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Bras dessus, bras dessous

Sam 21 Mar - 15:25


Si sa décision d'aller au speed-dating organisé avait été prise sur un coup de tête, en arrivant sur le Fenrir Siothrún ne songeait pas une seule seconde qu'il en repartirait accompagné. Surtout pas au bras d'un bel homme - ou plutôt un bel homme à son bras ? Qu'importe, il tenait Karan près de lui pour le guider, et tout lui semblait si naturel à cet instant. À croire que la cécité de son rendez-vous - oh par les dieux, un rendez-vous ! - lui donnait des ailes. Son cœur se gonflait de joie à la pensée qu'il ne serait pas seul ce soir.

Il fit plus attention encore à son environnement qu'à son habitude, alerte au moindre obstacle pouvant gêner l'homme qui avait choisi de lui faire confiance. Ce serait dommage de lui faire manquer une marche par son inattention ; mais en vérité il n'y avait aucune chance que cela arrive, tant Siothrún prenait son rôle à cœur. Alors qu'ils arrivaient à la porte - et qu'il laissait Karan sortir avant lui, bonnes matières exigent - celui-ci proposait de trouver un restaurant non loin d'ici, à Ciel. À vrai dire, même un casse-croûte pris sur un banc dans un parc aurait rendu le demi-dieu extatique. Il suivrait Karan qu'importe l'endroit où il voulait aller.

« Ciel, c'est parfait » confirma-t-il, « heu, ça descend. » prévint-il en quittant le Fenrir.

Cette angoissante soirée était définitivement derrière lui. Une magnifique soirée l'attendait - il l'espérait. Néanmoins, la douce chaleur du navire lui manquait déjà. La différence était saisissante, cette nuit d'hiver promettant d'être glaciale. Au moins ne pleuvait-il, ne neigeait-il et ne ventait-il pas : une aubaine. La main qu'il tenait était chaude dans la sienne, il rougit à nouveau quand il pensait que c'était agréable - arrête, Siothrún, de divaguer ! Chassant ses pensées, il avançait sans plus oser lever le regard vers son rendez-vous - diantre comme ce simple mot lui faisait bizarre. Le court silence le rendit mal à l'aise, lui qui appréciait tant le silence en règle générale. (Peut-être Meliel avait-il eu une bonne influence ?) Il n'avait strictement aucune idée de comment le remplir, et Karan vint à son secours avec une question banale - pourquoi ne songeait-il jamais aux banales questions ?

« Oh, heu... pas grand chose. Je... J'erre un peu partout, dans la ville, dans ses environs et dans mes rêves, je regarde le monde pour y voir ce qui est beau, même ce qui ne l'est pas aux yeux des autres. Surtout ce qui ne l'est pas aux yeux des autres, en vérité. Puis je l'immortalise sur une feuille ou une toile, ou parfois un mur ! ... En fait, je vis surtout d'illustrations pour la presse. » Il fit une courte pause, et emprunta un ton léger qui sonnait faux : « Rien de très glorieux ! »

Siothrún baissa un instant la tête : être artiste n'était pas glorieux, en effet, à Entre-monde. L'art n'était pas la préoccupation primordiale de ses habitants, il était difficile de percer, ce qui n'était pas le cas du blond. Et puis, de quoi parlait-il au juste ? De tableaux avec un aveugle ? Cela devait être totalement inintéressant pour Karan, quel idiot !

« Et vous ? » s'empressa-t-il de demander pour faire diversion, mais il se reprit bien vite. « Je veux dire... Et... heu - toi ? »

Par réflexe, Siothrún fronça les sourcils, sa langue ayant eu du mal à dire ce dernier mot. Le jeune homme était trop poli et trop respectueux pour avoir le tutoiement facile, il n'employait le tu que pour quelques rares personnes - même sa voisine du dessous, qu'il voyait comme une grand-mère, avait le droit à du vous. Cette façon de s'adresser lui était étrangère et difficile. Il tenta de l'expliquer à Karan :

« Je suis désolé, j'ai des difficultés avec... » il se mordit la lèvre, hésitant, « ...le tutoiement. Je n'ai pas l'habitude. » ajouta-t-il innocemment.
Siothrún Nolan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Mar 24 Mar - 11:18


Siothrún n’était pas contrariant et Karan se trouvait désemparé devant une personnalité aussi douce. Il ne trouvait pas quoi lui dire, estimant que son partenaire n’avait pas envie d’être traité comme un enfant. Lui-même redoutait de tomber dans ce travers.

-Ne me tutoie pas si cela te gêne, je ne t’en voudrais pas.

Au moins, il était d’accord sur la destination globale. Ils marchaient sur l’île en quête d’un restaurant. Ce ne devait pas manquer et pour cette fois, le dieu avait une bonne excuse pour voir son environnement. Il scrutait les devantures qu’ils dépassaient en quête d’un endroit assez agréable pour eux deux, surtout, un endroit calme.

Karan porta son regard sur le jeune homme. Ce geste était inhabituel pour un aveugle, il ne s’en rendit compte qu’après une seconde d’observation.

-Ne te sous-estime pas, être artiste est un métier noble. L’Art est la trace de notre passage en ce monde.

Karan redoutait par le passé la signification de l’Art, ce qu’on pouvait en faire, ce qu’on pouvait lui faire. En temps de guerre, il est un moyen de communication d’une puissance redoutable car ses codes sont malléables. Il n’avait connu que ça, les affiches, les clips et les films aux messages forts, bien moins justes ou sensés.

-Tu es le co-auteur de notre histoire.

Celle-ci change relativement vite. Hier, le soldat se plaignait de ce monde en paix où il ne trouvait pas autant de travail qu’il désirait. Aujourd’hui, il craignait la guerre susceptible d’éclater à tout moment aux frontières.

-Quant à moi, je cumule quelques emplois, dernièrement j’ai été recruté comme prêtre de Na’keisärin. Mon rôle consiste à entretenir les murs. Le temple est assez tranquille, c’est un poste reposant.

Karan biffurqua brusquement entrainant avec lui l’artiste. Un minuscule bistrot disposant d’une unique fenêtre faisait l’angle de la rue qui se terminait. Une odeur de cuisson s’échappait de la salle. Karan y entra le premier, vérifiant d’un œil expert l’assemblée présente.
Deux couples chacun dans un coin discutaient entre eux. Le soldat était parfaitement rassuré, il n’y avait aucun danger.
Il céda d’un pas l’entrée à Siothrún.

-L’endroit m’a l’air convenable.
Karan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Ven 27 Mar - 22:35


« Merci. C'est très gentil, mais je vais quand même essayer. »

Utiliser "tu" ne devrait pas être si compliqué. D'autant plus que Karan se montrait très compréhensif, cela plaisait énormément Siothrún - après les petites contraintes de ses deux précédentes rencontres. Que quelqu'un l'accepte malgré toutes ses difficultés de sociabilité était relativement rare ; il se fit la réflexion que cette soirée allait être définitivement plaisante. En tout cas, cette simple acceptation lui donnait vraiment envie de faire quelques efforts et ainsi rendre la soirée tout aussi plaisante pour l'autre. Ses yeux rencontrèrent ceux pâles de Karan. Par réflexe, il baissa le regard - il ne se permettait de fixer que lorsqu'il faisait le portrait de la personne - et ne fit pas attention à l'étrangeté de cette rencontre - les coïncidences existaient.

Le compliment - parce qu'il voyait la moindre considération à sa passion comme tel - fit rougir de plaisir Siothrún. Un sourire un peu idiot lui vint. Était-il vraiment tombé sur l'homme parfait ? Existait-il au moins ?

« Peu de personnes pensent cela de l'art. Que v- tu en fasse partie me fait... heu... plaisir. » avoua-t-il maladroitement.

Il hésitait sur comment bien s'y prendre. Savait-il au moins comment il voulait s'y prendre ? Lui-même ne le savait pas. Il n'était pas doué pour savoir que faire et comment le faire. Il était là, au bras d'un homme qui l'invitait à dîner, à improviser, lui qui ne savait pas bien improviser en temps normal. Il s'accrocha à quelques rares souvenirs similaires - moui, pas vraiment des réussites. Pas de pessimisme, Siothrún marchait actuellement dans les rues de Ciel, et pour le moment tout se passait bien. Si l'on omettait le fait qu'il avait déjà oublié qu'il devait chercher un restaurant susceptible de plaire à Karan.

Le demi-dieu fut surpris par la remarque qui suivit. En réalité, c'était le « notre » utilisé qui le surprit. Notre histoire. Était-ce un faux espoir ou Karan voyait-il avec beaucoup de sérieux cette soirée ? Pas que Siothrún s'en plaigne, il signerait aussitôt, ce qu'il voyait avait déjà vu était suffisant pour vouloir en voir plus. Donc, l'homme considérait cela comme tel. Mais, le blond avait tellement de doutes qu'il n'osait même pas mettre de mots sur ce cela. En bon rêveur, il savait à quel point il était facile de croire à ce que l'on souhaitait réellement. Heureusement, son rendez-vous - quel délice que ce mot - continuait, l'empêchant de partir trop loin dans ses réflexions abracadabrantesques, révélant sa fonction de prêtre. Jamais Siothrún n'avait vu de temples, ils étaient tous en-dehors de la ville, bien trop loin.

Avant d'avoir pu répondre, il était entraîné dans une autre direction, le changement le déstabilisant un court instant. Comment une personne aveugle pouvait-elle trouver aussi facilement un restaurant sans voir l'enseigne ? Ainsi que la porte d'entrée ? Lorsqu'une bonne odeur atteint ses narines, l'artiste se fustigea, oubliant que les autres sens se développaient à tel point que ce qui n'était pas visible pour ses yeux, pouvait être perceptible. Sur le pas de la porte, il inspecta d'un coup d'œil circulaire l'établissement, l'endroit lui convenant parfaitement - même s'il était prêt à suivre les yeux fermés Karan, il aurait été mal à l'aise dans un endroit très chic.

« Oui, c'est parfait ! » confirma-t-il.

À peine étaient-ils entrés qu'un serveur vint à leur rencontre. Ils se saluèrent, et celui-ci regarda Siothrún d'une étrange manière qu'il ne comprit pas sur le coup. Lorsque le serveur leur affirma plus qu'il ne leur demanda qu'ils venaient du speed-dating, le visage du demi-dieu vira au rouge. Bien entendu, il avait complètement oublié son « masque ». Pas étonnant qu'il attire ainsi l'attention. On leur désigna une table, et, naturellement, Siothrún tira la chaise à lui pour laisser Karan s'y installer. Le geste était peut-être trop surfait ou trop vieux jeu, mais il avait le mérite d'être une réaction instinctive pour lui. À son tour, il s'installa et prit le menu que lui tendait le serveur qui s'en alla ensuite. Cependant, avant d'ouvrir le menu, Siothrún demanda timidement :

« Je viens de réaliser que j'ai oublié de me débarbouiller le visage. Est-ce que - cela vous dérange-t-il si je vais un instant aux toilettes me passer un coup d'eau sur le visage ? » Après un rapide assentiment, il s'excusa : « Je suis désolé. Je reviens. »

Une fois dans les toilettes, l'artiste pu enfin enlever la couche conséquente de maquillage sur son visage avec soulagement. Heureusement, un peu d'eau suffisait pour que tout parte. Le visage nettoyé, le jeune homme se regarda dans le miroir. Il n'arrivait pas à y croire. Il était ressorti de ce speed-dating accompagné, d'un bel homme de surcroît, et il l'avait invité au restaurant ! Siothrún se retint tant bien que mal de sauter de joie, la totale réalisation le prenant. Ce soir, il était irrémédiablement chanceux. Et il n'allait pas abandonner sa chance - sur cette vive détermination fugace, il retourna dans la salle avec un beau sourire. Une émotion douce et violente à la fois le prit alors qu'il regardait Karan. Il revint finalement à sa place, un petit sourire toujours sur les lèvres.

« Me revoilà. Excusez-moi. » commença-t-il.
Le blond remarqua après-coup qu'il était repassé au vouvoiement par habitude, mais il était trop tard pour se corriger. À la place, ses yeux fuirent sur le menu qu'il déplia. Une idée le percuta, le forçant à relever le regard. Toutefois, sa demande était plus qu'incertaine :
« Ah ! hem... veux-tu que je te lise le menu ? » interrogea-t-il d'une voix basse qui transparaissait les doutes.
Siothrún Nolan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Lun 30 Mar - 12:05


Karan s’assit, il observa que Siotrhún était aux petits soins avec lui. Même sa chaise s’était tirée toute seule. Il se sentait coupable de ne pas avouer la vérité au jeune homme. Le fait qu’il voit au-delà de ses yeux morts… Il craignait que l’autre prenne mal cette trahison. C’est avec un soulagement certain qu’il regarda son partenaire s’éloigner vers les toilettes. Le soldat en profita pour régler un deuxième problème. Quand le serveur vint déposer les cartes, Karan lui saisit le bras. Il posa sur l’homme ses yeux pâles.

-Lorsque vous reviendrez chercher nos commandes vous sourirez. Ou bien dois-je appeler votre employeur ?

Sous la main de l’aveugle, le serveur se raidit. Bien qu'aveugle (qui voit) Karan avait noté le ton peu amène de l'homme sur leur provenance. Dur de dire si la menace de Karan le rendit méfiant ou si le fait qu'il puisse voir le surpris. Dans les deux cas, le soldat venait de se montrer hostile et l'autre n'était pas rassuré.

Karan le libéra d’un geste lent, son regard se détourna vers la chaise vide de son partenaire. L’employé déposa les cartes sur la table et s’éloigna en silence.
C’est le moment que choisi Siothrún pour revenir.
L’aveugle l’accueillit d’un sourire.

-Je veux bien un peu d’aide.

Karan se sentit coupable de ne pas avouer qu’il pouvait lire ce menu seul. Il n’était pas fier, se laisser aider était un moyen plutôt pratique de nouer un contact sans barrière avec les autres.
Tout ça faisait un quota de culpabilité commençant à se faire très élevé pour une seule soirée…

Il plaça le menu fermé sous son coude et se laissa dicter les plats de cette brasserie. Sans surprise, les repas seraient typiques de l’alimentation des habitants de Ciel.

-J’apprécierai un plat avec de la viande, y en a-t-il sur le menu ?
Karan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Jeu 21 Mai - 18:10


Si Siothrún était d'un naturel très avenant, il avait également peur de trop en faire pour Karan, celui-ci pourrait mal le prendre après tout. D'où ses nombreuses hésitations, qui jusqu'à maintenant, n'avaient à priori pas lieu d'être. Tout se passait si simplement, que cela charmait peu à peu le demi-dieu. Cela devait faire au moins un quart d'heure ensemble, et encore aucune bévue : il s'étonnait de lui-même. Alors, son stupide sourire niais revint, tandis qu'il plongeait les yeux dans le menu. D'une voix claire mais relativement basse, pour ne pas déranger la quiétude du lieu, il lut les premières lignes, quand Karan lui précisa ce qu'il souhaitait. Instantanément, Siothrún rechercha ce qui lui était demandé.
« Alors, les viandes... » se murmura-t-il en tournant la page.

En tombant dessus, son premier réflexe fut de regarder rapidement les prix. Même s'il avait accepté - parce que, comment, aurait-il pu dire non à une offre si alléchante ? - il se sentait toujours très mal à l'aise avec le fait de ne rien payer. Il ne pouvait tout simplement pas, certes, mais il se faisait l'effet d'un odieux personnage profitant de la charité d'un gentilhomme. Il s'en sentait quelque peu honteux, et pour alléger sa culpabilité, il avait déjà repéré non pas le plat le moins cher - c'était d'un poncif tellement facile à remarquer - mais le deuxième moins cher. En fait, il n'osait même pas prononcer à voix haute le prix, sa voix aurait sûrement tremblé, dévoilant ainsi son malaise.

« Il y a du poulet avec sauté de poireaux, de l'agneau sauce garum, du minutal de porc aux abricots, du minutal de poulet aux poires, ou un ragoût de sanglier. » énonça-t-il.

Il avait pris soin de le dire avec application et lenteur, puis avait relevé quelques instants les yeux. Karan l'observait, ou plutôt il en donnait l'impression. C'était étrange, songea pendant un court instant Siothrún, que le destin ait décidé de les faire se rencontrer, lui qui peut tout voir, avec un aveugle et - oh, flûte, il avait oublié !

« Ah! désolé, j'oubliais les boissons... » il revint rapidement à la page d'avant, et rajouta : « Ils proposent du vin blanc doux, du vin de paille ou du vin miellé. »

Se mordant la lèvre inférieure suite à ce petit éclat, Siothrún ferma compulsivement le menu en le reposant sur la table, ce qui lui donnait une bonne excuse pour avoir les yeux baissés. Quelle ironie : même avec un aveugle, il n'arrivait pas à fixer son interlocuteur. Et pourtant la vue de Karan ne le dérangeait pas le moins du monde. Quand il réalisa qu'il avait encore oublié quelque chose, le demi-dieu se traita d'idiot en reportant sa main vers le menu. D'une petite voix due à la réalisation de son erreur, il demanda :

« Heu, vous avez choisi ? Voulez-vous que je répète ? »

Sans remarquer qu'il avait encore utilisé le "vous". Non seulement il était beaucoup trop poli, mais en plus il n'utilisait le "tu" que pour une poignée de gens, qui se comptaient sur une main. Malgré ses efforts, cela lui prendra du temps à s'en accoutumer. Siothrún connaissait si peu Karan, et lui était tellement redevable pour payer le repas, qu'inconsciemment il en revenait au vouvoiement. De l'œil, le blond chercha le serveur, qui était en train de débarrasser une autre table. En attendant qu'il vienne prendre leur commande, Siothrún craignait qu'un silence tendu s'installe. Il fit donc l'effort de chercher un sujet, n'importe lequel, même un peu bateau, pour éviter de paraître indifférent. Il revint sur ce qu'ils avaient déjà dis, et trouva finalement de quoi rebondir, grâce à l'aide de sa curiosité maladive.

« Et... Comment se passe votre - enfin... ton travail de prêtre ? » il fronça un instant les sourcils, devant la difficulté du mot, puis s'expliqua : « On raconte que les temples sont empreints d'une atmosphère particulière, mais... Mais je n'en ai jamais visité. »
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Re: Bras dessus, bras dessous

Dim 24 Mai - 21:40


Karan, les deux coudes posés sur la table observa Siothrún durant sa lecture. Il baissait les yeux quand celui-ci levait les siens. Il ne voulait pas être démasqué trop tôt. C'était presque embarrassant de profiter de la gêne évidente du jeune homme à le tutoyer et même à lui parler. Il était tendu comme un arc prêt à craquer. Fallait-il continuer de le pousser un peu à se détendre ?

Il répondit d'un simple mouvement de tête pour confirmer qu'il avait choisi. La lecture du menu avait été une épreuve assez difficile pour son partenaire, il n'allait pas lui refaire vivre ça. Ça n'aurait sans doute pas le même charme.
Sa clémence lui valut de voir la conversation s'en aller du côté des temples. C'était un sujet bénin et surtout sans risque pour aucun d'eux.

Que pouvait-il réellement dire sur son métier ? Il était prêtre mais ce travail n’était qu’un nom bizarre donné à celui du métier de concierge pour un dieu absent et au culte minimal.

-Il arrive que mon métier soit dangereux, heureux, intriguant… Mais sur les temples, je ne saurais te décrire ce qu’on ressent une fois dedans. Les lieux où ils se trouvent sont toujours originaux, beaux d’un certain sens. Mais ce qu’on y vie est purement personnel.

Il baissa la tête en souriant. Karan se trouvait maintenant gêné d’avoir du mal à exprimer quelque chose de très personnel.
Le soldat, l’ancien dieu, avait une relation particulière avec les lieux de cultes, un passé lourd et empreint de souffrances. Jusqu’à maintenant, il ne s’était jamais aperçu qu’il n’en avait jamais parlé. Il n’avait alors jamais ressenti cette gêne devant le sujet.
Il servit l’eau dans chaque verre avant de lever le sien et d’en boire une gorgée.

-Je suis un dieu, ou plutôt je l’étais. Mon histoire est la raison pour laquelle je ressens l’aura des temples d’une manière différente. Je ne suis pas « croyant », en réalité, je ne suis qu’un visiteur de plus dans le temple du dieu dragon…

Karan trouvait de plus de difficulté à essayer de mettre des mots à la suite de cette phrase. Il abdiqua simplement.

-Je crois que je suis incapable de décrire l’atmosphère des temples, pas même celle du miens.

Son sourire s’inclina, marquant les excuses sincères qu’il n’avait pas prononcées.

-Tu devrais venir, la biosphère chez Na’keisärin est une œuvre qui pourrait te plaire. Le temple en lui-même est calme et assez agréable pour s’y détendre.

Le serveur voyant que les deux hommes ne lisaient plus vraiment les carte revint vers eux, un sourire vissé entre ses joues.

-Avez-vous choisi ?

Karan confirma et allant vérifier si Siothrún était d’accord :

-Tu souhaites prendre du vin aussi ?

Ayant choisi un vin doux, Karan proposait de prendre une bouteille entière. Le repas n’en serait que plus plaisant si tous les deux pouvaient profiter des bienfaits d’une bonne boisson.
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Re: Bras dessus, bras dessous

Lun 25 Mai - 20:15


Sa question un peu bateau eut, au moins, le mérite de réussir à lancer une (petite) conversation. Ce qui se résumait à Siothrún écoutant avec attention le prêtre évoquant son temple. En réalité, il était vraiment captivé : n'étant jamais sorti de la capitale si ce n'est les plus proches villages, l'artiste s'enthousiasmait sur n'importe quel endroit lointain. Qui plus est, il arrivait un peu à comprendre ce que Karan n'arrivait pas à expliquer. Les temples sont des lieux particuliers, chacun y va pour ses propres raisons et avec sa propre sensibilité. Lui n'avait aucune idée de comment il accueillerait le mystère des lieux.
Les seuls lieux de culte que connaissait Siothrún étaient ceux de son enfance. Sa mère y allait souvent, non pas pour en vénérer, ni pour prier des conseils, ni même pour demander pardon, mais pour les remercier. Selon elle, ils leur offraient tellement de choses, parfois même insoupçonnées, qu'il fallait les remercier de leur bonté. En y repensant, elle devait sûrement chercher à remercier le Dieu qui s'était caché parmi les humains et qui lui avait offert son trésor le plus précieux : à savoir, lui. Les temples d'Entre-Monde devaient être très différents de ceux de ses souvenirs.

Siothrún sortit de ses pensées en apercevant quelques gestes, et pour la deuxième fois de la soirée, il fut surprit de l'aisance de Karan pour remplir un simple verre. Il douta pouvoir en faire autant les yeux fermés, mais tout était une question d'habitude. Karan reprit la parole, surprenant une nouvelle fois le blond. Il était donc de K'ien. De manière générale, tous les dieux le sont pour quelque chose - comme Meliel, dieu des rêves - et le demi-dieu se demanda bien de quoi son vis-à-vis avait-il pu dépendre. À cet instant précis, il serait tenté de l'imaginer en Dieu de la patience et de la tempérance, tant il se montrait avenant envers lui.

S'il était déjà curieux de visiter un temple, son envie s'intensifia lorsque ce dieu miniature l'invita à venir, muni d'un petit sourire. Mais que oui il viendrait, volontiers ! Se rendre dans un beau temple géré par un beau prêtre était plus qu'alléchant. Si seulement il le pouvait.

« Je crois que je comprends ce que vous essayez de dire. Ou plutôt, ce que tu essaies de dire... Pardon, » se corrigea-t-il. « J'aimerais beaucoup y aller... Je rêve depuis longtemps de sortir d'ici. »

Un léger soupir lui échappa, alors que le serveur venait à leur table, coupant court la conversation. Il l'accueillit d'un sourire poli, ne remarquant pas le moins du monde la légère crispation de l'homme.

« Oh, non merci. Je ne bois pas d'alcool, je préfère l'eau, » répondit-il à la proposition.

Du haut de ses 24 ans, l'artiste n'avait jamais bu une seule goutte d'alcool, l’occasion ne s'étant jamais présentée et l'envie n'y étant pas. Non seulement il doutait d'aimer le goût de la boisson, mais en plus il ne voulait pas finir éméché par un manque d'habitude - non merci. Ils passèrent donc commande, Siothrún prenant une daurade cuisinée aux coings - deuxième moins cher, de plus, le nom était alléchant. Et le serveur reparti vers les cuisines, le blond aurait pu craindre à nouveau un silence gênant, sauf que la question lui vint naturellement à l'esprit, soufflée par sa curiosité intenable. Qui plus est, le but de cette question étant d'apprendre à se connaître un minimum, il n'eut pas de scrupule à s'intéresser personnellement à l'autre.

« Si ce n'est pas indiscret... v-tu étais dieu de quoi ? »

Ses yeux osant s'attarder un peu sur le visage de Karan, il se fit la réflexion que Dieu de la beauté lui seyait bien également.
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Re: Bras dessus, bras dessous

Jeu 4 Juin - 16:18


Le serveur le quittait ayant sur sa note un verre de vin, un minutal pour l’un et une daurade pour l’autre. Karan jouant au jeu de l’aveugle, se garda d’observer le départ du serveur. La question suivante le surprit bien plus qu’elle n’aurait dû.
Il étira ses lèvres en un fin sourire et joignit ses mains devant lui. Il avait besoin d’un peu de temps pour décider le sort de ces choses-là.

-Je préférerai ne pas aborder le sujet.

Il n’avait pas honte de ce qu’il était. Karan craignait que se lance sur ce thème de conversation ne rende la soirée que plus difficile pour eux deux. Parler de guerre, de morts, de batailles millénaires et d’un héros-dieu plus meurtrier que les autres… Ce n’est pas la première chose à laquelle il pense quand il souhaite passer du bon temps.

Il trouva assez comique de rencontrer une personne d'une gentillesse rare et de passer la soirée à se rappeler le temps d'une guerre d'un autre monde et d'un autre temps.

-Et toi, de quel miroir es-tu ?

A première vue, le jeune homme était un humanoïde, qui sait s'il n'était pas un androïde très perfectionné... Ou bien un Li déguisé ?
Non, il aurait senti un malaise si c'était un déguisement magique.
Ce serait assez ironique qu’il fasse des reproches à son invité alors que lui-même cachait tout et rien derrière son silence !

Le serveur arrivait à point avec une bouteille sans étiquette. Il remplit le verre de Karan de vin clair et s'en alla sans rien demander de plus. Cet intermède n’aidait pas le soldat à se détendre. Il sentait chez lui un stresse ténu depuis la question de Siothrun. A force de mentir, il finirait pas être démasqué… Plus ça allait et plus il cumulait les non-dits et les apparences trompeuses.
Sa nature trop honnête n’appréciait vraiment pas d’être contredite aussi longtemps.

Mais qui donc a bien pu dire que la séduction est un mensonge consenti ?
Karan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Jeu 4 Juin - 19:29


La réponse - ou plutôt, le refus de réponse, mais qui est une réponse en soi - surprit Siothrún, qui abandonnait ses espoirs de Dieu de la beauté avec regrets - quoi, on ne peut plus espérer ? Néanmoins, il comprit parfaitement le choix de Karan. Tout le monde avait quelque chose à cacher concernant ses origines à Entre-Monde, lui le premier. Il se voyait mal expliquer qu'il était le fils d'un dieu qu'il ne connaissait même pas et qui lui avait fait hériter de yeux très indiscrets. Aussi, il n'insista pas, mais échoua à faire taire sa curiosité maladive qui se posait une dizaine de questions à ce sujet, de ce fait.

Mais bien entendu, la question lui retomba dessus. Sous le coup de la panique, le demi-dieu s'insulta mentalement, se rendant compte qu'il avait creuser sa propre tombe. S'il se permettait d'interroger Karan sur ses origines, ce dernier pouvait en faire également - ce n'était que légitimité. Qu'allait-il pouvoir répondre ? Lui-même avait initié ce terrain glissant, il serait très malpoli de ne pas y répondre. Pourtant, il s'en trouvait incapable ; il préférait être considéré comme un simple humain sans grand intérêt de K'ouen. Certes, la possibilité de ce mensonge était donc préférable. Il existait néanmoins un problème : Siothrún était le pire menteur de l'univers. Il se sentit totalement pris au dépourvu, coincé dans une impasse, et à cause de sa nervosité, il ne réfléchit même pas avant de baragouiner la première idée lui venant :

« Heu, un miroir ? Quel miroir ? Non, moi, je ne viens pas de là-bas - je ne suis qu'un simple humain sans grand intérêt ! » rougit-il en replaçant la serviette d'un millimètre sur le côté pour qu'elle soit droite sur la table, fuyant par là le regard terne de son vis-à-vis.
« Non, je ne sors d'aucun miroir, » affirma-t-il dans un petit rire nerveux, « surtout pas celui de Souen, ahah ! »

L'instant d'après, il se plaqua la main sur sa bouche, horrifié par ses propres paroles qu'il n'arrivait même pas à contrôler. Voici : Siothrún essayant de dire un mensonge dans toute sa splendeur, un spectacle hors du commun ! Il voulut se fracasser la tête sur la table mais - flûte, il y avait un verre et des couverts. Rouge de gêne et de honte, il gardait les yeux baissés sur ses mains. D'une petite voix blanche, il demanda :

« Heu - Je préférerai ne pas aborder ce sujet pour le moment, s'il vous plaît. Désolé. »

Il semblait un peu tard pour faire preuve de cette impolitesse - mais quel idiot ! Il crachait le morceau avec une facilité déconcertante quand il voulait simplement s'étouffer avec. Comme si son entrevue avec le Maître de Tchen ne lui avait pas servis de leçon, il faisait la même bêtise. Décidément, ce speed-dating ne lui réussissait pas - parler ne lui réussissait pas, il était si gauche avec les mots ! Une tristesse envahit son cœur, à la pensée qu'en continuant ainsi, il allait réellement faire fuir pour la deuxième fois de la soirée quelqu'un.
Siothrún Nolan
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Re: Bras dessus, bras dessous

Sam 6 Juin - 23:24


Karan suivi patiemment le changement grandissant dans le niveau de nervosité de Siothrún. Une petit question capable de déclencher une avalanche. La réponse lui apparue pourtant très simple. Siothrún est un humain né dans l'Entre-Monde comme il est de plus en plus courant d'en voir.
Il n'avait pas parlé de Souen.
Le soldat senti le malaise qui s'installait, il pouvait deviner un soupçon de mensonge dans ces paroles sans pour autant comprendre la raison de son existence.
Il balaya la discussion d'un sourire et d'un hochement de tête entendu. Ni l'un ni l'autre ne voulait en arriver à une conversation si intime. Karan savait pourquoi ça l'était pour lui mais ignorait tout de la raison du jeune homme à vouloir dissimuler une telle chose.

-Je crois que si nous commençons comme ça alors que le repas n'est pas encore arrivé, nous ne réussirons pas à tenir toute une soirée.

Il ne lui devait rien. Il n'était pas obligé d'ouvrir une porte à cette personne. Un inconnu qu'il venait à peine de rencontrer. Un jeune homme timide et maladroit qui pouvait dissimuler les pires craintes de Karan comme les meilleures.
Il soupira, expirant ses doutes, puis il sourit pour se donner du courage et peut-être bien un petit peu de contenance.
Sa main courait sur la nappe et son visage était baissé vers les couverts alignés.

Karan avait cessé de regarder le monde pour mieux l'entendre. Il venait de s'apercevoir que Siothrún était plus facile à cerner lorsqu'il se focalisait sur sa voix plutôt que sur son visage.

-C'est à moi de faire cet effort en premier. Je crois, ajoutait-il.

Il osa prendre quelques secondes pour réfléchir à la manière dont il amènerait son discours. C'était important pour eux deux qu'il choisisse soigneusement la manière dont il ferait exister son passé.

Le soldat se devait de mettre les choses au clair avant de faire une concession de ce genre.

-A une condition, je te dirais quel genre de dieu j'étais, si tu me dis la vérité sur ton espèce.

De cette façon, l'autre ne pouvait pas nier qu'ils avaient tous les deux entendus un mensonge.


Dernière édition par Karan le Mar 9 Juin - 11:47, édité 1 fois
Karan
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