Village sur pilotis - /!\ Attention, kraken [pv]

-Notre ami est de retour avec son tonneau d'eau.

Face au quais je l'avais vu arriver alors qu'il trainait derrière lui un assez gros baril. Il n'avait pas lésiné sur la quantité et son visage rougis par l'effort ne lui donnait que l'air plus étrange encore. Quoique l'alcool lui avait déjà donné beaucoup de rougeur avant notre arrivée dans le village. Levé pour l'accueillir je filais l'aider à approcher le baril du bâteau. Et il crut un instant que ce tonneau allait vraiment nous servir. C'est vrai qu'un tonneau d'eau clair face à l'immensité de l'océan ça allait changer quelque chose !
L'homme remonta sur son navire et je laissais à l'elfe le soin de s'occuper de lui. Nous avions tous mieux à faire pour nous préparer. Filant vers la cabine, il nous fallut un temps avant de réussir à faire fonctionner les projecteurs, ces derniers fumaient de leur non-utilisation depuis des lustres. Le pire n'était pas la fumée mais l'odeur âcre de fientes brûlées qui s'en dégageait... Une épave, l'envoyer dans la gueule du monstre était en réalité un moyen comme un autre de réduire la pollution.

-Si on peut déplacer le harpon sur le quai, Ravëfanwen, tu aurais assez de ton somnifère pour empoisonner la bête si jamais notre plan à des ratés ?

Mon rôle se cantonnait à éviter que le village se fasse réduire en débris de bois flottés. Pour allumer les mèches je pouvais user de magie aussi, ma technique préférée était de faire du feu avec de l'eau, mais là... Si je commençais à m'éparpiller les gens du coins finiraient en pâtée pour poisson et nous avec.
Sans le bâteau de Quint nous étions forcé de maintenir le village sur ses fondations sous peine de mourir avec le Kraken... Je quittais le navire pour gagner le quai.
La nuit tombait déjà sur nous, et la lumière aidant l'animal serait bientôt là pour le dîner. Ne me restait qu'à espérer qu'il serait un peu en retard, j'aurais besoin de temps pour faire fonctionner le sort. Et vu la quantité d'énergie à vider là dedans, il est probable que je ne tienne plus sur mes jambes à la fin.

-C'est partit...

Je portais ma flûte à mes lèvres, laissant la concentration venir alors que là haut ils s'affairaient sûrement sur le bâteau. Et ma mélodie commença. Le village trembla quand les courants sous-marins se firent plus puissant. Soit nous jouons de malchance, soit notre invité était déjà dans le coin.

"Je pense qu'il est inutile de vous préciser que c'est à vous que je pensais, sire Arcanta, pour déclencher l'explosion depuis les cieux. Vous sentez vous capable de porter Mademoiselle en vol ?"

Me tournant vers Ravëfanwen puis vers Manali, j'estimais approximativement le poids de cette dernière avant de donner ma réponse à la Druchii.

"A vu d'œil, je dirais que je n'aurais pas de grandes difficultés à la soulever, elle n'a pas l'air bien lourde ... Puis cela m'étonnerait que le duel s'éternise en longueur, donc non il n'y aura pas de problèmes. J'aurais juste moins d'agilité pour bouger et éviter de possibles attaques du Kraken. Il faudra donc faire diversion le temps que nous nous observions les explosifs, sinon je crains de ne pouvoir revenir en un seul morceau en présence de mademoiselle."

En effet le poids n'était pas un problème à soulever, mais à manœuvrer c'était une toute autre histoire. Je doutais que le kraken soit une bête de course pour attaquer, mais il fallait mieux trop se méfier que pas assez. Puis voyant que monsieur Quint, l'idiot du village, s'en revenait avec son tonneau d'eau, j'en profitais que Nozomi s'absente pour l'aider pour dire quelques derniers mots à Ravëfanwen.

"Je pense que c'est à vous de vous occuper de notre ami pêcheur avec vos poisons, ce sera ensuite plus facile pour nous de l'accrocher en tant qu'appât."

Dissimilant difficilement un sourire, j'allais rejoindre ensuite Manali, une lanterne à moitié rouillée dans la main que j'avais trouvé sur le rafiot, comment Quint pouvait-il s'éclairer avec une antiquité pareil, me demandais-je ? J'espérais sincèrement qu'elle serait produire la flamme nécessaire pour faire exploser le bateau. Maintenant que la nuit tombait le monstre n'allait surement plus tarder à venir et il fallait se dépêcher pour les derniers détails de l'opération.

"Voila une lanterne que j'ai trouvé sur le bateau, si on peut le nommer ainsi. J'espère que ça suffira pour enflammer le carburant et faire exploser l'embarcation car je n'ai rien trouvé de mieux en tant que détonateur. Ce sera à toi de lâcher la lanterne au bon moment, de mon côté je m'arrangerais pour éviter le kraken si il se décide à nous prendre pour cible. Tu seras en quelque sorte ma sentinelle car tu percevras surement mieux le moment où il faudra faire exploser le bateau que moi."

Attendant une réponse, une remarque, une question ou que sais-je d'autre de la part de Manali, j'attendais patiemment l'arrivé de notre futur proie tout en lui fourrant la lanterne dont je lui avais parlé dans la main. Bientôt notre pieuvre géante arriverait pour s'amuser avec nous.

Spoiler:

[ On m'a demandé d'accélérer un peu les choses, j'ai pris quelques libertés, j'éditerai si quelque chose ne convient pas ! ]

Alors que les autres personnes s'activaient pour mettre le plan en place, Manali bâillait aux corneilles. Il avait donc été conclus qu'elle devrait faire sauter le navire au bon moment grâce à sa petite capacité. Étrangement, elle ne ressentit aucune forme de stress : pour elle, cette histoire de timing n'était pas un problème. Le kraken pouvait tous les éliminer si le plan échouait, il était donc impossible que quoi que ce soit se passe mal. Logique, logique, quand tu nous tiens... Bref, lorsque le fameux Arcanta vint la voir, elle prit la fameuse lampe dans ses deux mains, un peu ennuyée par ce qui allait se passer. La jeune fille n'aimait pas beaucoup qu'on la touche, surtout si c'est pour la transporter dans les airs. Il faudrait faire avec, hélas. Il faisait au moins bien de préciser qu'il ne pensait pas qu'elle soit lourde, ç'aurait été le drame !

-"Tu peux compter sur moi."

Pas de questions, pas de commentaires... voici tout ce qu'elle avait à dire.

-"Je suis prête."

Ainsi, le temps passa encore un peu : Nozomi avait commencé à jouer de son instrument, le vieux pêcheur avait été découpé et accroché, le bateau était illuminé... tout allait pour le mieux ! Jusqu'à ce que notre adolescente ne tourne la tête vers l'immensité de l'océan, alors qu'elle était restée sur le bateau avec son transporteur personnel pour préparer les explosifs et enduire le pont de carburant. La bête arrivait, elle pouvait clairement le sentir. Loin de montrer le moindre signe d’inquiétude, elle plissa les yeux vers la mer. La nuit n'aidait pas du tout à la visibilité et les lumières du navire n'aidaient pas à y voir bien loin.

-"Il arrive, on peut y aller."

La jeune fille laissa donc l'emplumé poser ses mains sur elle pour la soulever dans les airs, bien qu'elle ne put s'empêcher de se crisper et faire une grimace lorsqu'il l'attrapa. Une fois dans les cieux, il ne fallut pas longtemps avant que le monstre ne pointe le bout de son nez, ouvrant grand son bec pour engloutir une grande partie du navire. Fort heureusement, Manali réussit à lancer sa lanterne au bon moment, enflammant le pont du navire pile à temps, alors que la bête sortait la gueule de l'eau pour l'avaler.
Quelques secondes plus tard, une bien belle explosion eut lieu. Hélas ! L'onde de choc allait vite se répandre dans l'air, accompagnée de quelques débris dangereux... il fallait espérer que le fameux Arcanta ne lâche pas prise et soit capable de gérer la situation ! Sans compter que le Kraken ne fut pas tué sur le coup. Il était mortellement blessé mais également fou furieux. Il envoya ses gigantesques tentacules vers les cieux, bien décidé à chasser les moucherons humanoïdes qui lui tournaient autour avant de foncer vers le village et tout ravager en guise de vengeance.

L'action venait de commencer, et la lutte serait difficile... bien qu'il ne survivrait pas à ses blessures, le monstre à la gueule arrachée et ensanglantée, gémissant et hurlant, ferait tout son possible pour emporter le plus de vies possible avec lui. Il faudrait tenir et protéger le village assez longtemps, désormais

Le soleil avait lentement tiré sa révérence pendant que nous affairions à préparer le bateau pour le bûché funéraire. Je m'étais occupée silencieusement du propriétaire de l'embarcation, le pauvre n'eut sans doute pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait. D'une main experte, je l'avais attaché à la proue du navire et lui avait ouvert le ventre de manière à ce que ses entrailles se répandent dans les ondes ; fort heureusement pour nous, il faisait moins chaud qu'en pleine après midi, et la fraicheur de la nuit atténuait quelque peu l'odeur du sang et des tripes qui lentement se séparaient de leur enveloppe charnelle. Les goélands mettraient un peu plus de temps à monter leur nez.

Lorsque l'engin de mort fut apprêté, je descendis sur le quai pour rejoindre Nozomi, laissant le tout nouveau capitaine Arcanta mener l'embarcation en pleine mer. Je profitai du petit laps de temps qui m'était offert pour préparer un poison à partir de ce que j'avais avec moi. Du somnifère comme l'avait suggéré Nozomi, mais aussi des substances paralysantes et de puissantes toxines. Jamais je n'avais utilisé autant de composés différents à la fois pour enduire une seule flèche ; il était très probable qu'autant de substances mélangées aient un effet dévastateur, mais la cible était un peu différentes de celles que j'avais l'habitude d'abattre. J'espérais secrètement provoquer une paralysie cardiaque fulgurante mais savais que cela avait peu de chance de marcher. Si je parvenais à paralyser la zone touchée, j'en aurais tiré satisfaction.
Charmée par le son de l'instrument de Nozomi, je m'appliquai à ne pas trembler alors que j'appliquai les poisons sur le harpon métallique à ma disposition. Pour éviter que mes mains ne tremblent de trop, je me pris à ajouter quelques paroles à la mélodie enchanteresse jouée par le jeune homme. Des paroles dans la langue des Druchii qui ne manquaient pas de sonner dures et gutturales à l'oreille d'un humain mais qui me rappelaient mon monde d'origine.

Quand j'eus terminé et que j'encochai le harpon dans ce qui m'apparaissait comme une grosse arbalète, nous aperçûmes la lanterne que tenait Manali, et qui signalait leur position d'un point jaune parmi les étoiles blanches, tomber vers l'océan. En moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire, le navire s'embrasa et, alors que sur la lueur dorée des flammes se découpaient de sombres et gigantesques tentacules, nous assistâmes à un inoubliable feu d'artifice. Un éclat de lumière aveuglant illumina la nuit étoilée d'un feu rougeoyant, puis nous parvint le son de la déflagration, assourdissant, étourdissant. Alors que le souffle faisait s'envoler les débris de bois et les filets de pêches qui trainaient sur le pont, l'eau autour de nous restait parfaitement calme ; tout au plus, quelques vagues vinrent clapoter contre les pilotis.

"Sire Nozomi vous faites des merveilles avec cet instrument."

Je n'eus le temps d'en dire plus : la bête, bien que nous ne la distinguions pas, semblait se rapprocher assez rapidement et dangereusement du village. Les bruits qu'elle provoquait en déplaçant son large corps dans l'eau se faisaient de plus en plus proches, tout comme le grondement sourd qui semblait émerger des abysses. Je me plaçai derrière le harpon et l'armai pour le tir. Je n'allais pas avoir deux chances ; mon unique munition devait faire mouche, sans quoi j'allais être d'une inutilité parfaite.

La créature dû percevoir la modification engendrée par Nozomi car elle s'arrêta à moins d'une demie encablure du village et étendit ses longs bras tentaculaire vers le ciel. L'eau bouillonnait autour de cette pieuvre géante ; trois énormes appendices se dressaient maintenant à une quinzaine de mètres au dessus de l'eau. Après quelques instants, dont j'eus put profiter pour faire feu si j'avais été plus certaine d'atteindre ma cible, le Kraken parut se soulever. Faisant apparaître une jolie gueule ronde et poussant un gémissement plaintif digne d'une créature blessée, il s'élança vers le village, ses trois tentacules toujours dressées, prêtes à s'abattre sur les pontons de bois où nous nous trouvions, Nozomi et moi, et maintenant quelques habitants réveillées par la détonation de notre feu d'artifice.

Consciente de l'urgence de la situation, je visais l'une des tentacules et tirai sur la titanesque créature. Si j'avais pu induire ma volonté de blesser au harpon, je l'aurai fait. Je ratai la tentacule que j'avais visé ; le pieu métallique alla se loger entre deux de ses membres flasques et couverts de ventouses, non loin de la gueule ; je songeais avec amertume qu'il aurait mieux valut qu'il se plante directement dans son tube digestif et priais pour que l'arme ait transpercé sa peau.

Ce fut sans doute le cas, à en juger par le cri qui retentit aussitôt après mon tir. Je vis la créature s'agiter et n'eus qu'un instant pour réagir lorsque je compris que l'un de ses bras allait s'abattre sur ponton où nous nous trouvions, Nozomi et moi. Je m'élançai vers le garçon, lâchant mon arme déchargée ; quand le ponton fut pulvérisé avec violence juste derrière moi, je tombai dans l'eau, emportée par un tourbillon ou se mêlait l'eau, le bois, des morceaux de corde et des objets divers.

La peur de mourir noyée vint me saisir alors que je me débattait pour ne pas être aspirée dans les abysses.

Je dois l'avouer je n'avais jamais établit une telle surface à contrôler. C'était une sensation nouvelle et un risque nouveau. Une flûte entre les mains personne ne songerait de suite au pouvoir qui se dégageait dans l'eau. Comme d'immense tentacules, j'impulsais un mouvement nouveau, exceptionnel, hors de la carte des courants commune. Bref, c'était un morceau d'océan en dehors de l'océan. Je jouais depuis quelques minutes déjà, le soleil ne chauffait plus et une voix s'était joint à la mélodie.
Je pris conscience que j'avais fermé les yeux, pour ne pas être déconcentré ou juste par automatisme. C'est étrange un musicien qui ferme les yeux en jouant. J'ai toujours pensé que ça leur donnait l'air de pantin articuler autour de leur instrument. Je me faisais le même effet. Alors je les ai ré-ouvert pour observer le harpon défraichis que ma coéquipière sur le ponton enduisait de ses poisons. Et les ai refermé. Pour me concentrer plus profondément malgré le léger tremblement qui rendait le pincement des doigts sur l'instrument moins sûr, plus instable. Sa voix me parvint. J'étais heureux d'être tombé sur quelqu'un de consciencieux pour ce travail, les mercenaires de seconde main sont monnaie courante sur ce terrain.

L'eau tremble elle aussi. Elle vibre, repoussée de force et maintenue par une autre force. L'animal étirait son corps et ses bras hors de l'eau et puis je n'entendis plus rien de la musique, de l'eau... Si, la lumière rougie sous mes paupières et le souffle de l'explosion s'accompagna de l'assourdissant souffle. Le bâteau explosait dans la gueule même de l'animal que nous chassions. J'abandonnais la musique qui nous avait maintenu sur ce village perché au dessus de l'eau, j'avais réussi mon coup. Tout juste engourdi, je ne voyais que l'ombre de la bête se découper sur la lumière encore dégagée par des éléments flottant enflammés.

J'ai du mal à bien voir, je sais que l'elfe n'est pas loin de moi et devant nous la bête énorme qui en se mouvant provoque des vagues assez hautes pour nous tremper les pieds sur le pont. Le harpon fuse et continue d'énerver la bête qui se venge dans son agonie. Le pont est balayé sur le champs et s'il n'y avait eu l'elfe noire je n'aurais pas été assez rapide à la voir arriver et à l'esquiver. L'eau froide ravive mes sens. Il y a de la lumière qui perce à peine la surface de l'eau et de l'autre côté des minuscules bulles excitées par les mouvements de l'eau. J'ai peu de souffle et mon regard accroche un corps qui me semble humain dans cette absence de lumière. Ma flûte dans une main, l'autre agrippe le bras de ma coéquipière et je remonte.

Les restes du pont flotte autour de nous et les va et vient de l'eau nous éloignent et nous rapprochent du village encore debout. À ce rythme, l'animal balayerait les pilotis qui le maintiennent à la surface, si ce n'est les vagues qui le submergeront. Il faut nager pour gagner un endroit où sortir de l'eau, nous n'étions pas à l'abri de la rage de l'animal. Il devait déjà nous "voir" nous débattre dans les remous.
J'ai lâché l'elfe, ma main cherche le touché du bois, il faut remonter. Mes doigts frôlent le dur de ce qu'il reste du pont et une vague m'éloigne avant que je ne l'ai accroché. Je prends mon instrument entre mes dents et dans un élan nage et agrippe à le bois à ma deuxième tentative. à la force des bras je quitte l'eau, le sel me brûle les yeux et devant moi la soudaine lumière des torches qui illuminent les villageois soudain rassemblés dehors m'éblouis une minute. Devant, ils nous regardent comme des blasphémateurs à préparer pour la torture. Ils me regardent ? Je me retourne, j'ai dû dériver assez loin, je suis seul. À moins que Ravëfanwen soit encore dans l'eau. Je n'en sais rien. Au loin je sais qu'il y a la bête et tout au plus il me reste assez d'énergie pour hisser ma flûte à mes lèvres et tenter d'en rajouter un peu pour qu'il meure pour de bon. Alors je joue. Je joue quelques notes. Il semble m'avoir entendu car à peine ai-je commence que ses tentacules s'abattirent à nouveau sur le village. Les pilotis s'ébranlèrent, le village était à moitié coupé en deux.

Spoiler:

[ Il paraît que je peux sauter le tour de mon porteur et pendre des libertés, donc... let's go ]

L'onde de choc avait été extrêmement violente : l'ange n'avait ni réussit à lui échapper, ni à lutter contre elle. Manali s'était protégée le visage avec ses avant-bras, mais Arcanta n'avait pas réussit à la garder contre lui et l'avait lâchée. Notre jeune fille fit donc une chute rapide et assez violente droit vers l'océan, dans lequel elle s'écrasa sans grâce. Le choc lui fit presque perdre connaissance... presque ! Néanmoins, elle en resta un peu sonnée, ne réalisant pas tout de suite qu'elle s'enfonçait vers les profondeurs marines. Heureusement, elle réussit à reprendre ses esprits à temps et tenta de regagner la surface le plus rapidement possible, l'air lui manquant cruellement. Il lui fallut un peu plus d'efforts que prévu pour remonter à l'air libre : mal retombée, elle s'était cassé un bras. Là dessus, elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas été chanceuse : après avoir chuté à grande vitesse d'une hauteur pareille, elle pouvait s'estimer heureuse de ne pas être morte ou tétraplégique à vie. Lorsqu'elle réussit enfin à sortir la tête de l'eau, elle ne put s'empêcher de tousser et cracher, les yeux irrités.

Magnifique : elle était désormais seule, au beau milieu de l'océan, ne pouvant pas vraiment résister aux courants qui, fort heureusement, la rapprochaient du village. Au moins, ça avait du bon d'être dans le sillage d'un monstre immense. Vu les cris poussés par la bête, l'explosion n'avait pas du lui faire du bien ! La preuve, de la fumée s'échappait encore de son bec presque arraché et ensanglanté. L'adolescente rassembla ses forces et nagea en direction du village, sachant très bien qu'elle avait intérêt à le rejoindre le plus rapidement possible ! Elle rencontra le monstre sur sa route, mais ce dernier semblait captivé par une mélodie venant sans aucun doute de Nozomi. Profitant que le monstre était concentré sur quelque chose d'autre qu'elle, elle se fit discrète et réussit à atteindre un ponton après avoir nagé dans une mélasse d'eau et de sang appartenant à la bête. La jeune fille tenta de se hisser dessus à l'aide de son bras valide, mais c'est à ce moment-là qu'un tentacule s'abattit sur le village. Le choc, encore une fois, fut d'une violence inouïe, coupant presque le village en deux ! Les vagues générées par le choc, elles aussi violentes, détruisirent une partie du village, dont le ponton sur lequel notre adolescente s'accrochait désespérément.

Encore une fois, elle ne put lutter contre la nature déchainée, ne pouvant que se laisser emporter par le courant avec des cordages, tonneaux, planches brisées et morceaux de bois en tout genre... avant qu'un voile noir ne vienne se poser sur ses yeux. La perte de connaissance ne dura que quelques instants, et ce sont des cris de terreur et de douleur qui la réveillèrent. Étrangement, tous ces hurlement la firent rougir et sourire. Un comportement complètement illogique pour certains, j'en conviens, mais allez savoir... peut-être était-elle tout simplement heureuse de se savoir encore en vie ? Même si, jusqu'ici, elle était restée totalement impassible et neutre, même lorsque l'ange l'avait lâchée. Il est possible que, cette fois, elle n'ait pas réussit à retenir sa joie, tout simplement. Enfin ! Son sourire ne dura pas longtemps et elle retrouva vite son air impassible. Du sang, son sang, coulait en abondance de son front et elle était allongée sur morceau du ponton... enfin, à moitié allongée, son bassin et ses jambes se trouvant toujours dans l'eau. Son bras la faisait atrocement souffrir (d'autant plus que les incroyables efforts qu'elle avait fournit pour s'en servir en nageant n'avaient pas du lui faire grand bien), un morceau de bois s'était planté dans son côté droit et sa tête avait du heurter quelque chose. Elle poussa un soupir. Déjà qu'elle était recouverte du sang de la bête, en faire couler un peu plus ne ferait qu'attirer les autres prédateurs du coin. Le cadavre du kraken allait sans doute permettre aux villageois encore en vie de faire une véritable pêche miraculeuse !

Enfin, plus loin, des lumières étaient visibles, venant sans doute de torches. Manali eut la conviction, sans doute grâce à son don, que Nozomi au moins se trouvait là bas et pas en bonne compagnie. Ce n'était pas très loin, peut-être pourrait-elle essayer d'attirer l'attention des gens qui s'y trouvaient si elle criait assez fort ! Du coup, elle se mit à appeler Nozomi, le plus fort qu'elle le put, en espérant qu'il l'entende et abandonne ses compagnons pour venir la chercher, n'ayant pas envie de faire un nouveau cent mètre crawl avec toutes ses blessures et ne se sentait pas de se dé-empaler du bout de bois d'elle-même. Sa voix ne portait malheureusement pas loin, et elle espérait que son compagnon l'ait l'oreille fine...

Arcanta ? Il avait disparut et notre adolescente n'avait pas retrouvé sa trace. Le Kraken ? Il gisait là, rendant ses derniers soupirs, le poison et ses entrailles incinérées ne lui permettant plus de bouger. Il agonisait, comprenant que sa fin était proche, incapable d'avoir le recul nécessaire pour comprendre son erreur.
Le roi de cette partie de l'océan était en train de s'éteindre, et tout le monde s'en réjouirait.

Si j'avais trouvé un point d'appui alors que la main de Noryan tenait mon bras, j'aurais sans doute pu me hisser sur un reste de ponton. Ce n'avait pas été le cas et j'avais replongé dans l'eau sombre. Le courant m'avait entrainé dans les profondeurs et lorsqu'un morceau de bois sans doute détaché de l'un des pontons brisés de la ville vint me heurter à la tête, je perdis conscience.

Lorsque je revins parmi les vivants, j'étais allongée sur quelques planches ; un clou s'était invité à rentrer dans la chair de mon ventre, et mon épaule me faisait souffrir alors que j'entreprenais de bouger mon bras. Manifestement, j'avais été quelque peu malmenée. Mes idées s'éclaircirent soudain et je me remémorai le Kraken détruisant la ville. Je jetais des regards brefs autour de moi ; le calme était revenu, tout comme la pénombre de la nuit, l'incendie provoqué par l'explosion du bateau était éteint. D'après la position des étoiles, quelques heures avaient passées, j'avais du rester inconsciente un long moment. Je m'enquis alors de savoir où mes compagnons se trouvaient ; Noryan avait peut être réussi à rester sur les pontons de la ville, quant à Manali et Arcanta, je ne pouvais qu'espérer qu'ils soient restés en vol pendant que la créature déchainait sa colère sur le village.

Je me laissais glisser dans l'eau en grimaçant : le sel de la mer brûlait mes diverses plaies ; il fallait cependant que je regagne ce qui servait de "terre ferme" pour avoir l'espoir de retrouver mes trois co-équipiers. A deux reprises, je bus la tasse mais évitait de perdre de vue les lumières vives qui indiquaient les pontons animés par les habitants. Le trajet à la nage me paru durer une éternité ; je pense maintenant que je n'eus pas à nager plus de cent mètres, mais la fatigue déformait sans doute mon jugement. Alors que je m'évertuais à escalader un poteau couvert d'algues glissantes, une main attrapa mon poignet et m'aida à remonter sur le quai. Manali m'adressait un sourire mi-figue mi-raisin dont je saisis le sens puis m'indiqua une caisse en bois sur laquelle le joueur de flûte était assis. J'allais faire de même en évitant les regards des quelques habitants qui parlaient bruyamment de ce qui venait de se produire.

"Je n'ose imaginer dans quel état se trouverait ce village si vous n'aviez pas été là pour le protéger." Adressais-je à Noryan, puis je tournais la tête vers Manali.

"Qu'est il advenu de l'ange Arcanta ?"

Trempé de la tête aux pieds... L'animal agonisa et finit par mourir quand je laissais cette vision de la mort d'un dieu envahir les regards terrifiés des villageois réunis là. Le parfait silence de l'eau faisant trembler les troncs qui soutenaient encore le village, celui des prières et murmures des gens rassemblés là. J'ai penché la tête cherchant les sons qui pouvaient venir d'ailleurs. Etais-je le seul à avoir su garder les pieds sur le ponton ? Où était passé l'elfe noire et la gamine ? L'ange était invisible dans le ciel, lui aussi avait disparu.
Jusqu'à ce que j'entende une vague porté un cri d'oiseau. Non. Le son diffus, étouffé venait de plus loin. J'ai regardé dans la nuit, des projecteurs s'habillaient déjà de lumière pour glisser sur l'eau pour voir la bête mourir, pour voir s'il y avait des blessés ou des noyés. Et dans les débris du bâteau et des morceaux de bois flottant un projecteur dessina au loin la forme d'un être qu'il était difficile jusque là de qualifier de vivant. J'ai retiré la corde des mains d'un villageois, attaché au ponton, encerclant ma taille j'ai plongé et j'ai nagé jusqu'à la gamine. Un quart d'heure plus tard elle était sur le ponton nous étions tous deux couvert d'eau et le sel nous déshydratant la peau, mais elle semblait encore vivante. Une femme du village entreprit de s'occuper d'elle... Malgré les regards coupables que tous nous lançaient. On a tué le roi de l'océan.

Des heures plus tard, le soleil revenait patiemment verser sur le village un halo de lumière coulante comme du métal en fusion. C'est à ce moment là que l'elfe réapparu. Le village devait sa survie à une énorme tas de chance et nos efforts conjugués. Je hochais du menton, avalant ma salive encore salée avant de répondre.

-Arcanta a disparu et le Kraken est mort, fis-je en pointant du doigt la carcasse qui attirait déjà les prédateurs. Les gens du village ont appelé le sanctuaire, ils viennent chercher les blessés.

Un léger sourire. Personne n'aurait cru qu'une gamine, une elfe herboriste, un ange mercenaire et un soldat flutîste aurait pu tuer une bête de cette taille. C'était un sourire fier, même si contrairement aux jeunes femmes j'étais contusionné de partout mais je n'aurais aucune cicatrice en souvenir.


[Aliénor nous embarquera pour le sanctuaire dès qu'elle aura le temps de poster. On s'y retrouve ! ]

Apparition rapide, ordre clair et conçit de sa chef qui avait plus aboyé qu'autre chose qu'il devait aller au plus vite. A peine avait-il eu le temps de prendre une trousse qu'elle lui remettait son titre perçant avec la phrase" il s'appelle revient sinon je te le déduis de ton salaire" et qu'elle lui ordonnait de ramer expressément trois personnes. A savoir qui exactement là était toute la question...

Arrivée sur place, le guérisseur ne pu que constater. Un village à moitié détruit, des pontons complétement arrachés, des gens qui se lamentait, cette odeur de sang mélanger à quelque chose de plus... Berk... Il détestait la mer et ces habitants alors cette odeur...

Il fut interpellé par une personne qui lui demanda si il était l'envoyé du Sanctuaire, hochant la tête, il n'eut donc pas d'autre choix que de suivre l'homme qui lui dit qu'il allait le mener aux blessés.

Kathias était guérisseur depuis plus de 5 ans et dire qu'il avait vu des choses étranges étaient un faible mot donc il s'attendait à tout. L'homme désigna d'un mouvement du doigt, je remercie avant d'enjambé quelque chose qui ressemblait à un truc comme une tentacule et arriva près des blessés. Rapidement il se présenta avant de se diriger vers les deux femmes qui semblait les plus atteinte:

"Kathias, Guérisseur urgentiste, j'ai été chargé par la directrice de vous ramené tous au Sanctuaire. De préférence en un seul morceau."

Tout en parlant, il avait évalué les blessures de celle qu'il avait reconnue pour être une elfe et déjà croisé au sanctuaire. Il sortit de son sac compresse et bandage avant de dire:

"Je ne peux pas l'enlever ici, vous risqueriez de saigner encore plus. Je vais bander la plaie le temps du transfert."

Il agit rapidement, conservant son calme, puis il évalua le reste des blessures et mis en écharpe le bras blessé avec ordre de ne pas le bouger sous peine d'aggraver la blessure à l'épaule.
Puis il se redressa et se dirigea vers la seconde femme, là encore il évalua la blessure, il ne pouvait rien faire ici, alors pareil, il fit un grossier bandage afin de stopper l'hémorragie au niveau de la tête, avant d'évaluer la blessure au bras qui faisait un angle étrange, avec précaution, il le mit aussi en écharpe avant d'aider la jeune femme a se rendre près de la seconde, afin de partir tous ensemble sans soucis.

"J'arrive ne bouger pas."

S'approchant du jeune homme, Kathias l'examina des pieds à la têtes, contusions, rien de bien grave, dans un geste, il l'invita à rejoindre les deux autres personnes avant de demander:

"Plus personne?"

Réponse négative récupérant son sac, il sortit son titre et les quatre silhouette disparurent de cette endroit dévasté...

[J'espère que ça convient, je vous laisse ouvrir le sujet au Sanctu:)]