le courage de lui dire dans les yeux, même si l’accumulation de ses gestes d’affections n’en reste pas moins une preuve flagrante. Mais ce jour là, elle a enfin réussi.

Il a fallu plusieurs bonnes secondes à la femme-chat pour se rendre compte de la “guimauverie” de l’instant. Timidement, elle baisse la tête et prend sa clé entre les doigts.

- Je vais aller chercher tes cadeaux. Si j’ai bien compris, je peux revenir dans la chambre de Northrives à partir d’ici.

Elle relève la tête, reprenant son assurance habituelle.

- À moins que tu ne préfères faire cette distribution chez moi. C’est comme tu veux.

Ce n’était pas l’envie qui manquait de lui confier les vraies clés du Vandavel, mais Murray faisait toujours sa tête de mule.
Leiline me remercia avec ce petit sourire qui avait tendance à me faire craquer. Elle m’enlaça, et je rendais son câlin avec tendresse.

- Reviens moi en bonne santé à chaque fois, c’est tout ce que je te demande.

Ma Commerçante avait pour habitude de partir à l’aventure et d’affronter les plus grosses bêtes. Même si cela me faisait me ronger les sangs à chaque fois, l’ajout progressifs de moyen de communication ou ses équipements enchantés me rassuraient un minimum.
Je faisais du bon travail, mais elle était bien trop casse-cou pour mon propre bien.
Nous restions un moment ai,si, à profiter de la chaleur de l’autre quand elle s’écarta un peu, visiblement déterminée pour une raison qui m’échppe encore.

4 mots. Les plus simples du monde, mais qui ont toujours eu le don de bercer ceux à qui ils étaient déterminés.
Nos échanges me revinrent en tête, avec ses difficultés à nouer suffisamment une confiance avec un homme pour partager sa vie.
Le lui avais-je seulement dis, moi aussi ? Cela faisait 6 mois que nous avions commencé notre relation, mais notre affinité et notre complicité avait été si rapide que je considérais presque les longs mois de drague comme point de départ.
Mon sourire s’adoucit, profondément touché de ses paroles. Je posais une main gantée sur sa joue, caressant sa pommette. Mon regard soutenait le regard déterminé de ma conmpagne.

- Je sais. Mais il est bon de l’entendre. Je t’aime, Leiline.

Les colombes et les fleurs de cerisiers mentales flottèrent un instant puis l’instant d’amour tendre s’évanouît.
Mon hybride reprit un air moins timide, plus assuré. Son air habituel, saupoudré d’espièglerie.

- Je ne pas pas traverser le portail, il ne fait passer que toi. Histoire que tu ne ramènes pas des créatures dangereuses de tes aventures ici. Et je t’avoue que je suis bien trop curieux pour devoir attendre de venir chez toi, même en Percant. Tu n’auras qu’a me retrouver dans le salon quand tu seras prête.

L’embrassant une dernière fois avant de la laisser repartir, je montais à l’étage pour rejoindre le salon et m’installer confortablement.
Petit-déjeuner, thé, café, gâteaux et chocolats ornait la table basse.

Mon cadeau l’avait visiblement enchantée – sans mauvais jeu de mots. J’étais très fier de mon résultat final et plus qu’heureux de savoir qu’elle est était contente. J’étais un peu plus rassuré.
Et très curieux : Qu’avait-elle réussi à me dénicher ?

Bien que cet instant de tendresse soit l'un des plus beau de la courte vie de la félidé, ce rare moment de timidité dont Corben est seul bénéficiaire lui donne l'étrange sentiment d'être affaiblie, comme fragile. Tête relevée, elle accueille le baiser de son amant avec plaisir avant de s’écarter de lui, les jambes en coton, jusqu’à la porte de sortie. Elle lui adresse un dernier sourire.

- Je fais vite, ne t’inquiète pas.


Cet interlude ne prend finalement que dix minutes, le temps pour elle d’enfiler sa jolie robe rouge, de se coiffer du mieux qu’elle puisse et de récupérer tous les cadeaux et autres requêtes pour son tendre aimé, le tout dans la joie et la bonne humeur. Elle porte son fidèle sac sans fond sur une épaule. Dans son autre main, un grand etui noir qu’elle tient par une poignée, tel une étrange valise. Un bien personnel qu’elle souhaite désormais stocker dans sa chambre de Vandavel.

Dans le projet de tester toutes les portes de sa maison, elle essaye la serrure de l’ancienne chambre de Rose avec succès. Elle ne se le dira jamais assez : la Technomagie, ça en jette. Euphorique, elle revient dans sa chambre des cieux, déposant l'intrigant étui sur son lit et quitte la pièce pour rejoindre son amant dans le salon.

Le propriétaire des lieux a mit les petits plats dans les grands. Ouvrant la bouche dans un sourire expressif, Leiline découvre le petit-déjeuner préparé par ses soins. Rien que la vue de toutes ces douceurs lui font discrètement gargouiller le ventre. Elle a l'impression d'être accueillie comme une reine.

- Le Père Noël est passé !

Montrant fièrement son sac sans fond et trépignante d'impatience, la féline rejoint son adorable demi-dieu sur le canapé, déjà en train de fouiller dans son sac posé sur ses genoux, pressée de lui faire découvrir son gros cadeau. Elle est aussi excité que l'enfant qui ouvre son cadeau alors que c'est elle qui les offre. Mais pour ménager un peu le suspense, elle sort d'abord le haut-de-forme byzantium, le sachet de thé des Étoiles et les deux boîtes renfermant chacune un Dé-vaine.

- Alors, de la part de Morgan Sunny, tu as le sachet de thé fait maison. Tu pourras même le tester là si tu le souhaite.

Dans son espièglerie habituelle, elle reprend le premier cadeau sortit et le dépose avec douceur et minutie sur la tête de son bien-aimé.

- Ce magnifique haut-de-forme avec cette si jolie couleur aussi.

Elle sait que les règles de bonnes manières interdisent de porter un chapeau en intérieur mais l'irresistible envie de le voir sur la tête de l'intéressé prend les devant. L'hybride ayant toujours été très sensible au style vestimentaire de Corben, il y a facilement de quoi la faire craquer.

- Il a bien choisi en tout cas. Et pour finir ...

L'hybride fait glisser devant lui les deux petites boîtes, un brin de malice dans le regard.

- Ces deux cadeaux. L'un vient de Morgan, l'autre de moi-même. Il y a un mot sur celui de Morgan mais je ne l'ai pas lu. Je préfère que ce soit toi qui le lise.

L'étiquette arbore la subtile écriture de l'assistante de l'aveugle.

Morgan Sunny a écrit:À essayer avec Lei, Joyeux Noël Corben.

- Le principe est simple. Tu obtiens un objet du Love Store complètement au hasard. Parfois drôles, parfois ... intéressant, disons. Mais comme je suis sympa, je te propose un deal.

Regard sérieux et sourire mutin, l'hybride croise les bras, bombant le torse devant lui.

- Il y a la liste des objets que tu peux avoir dans le manuel qui est donné avec. Sur n'importe quel des deux dés, si tu tombes sur six, tu te devras d'utiliser l'objet ici et maintenant. Par contre, si tu tombes sur quatre, JE serais obligée de tester l'objet, ici et maintenant.

Intérieurement, elle a tellement envie de jouer, sans forcément prendre en compte des statistiques des scores sur les dés. Cela fait longtemps qu'ils n'avaient pas misé sur le hasard. Ça lui manque un peu.

- Alors ?

Il était bien sexy, le père noël, cette année…
Voir Leiline aussi enjoué était adorable. Cela crevait les yeux qu’elle attendait ça depuis un petit moment. Plusieurs cadeaux venaient de la personne qu’elle avait un jour amené sur le Vandavel. Si je n’avais que très peu revu Morgan à quelques très rares occasions, j’étais honoré qu’il m’offre quelques présents. Je me promis de lui offrir quelque chose en retour pour le remercier de sa gentillesse.

- Il n’aurait pas dû… Mais je suis d'accord avec toi, il a très bien choisi.

Un tout nouveau haut-de-forme, aux couleur de mon univers. L’intention était ravissante. Je passais mes doigts couverts sur les bords du chapeau, le réajustant un peu à ma tête. Il était neuf, aussi me serrait-il un peu les tempes et laissait un espace au front, mais il aurait le temps de s’adapter à ma morphologie.
Les prochains cadeaux me firent lever un sourcil. Connaissant mon hybride, je m’attendais à une espièglerie, mais Morgan était dans le coup aussi…

Tout en écoutant les explications des cadeaux, j’ouvrai les petites boites avec un air mi amusé, mi méfiant. Une fois les règles posées, un grand sourire couvrit mes lèvres, ma langue coincée entre mes dents dans une mimique calculatrice, pesant le pour et le contre.
Mon regard se fit un peu plus méfiant – mon air amusé ne quittant pas mon visage, alors que je cherchais les petits caractères de l’étrange contrat qu’elle proposait.

- Je n’ai pas l’impression d’être perdant dans l’affaire, donc… je marche ? Mais je soupçonne une arnaque..

Elle avait lesté les dés ? Après, si elle voulait jouer avec un gage plus genant pour elle que pour moi…

Avant qu’elle ne change d’avis, je me saisissais des deux dés et les fis rouler dans ma main en ne quittant pas mon hybride des yeux, avant de les lancer sur la table basse.

Le premier s’arrêta après quelques rebonds sur le 1, et se transforma dans un petit « Pof » en un petit pot de couleur verte, couvertes d’écritures et de recommandation d’utilisation. Le deuxième roula hors de la table et tomba sur le sol, fit quelques rebonds avant de disparaître sous le fauteuil. Un autre « Pof » retenti alors et je dus me baisser pour jeter un œil sous le divan.

- Hun. Il faut croire que tu as de la chance. Il n’a pas marché…

Passant le bras sous le meuble, j’en ressortais un dé vierge et légèrement plus gros. Je reconnus le modèle de dé pour l’avoir testé ici même il y a déjà de cela presque plus de 8 mois.

- Je crois que j’ai gagné un nouveau dé-raison. Tant mieux, on pourra continuer notre aventure Eutopienne, un de ces jours. Ou visiter d’autres endroits.

Si avoir raté le 4 me chagrinait un peu, récupérer l’un de ces petits trésors m’enchantait particulièrement.

- Il faudra que je remercie Morgan pour les cadeaux.

L'air d'enfant hyperactif n'avait pourtant pas quitté Leiline. Avait-elle encore des trésors dans son sac à malice ?

Spoiler:

Corben n’est effectivement pas perdant dans l’affaire. Mais l’espiègle hybride est bien trop sûre d’elle pour lui lancer pareil défi, pariant à coup sûr qu’aucun des deux dés ne tombera sur le chiffre quatre. Sinon, il est clair qu’elle s’en mordra les doigts … Mais c’est le jeu.

Fixant son amant, un air ravi pendant qu’il secoue les dés, elle baisse aussitôt le regard lorsque les cadeaux du Technomage tombent sur la table basse, sauf pour un qui a décidé de s’échapper pour ménager le suspense. Elle reconnaît facilement une boîte de glace à la pistache et laisse son compagnon chercher le dé dissident qui s’est caché sous le fauteuil. Un énième Dé-raison. Un grand sourire victorieux arbore le doux visage de la féline.

- Oh, de la glace pistache ! J’en ai acheté plein pour Témari d’ailleurs. Et pour ce qui est de nos balades dans l’Eutopos, il y a toujours les nôtres, de Dé-raison.

L’ordre de la salle sur demande sur le sien est le parfait exemple pour ça d’ailleurs. Hormis leurs escapades érotiques, c’était aussi un bon moyen de se retrouver dans des environnements pourtant cloisonnées dans un passé lointain. Les deux en savent quelque chose.

- Mais en attendant, pas de quatre !

Un sourire enfantin, elle se penche sur son Souen et lui dépose une tendre bise sur la joue, lui chuchotant à l’oreille.

- J’ai gagné !

Intérieurement, elle jubile. Elle a eu beaucoup de chance ce coup-ci. Ça lui change de ses anciennes parties de Blackjack, perdues à “un point près” d’après elle. Son sourire passe de la gaminerie à la timidité en une fraction de seconde lorsqu’elle aperçoit les deux cadeaux restant. Tous deux venant d’elle. Une petite boîte en bois et une jolie enveloppe non fermée, blanche et dorée.

- Maintenant, les cadeaux … un peu plus sérieux.

Elle se pince les lèvres. Elle a longtemps réfléchi à un présent spectaculaire, qui pourra dépasser clairement l’enchantement que Corben lui a promis au Speed Dating, même si ça sera très difficile en tout honnêteté. Quelque chose qui peut lui plaire, lui être utile tout en les unissant un peu plus. Mais elle n’a jamais vu son bien-aimé quitter le Vandavel pour aller plus loin que la capitale. Elle est soudainement prises de doutes.

Elle se lève et se déplace sur le côté, suffisamment éloignée de la table basse. Il lui faut de l’espace pour dévoiler son offrande. Son cœur se met à battre fort. Le trac. Elle ne regarde même plus Corben dans les yeux. Elle sort de l’enveloppe son second Sarkina dans lequel elle a stocké l’objet lourd en attendant que son futur propriétaire l’enchante pour alléger son poids. Le titre déposé sur le sol, elle se pose à genoux devant, deux doigts posés sur le petit papier magique avant de souffler dans un soupir.

- Sarkina.

Dans un coup de vent, l’étonnante hache brillante aux motifs finement gravés apparaît sur le parquet du salon. Même sans l’avoir vu après plusieurs semaines, Leiline la trouve toujours aussi belle. Ayren avait vraiment fait un travail d’orfèvre. Craintive, l’hybride lève les yeux vers son compagnon, encore agenouillée devant l’arme.

- Avant, j’ai … des petites explications à te donner. Cette hache, n’est pas vraiment une hache ordinaire. - Elle finit par se lever pour sa petite démonstration, désignant du doigt le haut de l’arme. - Comme tu peux le voir, il y a des lames à ce niveau là. Mais si tu tourne le pommeau …

Attrapant délicatement ce dernier dans le creux d’une de ses mains, elle tourne avec force celui-ci, le mécanisme rétractant les lames de la hache. Pas besoin de lui dire ce qu’il se passe, c’est suffisamment visible pour qu’il le remarque de lui même.

- En réalité … le pommeau est celui d’une épée, actuellement insérée dans un bouclier. Lorsque l’arme est dans cette état, tu peux séparer les deux. Et les recombiner quand tu le souhaites pour refaire une hache. Par un simple tour de pommeau.

Leiline peut être pédagogue quand elle le veut, mais pas forcément pour des domaines qu’elle ne connaît guère. L’armement en étant un. Son regard se baisse, un léger sourire gêné sur les lèvres.

- Je t’avoue que … Je me suis dis qu’un jour, tu accepterais de voyager avec moi, hors des remparts de Cerclon. Voire même pour une mission, qui sait. - Intérieurement, elle a moins d’espoir pour ce cas de figure. - Mais si nous explorions les autres régions ensemble, je me suis dit que tu apprécierais d’avoir une arme personnalisée, rien que pour toi, en plus de pouvoir te protéger.

Corben n’est clairement pas un guerrier, mais savoir qu’il a les moyens de se défendre rassure la jeune femme, encore incertaine de la réaction de son amant.

- Tu as gagné, tu as gagné... Tu n’as surtout pas perdu, oui.

Penser à passer à ce fameux love-store pour voir qu’est ce qu’était une « Souplette » et surtout pourquoi Leiline tenait tant à perdre à porter ça.
Je me redressais dans mon fauteuil, attendant impatiemment le fameux cadeau sérieux. Ma demoiselle faisait de la place sur le sol et je voyais à ses mimiques nerveuses qu’elle était particulièrement stressée. Les légers tremblements de ses attributs félins vendaient souvent la mèche, pour mon plus grand plaisir. Elle était adorable quand elle était hésitante.

En un titre, une massive hache se dévoila sur le tapis de salon, joliment ornementée d’un dé central coupé en deux, agrémentés des 4 couleurs d’un jeu de carte. Un cadeau personnalisé, certes, mais dont je craignais les potentielles retombées.
Je levais les sourcils avec intérêt lorsque Leiline évoqua une petite subtilité et dans un cliquetis mécanique, la hache se rétracta en un court bouclier vaguement triangulaire, le manche de l’arme glissant légèrement vers le bas, laissant apparaître les bords d’une lame droite.

Je posais mes doigts sur mon arcade droite, l’air mi-captivé, mi- incrédule, dans un « Mais qu’est ce que-Comment-Je-Pardon, quoi ? » mental du plus haut point.
Je lâchais un rire nerveux, plaçait ma main sur mes lèvres, fronçant les sourcils en souriant d’incompréhension, joignait mes mains en prière contre mon front, ouvrant et fermant mes lèvres, cherchant mes mots..

Bref, l’application Corben.exe avait un problème.

L’intention me touchait énormément. C’était une première pour moi que de recevoir de la part de quelqu’un une arme pensée pour moi. Mes précédentes armes avaient été imaginées par mes soins, en prenant compte de mes pouvoir, comme c’était le cas de Gog et Magog.
Mais là, c’était un autre niveau. Elle s’était volontairement creusé la tête pour imaginer un système à la fois offensif et défensif…

Toujours avec mon sourire d’incompréhension sur le visage, je m’agenouillais devant l’arme et en tirait l’épée déverrouillée – ouvrant des yeux surpris par le poids.

- La première chose à faire va être d’enchanter ce bijou.

Je levais les yeux vers Leiline qui semblait attendre mon jugement. Je pouvais presque ressentir physiquement son inquiétude.

- C’est très… Je suis honoré, ma belle, tu… Ce cadeau est vraiment- Ok j’arrête d’essayer de trouver les mots: Quoi qu’est-ce ?! Comment tu as réussi à imaginer un truc pareil ?! Comment ce truc marche ?! Pourquoi j’y ai pas pensé ?!

Je prenais ma tête entre mes mains, un sourire de gosse sur le visage. Une arme improbable, spécialement fabriquée et développée pour moi ? Le père noel était vraiment trop bon cette année.
Je me relevais, sautillant presque, tournant autour de l’arme, toujours avec mes mimiques d’enfant ayant été témoin d’un tour de magie incroyable.
Riant d’excitation en essayant le mécanisme, je pris enfin conscience que Leiline m’avait offert ça pour une raison particulière. Ma joie s’effaca un peu, alors que je me tournais vers la demoiselle.

- Écoutes, je… J’aime bien mon confort et la sécurité du Vandavel. Je sais que je ne suis pas le plus courageux ni aventuriers des compagnons, et je sais que tu adorerais pouvoir faire tes missions avec moi. Je gagne bien ma vie comme ça et j’aime surtout la garder, sans la risquer. J’en faisais avant et toutes se sont terminés par des séjours au Sanctuaire. Tu comprends que je ne sois pas fan de l’activité...

Je posais une main sur celle de Leiline et l’autre sur sa joue.

-… Mais, sans te promettre d’aller chasser un Arcturien, je vais essayer de faire un effort. Tu as clairement pensé cette arme pour que je puisse venir avec toi et elle est bien trop intéressante pour que la laisse prendre la poussière sur les râteliers de Sash’.

Je tempérais le regard que je voyais presque briller dans les yeux de ma femme-chat.

- Laisse moi juste choisir la mission, si on part se balader dans la Zone Extérieure. Je connais tes appétences pour l’aventure mais je suis allergique à la chasse aux dragons. Marché conclu ?


Pour le meilleur ou pour le pire, j’allais remettre les pieds dans la zone extérieure… La dernière fois, un manoir avait manqué de s’effondrer sur moi, ou j’avais du essayer de survivre à une invasion zombie… Peut-être que faire un bout de chemin avec cette si jolie fille pourrait peut-être me réconcilier avec cette partie du monde ?

Si Corben est dans une phase d’incompréhension la plus totale, c’est aussi le cas de la pauvre hybride qui n’arrive toujours pas à décrypter les réactions de son amant. Elle tente tant bien que mal de noter la moindre mimique, elle ne sait pas vraiment ce qu’il se passe dans sa tête. Il rit nerveusement, est t-il content ? Ou il se dit déjà que c’est une mauvaise idée ? Qu’est ce qu’il essaye désespérément de dire ?

Le stresse de Leiline augmente et ses sourcils se froncent d’inquiétudes. Elle n’a pas un talent fou pour offrir de bons cadeaux aux gens et elle a une trouille bleue d’avoir encore fait une bourde avec celui-ci. Elle espère presque intérieurement que le dernier présent qu’elle a prévu adoucisse cet échec, sans même savoir encore si c’est un échec. Ses craintes ne s’essoufflent guère lorsque son nouveau propriétaire se met à genoux pour lui même tâtonner l’arme de ses propres mains gantées.

Le cœur de Leiline fait un bond lorsqu’il pose de nouveau le regard sur elle, essayant vainement de retrouver ses mots. Il faut quelques minutes à Corben avant qu’il n’évacue sa joie devant elle. Un brin soulagée, la féline fait apparaître un sourire nerveux sur son visage. Le comportement d’enfant joyeux devant son nouveau jouet pousse la jeune femme à lâcher quelques rires. Il est terriblement attendrissant quand il fait ça.

Mais sa réaction est tout autre lorsqu’il se tourne de nouveau vers elle. Ce qu’elle craignait. L’hybride sait pertinemment que son demi-dieu n’est pas du genre à partir à la chasse au monstre ou à s’aventurer dans des endroits dangereux et il n’hésite pas à lui refaire savoir. Même si elle est extrêmement touchée par l’attention de son amant, elle ne veut pas le forcer à faire quelque chose qu’il n’a vraiment pas envie de faire. Dans une tentative de le rassurer, elle s’explique nerveusement.

- Tu sais … J’ai pensé plutôt à des voyages avant. Je savais que tu ne serais pas forcément chaud à l’idée de partir en mission. Bien sûr que si nous y allons, je te laisserai les choisir … Mais même un voyage d’une ville à une autre, l’idée n’est pas non plus de t’emmener en plein cœur de la forêt d’Ing mais juste …

Les gestes de ses mains et ses oreilles en mouvement trahissent clairement son mal être. Elle a toujours cette once d’inquiétude qui lui fait dire que cette hache est peut-être une mauvaise idée, malgré les immenses sourires d’enfant qu’il a bien pu lui offrir précédemment. Elle quitte le regard de Corben, tête baissée, sa voix se voulant plus calme.

- Juste voyager, avec toi.

Avant tout, c’est surtout de se faire de magnifiques souvenirs à ses côtés dans des endroits réputés ou des lieux insolites. Certes dans l’Entre-Monde, il est possible de se rendre à n’importe quelle destination - merci la magie des titres - mais elle trouve que cela enlève tout le charme au voyage.

Jetant un coup d’oeil sur la table basse ou repose encore la petite boîte, la félidé s’écarte doucement de son bien-aimé, lui adressant un dernier sourire après avoir libéré sa main à contrecœur.

- J’ai encore un dernier cadeau pour toi.

Dès qu’elle se retrouve dos à lui, elle inspire grandement, le cœur tambourinant encore, sa queue se balançant plus brusquement qu’à l’accoutumée. Ce genre de situation a le don de la rendre si fébrile, chose qu’elle ne supporte pas montrer devant les gens en temps normal.

Mais face à Corben, c’est différent. Avec lui, ça a toujours été différent sur bien des domaines, dans un sens. Plus elle passe du temps avec lui, plus elle se sent apte à lui communiquer ses sentiments et ses états d’âme. C’est pour elle une délivrance de pouvoir partager cela avec quelqu’un, sans se sentir obligée de garder tout en elle.

Le contenu de la boîte émet des petits cliquetis à l’intérieur lorsque celle-ci quitte la table dans la main de Leiline. Elle s’approche avec un peu plus d’assurance qu’au précédent cadeau et se rapproche tendrement de son Souen, faufilant sur une de ses hanches sa main libre et lui présentant le réceptacle, plongeant son regard dans le sien, l’invitant à l’ouvrir d’un sourire encourageant.

Le Technomage a en possession dans sa main un anneau sur lequel est attaché deux rubans de couleur - l’un violet, l’autre bleu ciel - et une clé en argent plutôt moderne. Il est grand temps pour l’hybride de démystifier l’intérêt de ce cadeau.

- Ce trousseau comporte un double de la clé de ma maison, à Northrives. Maintenant que tu m’as donné la possibilité d’en faire de même avec le Vandavel, je serais rassurée de savoir que toi aussi, tu puisses venir quand tu veux chez moi à la Capitale.

Ce n’est pas aussi grandiose qu’une clé enchantée, mais ça reste tout de même un gage de confiance de la part de la féline à l’homme qu’elle aime.

Leiline semblait peinée de ma réponse. Et je pouvais la comprendre, intérieurement. Je n’étais pas aussi avide d’aventures et d’action qu’elle et partager des aventures tous les deux pouvait s’avérer être une merveilleuse source de souvenirs, mais…
La dernière fois que j’avais mis le pied dans la bibliothèque, j’avais failli recevoir la moitié d’un canyon sur le coin du crâne.

Si voyager entre deux villes, en un genre de treck à la sauvage ou une longue randonnée dans les montagnes ne pouvait pas être si catastrophique que ça, le Karma m’avait souvent prouvé qu’il n’attendait parfois que ce genre de situations.

- Leiline…

Avant que je ne puisse trouver les mots justes, ma compagne ajouta un autre cadeau à la liste déjà bien chargée. Elle s’approcha de moi, au point que nos épaules se touchaient. Son air déjà plus rassurée et son sourire radieux levèrent un peu les soucis que mon cœur traînait avec notre précédente discussion.
Un anneau de métal joliment agrémenté de rubans de nos couleurs soutenait une clé brillante. Leiline m’expliqua rapidement, et avec son sourire doux, qu’elle m’offrait un peu le même cadeau que le mien -enchantement mis à part.

Un grand sourire se dessina sur mes lèvres. Je laissais échapper un petit rire, avant de passer ma main derrière son dos, de l’autre coté de son crâne, mon pouce effleurant son oreille féline, et l’attirait doucement contre le creux de mon épaule, embrassant sa chevelure brune.

- Il faut croire qu’on était sur la même longueur d’onde, pour ce coup là. Merci beaucoup ma Lei. Ca me touche énormément.

Je restais là un moment, serrant mon amante contre moi, profitant de sa proximité et du calme de la matinée, avant que mon regard ne retombe sur la hache, posée au sol.
Une idée naquit dans ma tête. Une idée qui permettrait probablement de lier son goût pour les voyages et l’aventure et mon...Manque d’intérêt pour une telle profession.

Chuchotant pour ne pas briser l’ambiance douce et chaleureuse qui régnait dans le salon, les yeux fermés, bercé par la chaleur de l’hybride, je reprenais la conversation qui s’était brièvement arrêtée précédemment.

- Tu sais, j’ai souvent besoin d’acheter ou de faire livrer des ingrédients pour mes enchantements, mais… Parfois, en période d’inactivité, je pourrais faire quelques économies et aller les chercher moi-même. J’aurais sûrement besoin d’un peu de compagnie, dans ces moments là... Tu accepterais d’être ma garde du corps?

Je connaissais bien certains vendeurs qui se fournissaient dans de grandes mines ou cultures à ciel ouverts. Les routes étaient en très grande parties sures – les zones plus médiévales refusant toujours le luxe d’un bouclier électromagnétique ou d’un transport aéroporté.