Re: Résonance [pv]

Je me masse la tempe et je termine mon verre en quelques gorgées successives. Ce n'est pas très agréable à voir, mais au moins ce verre est fini et je peux l'abandonner au coin de la table et ne plus y penser.

-C'était une expression. Lui souriais-je.

Elle semblait fragile comme ce papillon attiré vers la flamme, il mourra mais il s'approche. Curieux et adorablement naïf.

-L'économie existait bien avant ma naissance, mais lorsque je suis arrivée dans l'Entre-Monde j'ai choisi de m'investir dans la finance, j'ai alors réorganisé cette économie afin qu'il y est des gagnants, des perdants et le reste. S'il n'y avait eu que des elfes et des anges en ce monde je n'aurais pas eu une once de travail, mais les humains sont cupides et plein d'animosité pour leurs voisins. Ils ont cette notion de propriété dans le sang comme les animaux et un large choix des guerriers sans emploi de cette ville.

Mes termes étaient cru bien que mon sourire lumineux dans ce rayon de soleil qui s'approchait de mon épaule à mesure que le temps passait. L'ombre reculait et mes vêtements blancs s'embrasaient dans la lumière.

-Une guérisseuse... J'étais déjà en ce monde que les miroirs n'étaient pas encore fermés. Avant, le bidonville n'était qu'une immense ville inorganisée et les mieux lotis étaient ceux qui restaient une nuit ou qui avaient su fonder leur puissance sur les têtes des malheureux qui s'étaient installés ici. Et puis les miroirs se fermèrent, vous deviez avoir une dizaine d'années, n'est-ce pas ?

Je secouais la main. Je n'attendais pas de réponse à cette question.

-Les premiers maitres du miroir érigèrent une ville, une vraie, et pour réguler les aléas des richesses ils firent appelle à moi, pour établir les règles d'un marché qui respecterait la loi. Bien entendu, aujourd'hui encore les mercenaires sont nombreux et le travail ne manque pas pour ceux qui savent manier une arme, ils leur suffit de sortir de la ville pour aller tuer je ne sais quelle créature et en rapporter la tête. Mais sans la banque, il serait très difficile de réguler autant d'échanges de valeurs.

Cours d'économie et cours d'histoire, la banquière de Tern se reconvertirait-elle en institutrice ? L'idée me fit sourire de toute mes dents. Je croisais les mains au dessus de mon genoux repliés sur mon autre jambe.

-Le travail ne doit pas manquer au sanctuaire des braves. Je ne dénombre plus les quantités de malheureux qui viennent à la banque estropiés de toute part et se font créditer quelques pims. Les temps nous paraissent durs et pourtant jamais la ville n'a été aussi prospère. Pourquoi ne vont-ils pas plutôt travailler sur les chantiers de reconstruction ?

"Oui, le travail n'y manque pas, mais l'organisation générale à beaucoup de mal du fait de l'absence d'un bon directeur et maintenant qu'Eönwë est passé Maître, il n'est plus aussi souvent là et du coup, l'organisation des Urgences en cas d'arrivée massive comme il y a eu ces derniers jours est complétement chamboulée."

Je médite quelques instants sur ces paroles, cela colle avec ce qu'Ez m'avait déjà expliqué plus ce que Taken m'avait appris ainsi que mon père sur Entre Monde.
Mon père, tiens, étrange que je pense à lui à ce moment précis. Elle a bien dis qu'elle était là depuis longtemps non? Je fronce un peu les yeux, je n'ai jamais évoqué le fait que je ne désespérait pas de trouver les raisons de la disparition subite de mon père et de mes frères. Je fronce un peu les yeux et réfléchis intensément, comment présenter ça? Sans trop le vouloir je répond à sa dernière question:

"Parce que la prospérité et un métier stable ne plait pas forcément à tous. Il y a toujours des gens, qu'ils soient humains, où tout autres créatures qui préfèrent vivre de danger et d'adrénaline plutôt que de s'ennuyer dans une routine qui les ferait tourner chèvre."

Puis, je tend la main vers mon sac et farfouille à l'intérieur, j'en extirpe mon fidèle livre rouge et pousse mon verre pour le poser sur la table.

"Cela va vous paraitre bête mais... J'ai une requête à vous faire..."

Requête oui, c'est le mot, après tout, peut être le connaissait-elle? Travaillant au Sanctuaire lui aussi, il devait forcément avoir un compte non? Je me racle la gorge et reprend:

"Il y a quelques années, mon père travaillait ici, au Sanctuaire lui aussi. Il était à mi-temps entre notre petite clinique familiale dans notre village et il a disparut avec mes deux frères, sans rien laisser derrière lui, sans explications..."

J'ouvre mon livre et le tourne pour le présenter à la banquière de Tern, sans trop savoir pourquoi exactement je lui parle de ça et m'apprête à lui poser cette question:

"J'ai toujours penser qu'il était encore en vie lui et mes frères mais... Mais rien ne le laisse paraitre, est-ce que par hasard le nom d'Arthur Mireamwen vous dis quelque chose?"

Je présente un dessin, celui que Taken avait fait de nous peut avant la disparition de mon père et mes frères, j'attends une quelconque réponse et précise:

"Je me permet de vous demander cela, car vous êtes une des rares personnes susceptible de l'avoir connu..."

Elle me tendit un livre ouvert à la page d'un crayonné. M'indiquant son père et me posant une question à laquelle je ne pouvais pas répondre. Enfin, je pourrais répondre quelque chose mais rien de concluant.

-Je ne connais pas chaque personne ayant un compte dans ma banque, soupirais-je en me redressant. Ilinca, ma subordonnée, aurait pu vous renseigner. Allons y, elle vérifiera dans les archives elle-même.

Je lui indiquais de ranger son livre quand j'interpellais la serveuse. La demoiselle fit mine de ne pas me voir tout de suite pour terminer de prendre une commande et son papier gribouillé elle rejoignit notre tablée avec un sourire plein de professionnalisme... Au moins sait-elle faire son travail à défaut d'être habile. Sans un mot je lui indiquais nos verres vides qu'elle s'empressa de mettre sur son plateau, cherchant dans une trousse accrochée à sa taille elle en sortie l'addition déjà prête et nous la déposa avec le même sourire avant de s'éclipser.
Je payais les consommations sans y jeter un regard et me dressais dans l'attente de la guérisseuse.

-Êtes-vous prête ?

On se retouve dans ce sujet