Pénombre grouillante

Les passants s’écartent. Les deux créatures qui bondissent rapidement dans leur direction semblent dangereuses. Un cri d’alerte retentit dans les premiers couloirs du quartier souterrain : « Arrêtez-les ! ». Mais il est trop tard. Le nombre incalculable de chemins, la pénombre de certains endroits, et la foule affolée gênent considérablement l’avancée des quelques soldats qui poursuivent les Zergling. Toutefois, les jumeaux ne sont pas sans danger. La technologie pallie à tous les manques. Et les Fumerolles seront bientôt au courant que deux criminels errent dans les tunnels.

Les jumeaux se reposent.
Tapis dans l’ombre d’une petite caverne.
Devant eux, une horde d’être-humains de petite taille.
Creusant et chantant.
Ils grognent leurs menaces, mais les humains ne bronchent pas.
Ils semblent plus attirés par l’extraction du minerai.

Les Zergling sont perdus.
L’esprit Zerg ne se repère pas sous terre.
Il a forcé les Zergling à prendre des directions chaotiques.
Mais n’a aucun moyen de se repérer.
Cela ne lui plait pas.

Après quelques minutes, les Zergling ressortent. Les être-humains continuent leur besogne. Les jumeaux traversent de grondant la zone d’extraction, mais personne ne semble s’intéresser à eux. L’ambiance tranche violement avec la surface. Là-haut, les Zergling sont haïs. Ici, ils sont ignorés.
A force de marcher dans les couloirs, des bribes de mémoires reviennent à l’esprit jumelé. Le réseau des vers. Un labyrinthe organique parcourant le sous-sol de Char. Des lombrics géants contaminés par le sang Zerg. Un système de transport ultrarapide pour relier les couveuses.
L’esprit Zerg aime cet endroit. Il lui rappelle les Ruches de sa planète natale. Fraicheur. Pénombre. Humidité. Un endroit privilégié pour la maturation des œufs.

Les Zergling continuent leur exploration au travers des nombreux tunnels. Ils doivent trouver une sortie. Revenir dans la forêt. Retrouver le chemin de Char comme ils l’avaient prévu. Et si nécessaire, raser la ville pour trouver le portail Xel’Naga. Ils ne sont que deux, et pourtant ne doutent pas de leur succès. Car l’Overmind est au bout de la voie.

Le son. Celui d'une course. Quelque chose les poursuit. Quelque chose ou quelqu'un. L'esprit Zerg est à l’affût. Malgré les crissements des plaques de chitine, le claquement caractéristique d'un humain au pas de course résonne dans le boyau. Les Zergling ralentissent, préservant les muscles des pattes pour la bataille qui se prépare. L'esprit Zerg est sur. Le poursuivant est un ennemi. Comme ceux de la surface. Alors les Zergling se tassent. Les Lames levées. Les pattes pliées. Les yeux fixés vers le couloir. La lumière vacillante des torche leur montre un « Être-humain » qui se précipite dans leur direction. Il n'attaque pas. Mais gêne le passage. Les Zergling grognent, leur corde vocale unique vibrant dans leur gorge.



Ni lame d'acier.
Ni crocs.
Ni armure.




Répondre à une question par une question. Si l'Atrya de la surface ne connaissait pas les Zerg, celui des souterrains ne semble pas plus au courant de leur existence. Si l 'Atrya souterrain ne semble pas hostile, les Zerg ne quittent pas leur position menaçante pour autant. Le Chasseur aussi ne semblait pas dangereux. Et les jumeaux ont du fuir devant lui. Ici, la pénombre les aide. Si le nouveau venu se montre hostile, ils pourront plus facilement s'en débarrasser. Les être-humains ne sont pas des chasseurs de l'ombre. Les Zerg, eux, aiment à piéger leurs proies.

Spoiler:

L'Être Humain réagit intelligemment. Il recule. Cette action ferait sourire les Zerg s'ils en avaient la capacité.Mais la seule preuve de leur contentement est un ronronnement grinçant. L'Atrya des Profondeurs dément appartenir à la même race que celui de la surface. Il dit être un « Moiépuicétou ». Un nom ridicule. Une race qui semble l'être tout autant.

Le visage de l'Être Humain change. Un masque de confiance. Mais les Zerg n'analysent pas le visage de leur potentiel adversaire. La majorité de leurs ennemis étaient caparaçonnés derrières de lourds blindages de fer. Et l'étude du comportement humain n'était absolument pas une priorité pour l'Overmind. L'humain pouvait mourir. Et c'était la seule information viable aux yeux des Zergling.
Sa patte se tend. Reste en l'air. Les Zergling se brusquent. Bandent leurs muscles. Quelle est cette attaque ?


Et lorsque l'ennemi prend à nouveau la parole, la seule réponse de la part des Zergling est un silence pesant. Cet Être Humain s'imagine vraiment pouvoir « faire du mal » aux Zergling. Lui qui n'a ni griffes, ni lames, qu'elles soient d'os ou d'acier. Et bien que le souvenir du Chasseur hante l'esprit jumelé, le « Moi » ne semble pas plus intéressant que l'Atrya. Race qui gît désormais dans la boue de la Surface.


Derrière eux résonnent le bruit d'une course. Des pas métalliques. Leur piste a été suivie. Et le son se rapproche. Leur halte due au « Moi » les a fait perdre l'avance qu'ils avaient. Alors les Lames s'élèvent. Frôlent la peau du « Moi ». Et entre deux sifflements, la vois jumelée s'élève, à la fois harmonieuse et menaçante.




Les Lames ne baissent pas, et les sifflements ne s'estompent pas. Le « Moi » les emmèneront hors de la Grande Ville. Ou ne sera qu'un repas de plus pour les deux frères. Trop de temps a déjà été perdu.

Les Zerg ne savent analyser que deux émotions humaines. La peur, qui les délecte. Et la résolution, qui rend les humains tenaces. La colère, la peine, le mépris ou la réflexion intense sont des expressions faciales inconnues. Et celles qui traversèrent le visage du « Moi » ne méritaient pas que l’esprit jumelé s’y intéresse.

Les corps nerveux de Zerling s’agitent lorsque les bruits se rapprochent. Les jumeaux vont devoir encore livrer bataille. Cela ne les dérange pas. Au contraire. Ils sont taillés pour ça. Mais la fatigue des précédentes escarmouches commence à raidir les muscles des jumeaux. Et tout corps a besoin de repos. Celui des Zerg ne fait pas exception.
Alors que le fond du couloir s’illumine, le « Moi » reprend la parole. Les jumeaux ne l’écoutent pas, leur attention déjà tournée vers les ennemis. Mais les ordres des soldats se muent en cris de surprise lorsqu’un voile blanc emplie l’espace confiné du couloir. Les Zergling ne peuvent s’empêcher de hacher la brume avec leurs griffes. Ce soudain voile complique la bataille. Le sens de la vue désormais inutile, l’esprit Zerg se rabat sur l’odorat. Une odeur de pourriture agresse l’appareil olfactif des jumeaux. Une odeur couplée à l’humidité qui diminue encore l’efficacité du repérage des assaillants.

Les Zerg se cherchent mentalement, partageant informations et ressentis. La situation leur déplait grandement. Ils ne sont pas efficaces à 100%. Ce qui ne semble pas être le cas du « Moi ». L’une de ses pattes se referme sur une des antennes-lames de chaque Zergling qui, par réflexe, les replient brutalement en arrière avec un sifflement, avant de plonger dans la direction supposée.

Pas de fierté mal placée, pas de peur. Par d’attaque.

Un simple réflexe organique. Un mécanisme de défense. Les Zergling se tassent dos à dos, alors que la brume se désagrège. Le « Moi » semble les avoir attaqués d’un coté et les soldats ont tenté une approche dans leur direction. La situation est mauvaise. Mais le « Moi » fuit dans le couloir sombre. Les Zergling ne tergiversent pas. Soit il les guide. Soit il les a attaqués et tente de fuir. Dans les deux cas, le résultat est le même.

Les Zergling se lancent à la poursuite du « Moi », bondissants à toute vitesse. L’odeur du « Moi » est imperceptible, mais l’humidité qui semble le suivre est repérable. Les directions fusent, presque chaotiques. Les croisements s’additionnent. Un plan ingénieux. Multiplier les chemins. L’esprit Zerg s’interroge. Peut-on utiliser telle géométrie souterraine pour une Ruche ? Facilite les déplacements. Mais peut multiplier les voies d’accès aux centres névralgiques. Expériences à mener. Quand de retour sur Charr.
La terre fraichement creusée de certaines parties des couloirs s’enfoncent sous les griffes. Une sensation agréable. L’esprit Zerg retrouve des bribes d’informations génétiques quand à l’agilité des jumeaux sur terre meuble. Le génome évolue. Analyse. Recoupe. Détruit ou améliore. L’organisme s’adapte. Bientôt, les Zerg retrouveront leur mobilité optimale. Cette information satisfait l’Esprit fusionel.

Les Zergling retrouvent le « Moi ». Celui-ci semble les attendre à un énième croisement. Aussitôt les Lames se tendent. Ils s’arrêtent dans le boyau rocheux. Leurs yeux rouges brillants dans les ténèbres. La sortie n’est pas encore visible. Et le « Moi » a tenté de les attraper quelques minutes auparavant.

<< « Moi ». Où est la sortie ? >>
<< Pourquoi cet arrêt ? >>

Dernière fois que l’Esprit Zerg accorde un semblant de confiance au « Moi ». A la prochaine manœuvre hostile, les Lames parleront. Les Zerg ont soif de bataille.