Sauvetage : Ils vécurent heureux

Nom de la mission : Ils vécurent heureux

Nombre de personnes autorisées : 2

Description et contraintes : Il arrive qu’un sauvetage se transforme en récupération des victimes. Une avalanche a littéralement cloué deux chasseurs sur un bout de falaise. Située à mille quatre cent mètres de hauteur au sommet d’une falaise verticale vertigineuse, les deux victimes seront bientôt la proie des charognards. La position des corps pourraient attirer un groupe de wyverns ou pire des dorées près du village.

Objets fournis : 20 pims à dépenser à la forge ou à se partager à la fin de la mission

Gain total : 40 pims

Prise par Moana & Honey Sweet
Septembre 2018

-J'Peux pas !

L'homme est trapu, tu soupçonnes qu'il dissimule une carapace sous son uniforme, il a de grands yeux en amandes, des iris larges comme des soucoupes. C'est drôle, tu as envie de lui rire au nez, ça lui donne l'air ahurie. Pourtant, tu l'as bien assez énervé comme ça. Ça aussi tu le soupçonnes, mais à la veine palpitante au coin de sa mâchoire.

-Passez votre titre de transport sur l'appareil !

Il ne comprend rien. Il insiste, il te voit avec ta petite robe de reine des neiges élimée et il se dit qu'il est tombé sur une dingue. Dans un sens, il n'a pas tout à fait tort. Pas vrai, Honey ?

-Tu captes rien, hein ? Je peux pas. Sauf si tu me laisses le temps de la custom'.

Il ne comprend pas, il ne pose pas de question non plus. Tu n'as vraiment pas envie de lui expliquer pourquoi tu ne peux pas utiliser ta carte de transport. Parce qu'elle est neuve, qu'on vient juste de te la donner avec ton droit ad vitam de circuler sur le réseau. Peut-être pas ad vitam... Elle est neuve.

-Puisque c'est comme ça...

Sa collègue est plus grande que lui. Elle a des bras à ne plus savoir les compter. Ça aussi ça t'amuse, ils sont drôles les contrôleurs de cette ligne. Tant mieux pour toi, parce qu'ils viennent de te coller une prune. Tu les insultes. C'est de bonne guerre, mais tu te tais quand ils menacent de te fiche dehors au prochain arrêt. Ils sont assez sympa pour te laisser finir ton trajet. Vu le montant de la prune, c'est cher payer pour dix minutes de transport, tu l'as bien mérité.

Tu ne peux pas appuyer sur le bouton d'appel, ton arrêt te file sous le nez... Au revoir, arrêt à Cerclon, bonjour marche à pied. C'est bon pour ta cellulite alors mets toi en route.

Quand tu arrives à la bibliothèque, c'est la cohue. Il y a des gens partout, de toutes les sortes... Avec ta robe et tes godillos en cuir, tu dois bien entrer dans une catégorie. Peut-être pas celle des chasseurs de monstres musclés et classes (et riches vu leur équipement)... Dommage, il y en a un sympa dans le lot. Il a l'air totalement idiot, c'est vrai. C'est comme ça que tu les aimes, c'est plus facile à oublier ensuite.

-On dirait un p*tain de marché aux puces ici. Fais ch*er !

Le repérage du hall est un réflexe. Caméra, système de sécurité, tu as même découvert un type de serrure à la porte dont tu ignorais l'existence. Ici, c'est normal, tu ne connais rien à la serrurie et aux technologies de surveillance de Cerclon. Un jour tu te mettras à la page.

Tu as pris une mission au hasard sur le panneau des sauvetages.
Tu t'assois dans un coin et tu envisages sérieusement de mettre un peu de couleur sur tes papiers. Même ta pièce d'identité y passera. Dans ton sac à main, tu as trouvé des feutres-tampons de toutes les couleurs, il y a des feuilles vertes sur ton ticket de bus, des toiles d'araignées noires sur ton permis de conduire et sur la fiche de mission, tu commences à peine à y mettre quelques soleils dans un coin. Ça te fait penser à du sable, de l'autre côté tu mets des nuages bleus et tu pourrais te croire à la mer. Maintenant, tu peux la lire sans que ça ne te déchires l'estomac.

Maintenant, tu vois enfin ce que te réserve ta mission. Pas besoin de fusil dans ces missions. C'est ce que tu crois, bêtement, car en la lisant tu te rends compte de deux trucs vraiment durs :
Tu n'aimes pas l'escalade
T'as pas assez de scoubidous dans ton sac pour faire une corde.
Mais t'as un pistolet à eau et un paquet de céréales de toutes les couleurs.

Tu penses d'un coup à aller te renseigner sur ces wyverns dorées dont tu ne sais rien. Puis, tu te souviens que pour lire un livre, il faut que le livre contienne beaucoup d'images, et des pages sur lesquelles tu peux tamponnées avec tes feutres fluos.
Finalement, tu vas rester dans le déni de ta propre ignorance et dessiner des oiseaux oranges dans un autre coin de la feuille de mission...

Elle se présente et puisqu'elle a l'air d'être plutôt bien bâtie, tu penses forcément qu'elle fera l'affaire. As-tu lu la mission ? Non. Tu attendais de terminer ton "oeuvre d'art" comme elle l'appelle. Allons, ça peut attendre quelques instants. Tu abandonnes crayons et mission sur la table et te redresse pour lui tendre une main amicale.

-Justement, si je les cache elles ne serviront à rien. Honey.

Posé sur tes épaules, un large sourire éclair ton visage d'une dentition immaculée. Tu avais presque oublié comment on faisait, de sourire, elle te remémore cette action pourtant banale et te voilà à l'imiter comme un perroquet.

-Tu me verras dessiner, jouer et prendre beaucoup de choses à contrepied, c'est une maladie, ne te moque pas... Mais, tant mieux si t'aime l'escalade, moi je suis plutôt stylos fluo. On fera une bonne équipe !

D'un pas décidé, tu t'élances vers le bureau d'Eva. Un coup d'oeil à Moana avec ce regard d'espoir qu'elle te suivra là-bas pour acter sur le papier votre inscription à cette mission. Attends. Tu n'as toujours pas lu la mission. Elle parle de quoi déjà ? Ah ! Oui ! Sauver des gens.
Ce n'est pas vraiment dans tes habitudes, mais qui sait, tu pourrais y prendre goût.

Là-bas au comptoir, tu te sens gauche. Tu sais qu'il faut remplir une fiche, oui, mais comment tu vas t'y prendre ? Les feutres fluos ne sont pas faits pour écrire mais pour tamponner d'horribles bidules sur des feuilles.
Il y a l'option "Moana". Elle doit savoir écrire, elle a l'air habituée et tout à fait intelligente. Tu pourrais t'en méfier mais pour être un peu plus désespérée que toi, il en faut beaucoup. Faire la fine bouche n'étant pas non plus dans ton caractère.

-Tu crois que tu pourrais écrire mon nom à ma place ?

Tu n'oublies pas d'exposer à la vue de tous ton "oeuvre d'art" bien aplatie sur le bureau.

A la tête du petit gars devant toi, tu sens que ça va faire des émules. Les tampons soleil ont toujours cet effet sur ton public... Ou bien ce sont les nuages ? Tu te dis sûrement qu'il a besoin de vacances. Mais dans la réalité, tu as surtout besoin d'un exorciste, n'est-ce pas ?

Un autre petit gars vient vous voir. Cette fois, tu as raison, il est petit. Il ne t'arrive pas à la taille. Il tend une main aux doigts d'enfant vers Moana. Tu as l'habitude qu'on t'ignore avec ton costume abîmé et tes godillots usés. Ils ont raison ceux qui t'oublient, ça te laisse le champs libre pour vivre cette deuxième vie pavée de ridicule.
Tes oreilles trainent et ce petit gars s'annonce comme votre taxi.

-On devrait passer à la forge d'abord. Il nous faut au moins un grappin et une corde. Sauf si l'un de vous a des ailes cachées dans le dos.

Tu ne peux pas utiliser un grappin. Sauf pour jouer à qui lance le plus loin. Ce qu'il te reste de ta matière grise doit griller quelque part dans l'enfer de ton crâne. Parce que tu lances une idée :

-Au fond, les ailes, c'est pas c*n comme idée...

Elle est sympa ta nouvelle amie, elle a tout ce qu'il faut comme chez Costo'. Elle vous fait même économiser des pims. Tu as trouvé le gros lot, avec elle, cette mission devrait se passer comme sur des roulettes... Si seulement tu faisais confiance facilement, n'est-ce pas Honey ?
Tu jettes un énième coup d'oeil à l'aventurière. De prime abord, on dirait qu'elle est une bonne personne. Mais puisque tu ne vois pas le matos pendre à sa ceinture, tu sens le coup de poker arriver. Elle est vraiment géniale ou elle te prend pour un pingouin ?
Il te faut faire un effort considérable pour continuer de sourire et accepter son plan :

-Va pour un départ immédiat. T'es sûre d'avoir tout ce qu'il faut ?

Orkan, on dirait un chat shooté aux hormones. Mais qui ose produire des prédateurs aussi grands ? Des fois, tu te dis que n'iras pas volontiers dans la nature sans t'armer d'un fusil et d'un titre de téléportation : quand on voit la taille des chasseurs, pas besoin d'imaginer quelle taille doit faire le gibier.

C'est là que tu te dis que "la nature sauvage" c'est exactement votre destination. Mince ! Tu n'as pas de fusil et tu n'as pas de titre de téléportation.
Tu aurais pu y penser avant de signer pour une mission. Je t'ai vu, Honey, ce soleil dessiné à la va-vite à coup de feutre fluo c'est impossible à falsifier (Ou le gars qui s'y essaierait serait encore plus dingue que toi).
Tu es volontaire pour une virée dans le monde des animaux géants. C'est bien, petite tu t'étais déjà demandé ce que ça faisait d'être une souris. Tu vas bientôt en avoir le coeur net...

Avec maladresse, tu te hisses sur le dos de l'animal. Tu t'attendrais à une montagne de muscles, mais en fait, c'est doux et chaud sous tes cuisses.

-Allons y.

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