Comme un poisson dans l'Ordae

L’étrange construction labyrinthique semble décontenancer quelques instants l’esprit fusionnel. Pourquoi les « Être-humains » ont-il besoin de tant de murs ? Pourquoi tous ces virages ? Une ruche Zerg est largement plus simple dans la construction, le gigantesque organisme creux accueillant en son sein la myriade de Races différents n’étant pas délimité par des membranes ou des parois. Juste la charpente osseuse. Rien que du vide dans lequel croissent créatures rampantes et volantes. Les Zergling sautillent en ligne droite, dépassant les voyageurs les plus lents. Qu’importe leur direction, l’esprit fusionnel se sent… désorienté. Il ne voit pas le bout de ce morceau de la ville de l’Entre-monde qu’est Ordae. Trop de directions qui relient le même chemin. Toujours cette impression de tourner en rond. Et toujours cette matière visqueuse glissante sous les pattes. Le mucus, cette substance spongieuse régénératrice naturellement produite par les organismes géants de la nuée pour agrandir la taille des colonies et permettre aux Zerg une stabilité à toute épreuve manque cruellement aux jumeaux.


De nombreux passants s’éloignent en hurlant lorsqu’ils aperçoivent les jumeaux. Cette réaction plait à l’Esprit Zerg. Retrouver cette capacité à effrayer les être vivants. Et bien qu’enregistrés dans l’Entre-Monde, les Zergling sont surveillés par deux ou trois miliciens courageux, l’aspect physique des créatures n’aspirant pas à la cordialité. Les jumeaux trouvent refuge sous un perron de magasin, la devanture de pierre les protégeant de l’épais rideau humide.

Il faut retrouver l’Overmind
Rapporter les informations.
Il faut savoir comment la Voix est arrivée.
Reprendre le chemin qui l’a amené ici.
Mais déplacements compliqués.
L’eau gêne. La Voix doit attendre…

Les deux créatures s’assoient de concert, nerveuses quant à l’obligation d’attendre que la pluie passe pour reprendre leur route hasardeuse. Ils ne sont pas dérangés, les passants ne sortant pas par ce temps et le marchand un peu effrayé par l’allure dangereuse des Zergling. L’un d’eux se couche tandis que l’autre se rapproche. Garder une température élevée est importante. Les Z’Z’Gashi, les créatures originelles, proviennent du désert. Ils n’aiment pas trop le froid. Et alors qu’à force d’attendre, le sommeil commence à gagner l’esprit fusionnel, un étrange être vivant entre dans le champ de vision du Zergling encore assit

En quittant les eaux calmes des fonds marins, Atrya ne se doutait pas que la surface était à ce point désagréable. Il sentait la pluie en grosses gouttes lui tremper le visage et les quelques vêtements glanés depuis le début de son voyage. Pour la première fois de sa vie, il fuyait l'eau.

Déambulant à grandes enjambées dans les ruelles, dérapant régulièrement sur le sol inégal, il se précipita vers la première avenue venue. Les commerces voyaient leur devanture close pour se protéger du vent et de l'averse, c'était exactement ce qu'il lui fallait.
Dérapant une fois encore, il se rattrapa sur un mur. Son objectif était de rejoindre les étranges créatures, planquées sous le seul perron capable de les protéger tous les trois de la pluie.

Enfin à l'abris il soupira d'aise en s'asseyant.

-On ne sait plus s'il faut courir ou nager dans cette bouillasse !

Il n'avait aucune idée si ces deux créatures savaient parler ou s'il ne s'agissait que des animaux domestiques du propriétaire de ce perron.

Dans le doute, il se contenta de sourire et de retrouver le silence, tout juste déranger par le bruissement régulier de la pluie battant les toits et les pavés.

L’étrange créature, d’abord silhouette floue derrière le rideau de pluie, apparait presque brutalement non loin des Zergling quand il se place sous le perron. Par reflexe, les griffes se tendent. Le Chasseur aussi avait cette capacité à apparaitre soudainement. Le Zerg debout montre les dents, faisant vibrer sa corde vocale. Grognements étouffés et grincements méfiants. La créature prononce quelque chose. L’attitude menaçante ne disparait cependant pas. Dans un lieu où la guerre sera mise à mal par la boue et la pluie, l’utilisation inutile d’énergie est fortement déconseillée. Aussi le jumeau reste près de son frère somnolent.

Plusieurs instants passent ainsi, les seuls bruits étant le battement des gouttes et le ronronnement menaçant. Puis, lorsque le deuxième Zergling se relève et s’ébroue, les menaces diminuent progressivement. Pas entièrement. Toujours à l’affut d’un geste malveillant soudain. Ici, dans « la Ville », les Zergling ne sont pas à l’aise. Le deuxième jumeau vient se placer au coté de son frère et tous les deux se regardent quelques instants. Partageant leurs impressions sur le nouveau venu. Puis plongent leurs regards dans celui de la créature.

<< … >>
<< Les Zerg ne nagent pas. >>

Et c’est tout. Le silence retombe. Simple information. L’humour est un trait totalement inconnu des Zerg. Pour leurs déplacements, la race Zerg utilise les Seigneurs, véritables zeppelins vivants capables de parcourir de longues distances en transportant les troupes dans leurs sacs ventraux.
Pour les transports interplanétaires, seul le Léviathan, gargantuesque créature organique capable de vivre dans le vide stellaire, peut transférer les créatures Zerg d’une planète à l’autre. Depuis leur conquête du ciel et des étoiles, les Zerg ont totalement délaissé l’élément aquatique. Pourquoi gaspiller de l’énergie à créer des nageoires ou des sacs de flottaison quand l’eau peut être survolée ?

Toutefois, loin de leurs frères de couvée, les deux Zergling se sentent… frustrés. Leur évolution tend à les rendre parfait à la vue des critères de l’Overmind. Pourquoi une simple averse donne-t-elle tant de mal ?

Les Zerg ne nagent pas.
Ou comment passer pour un idiot ! Les traits d'humour qui font un flope c'était pile ce qu'il fallait pour aller avec l'averse. Le mélange donnait un embarras certain et un poisson-ange rougissant.

Toujours aussi peu à l'aise avec le langage de la surface et toutes ces coutumes où l'on disait bonjour au levé du soleil et bonne nuit à la présence des étoiles. Dans l'océan, il n'y a ni jour ni nuit. Les créatures sommeillent en silence et en toute sérénité dans les oasis. Du moins, pour celles qui pensent.
Là dessous aussi, on trouve des lois, des mœurs... Les choses qui se font et ne se font pas lorsque les mots familles, communautés et société s'imposent.

Atrya fut d'abord étonné d'entendre parler la créature. Puis, en les observant plus longuement sa réaction ne fut pas moins étonnée qu'il n'était amusé.

-Heureusement ! Vous couleriez à pique tous les deux !

Il en avait vu de drôle de choses, sous l'eau, sur l'eau, sur la terre et même dans les airs. Surtout ici où toutes ces créatures vivaient ensembles. Parfois elles s'évitaient, parfois elles s'observaient prudemment comme deux requins sur un territoire inconnu.
Depuis sa sortie de l'eau il n'avait jamais regretté d'avoir quitté la quiétude des profondeurs marines. Ici il voyait plus de personnes en une journée que durant toute une année au fond de l'eau.
C'était sans compter leur saison de pluies, leur saison de neige. L'hiver glaciale, les vêtements lourds, la boue qui aspire vos pieds et les emprisonne comme deux ventouses sur un carreau.

Avenant, il pivota légèrement sur son bassin et leur présenta son visage le plus souriant.

-Je m'appelle Atrya.

Spoiler:

Cette créature s’appelle un Atrya. Sa race semble aussi pacifique que l’Yshyteha. Toutefois, les Zerg restent prudents. La rencontre du Chasseur les a rendus plus méfiants. Ils savent désormais qu’ils sont plus vulnérables, plus dépendants d’eux-mêmes, et cela ne leur plait guère. L’Overmind avait pour habitude de penser à tout. Dangers et menaces, forces et avantages… Les Zerg n’égalent pas l’intelligence du maitre-esprit.
Alors ils considèrent désormais tout être non-Zerg comme une menace potentielle. Aussi ne répondent-ils pas tout de suite... Ils se concertent, jugent et pèsent les actions et tons de l’Atrya jusqu’à présent. Il parait amical. Sa chair n’est pas énormément protégée. Il n’a pas l’allure d’un combattant. Et surtout, il s’expose aux lames.
La pluie continue de tomber en rideau sans que quoi que ce soit annonce une éclaircie. Quelques minutes passent avant que le silence ne soit brisé de nouveau par la voix fusionnelle mélodieuse.



Peut-être que le fait d’entendre le nom des Zerg va rappeler à cette créature la terreur qu’inspire la Nuée. Cette pensée plait à l’Esprit Fusionnel. Malgré l’absence de réaction chez l’Ysyhteha, les Zergling n’ont pas abandonné l’idée que quelqu’un, quelque part dans cet univers les connait, et sait de quoi la Nuée est capable. Mais leur espoir est terne. Même dans la Grande Ville, les « êtres humains » n’avaient pas l’air de les fuir. Ils ne quittent pas l’Atrya des yeux tandis que s’élèvent à nouveau le son jumelé.

<< Atrya>>
<< Un étrange nom pour une étrange race.>>

Une remarque que bien des gens auraient perçu comme une insulte. L’Atrya ne fera peut-être pas exception. Pour les Zergling, c’est juste un fait. Et la race est effectivement étrange à leurs yeux : Un corps trop fin pour sa taille semble indiquer une masse musculaire trop peu développée. La peau lisse et pourtant écailleuse ne semble pas protectrice du tout. Les Zerg ne connaissent que la puissance pure. Ce monde est donc empli de races inoffensives ? L’esprit Zerg imite donc la technique que l’Yshyteha avait utilisée : utiliser le mode de communication auditif rudimentaire.

<< Que venez-vous chercher dans la Grande Ville, Atrya ? >>

Le ton chantant est dur. Presque un reproche plus qu’une simple question. Les Zerg sont étranger à la douceur et l’éloquence. Et si l’Atrya est apeuré, peut-être pourront-ils relâcher leurs muscles toujours bandés.

Atrya, qui commençait à se sentir un peu intimidé par ces créatures si peut démonstratives ne put s'empêcher de s'exclamer :

-Zerg, tous les deux ? Zerg et Zerg ?

Mais en fait, quand on a passé la totalité de son existence à fleurer le ventre des Raies manta qui n'auraient rien demandé de mieux que de vous avaler tout cru les créatures les plus silencieuses peuvent vous paraitre tout à fait sympathiques.
Oublié la question du nom, le mieux était encore de ne pas se mêler des affaires des autres. Zerg pour deux, Zerg chacun, il ferait avec sans poser de question.

Au plus profond des mers il y en avait des comme lui, d'autres poissons anges. Mais aussi des raies, des requins, des murènes, des crabes, des araignées et des méduses qui arboraient un visage et des mains, mais au fond d'eux cet instinct animal. La chaine alimentaire existait aussi.
Mais à la différence de leurs cousins parfaitement animales, ces êtres conscients ne s'entretuaient pas. Les uns dévoraient nettoyaient la mer, les autres aidaient à purifier les corps des parasites, d'autres encore étaient des meneurs de troupeau : nombre méduses protégeaient de leur clans aux membres innombrables les caravanes qui peuplaient les failles les plus profondes du monde.

Il se remémorait alors pourquoi il avait quitté son milieu. Bien qu'il souriait, il ne put réprimer un léger rire nerveux. Les questions étaient à ce point incisive qu'il regrettait presque d'avoir gagné ce quartier. Pourtant, il espérait trouver des réponses ici !

-Et bien...

Il retournerait bien dans l'eau maintenant qu'il y pensait. Sa consommation de sel rendait parfois son séjour sur terre compliqué... Et l'eau douce avait un goût de métal qui lui restait sur le palais.

-Je cherche quelqu'un.

Au port, ils lui dirent que le grand vaisseau sous-marin qu'il cherchait avait été piloté par peu de gens ces derniers mois. Alors, lui ont-ils conseillé de venir ici. En effet l'un des récents pilotes avait donné comme domicile une adresse située à Ordae.
Mais le quartier était vaste et Atrya peu habitué à marcher.

S'il savait qu'un passage à Tern, un coup d'oeil à un kiosque journaux suffirait peut-être, avec de la chance, à lui indiquer la personne qu'il cherchait !

Maugréant contre sa malchance, il poursuivit d'un air revêche et les yeux vissés au ciel gris.

-Il y a tellement de monde dans cette ville aussi ! J'aurais bien le temps de faire trois fois le tour du monde avant de réussir à retrouver ce garçon là !

Et puisqu'il le cherchait pour le soigner, car les poisson-anges comme les médecins avaient à coeur d'accomplir leur devoir : harceler les malades pour leur procurer les soins dont ils ont besoin, c'était tout de même un comble que ce malade se cache alors qu'il lui voulait seulement du bien !

Le temps d'y penser, le poisson retrouvait un franc sourire, si peut habituer aux prédateurs, il avait déjà oublié même son angoisse passagère.

-Vous cherchez quelque chose, vous aussi ?

C’est la deuxième fois qu’un être vivant les nomme de cette façon. Les jumeaux lancent, tant qu’il est possible pour leur anatomie, un regard interrogateur lorsque l’Atrya semble vouloir les différencier. L’individualisme n’existe pas chez la Nuée. Ils SONT la Nuée, tous autant qu’ils sont. Un amas de milliards de créatures, répondant simplement sous le nom de Zerg. Ce terme désigne à la fois la créature et le peuple. L’unité comme le milliard. Il est aussi utile de les différencier que de nommer différemment chaque cellule d’un tissu vivant. L’analogie est d’autant plus vraie qu’une cellule seule ne peut pas faire grand-chose. A l’instar d’un organisme multicellulaire, chaque Zerg a son utilité. Seul, il n’est rien. Mais les jumeaux ne lui en veulent pas. A vrai dire, ils ne cherchent même pas à comprendre. L’Atrya n’est pas Zerg. Comment pourrait-il concevoir une telle façon de vivre.

L’Atrya émet des sons aigus, son corps légèrement parcourut de soubresauts. Instinctivement, les muscles se font plus tendus, les lames remontent légèrement. N’ayant jamais connu, ou vu, un « être vivant » rire, les Zergling s’interrogent sur une potentielle attaque. Mais la créature reprend la parole. Serait-ce une nécessité pour utiliser un tel mode de communication ?
Lorsqu’il reprend qu’un ton plus brusque, cette fois les jumeaux ne peuvent retenir un crissement de méfiance. Les lames reprennent leur position d’attaque. Mais aucun mouvement préparatoire ne semble indiquer un danger de la part de l’être devant eux. Il semble au contraire relâcher ses muscles.


Créature irritante
Ordre ?

…Doute.
Ne semble pas dangereuse.

Le Chasseur semblait faible.

…
Réactions erratiques.

Très désagréable.

Toutefois.
La créature semble connaitre la grand Ville.

Attendre.
Mais méfiance.
Les lames doivent être prêtes.

Lorsque les jumeaux reprennent la parole, leur ton est plus serein. Empreint d’un certain plaisir. Les ailettes vibrent de contentement. Les lames se baissent à nouveau, emportés par le simili de joie qui envahit les Zergling. Pourtant, le sens des paroles n’est pas reluisant pour les habitants de la planète. Mais les deux frères n’en ont cure.




Le ton reste léger, mais la forme du crane et la disposition des lames n’est pas le plus cordial quand les Zergling replongent leur regard dans les yeux de la créature.




Une déclaration ouverte. Sans préavis. Les jumeaux veulent rentrer. Ils doivent rentrer. Ce monde est paisible. Et riche en vie. Deux caractéristiques que les Zerg apprécient dans leur campagne expansionniste. Le premier pour la facilité à conquérir. La deuxième pour l’apport : ADN. Nourriture. Place. L’Overmind prendra cette planète. Et ses occupants rejoindront la Nuée. Ou mourront.
Emportés par l’excitation, ils ne pensent pas un instant que le fait d’avouer publiquement une volonté de guerre puisse leur être néfaste.

Charr, Overmind. Charr. Guerre. Notre monde. Zerg.
Il y avait tellement de mots inconnus dans ces quelques bouts de phrases que le poisson sentie ses branchies se détendre nerveusement. Rien de tout cela n'existait sous l'eau. Du moins, rien de tout cela n'avait de place là où il vivait.
Pour qu'il y ait une guerre, il faut des frontières. Et les seules limites de l'océan sont à sa surface et en ses plus profondes demeures.

Au fond, Atrya ne savait tout simplement pas ce que voulait dire tous ces mots. Ni les conquêtes, ni les guerres.

-Quoi ?

Embarrassé, le triton se senti se raidir de la tête aux pieds. Que leurs ailes tremblent dans l'air ne le rassurait pas non plus. Lui qui n'était qu'un poisson savait qu'il fallait se méfier des leurs et des qui bougent toutes seules.

-Rentrer sur Charr ? Je ne sais pas. Je ne sais même pas où c'est !

Devant l'air déterminé des deux créatures, il ne savait plus comment réagir. Tous trois cherchait un chemin dont ils ne trouvaient pas la bannière annonçant "départ ici".
Atrya ne savait pas pour les miroirs. Il ne savait pas non plus pour les Dieux. Il ne savait en fait rien de l'Entre-Monde. Il était né à l'intérieur des mers les plus profondes, il avait voyagé d'oasis en oasis sans jamais se demander ce qui existait à la surface.
Bien sûr parmi les siens il y en avait qui savait, qui allaient et venaient, qui riaient de sa naïveté. Mais on dit bien que les plus simples sont les premiers à être heureux.
Jusqu'à maintenant, le monde n'avait jamais été qu'un autre univers. Et Charr devait en être un autre encore plus éloigné !

-Mais il doit y avoir quelqu'un qui sait !

Au moins, cet idiot savait que quelque part, quelqu'un saurait.
Même s'il ne savait pas que les miroirs étaient fermés que les Zerg n'avaient aucune chance de rentrer chez eux.

La créature n'est finalement pas plus utile aux Zerg que des pattes à un Mutalisk. Elle ne sait rien. Et elle ne réagit pas comme le font la plupart des « Êtres Humains » que les jumeaux ont croisés jusqu'à présent. Pour une race guerrière, vivant pour le sang, un individu pacifique n'est pas concevable. Un être non taillé pour la bataille n'a pas lieu d'être. Aussi les Zerg sont-ils confrontés à une de leur plus grande énigme que renvoie le comportement de l'Atrya : Est-ce une ruse pour mieux frapper ensuite, ou bien l'Atrya est une des races les plus mystérieuses que les Zerg ont rencontrés ?


La pluie semble s’éclaircir un peu, mais des grosses gouttes continuent de voiler légèrement la visibilité. Le marchand du magasin a abandonné l'idée d'avoir de nouveaux clients et a fermé la porte à clé. La Grande Ville marche au ralenti. Même les passants sont rentrés chez eux des que les intempéries pouvaient être affrontées.
Pour une fois dans leur vie, les Zerg sont déboussolés, autant par l'Atrya que par le chemin à prendre. Quelqu'un doit savoir. Mais les Zergling ne veulent pas voir un Être Humain. Ils veulent rentrer. Un fois de plus, l’absence de l’Overmind se fait sentir. Le Maître-Esprit contrôlait tout, s’occupait de la direction, des ordres, de la marche à suivre. Ici, les Zergling sont livrés à eux même. Et cela leur déplait grandement. Tout est inconnu. Et potentiellement ennemi. Même une chétive créature comme l’Atrya est jaugé avec prudence. Un mot qui sonne amèrement.

Partir au hasard implique de ne pas trouver de réponse rapidement. Rester avec l’Atrya implique de côtoyer les Être-Humains. Les Zergling ne sont pas fait pour attendre. Ils sont faits pour se battre. Le simple fait de parler à des créatures est nouveau pour leurs cerveaux étriqués. Ils ignorent les tenants d’une conversation classique. Et ils le prouvent rapidement.


L’Atrya a dit que quelqu’un savait. Peut-être l’être-humain de la bâtisse connait ce quelqu’un. Peut-être est-ce lui. L’inaction a usé les Zergling. Et ils veulent des réponses. Pas des suppositions.

Un poisson de cri pas. Ce n'est pas dans ses instincts d'appeler sa mère à la rescousse au moindre danger. Un poisson normalement n'a aucune corde vocale, ni même un os à faire vibrer à l'instar des lions. Un poisson fuit devant le danger.
Un guerrier trouve ça lâche, un poisson trouve ça logique. Atrya devant les coups portés sur la porte, bondit sur ses pieds et s'éloigna prestement. Il chercha un endroit où se dissimuler. Comme lorsque les murènes et méduses approchent les récifs, il suffit normalement de se diriger vers les anémones, derrière elles se trouvent des algues plus grandes qu'un homme debout, et derrière encore se trouvent des rochers. Des montagnes et des grottes sombres.

Ordae recelait des ruelles trop éloignées. D'empilement de déchets, de caisses et d'alignements de tonneaux. Autant de cachettes qui n'en sont pas. Les deux créatures étaient assez petites pour aller le chercher là bas derrière les tonneaux sans difficultés. Et ils le verraient y aller.
Il n'y avait rien pour se cacher. Rien pour se protéger. Qu'est-ce qu'un guérisseur du fond des mers venait faire sur terre ? Il rêvait d'une vague pour l'emporter.

Atrya était un poisson-ange certes. Mais il avait des bras et des jambes (temporairement), aussi s'empara-t-il d'une latte de bois qui jusque là ne demandait rien à personne sinon à rester contre son muret où on l'y avait déposé en attendant le ramassage des ordures.
Maladroitement il tenta de repousser les créatures de la porte, sous le regard médusé du marchand encore au chaud derrière ses carreaux.

-Ça se fait pas de faire ça !

Un vrai héros...