Après les Rhino, les vétos ?

Au lieu des marches de la bibliothèque, se dressaient face à nous les couloirs aseptisés du sanctuaire des braves. Une foule dense donnait l’impression d’être entrés dans une ruche. L’essaim organisé allait et venait entre les couloirs aux portes coupe-feu, aux espaces d’urgences, à l’accueil et tournaient autour de tableaux et de planning logiques mais incompréhensibles aux non-initiés.

-Ne me remercie pas trop vite,

Je hélais un infirmier qui me signifia d’attendre mon tour. Jusqu’à ce qu’il reconnaisse ma tête au-delà de la suie qui me maculait de la tête aux pieds. Il nous approcha rapidement et vérifia immédiatement le bras de ma comparse d’un coup d’œil habitué. Je me félicitais d’être en plutôt bon état encore une fois. Quelque chose dans le regard de l’infirmier me disait que Kiyiya aurait besoin de soins plus complets que ceux d’un infirmier même très compétent.
Lorsqu’il s’approcha de moi, je le retins brusquement de faire un pas de trop.

-Elle d’abord. Je n’ai rien qu’une bonne douche ne peut guérir.

Il n’insista pas. Puis se détourna et revint l’instant d’après avec du matériel sous le bras.

-Kiyiya, il va soigner tes blessures. Il faudra lui expliquer ce que tu veux comme soins. Magiques, ou non. S’il y a des choses que tu n’acceptes pas, des allergies…

Je me sentais très idiot à lui expliquer tout ça alors qu’il l’invitait à le suivre. Je m’interrompais là, conscient qu’il lui expliquerait bien mieux que moi.

-Je t’attends ici.

Je me déplaçais déjà vers les bancs d’un espace dédié aux proches dans l’attente. En récupérant mon baladeur dans une poche, je remarquais qu’il n’était pas plus ou moins rayé que d’habitude. Je craignais toujours que le minuscule et fragile apparail ne rende l’âme avec toutes ces péripéties.
Sans attendre je pianotais quelques mots pour réconforter Ayame et des mots pour saluer une autre personne d’importance.

Ça puait …

Le désinfectant, l’alcool aseptisé et la mort…
Kiyiya était nerveuse cet endroit ne l’inspirée pas. Elle émit un grognement intuitif lorsqu’un homme vêtu de blanc s’approcha d’eux et qu’il fit mine de toucher son bras.
Wergeld lui expliqua avec patience qu’il allait la soigner et qu’il fallait qu’elle lui dise bien quel genre de soin elle voulait.

Jusqu’à présent elle n’avait pas beaucoup bénéficiée de soin dans un endroit approprié c’était une découverte en quelque sorte. Il y avait bien un shaman guérisseur au sein de sa tribut lorsqu’elle était enfant, mais elle n’en gardait pas beaucoup de souvenirs. Pour toutes les blessures qu’elle avait eut sur entre-monde, elle avait laissée le temps faire son œuvre. Excepté une fois où elle avait échappée de peu à une altercation violente avec un ours, elle en était sortie avec de graves blessures. Elle avait alors était soignée part un nain bourru qui trainait dans les environs avec une charriote remplies de mixtures vaudou. Il l’avait veillé trois jours durant et lui avait certainement sauvé la vie. Il avait accepté quelques gibiers en guise de remerciements.

Elle suivi l’infirmier, mais jeta derrière elle un regard inquiet à son acolyte.

- Votre nom ?
- Kiyiya Lünthur
- Je fais venir un médecin attendez ici.

Il ressorti de la pièce. Kiyiya se mit alors en tête de farfouiller, elle regarda les instruments renifla les flacons, ouvrit les placards puis après un tour d’inspection elle retourna s’asseoir en tailleur sur la banquette d’exam, elle agitait nerveusement ses mains les croisant dans tout les sens, elle était tentée de décamper.

Un médecin de forte corpulence entra, il avait l’allure d’un énorme panda avec des oreilles ronde et noir au dessus du crâne, la peau pâle et deux cercles noir dessiné autour des yeux, des cheveux noir soigneusement peigné et reluisant. Il sifflotait joyeusement, et avancé en lisant des notes griffonnés sur un calepin. Sans levé la tête. Il commença à lui parler.

- Bonjour Mlle Lunthur, alors comme ça on s’est fait mal au bras je vais y regarder. Fit t’il d’une voix chantante.

Il leva les yeux de son calepin, et approcha sa main. Kiyiya fit rouler sa voix dans sa gorge un petit raclement peu audible mais menaçant. Le médecin arrêta son geste.

- Je vais juste soulever la manche de votre T-shirt pour regarder la blessure.

Il reprit son mouvement et opina de la tête. La blessure avait l’air assez importante. Il farfouilla dans les tiroirs et ressorti de la pièce. Il réapparut deux minutes plus tard accompagné de l’infirmier, pendant que le médecin lui parlait l’infirmier préparait quelque chose sur le plan de travail.

- Je vais vous administrer un sédatif local à l’aide d’une seringue cela vous permettra de ne plus ressentir de douleur, et faciliteras les examens approfondies

L’infirmier lui tendit une seringue, et il s’approcha une nouvelle fois d’elle et lorsqu’il fut à quelques centimètres, Kiyiya envoya valser son bras et la seringue par la même occasion et elle bondit en arrière, l’infirmier s’approcha lui aussi essayant de la calmer mais elle le repoussa violement, et il perdit l’équilibre. Le médecin dans un couinement appela de l’aide, et 3 autres infirmiers accoururent, l’un deux reparti en salle d’attente pour chercher Wergeld

-S’il vous plaît monsieur on a besoin d’aide avec votre amie

-Comment ça ?

J'étais curieux de voir comment Kiyiya avait donné cet air paniqué à l'infirmier. J'y allais sourire au poing et mains dans les poches. En arrivant, je sifflais d'approbation. C'était le bordel, le matériel gisait au sol, les médecins et infirmiers s'étaient écartés de peur de prendre un coup. Quant à Kiyiya, sur la défensive, elle nous tenait en joug, menaçant les uns et les autres de représailles douloureuses.

-Moi non plus, je n'aime pas les piqûres.

Je me rangeais naturellement dans le camp de ma coéquipière. Sans peur, j'approchais de son espace de sécurité. Elle pouvait bien me grogner dessus, mon ouïe avait perdu de son efficacité depuis qu'un dragon-crapaud m'avait rugit dans les oreilles. Je grimpais sur son lit et m'y asseyais.

-On a quand même un problème.

Sourire et clin d'oeil à l'attention de la femme-loup, je retroussais ma manche.

-Que tu prennes ta tête des mauvais jour quand on se coltine un dragon, je comprends. Mais là, tu me fais honte. Ce n'est qu'une piqûre.

Un infirmier récupéra ce que j'espérais être du sérum physiologique, il remplit une seringue avec et s'approcha de mon bras. Une compresse, de l'alcool et l'aiguille se posa contre ma peau. Elle était vachement grosse quand même... Je regrettais ma témérité quand il l'enfonça dans le creux de mon coude. Une grimace plus tard et il était reparti avec son matériel. J'étais quitte pour tenir une compresse appuyée sur le trou le temps qu'il revienne avec un pansement. Je le refusais.

-Non, ça pique quand on les retire le lendemain.

Incrédule, l'infirmier me regarda sans savoir comment réagir avant que le guérisseur n'explose de rire.
J'étais pourtant très sérieux...

Lorsque Wergeld entra à son tour dans la pièce elle pensait qu’il allait l’aider à se débarrasser de tous ces hommes en blouses blanches, un peu d’aide n’était pas de refus pour casser des mâchoires tout ça… et elle était bien contente de voir qu’il ne l’avait pas laissé tombé.

Mais au lieu de ça il se lança dans un petit discours, s’approchant d’elle, ce qu’il disait n’était pas dénué de sens. Contre un dragon elle ne se laissait pas faire alors pourquoi le ferait-elle avec une blouse blanche sur patte ? Wergeld lui démontra le caractère annonçant de la seringue en se laissant injecter la substance dans son bras.
Les muscles crispés de la louve se détendaient progressivement en même temps que ses canines se rétractaient. Puis il déclencha le fou rire de l’équipe soignante en refusant un pansement sous prétexte que celui-ci piquait lorsqu’on le retirait. Kiyiya Arqua un sourcil ne comprenant pas ce qu’il y avait de drôle mais elle tendit le bras, tout en s’asseyant sur le banc d’examen

- Si tu dis que pas être dangereux, moi croire toi.

L’infirmier s’approcha avec un sourire crispé et peureux la menace des crocs encore fraiche dans sa mémoire, il pris toute les précautions pour la piquer. Le médecin/panda s’approcha il s’éclaircit la voix avant de préciser la suite des événements, il jetait un regard suppliant à Wergeld, lui demandant de bien vouloir les accompagner dans la suite des examens, pour faciliter le contact avec une patiente revêche.

- On va passer une radio et une IRM, voulez vous me suivre tout les deux ?
- Quoi ça IRM ? Grommela la louve. Wergeld les gens sentent bizarre ici, eux pas d’odeurs. Moi pas confiance.
- suivait moi je vais vous expliquer une fois que nous seront dans la salle d’examen

Ils lui emboitèrent le pas. Le guérisseur suait à grosses goutes maudissant le mauvais sort qui lui avait assigné ce dossier il aurait encore préféré se frotter à un hérisson mal luné. Derrières eux une petite troupe d’infirmier ce tenait prêt à faire office de renfort musclé.

Ils entrèrent dans une pièce exigüe et froide où trônait un cercueil blanc et sphérique.

Elle se laissait faire et c'était un bon début, sauf que le panda se décida à parler d'IRM à cemoment précis. Une radio et une IRM... La radio pouvait passer, se tenir debout devant un écran blanc n'était pas très perturbant, mais l'IRM.
Je soupirais d'avance devant son regard triste.

-J'y vais en premier, dis-je.

On me demanda de me déshabiller partiellement, ce que je fis. Ce n'était pas bien difficile, j'étais de toute manière assez peu couvert. Malheureusement pour eux, je n'allais pas enfiler de blouse médicale et encore moins les laisser m'injecter autre chose que le sérum précédent. Ils se décidèrent à enclencher la machine.

-Ils veulent vérifier que je n'ai pas de blessures graves à l'intérieur du crâne, énonçais-je. Cette machine est conçue pour les détecter.

Le lit s'avança dans l'IRM déjà prête et je fus bientôt enfermé dans ce petit tunnel blanc.

-Ne bougez pas me dit l'un des spécialistes. Ce ne devrait pas être long.

Ils comprirent tous que nous devions rassurer la louve et c'est pourquoi ils se donnaient à fond, faisant comme si j'étais vraiment là pour une IRM. Autant dire que les images de mon cerveau fit froncer quelques sourcils, j'avais plusieurs plaques d'os synthétique et des réparations plus ou moins récentes... Ce n'était rien comparé à mon corps balafré mais c'était dans le même style artistique.

L'appareil faisait un bruit de ventilateur en plus grave, jusqu'à ce qu'il ralentisse et me laisse enfin sortir de là-dedans.

-A ton tour. Essaye de ne pas trop bouger, sinon les images qu'ils obtiennent sont floues.

Les laissant la préparer, je faisais signe au médecin et n'hésitait pas à le prévenir qu'à partir de maintenant ils devront se débrouiller. Je n'allais pas faire poser un plâtre juste pour la convaincre de se laisser faire. A eux de trouver les mots pour la rassurer.

La louve regarda la scène avec le sourcil arqué et méfiant. Wergeld s’installa au milieu du cercueil blanc. Puis ils mirent la machine en route. Elle était assourdissante et effrayante un immense anneaux tournait autour du chasseur. Les instincts primitifs de la louve lui hurlaient de s’enfuir loin de cet enfer blanc et lumineux.

Wergeld resta à l’intérieur durant un temps qui lui parut une éternité, les infirmiers avaient intérêt à ce qu’il soit en un seul morceau, car elle se ferait un plaisir de lui faire vengeance.

Une fois le maître de K’ouen sorti, elle monta dans la machine à son tour, à contre cœur. Ils durent recommençaient l’examen 3 fois, car à plusieurs reprises, elle avait hurlé à la mort et eut un geste violent envers la machine. Celle-ci avait miraculeusement survécu à ses assauts. Une chance pour elle, vu le prix de ces petits bijoux, il en aurait fallut des missions pour éponger sa dette envers le sanctuaire.

Une fois l’IRM faite, rebelote une nouvelles machines de nouvelles règles pour passer une radio. Les infirmiers et médecins firent preuves d’un trésor de patience pour lui expliquer et la rassurer. Pour finir il lui plâtrèrent le bras de l’épaule jusqu’au poignet. Le tout supporté par un lien relié à son cou. Lorsqu’elle sortie et rejoignit, Wergeld, elle était passablement énervé, ne pouvant plus très bien bougé.

- Comment je faire pour chasser nourriture avec ça ? grrr. Wergeld nous quitter les fous maintenant ? retour bibliothèque ok ?

Et sur ces mots elle sortie de la bâtisse direction Cerclon