Il semblerait que non...

L'espoir. C'était une sensation complexe. Elle pouvait s'effondrer à tout moment et cela pour toujours. Espérer faisait vivre, cela nous permettait de toujours aller plus loin, seulement l'espoir peut aussi nous détruire. Si l'espoir d'un homme faille, cet individu s'efface aussi. Certaines personnes ne connaissent pas cette émotion, où sont en contact que très tard avec. Ce dénommé Ez en seulement quelques mots fit naitre en Elantir une nouvelle flamme. Avec le temps, celle-ci s'était atténuée même perdu dans les ténèbres. Il s'était longtemps crû seul dans cette situation. Il n'avait de contact avec personne et le monde extérieur lui était voilé. Jamais il ne s'était demandé si d'autre souffrait de ce trouble. Il avait été tout simplement égoïste...

-Normaux...

Il ne pouvait que répéter. Il n'était donc pas le seul individu dit anormal ? Chacun cachait en lui un démon, qu'importe la source, qu'importe qu'était-ce. Il était tous unique, mais à la fois si ressemblant. Lui avait un démon, d'autre une malédiction, certain un handicap, mais encore des maladies. Tout cela était des démons intérieurs. Tout dépendait du point de vue avec lequel on regarde. Certain démon était bien plus dangereux que le sien. Certes, Eternelle parlait, criait enfin bref ne passait pas inaperçue, mais du moment qu'elle restait au creux de son corps, elle n'était pas néfaste. De pauvres humains étouffaient en eux une maladie incurable et mortelle. Seule la mort pourra un jour les libérer. Le jeune garçon espérait fortement se diviser de cette femme avant que la mort ne le fasse.

Il avait pensé le temps de la petite balade et désormais, il se trouvait dans une pièce. L'aura était autre que celle dégagée par les cellules, les couleurs étaient moins ténébreuses et plus chaleureuses, plus chaudes. A vrai dire, Elantir ne se souvenait plus, mais la flamme en lui rendait sa vision des choses plus fanatique. Il croisa le regard d'Ez et lui demanda.

-Un détecteur ? Plutôt étrange, tu es bien humain au moins ? Tu n'es pas une de ces machines sans cœur ?... Non à vrai dire je ne pense pas.

Il ne doutait pas si oui ou non il était humain, car son regard était pétillant, humide. Son sourire et ses yeux n'étaient pas morts, ses gestes naturels. Peut-être que... Un cyborg pouvait-il à ce point paraître humain ? Pouvait-il faire passer des émotions et refléter, remplacer un homme ? En arriver là serait vraiment terrible. L'homme ne mérite pas d'être remplacé... bien qu'il en soit le créateur et auteur de noirceur.

-On est où là ?

Il avait envie de partager son secret, le poids était lourd et oppressant. Seulement, ce n'était pas si simple à divulguer au premier passant. Ez s'était montré jusque là, posé, compréhensible et humain. Mais un homme sait aussi se masquer d'un semblant d'amitié. Le jeune possédé n'avait jamais connu quelconque lien, mais les temps lui ont appris de se méfier. La confiance se gagne et ensuite se conserve. Avant d'avoir la chance de posséder une épaule et un regard affectueux il fallait s'assurer que celle-ci ne faille pas. Pourtant partager sa douleur le libérerait, il aurait l'impression de la distribuer et de s'en débarrasser. Cela était trop tôt. Mais une bonne relation commençait bien par la vérité ? Il fallait mieux que cet homme l'apprenne par la bouche du possédé plutôt que par son 'détecteur'...

-Je... Il réfléchit. Non laisse tomber.

La vérité était d'argent, mais le silence d'or... Du moins pour le moment.

Enfin il y en avait peut-être, mais ils se cachaient très bien. Et puis quand bien même étaient-ils normaux pour certains, pour d'autres il restaient des étrangetés. Il n'y avait pas de norme dans l'Entre-Monde... Déjà que dans son monde d'origine, où pourtant ils se ressemblaient tous un peu, ils n'avaient jamais été fichus de se décider quant à ce qui était normal, et ce qui ne l'était pas... Et pour sa part, il n'avait jamais trouvé que se cloner de générations en générations était d'avantage dans la norme que de se faire vivre pendant des décennies. Dans l'Entre-Monde, c'était encore pire... Ils étaient tous différents, même ceux qui se ressemblaient ou appartenaient au même miroir.
C'est ça qui est rigolo!

Faisant le tour de la pièce en écoutant l'enfant parler, le prétorien finit par s'arrêter, et s'asseoir le dos contre le mur, un genou ramené contre lui.
Étrange? Moi?
Il éclata de rire, passant ses doigts dans sa chevelure rousse. Il n'avait jamais prétendu être humain, c'était quoi cette idée loufoque? Est-ce qu'il avait l'air d'être de la même espèce que Wergeld? Non, quand même... Fallait rester sérieux. Pendant un temps il avait cru qu'il était humain, comme les autres. A cette époque où il était sur terre. Enfin, au début du moins... Parce que dès les premières fois où on l'avait ouvert pour le rafistoler, on avait compris que lui et humain, ça faisait deux. Le coup de la machine sans coeur l'amusant également, seulement cette fois il se contenta de sourire, sarcastique. Il avait un coeur, ça pour sûr. De ce côté là, il avait été généreusement doté. Il en avait même deux! Enfin c'était plutôt un double coeur, et pour faire dans le détail, c'était un double coeur artificiel. Alors non, il n'était pas sans coeur, mais si, quelque part il était un peu comme l'une de ces machines.
Volontairement, Ez répondit d'abord à la seconde question, sachant que c'était de loin la plus simple.

" Quelque part dans la caserne."

Où précisément? Alors ça, il n'en savait absolument rien. Il se déplaçait au feeling, et aurait été incapable, là tout de suite, d'expliquer comment retourner aux cellules ou rejoindre le coeur de la caserne. Y aller en personne: ça il n'aurait eut aucun mal. Mais l'expliquer...

" Et je ne suis pas humain, mais je ne suis pas une machine non plus."

Et il n'était pas un ange non plus, ni un démon, ni un elfe, ni un dieu, ni un dragon, ni un ours polaire ou encore un ragondin. Il était quoi alors? Bonne question. Peut-être un cocktail étrange, ou une expérience raté, ou un... "Truc bizarre", tout simplement. Il n'avait jamais songé à donner un nom à ce qu'il était. Il y avait trop de bouts qui n'étaient pas d'origines...

" En fait je ne suis rien de connu, c'est fun non?"

Riant avec légèreté, il se passa une main dans le cou, suivant une de ses cicatrices du bout d'un doigt. La seule chose qu'il avait officiellement été jusqu'alors, autre qu'une drôle de bestiole, c'était un trophée. C'était pas plus bête qu'autre chose, mais depuis lors il comprenait ce que pouvait ressentir une médaille d'or posée sur le manteau d'une cheminée.
Quoique le côté attrape poussière m'échappe encore...
Il n'avait pas eut se plaisir, de regarder les saisons passées assis sur une étagère. Il avait été un trophée actif, quelque part c'était quand même assez original. Un peu du moins... Pour certains ça l'étaient. Pour d'autres, comme Mattéo et ceux de son monde, c'était terriblement quelconque. C'était "normal".

Lorsque Ez demanda si c'était rigolo, Elantir ne pu s'empêcher de laisser échapper un rire sonore. Il ria à coeur ouvert. Il entendait son propre rire et un long frisson le perça. Jamais il n'avait entendu son rire. Seul, il n'avait rarement eu l'occasion pour... Il ne savait pas vraiment ce qui le faisait rire, peut-être était-ce nerveux... Ceci terminé, il plongea à nouveau dans ses pensées. Il était Santuari et pourtant c'était bien la première fois qu'il marchait en ces lieux. C'était étrange, c'était à la fois immense, mais si étroit. Le jeune garçon se sentait oppressé. Il n'avait pas la moindre idée, ni même une justification à cette sensation. Il avait besoin d'espace et de liberté. C'est comme un oiseau en cage, Elantir n'avait pas la place pour déployer ses ailes. C'est pourquoi il demanda au rouquin.

-La caserne me déplait pas... Mais si tu veux on pourrait aller en ville ?

Il commença à partir, sans trop savoir où. C'est pour cela qu'il s'arrêta. Il ne connaissait pas du tout la sortie, mais il voulait à tout prix quitter la caserne... Sans aide, il n'irait pas bien loin, il se retourna et questionna Ez du regard. Une réflexion lui vint en tête. Peut-être bien que cet homme n'avait pas que ça à faire de ses journées ! Il était prétorien tout de même. Boire un café en compagnie d'un enfant ne fera pas avancer les affaires de L'entre-Monde. Un peu déçu, il se rendit à l'évidence sans même avoir attendu la réponse de celui-ci. Il irait en ville tout seul, mais cherchera-t-il la sortie seul ? Il demanda alors.

-Si tu m'accompagnes pas en ville, ce que je comprends hein ! Tu dois avoir plein de boulot, tes journées doivent être bien chargées et je ne voudrais surtout pas te faire perdre du temps... Bref, par contre si tu voulais bien m'accompagner à la sortie, ça m'arrangerais bien.

Il sortit le premier de la salle et une nouvelle bouffée d'air l'envahit. Le lieu était moins clos, plus spacieux. D'où venait cette phobie des murs ? Il n'aimait pas être enfermé, c'était une sensation horrible. Les ténèbres qui occupaient la pièce, progressaient en lui tel un serpent. Malgré la chaleur, il subit un second frisson. L'ardeur des lieux lui rappela sa destination passée. Il se situait dans un désert et Elantir était totalement perdu. Il avait soif, faim et énormément chaud... Le piège même du sable. Et par chance, il ne savait pas si c'était de la chance ou le destin, un Sanctuari était survenu des airs et les avaient sortis de cette ruse. Si celui-ci n'était pas intervenu, qui sait ce qui aurait bien pu lui arriver à lui mais, aussi à l'homme musclé. Il cria presque pour dire à Ez.

-Ah au fait ! Je voulais te dire...Merci !

Ce mot si court, si bref avait donné un mal fou au garçon à être prononcer. Il n'avait pas l'habitude de dire ce genre de choses, des choses que l'on appelle 'politesse'. Il devait au moins ça à cet homme. Tout à coup il se sentit bien ridicule. Il avait remercié Ez sans dire pourquoi. Il n'était pas dans sa tête tout de même, il ne pensait pas ce que lui pensait. Il rajouta précipitamment.

-Merci... parce que j'étais perdu dans le désert.

Si cet homme se doutait ne serait-ce d'un cheveu qu'il avait sauvé Elantir bien plus que du désert.

Fallait pas s'étonner après, que lui-même ne s'étonne plus de grand chose, ou ne trouve rien de plus normal que le reste. Tout ça... La norme, ça servait pas à grand chose au final. A l'origine, la norme aurait voulu que lui soit anormal et rejeté par son peuple d'accueil. Et puis il s'était passé un truc encore plus bizarre, résultat lui au final, il était passé inaperçu. Ainsi il était devenu un bon petit soldat, comme les autres, il s'était battu comme les autres, s'était fait explosé la tête et troué le bide des milliers de fois... Comme les autres. Leur norme c'était devenu ça: aller au casse-pipe, et en revenir.
Ville?
Un gros gyrophare rouge et bleu s'alluma dans sa tête, lui signalant qu'une énormité venait d'être prononcée.

D'un, il n'avait pas le temps. C'était bien gentil d'aller jeter un coup d'œil dans les geôles de la Caserne, de libérer les gens (sous conditions) et de leur tenir le crachoir, mais il avait un peu de boulot en attente pendant ce temps... Et ça allait pas se faire tout seul.
De deux, il évitait de sortir pour autre chose que travailler, parce que trainer en ville impliquait croiser des gens, or ces gens pouvaient être tout et n'importe quoi... Tout et n'importe quoi comprenant anges, démons et autres... Lui raciste? Il n'y pouvait rien s'il ne les supportait pas. Et puis c'était purement physique, comme... Comme une allergie tiens. C'aurait été dommage que le prétorien devienne célèbre pour avoir piqué une crise de métamorphose non-contrôlée subite au milieu d'une avenue...

" Ouaips..."

Quoi c'était plutôt bref comme réponse? En même temps, le môme s'était répondu tout seul, il allait pas perdre de sa précieuse (ou pas) salive pour répéter ce qu'il venait de dire. Il aurait pu ajouter quelque chose pour lui expliquer que le problème n'était pas seulement son travail, mais ça... Ca c'était sa vie privée, ça ne regardait pas ce gamin. Chacun ses emmerdes... Et puis il ne demandait pas d'aide, n'en voulait surtout pas. Qui sait, ça pourrait bien tout empirer... Au moins là, il savait à qui s'en prendre si ça tournait mal: à lui!

Le prétorien se leva, astiqua très vaguement son costume, qui était toujours aussi impeccable qu'avant. Ceci fait, il fouilla ses poches, jusqu'à trouver dans une de son pantalon, le talkie walkie pour gamin qui y trainait quand il était dans la Caserne. A courte distance ça marchait pas si mal... Dans la Caserne quoi. Et encore... Une fois il était entré sans le vouloir en communication avec une espèce d'étrange créature en deux dimensions parlant sur des longueurs d'ondes étranges... Flippant. Au début aussi, il avait remarqué qu'il y avait de la friture sur la ligne, quand il approchait trop l'appareil de lui... A cause de son drôle de coeur, ou de son tazzer de cerveau intégré...

"- Papa blaireau appelle maman Loutre...
- J'te reçois papa blaireau! *-*
- Bébé polochon nécessite fil d'Ariane pour quitter la Caserne, au point... Regard autour de lui ... 34.7 alpha du centaure.
- Roger!
- Over."

Apparemment satisfait de cette conversation, il poussa l'interrupteur sur off, en remit l'objet dans sa poche.

" Bon, quelqu'un va venir s'occuper de toi! Et puis... De rien. Les sanctuaris sont tous importants, aussi petits soient-ils."

Il sourit au gamin, notant intérieurement que les excuses auraient du plus tôt revenir à Septembre... Bah il avait qu'à être là hein, et puis au pire, il transmettrait. S'il y pensait... Enfin flûte, c'était pas comme si c'était super important, le lego n'en n'aurait sûrement rien à cirer. De plus, étant son chef, il était son représentant, donc... Donc il pouvait recevoir des excuses en son nom.

" Ah, voilà ton guide! Je te laisse. Hésite pas, si t'as besoin de quoique ce soit..."

Un dernier sourire, avait de laisser le mouflet suivre la pancarte en forme de flèche qui venait de se pointer. Oui c'était un sanctuari, ce panneau de signalisation était doué de vie... Il était prodigieusement stupide, et jouer les guides était le seul truc qu'il pouvait à peu près faire correctement. Mais c'était un être vivant.
Là-dessus, le prétorien s'enfonça dans les entrailles de la caserne, s'en retournant vers ses affaires plus ou moins passionnantes... Enfin s'en retournant plutôt errer dans les couloirs de la caserne.


[hrp: fini pour ma part, je te laisse poster si tu veux, sinon je lock]