Les larmes de l'orage

Témari (Maitre du jeu) est arrivée tôt ce matin et excitée comme une puce.

Elle parla très vite mais Ayame, l'elfe de la situation, compris presque tout, presque, et il lança aussitôt le grand chambardement. Annonce fut faite de l'arrivée d'une créature extraordinaire sous le ciel de l'Entre-Monde. Des miliciens et des fonctionnaires couraient partout pour organiser l'évènement surprise, lorsque je me pointais enfin au bureau, couvert d'eau.

-T'as une mine horrible, me lança-t-il alors qu'une musique d'attente le faisait soupirer au téléphone.
-Dis-ça au Cyliong. Il m'a jeté dans la fontaine.

Ayame pouffa de rire jusqu'à ce qu'il remarque les griffures sur mon bras.

-Et j'ai lavé Soare aussi. Tant que j'y étais... Elle puait comme un rat mort.

Peu après la panthère apparu dans son champs de vision. Nous étions aussi peu présentable l'un comme l'autre. Ce tableau de famille lui arracha un sourire solaire.

-Un Basorage aux abords du temple d'Ho'una, on part dans une heure, ajoutait-il quand le téléphone lui répondit enfin.

Les négociations entamées avec Cerclon, ou plutôt avec le prêtre du temple, je me contentais de me saisir de mon équipement. On m'apporta une serviette que je déclinais car les fringues "ça sèche tout seul", les cheveux aussi...
C'était la panique dans les couloirs, ça courait dans tous les sens. Personne n'était épargné, j'avais des commissaires qui filaient à droite, à gauche, des miliciens tout équipés qui marchaient à grand pas.

-Soare, on part en chasse !

La panthère se léchait un coussinet quand elle dressa la tête.
Je la soupçonne de comprendre tout ce que je dis et de ne pas aimer le mot "chasse" lorsqu'il succède à son nom.

Je n'allais pas attendre une heure que l'elfe se décide à s'équiper. Monté sur le Cyliong propre et démêlé, la panthère faisant toute petite à côté de lui, je me lançais vers le portail permanent ouvert sur la cour principale.
Quand on ouvre un portail de ce genre c'est uniquement pour pouvoir faire passer beaucoup de monde très rapidement. Et si l'elfe a prévu une armée, ce n'est pas seulement pour payer Dinu Mihai :

-Il est si gros que ça ce truc ?

Portail franchis.
Mon épée me parue très petite.


Sur la plage une masse incompressible de gens se tenait là. Appareils photo, peintre, journalistes... Une rûche de la taille de la capitale venait de s'écraser sur la plage et les yeux levés au ciel, piétinait le sable.

L'elfe me fit sursauter :

-Nous ne sommes pas là pour chasser mais pour faire en sorte que rien n'arrive durant l'évènement !

Il grimpa agilement sur le Cyliong et pendant que nous avancions il distribuait quelques tracts. Cette tâche, il la confia rapidement à quelqu'un d'autre. Il avait plus dur à gérer :

-Tu savais que si j'avais su dès le départ je ne serais pas venu.
-Tout à fait ! Mais lors de ce genre d'évènement, tu te dois d'être présent, c'est aussi ton boulot.
-Non, t'es payé pour me remplacer dans ces moments là.

J'allais faire faire demi-tour à ma monture quand il se saisit des rênes.

-Si t'es sage, t'auras des monstres à tuer pour protéger tout ce petit monde.

Bougon, j'acceptais de mauvaise grâce.
Un jour je le virerai.

Xénon surgit de la foule et apparut presque comme par enchantement à côté du Cyliong du boudeur Maître de K'ouen.

"Ça va en faire, des détritus à ramasser," soupira-t-il, les bras croisés, en observant l'attroupement d'un œil désabusé.

En l'espace d'une heure, la plage d'ordinaire déserte du temple de Ho'una s'était changée en place du marché un jour de grande affluence. Il y avait des humains, des animaux parlants, des robots sillonnant le sable, quelques dragons et créatures ailées perchés à flanc de falaise, des fantômes et autres esprits aériens planant au-dessus des têtes - où ils gâchaient la vue des spectateurs terrestres qui ne manquaient pas de protester. Et tout ce beau monde de laisser tomber tracts, restes de pique-nique ou gobelets vides n'importe où.

Il tourna la tête pour saluer les cavaliers du Cyliong d'un hochement du menton. Ayame, il ne le connaissait que peu, et surtout à titre professionnel. Mais il avait passé près d'une demi-heure au téléphone avec lui pour organiser ce branle-bas de combat. Des employés de K'ouen étaient venus prêter main-forte à Pioche, le droïde responsable du temple pendant les absences de Xénon, pour dresser la buvette assemblée à la va-vite au pied de la falaise.

"Vos hommes restent aussi pour le rangement post-réjouissances, j'espère," se contenta-t-il de dire à l'elfe. Puis, à l'intention de Wergeld : "Salut..."

Il s'interrompit et l'examina de plus près. Certes, il ne dégoulinait pas (ou plus ?), mais...

"T'as l'air... humide. C'est le temple qui te fait cet effet ? Je te vois rarement sec ici."

Et pendant ce temps, Pioche, au comble du stress, fusait d'un bout à l'autre de la buvette pour ouvrir des caisses de boissons et servir des encas à d'innombrables visiteurs. En le voyant faire, Xénon se sentit vaguement coupable.

Uriel avait été sur le point de quitter la ville pour une livraison de courrier quand il avait entendu la nouvelle qui s'était répandue comme une traînée de poudre : un truc extraordinaire se produisait au large de la côte. Il avait mal retenu le nom du truc en question, seulement que cela avait un rapport avec l'orage. Ce détail l'avait d'abord intrigué - en tant qu'ex-ange de la foudre - mais sans plus. Puis il avait entendu les mots magiques : "artefacts rares". Et il avait rappliqué. Tant pis pour la livraison, ses clients pourraient bien attendre quelques heures de plus.

A présent, planté sur la plage au milieu de milliers de spectateurs, il plaça une main en pare-soleil au-dessus de ses yeux et contempla l'espèce de grosse baleine faite de nuages qui planait tout là-haut. D'accord, le phénomène était intriguant. Mais depuis sa dernière mission pour le compte de K'ouen, il se méfiait des baleines. D'après le prospectus qu'on lui avait distribué, cependant, la créature se déplaçait très, très haut au-dessus de leurs têtes : pas la peine de s'inquiéter. Il se demanda s'il serait capable de monter aussi haut, avec ses titres. Mais ce n'était pas pour ça qu'il était venu.

Il se mit à sillonner l'arrière de la plage, près des falaises, à la recherche des fameux cailloux précieux. Quand il ne se baissait pas pour examiner la roche locale, il jetait des coups d’œil dans la foule, des fois qu'il repérerait des visages connus. Amis ou ennemis ? Il connaissait malheureusement plus de gens dans la seconde catégorie que dans la première. Et les ennemis, c'était toujours bien de les voir le premier pour les éviter.

Il repéra une pierre bizarre et s'en empara avidement. La charge électrique de l'artefact résonna avec sa propre magie chargée de foudre, lui assurant qu'il ne s'était pas trompé. Il le fourra dans sa poche avec un "Wouhou !" triomphal.

N'hésitez pas à venir discuter si ça vous dit. :3

Encore ce temple ! Les basorages sont rares et cette planète est grande. Fallait-il qu'elle apparaisse ici plutôt qu'ailleurs ?

A peine quelques pas et me voilà les semelles remplies de sable. Je ne voulais pas venir. Mes souvenirs de ce temple fumaient encore sous un tas de regrets.
Je les ai aidé à sauver leur fête ! Au moins, la récompense valait le coup.

Cette fois-ci, encore, j'avais une bonne raison d'être là. Deux même ! On m'avait prévenu qu'une absence à un évènement de ce genre pourrait être remarquée. La prudence me commandait de faire comme tout le monde pour éloigner le moindre soupçon, qu'il existe ou non.
Puis on m'avait parlé de ces pierres.

Une heure je la passais à m'extasier devant la créature. Pour faire bonne impression.
Après, je commençais les fouilles de la plage. Je n'étais pas la seul. Il n'était pas rare de bousculer quelqu'un. Personne ne regardait devant, tous avaient les yeux rivés sur la plage.
Et ce qui devait arriver, arriva. Je percutais un inconnu.

Cet arrêt brusque de ma trajectoire m'obligea à regarder qui je venais de rencontrer.

-Désolé.

Avec juste le peu de sourire qu'il me restait.
Mon pierre posé sur quelque chose de dur, je me penchais pour voir. Il s'agissait d'un petit galet. Son piquant entre mes doigts valait son pesant d'or.
Je prend !

En cette chaude journée, je pris la décision d’aller faire un tour sur la plage près du temple d’Ho’una. Ayant récemment entendu une rumeur comme quoi une rare créature serais présente dans le ciel, je me suis dit que ce serai une bonne idée de sortir, peut-être de croiser du monde et de discuter un peu… Oui cela me changerait. Quelle était le nom de cette créature déjà ? Ah, oui, un Basorage. Cette fameuse créature qui ne vit que quelques heures à la suite d’un orage. C’est assez triste, pour une aussi grande créature. M’enfin, j’ai finalement appris que ce monde n’est pas juste, quel que soit l’endroit ou la dimension où l’on se trouve.

La plage n’étant pas mon endroit favori et le sable n’étant pas pratique, je choisi de garder mes vêtements préféré, léger et utile pour se déplacer, plutôt que des vêtements lourds et encombrants. Je me rendis donc sur cette fameuse plage.

Je me rendis compte de l’importance de cet évènement à mon arrivée sur la plage. Du monde, du monde et encore du monde. Jamais je n’avais vu la plage aussi remplie de monde. Je levai la tête pour admirer ce pour quoi j’étais venu : le Basorage. Gigantesque. Oui ce fût le premier mot qui me vint à l’esprit. Gigantesque et magnifique à la foi. Comment une aussi grande créature ne pouvait vivre que si peu de temps ? Encore une énigme que l’on ne pourra résoudre.

Après avoir suffisamment admiré cette bête et pris un bon bain de foule, je me dirigeai vers un coin tranquille. Ayant pour habitude de regarder où je marche, je fini par me cogner contre quelqu’un. Prévisible me direz-vous... Cette personne s’empressa de s’excuser, avec un petit sourire.

-Désolé.

Je me contentai de m’incliner et de lui sourire en retour, puis de continuer ma route vers un coin plus calme de la plage.

Spoiler:

- Monsieur Sodak ! Il y a une nouvelle !
- Qu'il y a-t-il Alice ? demanda-je pendant que je faisais les comptes à l'Hemisphère Café.

Elle m'avait raconté qu'une créature spéciale et rare avait fait son apparition près du temple de Ho’una, près de la plage.

- C'est certes très intéressant mais ... Pourquoi tu m'en parles ?
- Bah en fait, comme je termine tard et que vous êtes libre, est-ce que vous pourriez pendre une photo avec Kuler ? Ma mère voudrait voir cette créature mais elles est malade !

D'accord, on j'ai compris ... Remarque, un évènement comme ça, c'est une bonne chose pour les affaires ! Je demanda à Espada et venir m'aider pour ouvrir un petit stand et vendre quelques pâtisseries et faire de la pub pour le café ! On était décidé, motivé, et on prépara de quoi faire un stand pour la journée.

Un fois arrivé sur place, il y avait déjà un peu de monde. On s'installa rapidement et commença à faire notre petit commerce. J'avais utilisé Kuler pour prendre quelques photos et aussi diffuser une musique douce et calme pour apaiser le monde.

Je regardais la majestueuse créature volante qui avait pris le ciel comme robe et la foudre comme bijoux étincelants. Je regardais de temps en temps le ciel pour bouger le monstre éphémère bouger, danser au gré du vent. Je me demandais même s'il avait une conscience. J'appréciais la vue de cette créature.

- Monsieur Sodak, j'ai appelé Rémy pour nous approvisionner en thé et en pâtisseries, nous avons réalisé à très bon chiffre d'affaire aujourd'hui.
- Très bien Espada, avec de la chance on pourra profiter de l'évènement pour faire une gallerie d'Art sur les créatures de l'Entre-Monde dans un évènement spécial. Kuler continue de prendre des clichés et profitons pour encore plus vendre !
- D'ailleurs, apparemment la présence de cette créature rend les pierres électriques, comme s'il permettait d'insufler une essence aux choses inanimés. Il serait judicieux de conserver ces pierres pour les vendre ou s'en servir pour nos armes.
- Très bonne idée Espada. Utilisons l'un des sacs que nous avons emmené pour pouvoir conserver les pierres.

Soudainement, je vis Azurée passer entre les gens. Je me demande s'il s'est remis de notre aventure dans le village aux chimères ...

Spoiler:

Ce n’est ni la volonté de piquer des portefeuilles, ni l’occasion de voir un animal rarissime dans une région sous le contrôle de l’Entre-Monde. Ce n’était pas non plus parce que je n’avais rien d’autre à faire. Ce n’était pas pour fuir Raku non plus. Et les pierres ne m’intéressaient pas.
J’avais passé la porte avec un espoir déjà mince de nature : Comment retrouver quelqu’un dans une foule aussi immense ? Et pourtant la légende du Basorage à propos d’un amour béni m’avait poussé à tenter une dernière fois de retrouver ma commissaire. Elle avait toujours accroché à ces trucs un peu mielleux, et peut-être que, où qu’elle soit dans l’Entre-Monde, elle se rappellerait… Que quelqu’un dans ce monde, l’attend.

Mais en arrivant, et en voyant la foule qui se pressait, mon espoir s’assombrit gravement. La tache allait être impossible. J’aurais eu plus de chance de retrouver une aiguille dans une botte de foin.
La plupart des recherches effectuées par les services de K’ouen n’avaient toujours rien donné. Je connaissais la résistance de ma commissaire, mais peut-être que la zone inconnue et notre séjour dans l’obscur passé d’Augure avait eu raison de sa volonté. Malheureusement, ni même ses parents adoptifs, ni même sa remplaçante à l’épicerie n’avaient pu me renseigner.

Toujours était-il que j’étais là, au beau milieu des gens, bousculé de toutes parts par des personnes récupérant cailloux sur cailloux. Je demandais à une bonne trentaine de personnes si elles connaissaient Myra, sans vraiment y croire avant de m’arrêter au beau milieu d’une foule sans cesse en mouvement. A quoi bon ? La chance était rarement de mon coté et aujourd’hui encore, elle ne semblait pas me sourire. Peut-être me tapait-elle dans le dos gentiment, avec un regard désolé.
Je crus apercevoir quelques têtes connues, comme des agents de K’ouen, et il me semblait avoir vu un type du temple, un peu plus tôt. Azalée ? Un truc du genre. Je n’avais pas franchement envie de voir des gens. Seul un visage m’importait réellement.

En soi, le paysage se prêtait à la beauté du spectacle. Le splendide animal qui planait tout là-haut exerçait son attraction mystique sur des tonnes et des tonnes de personnes, et le sol piétiné qui recelait parfois une pierre enchantée attirait le regard des autres. J’avais l’impression d’être le seul à avoir le regard perdu entre deux eaux, d’être le seul à être venu pour ne PAS voir le Basorage. Ce fichu poisson volant ne pouvait-il pas exercer un souhait ? Les dieux n’avaient pas franchement brillé jusqu'à maintenant…
Marmonnant des excuses pour m’extirper de la masse grouillante, je réussissais à trouver un coin au calme dans la zone des peintres pour m’assoir, ôter mon chapeau et enfouir mon visage entre mes mains, soupirant sans retenue. Fallait-il que je fasse le deuil de ma conquête, qui semblait s’être évaporée purement et simplement ? Devais-je continuer à espérer, au risque de voir mes espoirs se briser les uns après les autres ?

Une roche fit un «grzzzt» non loin de moi, et elle sembla sautiller sur place une ou deux fois. Je tendis un bras et la soupesais. Et, en hélant la personne la plus proche à mes cotés, je lui lançais une fois sûr qu’elle serait en mesure de l’attraper.

– Hep. Tenez. Autant que le fait d’être venu ici me serve à quelque chose…

Du haut du rocher sur lequel je profitais et du Soleil, qui se montrait enfin sans mon intervention, et du Basorage, je voyait la plage se remplir de plus en plus. Avec bien sûr, de plus en plus de personne essayant de chercher les cailloux-pile. Certaines se rencontrèrent, tête la première, d'autres se bousculaient tout simplement.
Quelques personnes attiraient mon intention, disons qu'elles sortaient du lot. Surtout quand, par exemple, l'une d'entre elles arrive sur une monture, l'autre ouvre un stand, que d'autres s'isolent... Bref, remarquer les détails pour ne pas être surprise, c'est fait.

Créature intrigante que ce Basorage, née d'une rencontre entre nuage et orage, eau et électricité qui d'habitude ne s'aime pas, là elles fusionnent pour former cet... Animal ? Enfin peu importe, comme quoi deux éléments opposés, assemblés comme il faut, peuvent donner quelque chose de formidable.

La nature et ses mystères.

Enfin, parmi tous les gens qui parcourraient la plage, je n'en connaissais aucun... Sauf de renommée peut-être, si je ne me trompais pas, ce qui n'élargissait pas vraiment mon champ de connaissances.
Un type, cheveux longs, blancs, passa non loin de moi. Tête en bas tel un grand-père de 100 ans au dos voûte... Manque plus que la canne tient !!

"Wouhou !"

A mon avis il s'est trouvé un cailloux-pile celui-là ! Je pris un galet sur mon rocher, comme il me picotait les doigts, il devait en être un aussi. Je descendais de mon rocher et interpella l'inconnu.

" Hey le solitaire ! Attrape ! "

Je lui lança le cailloux après qu'il est relevé la tête, puis me dirigea plus près de l'eau.

" Bonne chasse ! "

Je ris doucement, aux cailloux la chasse, mais une chasse quand même. Pas à pas, je me rapprochait de la foule, par la personne à la monture d'ailleurs. Il parlait avec un autre gus apparemment. Je passais à côté de la monture, caressant furtivement sa joue au passage comme une sorte de réflexe... C'est après quelques pas que je réalisais mon geste. Je me retourna pour voir la réaction du lion, de son maître... Rien ? Bon, tant mieux pour moi, si j'avais mis ce lion en rogne... Le ramdam qui se serait déroulé !

Ah, je tombe près des peintres d'après la ribambelle de chevalets avec leur toiles colorées.

– Hep. Tenez. Autant que le fait d’être venu ici me serve à quelque chose...

Même pas le temps de tourner la tête qu'un cailloux fila devant mes yeux, que j'intercepta par pur réflexe, celui-ci je le connaissais. Mon regard se posa sur un homme, petit mais un homme, assis, un haut chapeau à ses côtés.

" Il vous arrive souvent de jeter des cailloux avec un air si morose ? "

D'un bon je me redressais sur le cyliong en voyant arrivé notre hôte. Sa plage mise sans dessus dessous, je regardais au loin la foule dense aller et venir en formant des allées naturelles des falaises jusqu'au bord de l'eau.
Un air désolé passa furtivement sur mon visage avant de s'éclairer pour une réponse aussi brève qu'efficace :

-Salut !

Même Ayame ne réussit pas à s'expliquer mon brusque changement d'humeur. Ce n'était pas difficile de savoir que le semi-elfe serait encore plus fouineur que jamais dès que j'aurais le dos tourné. Mais je compte sur sa fille pour le distraire. Ce que je savais de la nouvelle vie sociale de Lys suffirait à le faire devenir fou d'angoisse... Vivement qu'il l'apprenne !

-Au moins comme ça je me fonds dans le décor.

Océan, humide... Ma blague ne fit même pas ricaner Ayame. Lui qui avait le rire facile et un humour aussi douteux que le miens, se tourna vers Xénon sans prêter attention au garnement juché devant lui sur la monture.
Elle était donc vraiment nulle cette blague.

-Des renforts arrivent pour le nettoyage, assura-t-il de son sourire solaire.

-Sinon prête-moi un porte-voix et je peux apprendre à tout ce petit monde à faire attention à leurs manières.

J'avais dis ça sérieusement et Ayame fit un non significatif de la tête. Non, je ne menacerai pas tout ce beau monde de représailles si on trouvait des papiers sur la plage. C'était son avis tout du moins.
S'il en changeait, nous suffirait de trouver quelques chiens renifleurs et de pister nos futures victimes de corvées.

Quelque chose attira mon regard près de la patte du lion. Je me précipitais au sol et ramassais l'objet avant que l'animal ne marche dessus.

-O.K. ! Aya, descend de là. S'il se avoir par ces machins tu finiras dans sa gueule...

Au loin une bande de garçons s'amusaient à jeter quelques pierres dans l'eau. De petites explosions d'eau et de crustacés dérangés commencèrent à pleuvoir autour d'eux.
L'elfe jura et couru faire cesser le jeu avant qu'il ne se propage. Je me retrouvais seul, une pierre à la main et un Cyliong placide -humide- à mes côtés.

-Cette fois il est vraiment propre.

Sous entendant que ce coup-ci je l'avais correctement savonné. Ce qui m'avait valu un petit tour dans la fontaine qui trônait au milieu de la cour de l'île.

Evidemment, Xénon devait n'avoir rien à faire de la propreté de ma monture et moi je n'avais rien de mieux à faire que de regarder les chercheurs d'or fouiller la plage.
Au dessus d'eux une pleiades de créatures volantes barraient le ciel, et ce n'était rien comparé à toutes celles qui étaient venues affleurer la surface des vagues.

C'est dans ces moments là, que l'Entre-Monde dévoile ses charmes.

Plus ça allait et plus on se marchait sur les pieds, ici. Trouver les précieuses pierres relevait autant de la chance que de l'observation : la plupart avaient à peine le temps d'être chargées par le Basorage que quelqu'un les repérait et les ramassait.

Uriel fendait la foule plié en deux, le nez rivé au sol, quand on l'interpella. Une séduisante femme rousse perchée sur un rocher lui lança un caillou qui lui chatouilla les mains. Ravi de ce cadeau inattendu, il lui décocha son plus charmant sourire.

"Merci mille fois, belle inconnue !"

Elle s'éloigna sans chercher à prolonger la conversation. Il pensa un instant la suivre pour faire plus ample connaissance, mais finit par se raviser. La pensée d'yeux bleus incandescents le retenait. Pour une femme qui ne voulait de sa compagnie que quand ça l'arrangeait, Tatiana pouvait se montrer jalouse comme un pou.

Il empocha sa nouvelle trouvaille et fronça les sourcils, levant les yeux vers le Basorage. Certes, la vue était belle, mais tout ce monde commençait à le rendre claustrophobe. Maintenant qu'il pensait à Tatiana, il se demanda si elle était dans les parages. Il ne l'avait pas aperçue, mais ça ne voulait rien dire dans cette foule. Est-ce qu'elle aimait l'orage et la foudre ? Il ne lui avait jamais posé la question.