La leçon d'alchimie

La réflexion de Kaïl me provoqua un léger rire :

- Tu n'es pas redevenu un peu trop jeune pour déjà penser au mariage ?

Néanmoins, je trouvais cela adorable. Sous ses airs de garnement, il cachait quand même un coeur et des sentiments. C'est mignon... Mais je me gardais bien de le lui faire remarquer, sinon j'aurais surement dû affronter à nouveau un Blob. Un seul m'a déjà vacciné.

La suite du dialogue éveilla un peu ma curiosité. Une dangereuse curiosité. Du genre de celle qui pourrait immédiatement me faire regretter mes actions. Pour qu'il puisse annoncer que l'orphelinat devienne "une zone sinistrée" implique qu'il était loin d'être au paroxysme de sa capacité à nuire à la bonne humeur des entre-mondiens. Mais dans un air de défi :

- Parce que ça n'était pas le cas la dernière fois où tu es parti ? Bah alors ? On était en petite forme ? Cela dit, en te revoyant 5 ans après, et voir que tu n'as pas bougé d'un pouce, oui elle risque une crise cardiaque.

Je sais que c'était un peu comme jouer avec de la nitroglycérine, mais comme mon prof de fac le disait : "Dans la vie, pour avoir de l'expérience, il faut expérimenter. Même si des fois, ça tourne mal."

Spoiler:

Kaïl releva la tête avec un air de défi. Si l’Alchimiste voulait voir de quoi j’étais capable et bien qu’il en soit ainsi ! Kaïl, le grand, le meilleur de tous les garnements du monde faisait son grand retour. Je serais la tempête de désordre et le feu de la panique !

Avant que Richye ne se décide à mettre un manteau pour aller à l’orphelinat, je lui indiquais que nous aurons besoin, tout d’abord, de munitions. J’étais même obligé de l’aider à ranger le laboratoire. Moi. Kaïl. Ranger. Je glissais les débris sous les meubles et les bouts de blobs sous les tiroirs.

Une fois prêt, j’indiquais ce que je voulais pour que cette journée soit mémorable. C’est ainsi que d’anciennes idées diaboliques prirent vie entre les mains de l’Alchimiste. Avec l’aide de sacs ficelés au sac sans fond de Lilou, j’entreposais assez de bombes à eau, de Marque du Moire et de Gelée Royale pour transformer l’orphelinat en un immense champs de gélatine mousseuse et glissante.

Il fallut de nouveau ranger. Encore.Je n’ai jamais rangé quoique ce soit de ma vie sinon mon carnet dans ma poche… En parlant de carnet et de poche :

-Je refuse d’aller à l’orphelinat dans cette tenue disgracieuse, dis-je brusquement. J’exige des vêtements à ma taille, et classes. Ce n’est pas parce que je vais vivre ici que je dois m’habiller aussi mal que toi Papy.

Que c’est bon d’être de nouveau soi-même ! C’est vraiment la plus belle journée de ma vie.

Cela dit, il n’y avait rien dans les placards qui aille à un gosse de 13 ans. J’en fus quitte pour retrousser un peu plus mon pantalon et enfiler des chaussures légèrement trop grandes. Je me plaignis durant tout le voyage jusqu’à l’orphelinat. Le trajet fut long, horriblement long pour ma patience et la leur. Surtout la leur.