Sang neuf à l'Épicerie - Partie 1

Comme tous ses lendemains faisant suite à une visite au Vandavel, Leiline est particulièrement guillerette ce matin. Vêtue d'une jolie robe blanche à bretelles, ne dévoilant ses jambes que jusqu'à ses genoux. Elle prend plaisir à traverser le peu de chemin qui lui reste à faire entre la plate-forme de téléportation de Namusu jusqu'à son commerce, rendant joyeusement les salutations de certains habitants du coin, habitués à son passage dans la ville.

Ce n'est qu'arrivée devant l'immense bâtiment et les premiers cris de ses familiers qu'elle lâche un soupir à en faire trembler les arbres. Elle sait déjà ce qu'il l'attend et appréhende ...

Reprenant un rictus dans une inspiration, elle ouvre la porte fermée à clé et entre à l'accueil. Si Zéphyris est tranquillement assoupi sur sa branche, il est vite sortit de son sommeil par des tas de "bip" et de "blop" et cette voix robotique à la fois chantante et stridente qui accueil si chaleureusement notre Épicière, affichant joyeusement des symboles intriguants sur son écran.

ヾ(〃^∇^)ﾉ Bonjour Leiline-saaaaaaan ! Bienvenue à votre Épicerie !

Un sourire gêné commence à naître sur le visage de l’intéressée que le petit robot enchaîne ses questions, tournoyant autour d'elle.

(ﾉ*╹▽╹*)ﾉ Comme vous avez une jolie robe ! 47% de chance que c’est votre compagnon qui l’a choisi ! Comment allez-vous depuis hier soir ? Vous avez bien dormi ? Vous avez l’air reposée à 83% ! Prête à attaquer la journée ?

Profitant enfin d'un moment de pause de son collègue aux multiples processeurs, elle attrape rapidement la parole en plein vole.

- Du calme, E-polite, du calme. Penses un peu à tes petits camarades qui viennent à peine de sortir du sommeil.

Elle désigne de la tête le pauvre Mangoustan qui se remet de son réveil brutal et qui doit maudire du plus profond de son être la gérante de ces lieux d’avoir donné la chance à ce drône irritant de se rendre utile dans son commerce. La voix du robot se fait alors moins aiguë, presque triste.

(´-﹏-`；)Désoléééééé …

Zéphiris peut ainsi reprendre - un brin agacé - son habituel poste d’accueil en ces lieux.

- Dame Leiline. Ce n’est pas faute de vous avoir dit que ce n’était pas une bonne idée de faire sortir cette conserve à boulons écervelé de sa boîte.

Offusqué, la conserve à boulons écervelé en question se met à émettre des grésillements forts accompagnés de ses paroles, roulant rapidement devant le perchoir de l’oiseau moqueur qui se montre bien plus grand et plus imposant que lui.

<(｀^´)>Leiline-san fait ce qu’elle veut, d’abord ! Il y a 99,7% de chance que vous vous soyez ENCORE levé de la mauvaise patte ce matin !

- STOP !

Silence totale dans l’accueil, laissant presque un écho au son élevé de la voix de Leiline, mains sur les hanches. Pendant ce laps de temps, Floyd grimpe lentement sur le comptoir sans trop comprendre ce qu’il se passe.

- Je me contrefiche de vos enfantillages. J’ai du boulot aujourd’hui et une résolution à prendre qui ne m’enchante guère. Alors vos disputes, stop.

L’hybride se met accroupie pour se mettre au niveau du nouveaux venu robotique qui se rapproche doucement d’elle, un visage plein de pixel à moitié caché de son écran, de peur des retombées de cette réprimande.

- E-Polite, tu es mon assistant pour la gestion des tâches et de mon agenda. Tu laisses Zéphyris faire son travail à l’accueil. Pas d’intervention avec les clients, d’accord ?

|_・)O-Oui, Leiline-san …

Une fois relevée, la leçon de moral vient au tour du volatile.

- Zéphyris, tu peux penser ce que tu veux de l’activation d’E-Polite, je m’en moque éperdument. Je considère que tu peux parfaitement gérer ton travail à l’accueil avec ou sans E-Polite dans les pattes. Je compte donc sur toi à la suite et ce, sans faire plus d’histoire à ce sujet.

Ce n’est pas son genre d’emprunter un ton sec pour parler ainsi à ses employées mais ils ne lui laissent parfois pas le choix - souvent ces derniers temps d’ailleurs. Ré-équilibrer la balance entre tout le petit monde qui peuple son commerce étant l’un des exemples. Et le calvaire est loin d’être terminé …

- E-Polite, peux-tu me donner le planning pour aujourd’hui, s’il te plaît ?

Sa voix se fait désormais plus douce, plus détendue tandis que le robot joyeux commence à produire des petits sons. Leiline espère juste qu’il lui fasse une surprise. Que ses réunions prévues soient annulées ou quelque chose du genre …

ヾ（〃＾∇＾）ﾉ♪Il est huit heure et trente deux minutes. Aujourd'hui, nous sommes le trente juin, bientôt en juillet ! 0,02% de chance de pluie aujourd’hui, indice solaire élevé. Pensez à mettre de la crème ! Les températures avoisines entre dix-neuf degrés pour les minimales et vingt-six degrés pour les maximales !

La femme-chat pose son regard sur le robot sphérique, lâchant un soupir tout en lui souriant. Elle sait très bien que ce n'était pas le sens premier de sa question, mais le petit droïde prend tellement de plaisir à faire son travail qu'elle ne peut même pas lui en vouloir pour ça.

(*╹▽╹*)En ce qui concerne votre agenda d'aujourd'hui, vous avez trois entretiens dans la journée. Le premier à dix heure trente, le deuxième à quatorze heure trente et le troisième à seize heure. Les Curriculum Vitae de chacun d'entre eux sont disponibles dans les dossiers de Floyd, votre Camitou.

- Bien, merci E-Polite.

Des entretiens pourtant importants à son commerce qui font de son travail un véritable cauchemar ces derniers temps. Des journées harassantes où Leiline alterne entre entretien des boxs, entretien des animaux et entretiens d'embauche pour des assistants / remplaçants en cas d'absence ou de mission. C'est déjà si la féline a du mal à faire confiance aux gens en règles générale, alors pour ce qui est de laisser son Épicerie entre les mains d'étrangers à quelques occasions ? N'en parlons pas ...

De plus, sa notoriété n'aide en rien - du moins, d'après elle. Cela a pourtant grandement contribué à faire venir du monde pour d'éventuels candidats aux postes à pourvoir, certains d'entre eux ne jugeait que par ça et c’était bien le problème que soulève l’hybride à la démarche. Elle veut quelqu’un qui s’intéresse à son Épicerie, pas à sa propre notoriété. Les précédentes visites ont été trop peu concluantes et elle sait qu’aujourd’hui, ce sera le même cirque.

La journée est favorable à la vente. Un grand soleil qui poussent les clients à tester les montures à l'extérieur, écrasant le terrains sous les pattes imposantes des familiers terrestres ou animant le ciel dans un ballet de plumes.

Leiline supervise le tout, souriante, attendant avec appréhension l'heure du dernier entretien pour en finir une bonne fois pour toute avec ces histoires et - très certainement - réexpédier le ou la candidate qu'elle va recevoir. Plongée dans son pessimisme, elle se console en initiant des débutants au plaisir de passer un moment de partage avec les animaux qui peuplent son commerce.

Quinze heure trente. Le dernier entrevue a lieu dans une demie-heure. Depuis que l'armement n'est plus géré par l'Épicerie, la Commerçante a emménagé la pièce de droite en un véritable bureau et lieu à vivre. Elle préfère largement cela à l'ambiance morne et glauque que donnait l'atelier et le bon nombre de fusils et de pistolets qui y prenait la poussière à l'époque.

Une grande pièce en bois chaleureuse et éclairée dont le bureau calé dans le fond de la pièce donne sur une immense fenêtre sur le côté, lui permettant de toujours garder un œil côté comptoir. Au coin opposé, un regroupement de poufs et de divans autour d'une table basse sur laquelle repose un service à thé encore brûlant. L'a t-elle préparé un peu trop tôt ? Il refroidira, le temps pour son invité d'arriver se dit t-elle. Avec un peu de chance, il viendra en avance. Elle prépare soigneusement le petit Floyd, assis sagement sur le bureau, prêt à noter le moindre détails de ce qui va sortir de la bouche de la futur victime de l'Épicière.

La fin d'après-midi approche, le bestiaire du bâtiment semble moins animé que dans la matinée, le commerce est considéré comme fermé au client plus tôt que prévu. Au vu de la prise de tête que vont être les prochaines minutes, la gérante a prévu le coup : sa journée sera terminée dès que la personne quittera son antre. Du moins, si Leiline ne se plonge pas dans une autre tâche entre temps ...

Quinze heure cinquante, le bois de la porte résonne dans toute l'entrée sous des battements lourds et lents. Étonnante cette manière de frapper à la porte. Derniers préparatifs. Zéphyris est aux aguets, E-Polite est caché dans une case de derrière le comptoir dans une sorte de mode veille et le Camitou attend le retour de sa dresseuse pour se mettre en marche. Coiffée et présentable, la jeune femme est prête.

Étonnée de ne voir encore personne entrer malgré l'écriteau "ouvert" à la porte, elle se rapproche de celle-ci, histoire d'observer au judas face à quel potentiel phénomène elle allait se retrouver. À travers le bois, l'hybride entend une voix. Posée, délicate et féminine. Un sacré contraste avec les coups données à la porte, forts et pesants. Cette voix a l'air de parler à quelqu'un. Mais à qui ?

C'est donc presque hésitante qu'elle pose sa main contre la poignée et qu'elle tourne celle-ci, laissant le carillon sonner avant de découvrir le visage de l'arrivante.

Rectification, des deux arrivants.

Une légère commissure aux lèvres trahit son étonnement et pourtant, ce n'est pas ce qui est le plus flagrant. Un brune aux ailes blanches dans le dos, droite comme un pique, fine comme une tige, dépassant notre Épicière d'une tête se dresse devant avec et pas seule. Un mastodonte couvre ses arrière. Un simple humain aux cheveux blonds à première vue, mais qui aurait muté ou pris trop de stéroïde dès son plus jeune âge. Le truc le plus étonnant ? Leurs visages affables, souriants, plaisant. Des gens avec qui on a envie de discuter aux premier abords.

C'est tout naturellement que Leiline arbore un grand sourire auprès de ses - finalement deux - convives. Dans une flegme toute particulière, à la lenteur digne d'une tortue à vive allure, la dame dépose une main sur son propre torse.

- Bonjour. Ai-je bien affaire avec Mademoiselle Devalle ?

Un bon point pour la dame. Si elle pose cette question, c'est qu'il y a des chances qu'elle ne soit pas au courant de la notoriété collante et peu supportable de la demoiselle en question. Ça ne va pas être une personne venant juste pour pouvoir se la raconter à ses proches.

- C'est moi-même. Bienvenue à l'Épicerie. - Elle ouvre en grand la porte. - Je suppose que vous êtes là pour l'entretien d'embauche ?

Alors qu'elle s'écarte de l'encadrement de la porte pour les inviter à entrer, son interlocutrice lui adresse un sourire très progressif. Même pour afficher ses dents, elle le fait d'une lenteur particulière.

- O-oui, mais je ne me suis point présentée. Kamina Ikiseru. Enchantée. - Elle désigne de la main l'armoire à glace derrière elle. - Et voici mon partenaire, Romàn Donovan.

L'intéressé acquiesce d'un sourire et d'un geste de la tête adressé à l'Épicière, qui lui sourit en retour. Les deux candidats entrent, prêt à être dirigés vers le bureau. Leiline repère au loin la réaction du Mangoustan à la vu du colosse. Ce dernier s'approche d'ailleurs dangereusement du volatile, par simple curiosité. C'est qu'il a l'air rigolo, cet oiseau ! Avant même que la gérante de l'établissement intervienne, la prénommée Kamina hausse le ton.

- Romàn, reviens et laisse cette oiseau faire son travail et reviens ici.

Sans même avoir tenté une action sur Zéphyris, le blond observe le sol, tout penaud et retourne auprès de sa compagne qui lui sourit gentiment et lui caresse le bras. Même avec une voix si posée, il lui a obéit au doigt et à l’œil. Dos à eux, l'hybride hausse les sourcils. S'il s'avère que se sont eux, les perles rares, l'ambiance à l'Épicerie va prendre une sacrée tournure.

Leiline aménage deux fauteuils adaptés pour ses visiteurs. Pour Kamina, ça n'est pas compliqué, pour Romàn, c'est une autre paire de manche. La masse de muscle qu'il est peut facilement briser une chaise rien qu'en s'asseyant. Une fois biens installés, elle retourne sur son siège de dirigeante, bras posés sur son bureau, calepin sous son nez.

À chaque entretien, l'hybride a cette désagréable impression de faire passer des gens pour les juger. Comme le ferait un jury dans les émissions ab**tissantes de stars ou de chanteurs prêt à briser du verre à la moindre note. Sur sa feuille, une liste approximative de questions, soigneusement cachées aux yeux des potentiels futurs salariés. Leur adressant son sourire chaleureux, Leiline entame l'interrogatoire.

- Bien ! Je ne vais pas y aller par quatre chemin. Je ne veux pas non plus que cet entretien s'éternise et vous fasse perdre votre temps. - Et le sien dans la foulée. - Je veux savoir ce que vous avez fait auparavant, ce qui vous motive à venir travailler dans mon Épicerie et surtout, savoir si vous avez de l'affinité avec les animaux.

Oui, cette dernière question peut paraître stupide, cela reste tout de même primordial de le savoir pour travailler dans un tel milieu. Jonglant avec son stylo entre les doigts, l'hybride attend sagement que l'une de ses victimes se décide à parler. Quoi que, du peu qu'elle en observe, l'armoire à glace semble être muet. C'est donc l'ange qui s'y colle sereinement.

- Et bien, pendant plusieurs années, Romàn et moi-même avons aidé un couple de fermier de Namusu à s'occuper de leur animaux et à entretenir leur lieu de vie. Mais cela fut brusquement arrêté suite à un incident.

Leiline penchée sur sa feuille s'arrête net, lève le regard et un sourcil.

- Un incident ?

Le visage de Kamina trahit une certaine gêne. Elle jette un regard à son comparse avant de reprendre.

- Le propriétaire a quitté sa femme, ainsi que la ferme, la laissant seule derrière lui. Avec le peu de moyen qu'elle avait à elle seule, elle ne pouvait pas nous rémunérer. Elle nous a donc renvoyé.

La féline fait la moue. C'est malheureusement le genre de chose qui peuvent arriver lorsque l'on gère un établissement en couple. Le fait qu'ils aient déjà travaillé avec des animaux est cependant un plus non négligeable. Elle gribouille quelques mots sur sa feuille.

- Autre chose ?

- Oui. Nous avons tenté de créer notre propre activité. Un service de livraison à domicile dans tout le village de Namusu.

Leiline esquisse un sourire. Voir qu'ils sont motivés pour rendre leur ville plus sympa et cette envie d'aider les autres et de travailler est un atout majeur.

- Bonne idée ! Et comment ça s'est passé ?

La mine souriante de l'ailée s'efface quelque peu, la tête baissée.

- Ça n'a duré que deux semaines. Alors que je gérais la réception des commandes, c'est Romàn qui faisait les livraisons. D'après le voisinage, il effrayait les enfants et les animaux de compagnie à cause de sa carrure, ce qui a généré le mécontentement des clients.

Finissant d'écrire une nouvelle ligne sur son calepin, Leiline en vient à la conclusion suivante : ces charmantes personnes sont de véritables poissards. Ils tentent du mieux qu'il peuvent de s'intégrer et d'avoir une activité décente, la vie a décidé de leur mettre non plus des bâtons, mais des bûches dans les roues à ce stade.

- Je vois, je vois ...

Elle tente du mieux qu'elle puisse de se montrer impassible, mais c'est difficile.

- Vous comprenez donc que travailler dans votre établissement, avec notre exp-AH !

Coupée dans son élan, Kamina se plie en deux sur sa chaise, la main crispée, plaquée contre sa poitrine. Ses yeux sont grands ouvert et son corps bourré de spasmes. L'hybride relève brusquement la tête.

- V-Vous allez bien ?!

Romàn pose une main imposante sur le dos de la jeune femme qui commence à lâcher des gémissements de douleurs. La gérante bondit de sa chaise pour attraper son téléphone.

- J'appelle le Sanctuaire !

Mais de son autre main libre et colossale, le blond baraqué attrape le bras de Leiline, faisant un non de la tête pour l'en dissuader. Quelque peu stupéfaite par sa réaction, la femme-chat réagit.

- Mais elle souffre ! Elle ...

La main de Romàn la libère pour faire un signe pour la rassurer. Celui qui veut dire "Calmez-vous, tout va bien". Dans l'incompréhension, Leiline allait renchérir mais l'attitude de Kamina semble s'atténuer. Son compagnon lui caresse gentiment le dos et la crise s'arrête aussi vite qu'elle n'a commencé. L'ange relève la tête et ouvre les yeux, montrant son nouveau visage jusqu'ici caché par ses longs cheveux.

De gros changements physique sont notable. Si ses yeux sont passés du vert au rouge, sa mâchoire plus carrée qu'à l'origine affiche une fine pilosité faciale. La poitrine de Kamina est désormais inexistante et sa morphologie ressemble fortement à celle d'un homme humanoïde tout ce qui a de plus normal.

Béate, Leiline reste un moment à observer la jeune femme devenu homme, lui qui adresse à la Commerçante un regard implorant, laissant entendre sa voix désormais bien plus grave et masculine.

- Excusez-moi, vraiment, je ...

L'hybride lève un doigt avant de fermer la bouche et de s'asseoir calmement à son bureau, comme-ci de rien n'était. Elle joint ses deux mains entre elles et prend alors une voix calme.

- Ce n'est pas contre vous, mais je vais avoir besoin d'une explication.

Romàn incite l'ange à s'expliquer, dans un geste de la tête se voulant rassurant. Kamina se pince les lèvres et laisse tomber son regard à ses genoux.

- Dans mon ancien monde, les anges avaient la capacité de ... changer de sexe selon les situations. Cela permettait de faire perdurer notre espèce menacée là-bas. C'est en fuyant cette menace que je suis venu dans l'Entre-Monde. Mais ... En arrivant ici, mon pouvoir à fait des siennes. Celui-ci est devenu complètement aléatoire. Je ne suis désormais plus maître de celui-ci et me transforme selon son bon vouloir ...

Leiline s'enfonce dans son dossier, buvant les paroles de l'ange métamorphosé. Son aveu a l'effet d'un pincement au cœur et renforce l'idée de la femme-chat que vraiment, ces gens manquent cruellement de chance. Son pouvoir tenant presque d'une malédiction lui évoque celui de Corben, lui même condamné à ne pas pouvoir user de son sens du toucher quand il le souhaite.

- J'ai omis un détail tout à l'heure ... C'est à cause de ça que le fermier a quitté sa femme. Cette dernière est tombée sous le charme de ma forme masculine et m'a souvent fait des avances. Que je refusais, bien sûr. Mais lorsque son mari se rendit compte de la supercherie de son épouse, il décida de divorcer. Folle de rage, elle nous expulsa sur le champs, Romàn et moi.

Une capacité incontrôlable mélangée avec des gens malhonnêtes et incompréhensifs ne font jamais un bon cocktail pour des relations de travail saines. Leiline est presque frustrée pour eux de ce qui a bien pu leur arriver dans le passé. Elle reste un moment à les regarder tous les deux, sans piper mot, gardant au mieux son ressenti pour elle seule. Sans broncher, elle écrit de nouveau dans son carnet, laissant le duo dans un silence pesant. Elle déplace son calepin, laissant apparaître deux feuilles imprimées en dessous.

- Je vais être franche avec vous. J'aurais préféré que vous me disiez cela dès le départ, quitte dévoiler rapidement votre nature.

Leiline leur fait glisser les deux feuilles sur le bureau. Romàn et Kamina peuvent très clairement lire en haut de la feuille "Contrat de travail". La gérante leur offre alors un grand sourire.

- Mais si jamais ça vous arrive au comptoir de l'Épicerie, n'hésitez pas à venir vous réfugier dans le bureau. Je ne voudrais pas que les clients pensent que vous fassiez une attaque.

Incrédules et perdus, les deux nouveaux salariés se regardent avec de grands yeux. Pour le meilleur et pour le pire, l'Épicière vient de donner sa confiance à ce duo si particulier dans l’espoir de faciliter le travail colossal de son commerce.

Sang neuf à l'Épicerie - Partie 1

Sang neuf à l'Épicerie - Partie 1

Sang neuf à l'Épicerie - Partie 2

Re: Sang neuf à l'Épicerie - Partie 1

Re: Sang neuf à l'Épicerie - Partie 1