Terrain de jeu [PV : Rhys]

Je sais ce que vous vous dites, mais qu'est ce que peux bien faire un gars comme moi perdu prêt d'une petite colline avec un morceau de métal à la main ? Et bien je vais vous répondre, rien, enfin plutôt je suis sorti de la ville pour venir m'amuser par ici, ça peut vous paraitre enfantin mais j'avais besoin de décompresser après toutes les récentes saletés qui m'étaient arrivées.

Je m'étais donc retrouvé prêt de cette colline descendant en pente douce, m'amusant à la dévaler en utilisant mon morceau de tôle comme un surf des prairies. Oui ça parait bête vu comme ça, mais finalement rien n'était assez intelligent pour se libérer l'esprit et pouvoir oublier ses problèmes. Je devrais avoir l'habitude depuis le temps que j'ai l'impression que ma vie est maudite, mais j'espère toujours qu'un jour la chance me sourira.

Je venais donc de dévaler une centaine de fois cette descente herbeuse pour finalement m'allonger sur l'herbe, vaincu par la fatigue. Perdant mon regard dans l'immensité du ciel, je laissais voguer mon esprit me demandant furtivement si il y avait une âme qui vive dans un endroit aussi calme ...

Spoiler:

J'avais encore réussi à fausser compagnie à Kaïl que j'avais laissé au campement la veille. Mais comme d'habitude, il allait surement finir par me retrouver alors je pris une nouvelle apparence féminine encore une fois. J'avais remonté mes très longs cheveux sur une épaule afin de ne pas marcher dessus et drapé un grand morceau de tissu noir autour de mon corps comme une tunique, histoire de ne pas trop me faire remarquer en me promenant nue. Les seuls détails qui pouvait me faire remarquer de mon pot de colle attitré étaient ma petite taille, mes cheveux si longs qu'ils trainaient au sol et je ne portais pas de chaussure, mais j'avais gardé une forme animale trop longtemps pour m'être soucié de ce détail. J'avais marché toute la nuit et une partie de la journée, profitant du silence qui pour une fois accompagnait mes pas.

En chemin je vis une personne descendre une colline mais la distance faisait que je n'arrivais pas à distinguer sur quoi, il semblait avoir un objet qui brillait au soleil. Je m'assis sur une butte, cachée sous des arbres un peu plus loin et le regardais faire en souriant. Ce serait pas une mauvaise idée pour occuper Kaïl la prochaine fois. Il faudra que lui en parle. Je me levais au bout d'un moment et m'approchais en riant d'un rire que j'avais rendu plus clair en modifiant les cordes vocales et ma gorge pour lui donner une sonorité plus féminine, lorsque le jeune homme s'écroula dans l'herbe.

- Bonjour ! Pardonnez moi de vous déranger, mais vous aviez l'air de tellement vous amuser que je n'ai pu m'empêcher d'approcher...

Je lui dédiais un sourire tout ce qu'il y avait de plus amical, et je pris un air charmeur et ingénu en me rendant compte de plus près qu'il n'était pas trop mal.

- Puis-je me joindre à vous ou attendez vous déjà quelqu'un ?

Je m'amusais avec un brin d'herbe, me dorant à moitié la pilule sur cette étendue d'herbe quand un rire cristallin me tira soudainement de mes pensées. Qui pouvait bien être là ? Je croyais que c'était un trou paumé. Me retournant sur le côté j'aperçu alors une jeune demoiselle à la longue chevelure jais, tout sourire. J'étais en train de rêver ou une inconnue sortit de nulle part venait juste de m'adresser la parole ? Me redressant en position assise, il fallait que je me rende à l'évidence que cette personne était bien réelle.

-"Bonjour ... Je ne m'attendais pas vraiment à rencontrer des personnes par ici, vous habitez dans le coin ? Ou, c'est que vous êtes venu comme moi ici par hasard ?"

Ce n'était pas que je m'intéressais de savoir où elle habitait, mais je trouvais tout de même cela étrange, surtout qu'elle me souriait d'un air charmeur et c'était plutôt suspect. A force de voir ma vie comme une malédiction, je devenais trop méfiant. Après tout elle n'avait pas l'air méchante, si elle voulait discuter pourquoi pas, je n'avais que ça à faire.

-"Non ça ne me dérange vous pouvez venir, je n'attends personne en particulier."

Et pour cause parce que je connaissais presque personne, surement mon mauvais caractère mais apparemment cela n'avait pas rebuté cette personne.

-"Quand à mon surf des prairies si ça vous amuse tellement vous pouvez essayer, par contre descendez plutôt comme sur une luge, sinon debout vous risqueriez de tomber."

A vrai dire j'avais utilisé un champ magnétique pour maintenir un parfait équilibre sur mon morceau de tôle, mais je préférais pour le moment ne pas aborder le sujet de mon pouvoir, sujet qui n'avait de toutes façons aucune importance.

Je m'installais tranquillement dans l'herbe à ses côtés, faisant passer toute ma chevelure sur une épaule afin qu'elle retombe sur ma robe et ne traine pas dans l'herbe. L'inconvénient avec les formes féminines c'est que je dois prendre un taille plus petite que celle que j'ai en homme, mais je me retrouve avec des cheveux immenses en compensation...

- Non, je me promenais seulement dans le coin quand j'ai entendu du bruit.

Le terme plus exact que "je me promenais" était plutôt "je fuyais un casse pieds", mais je préférais éviter de lui raconter ma vie. Si Kaïl nous retrouvait, il ferait sa connaissance bien assez tôt... Et il allait vite fuir, comme la plupart des gens. Je secouais la tête lorsqu'il me proposa d'essayer son "surf des prairies".

- Non merci ! Je me disais simplement que ça amuserait beaucoup quelqu'un de ma connaissance.

Je lui fis un petit sourire, les yeux brillants de bonne humeur en me demandant ce que donnerait mon petit monstre sur un truc pareil.

- Vous êtes ici par hasard donc ? Vous faites souvent ce genre de... sport ?

J'avais hésité quelques secondes avant de trouver le mot adéquate pour désigner son jeu. Je n'étais vraiment pas doué pour sociabiliser, Kaïl parlait pour moi en général... Je me contentais de draguer et lui faisait fuir les gens. Tu parles d'une équipe...

Je tournais mon regard vers l'inconnue qui venait de s'asseoir, la décrivant quelques secondes sans gêne, avant de le reporter vers la forêt qui se situait en face de moi. J'avais du mal à la cerner, était ce dans son caractère de venir aborder les gens ainsi, ou bien vivait t-elle dans ce coin perdu et elle était si heureuse que ça de voir du monde ?

-"Quelqu'un de votre connaissance, je suppose qu'il n'est pas avec vous alors si vous me dites ça."

Bon apparemment il y avait déjà d'autres âmes qui vivent à part elle dans le coin, ça me rassurait quelque peu même si je me demandais où ils habitaient.

-"On peut dire que je suis ici par hasard, j'avais besoin de décompresser après pas mal d'évènements inattendus."

Tu parlais d'évènements inattendus, pourquoi avait-il fallu que ce propriétaire se débarrasse de moi, de plus je n'avais toujours pas réussi à trouver du travail. Peut être devrais-je postuler dans une centrale électrique ?

-"Et pour le sport, on va dire qu'en général je me débrouille avec ce que j'ai autour de moi pour m'amuser."

Surtout ce qui était métallique à vrai dire, mais ça elle n'avait pas besoin de le savoir et puis je la trouvais bien curieuse à me poser toutes ces questions. Quitte à discuter avec une inconnue autant lui demander son nom, même si n'avait pas grande importance pour moi.

-"Ça vous dérange si je vous demande de me tutoyer ainsi que votre nom ?"

j'avais pris le vouvoiement par réflexe en me calquant sur sa manière de parler, mais je n'aimais pas vraiment ce vous pompeux.

Non en effet, j'avais réussi à me débarrasser de Kaïl pour quelques heures, et je comptais bien en profiter ! Pour une fois que je pouvais discuter dans le calme avec quelqu'un...

- Non, je l'ai laissé à notre campement plus loin...

Je me gardais bien de préciser que le campement en question se trouvait à plusieurs heures de marche... Il n'aurait pas compris comment j'avais pu marcher toute la nuit sans me fatiguer ni m'arrêter. En tous cas il semblait être venu ici aussi pour être au calme. Mais ma présence ne semblait pas le déranger...
Il me fit rire une nouvelle fois en me parlant de son "sport" et de sa façon de se détendre.

Je secouais la tête, délogeant mes longues mèches de mon épaule quand il me demanda si lui donner mon nom et le tutoyer me dérangeaient.

- Pas du tout, je suis désolée, je me nomme Rhys ! Et le vouvoiement est plus une habitude qu'autre chose... Puis-je te demander ton nom aussi en échange ?

Et puis j'étais de bonne humeur ce qui me donnait envie de jouer les curieuses.

- Je vis principalement dans la zone du dehors, tu habiterais donc en ville ?

Oui, j'étais curieuse, mais à côté de mon pot de colle attitré, j'étais relativement polie !

Ils avaient donc un campement, peut être était-elle une voyageuse de passage ce qui finalement paraissait plus logique vu qu'il n'y avait pas l'air d'y avoir une âme qui vive aux alentours. Cela expliquait aussi surement sa bonne humeur pour aborder les gens.

-"Rhys d'accord ... Je m'appelle Helin."

Une phrase courte, de toutes manières je ne savais pas vraiment quoi ajouter d'autre. Je n'étais pas quelqu'un de très sociable, si en plus je me retrouvais avec une inconnue ce n'était pas vraiment moi qui alimenterai la discussion.

-"Oui j'habite en ville, enfin on peut dire ça. On va dire que pour le moment je ne sais pas trop ce que je vais faire pour l'avenir."

Oui habiter était un bien grand mot vu que je logeais chez quelqu'un, ma situation obligeant.

-"Si tu habites dans la zone du dehors, je suppose que tu es une voyageuse puisque tu parlais de campement, je me trompe ? Vous êtes nombreux à vivre ainsi ?"

J'étais quelque peu curieux sur ces gens qui vivaient en dehors des villes et sur leur mode de vie.

Je lui fis un grand sourire lorsqu'il me donna son nom. Et bien voilà ! On avançait un peu ! Mon sourire s'effaça quelque peu lorsque Helin me parla de sa situation. Ça avait l'air assez délicat en effet... Dans un sens, j'avais un peu le même problème avec Kaïl, un jour il me faudrait retourner d'où je viens et je sais pas trop si je le laisserais me suivre, il faudra que je trouve quelqu'un pour s'occuper de lui, encore qu'il y arrive pas trop mal seul.

- J'espère que ça va s'arranger, et que tu trouveras une solution à tes questions.

Et j'avais été plutôt sincère en disant ça.

- Nous somme deux. Et nous voyageons un peu partout dans la zone du dehors, afin de connaitre le plus d'endroits possibles. De temps en temps nous allons en ville, mais c'est assez rare... Seulement quand mon compagnon veut de la nourriture chimique !

J'avais à moitié éclaté de rire en sortant la dernière phrase, mais le pire c'est que j'étais pas très loin du compte au final. Pour moi tout ce qui était fabriqué de la main de l'homme, autre que de celles d'un cuisinier était chimique. mais vu que je ne mangeais pas c'était son estomac qui en prenait un coup de pas le mien...

Puis soudain, je changeais complètement de sujet.

- Tu aimes les enfants ?

Comment passer du coq à l'âne... Mais dans un sens pas tant que ça, mon compagnon était un enfant.

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais l'impression que cette personne avait de la pitié vis à vis de ma situation, qui n'avait certes rien de glorieux, mais dont je m'occupais très bien.

-"J'espère que ce n'est pas de la pitié que je lis dans ton regard, j'ai déjà connu pire comme situation et finalement elle n'est pas si déplorable que ça. Il faut que je trouve le temps d'y remédier."

Je souriais doucement en sa direction, d'un côté elle m'amusait à s'inquiéter pour moi alors que je n'étais finalement qu'un inconnu, elle était surement trop gentille. De toutes manières je ne voulais mêler personnes avec mes problèmes, surtout qu'il ne s'agissait que d'un problème pour trouver du travail, après les autres problèmes se règleraient d'eux mêmes.

-"Deux, vous n'êtes pas si nombreux que ça alors, je me demande à quoi ressemble ton compagnon. Surement une jeune personne pour qu'il veuille de temps en temps de la nourriture chimique."

Je trouvais la comparaison marrante avec toutes cette mauvaise nourriture qu'était le fastfood et autres cochonneries, tout du moins je supposais qu'elle parlait de ce genre de nourriture chimique. Puis sa question suivante me surprit en me prenant au dépourvu.

-"Les enfants ? Je ne sais pas, je ne vais pas dire que je les apprécie mais pas non plus que je ne les aime pas."

Je ne voyais pas trop comment lui expliquer que mise à part l'orphelinat je n'avais jamais vraiment côtoyé d'enfants et que les orphelins n'étaient pas vraiment des anges m'ayant laissé un bon souvenir de mes années passées avec eux ...