Renard versus Renard

J’ai sous-estimé la vitesse de réaction de Maribelle. Ma lame entaille très légèrement sa joue. Et elle immobilise mon bras avec son épée. Coincée sur de mauvais appuis, je n’arrive pas à me dégager ni à prendre l’avantage par la force. Une douleur vive explose d’un coup au niveau de ma hanche me tirant une grimace et un grognement. Je ne voit pas ce qu’elle a utilisé pour me frapper mais ça fait super mal. Rassemblant mes forces, j’essaye de pousser le pommeau de ma dague pour prendre l’avantage.

Un bruit d’engrenage attire notre attention en même temps à en juger par le mouvement de ses oreilles. Rapidement, le sol se dérobe sous mes pieds et Maribelle me repousse dans le vide loin d’elle. Je me rattrape avec une pirouette m’éloignant un peu plus de Maribelle au cas où elle voudrait profiter de la hauteur pour prendre l’avantage. Voyant qu’elle s'éclipse pour disparaître de mon champ de vision, je perd quelques précieuses secondes à hésiter. Monter ou contourner le bloc… Il y a visiblement deux tailles de blocs et forcément, c’est l’un des plus grands que j’ai en face de moi.

Finalement, je décide de prendre le risque de monter. Si elle m’attend en haut, je serai désarmée lorsqu’elle sera en mesure de passer à l’assaut mais si elle est descendu, je pourrai peut-être l’attaquer par surprise. Je rengaine mes dagues et me précipite pour grimper à la paroi avant de changer d’avis. Grimper la paroi ne me prend que quelques secondes. Je prend nettement plus de temps pour me hisser en haut du bloc en prenant garde à un éventuel assaut. Rien, elle a filé… Je jette un rapide regard à l’arène au cas où elle se soit éloignée mais ne la voit nulle part. Je m’allonge au sol pour regarder discrètement le long des parois du bloc à sa recherche. Mon premier essai est le bon. Elle m’attend prête à conclure le combat en un coup.

Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Elle régit vite, une attaque par les airs ne suffira pas à la mettre hors d’état, elle réagira assez vite pour parer… Me relevant, je récupère un couteau et dégaine mon épée. Prête à sauter, je lance mon couteau en direction de sa main tenant l’épée pour l’handicaper suffisamment pour qu’elle ne puisse plus utiliser deux épées. Je saute ensuite de mon perchoir sur elle épée braqué vers elle pour profiter de ma chute pour accroître ma force et la contraindre à l’abandon.

L’arène s’était mise en place, les piliers sortent de terre au fur et à mesure, je leur laissais le temps à toutes les deux de s’habituer à la nouvelle topographie du “ ring “, la seconde partie de mon plan était la partie la plus marrante, j’allais mettre tous leurs sens à rude épreuve.

Appuyant sur un nouveau bouton, j’actionne une autre machine qui va permettre de créer une sorte de brouillard sur l’ensemble du parcours. Des buses parsemées tout autour de la piste pointent le bout de leur nez et lâche le gaz opacifiant, celui-ci est inoffensif et permet de voir à environ deux mètres de soi, le seul problème c’est quand maintenant j’ai juste mis des dizaines de piliers sur le parcours, il ne faudrait pas qu’elles se prennent un “ arbre “ en courant non plus...

Au moment où mes pieds quittent le sol, je comprend que je vais avoir mal. Elle m’a entendu bouger et le léger déplacement pour me regarder et suffisant pour que mon couteau rate sa cible. Nos épées s’entrechoquent avec un tintement métallique. Quelques étincelles fusent lorsqu’elle dévie ma lame vers la gauche. Suspendue en l’air et sans appuis, je subis ses actions et reçoit son pied directement au flanc sur ma blessure précédente. Je glapit comme un animal blessé en m’effondrant par terre. Mon premier réflexe est de portée ma main libre à la blessure. Le bruit d’une lame qu’on tire de son fourreau fait bouger mes oreilles. Je roule au sol juste à temps pour éviter le sabre. Maribelle s’éloigne alors que de la fumée commence à m’entourer. Je me relève doucement. ça fait mal… Je regarde ma main. Elle est couverte de sang, son coup de pied a beaucoup plus ouvert la blessure. Je dois bouger avant qu’elle revienne pour finir le travail. Chaque pas me tire une grimace…

M’enfonçant dans le brouillard, je guette les bruits, mon ouïe est le seul sens qui pourrait m’éviter une embuscade. J’entend distinctement chacun de ses pas malgré le soin qu’elle met à paraître silencieuse, le frottement du cuir de ses bottes la trahit. Elle se rapproche lentement mais sûrement de moi. Ma mémoire me guide vers un autre bloc pour essayer de me cacher… Il est plus petit que le précédent mais fera l’affaire. Les bruits viennent de ma droite… Je contourne le bloc par la gauche espérant pour ainsi l’affronter de face plutôt que d’être attaquée par surprise. Sale blague de la Nix Nivis quand même que de nous enfumer comme ça… Tournant au coin du bloc, on se retrouve nez à nez. Mon premier réflexe est de frapper du poing gauche couvert de sang et de reculer. Je raffermis ma prise sur mon épée et effectue un balayage horizontale pour frapper à nouveau. Mon flanc me fait un mal de chien mais hors de question de laisser tomber.

De simple réflexe, mon coup de poing a atteint Ma’. Sa tête frappe contre la pierre. Pendant un instant, je m'inquiète pour elle avant de constater qu’elle n’a pas l’air trop amochée. Je rate maladroitement ma cible avec mon assaut de taille. Déséquilibrée par la douleur, ma pointe passe à presque une dizaine de centimètres de Maribelle. Emportée par l’élan, mon épée frappe contre la roche en produisant quelques étincelles. Le choc fait vibrer le métal et se répercute dans mes mains. Rapide et agile, Maribelle plaque ma lame contre la roche avant que j’ai réussi à récupérer l’usage de mes bras suite au choc violent contre le bloc. Les bras encore plein de fourmis, j’abandonne ma lame et essaye de m’échapper en bondissant légèrement en arrière.

Avançant vers moi, son poing m’atteint directement à l’estomac me coupant la respiration. La douleur se répercute immédiatement dans mon flanc déjà blessé me faisant voir des étoiles devant les yeux. Maribelle m’emporte au sol. Elle s’effondre lourdement avec moi m’écrasant de tout son poids. Ma hanche tape durement sur le sol dur de l’arène envoyant une nouvelle décharge de douleur. Je me débat usant mes bras encore endoloris par les vibrations de mon épée. J’arrive à me retourner face contre le sol pour essayer de m’échapper en usant de meilleures prises au sol. Me saisissant par le poignet, je comprend instantanément le plan de Maribelle, j’ai bien assez vu les autres s'entraîner à ce genre de prise pour savoir qu’elle veut me faire une clé de bras et m’obliger à abandonner. Hors de question de perdre dans ces conditions, je veux lui montrer les efforts que j’ai fait depuis notre séparation pour ne plus être une frêle prêtresse qui n’est rien d’autre qu’une bête proie.

Je récupère lentement les sensations de mes bras luttant pour que Maribelle n’affermisse pas sa prise sur mon bras. D’un coup, je me projette sur le côté comme si je voulais rouler. Coude en avant, je cogne brutalement ses côtes directement là où mon épée à frapper un peu plus tôt. Je me redresse pour la frapper de la tête et me dégage d’un coup de hanche. Il ne manque plus que la boue et on pourrait dire qu’on s’adonne à un combat de boue… A nouveau debout sur mes pieds, je retourne à l’attaque avec un coup de pied de face destiné à la projeter en arrière voir au sol. Amoindri par mes blessures, je n’arrive plus à lever suffisamment la jambe pour continuer mon enchainement pour l’écraser au sol et me contente d’un simple coup de pied dans la hanche.