When danger lurks...

La rouquine était dans une prairie à l'herbe vert émeraude. Elle se dirigeait vers un arbre solitaire à toute allure, enivrée par sa vitesse. Arrivée devant le tronc râpeux, elle perdit son sourire, son expression béate et s'affala contre l'arbre, essoufflée. Elle ferma les yeux et s'endormit presque immédiatement.

À son réveil, elle sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle se débattit intérieurement pour émerger du sommeil et se releva en s'appuyant contre le tronc. Elle finit par retrouver ses esprits et jeta un oeil alentour. Et elle les vit.

Ils étaient six, tous vêtus de noir, l'expression pas très avenante. Ils avaient à la main chacun au moins un couteau. Sylvia déglutit en voyant qu'elle n'avait pas été assez prudente. Elle les observa, les jaugea, et sa conclusion l'effraya ; ils étaient beaucoup trop nombreux pour elle.

L'un d'eux, un blond aux cheveux gras et à la barbe de trois jours, avait le nez cassé et une longue cicatrice barrait son oeil droit. Une fois à portée de voix, il dit :

─ Bonjour, ma chère. Tu n'aurais pas deux ou trois pièces, pour les pauvres mendiants que nous sommes ?

Elle leva les yeux au ciel et répondit d'un ton aux accents sulfureux :

─ Je crains que non, messieurs. Alors je vous serai grée de partir et... de ne plus jamais revenir.

Pour toute réponse, ils ricanèrent et continuèrent d'avancer. Ils se trouvaient à cinq mètres. Quatre. Sylvia recula des quelques pas. Trois. Elle retira la cape de ses épaules, résignée. Elle était trop fatiguée pour courir encore.

Le cher de la bande eut un sourire carnassier et leur épargna les préliminaires, en passant directement à l'attaque. Sa bande les encercla et deux d'entre eux se joignirent au premier. Sylvia bondit à l'horizontale et asséna un violent coup de pied au chef de la bande, qui tomba en arrière. La jeune femme atterrit au sol sans bruit et rejeta ses jambes en l'air, avant de se relever en une fraction de secondes. Cette fois-ci, les brigands semblaient la prendre au sérieux, et la submergèrent sous leur nombre.

Profita de la déconcentration de l'homme qui la retenait, elle visa ses bijoux de famille avec son genou et il la lâcha en glapissant. Il s'apprêtait à l'insulter quand elle écrasa sa main, doigts tendus, sur sa nuque. Il tomba au sol dans un bruit sourd.

Mais le combat n'était pas terminé. Voyant que l'ange, malgré son talent, était submergé par le nombre, elle siffla avec ses doigts et deux brigands se retournèrent. Elle s'élança et bondit. Ses jambes écartées happèrent le cou du premier, qui tomba à terre en poussant un cri à faire pâlir une harpie. L'autre, bien moins enthousiaste, commença à lui tourner autour. Elle réfléchit, ses membres tendus à lui en faire mal. Lorsqu'il sauta avec l'intention de l'égorger, la jeune femme courut sur quelques pas, s'aplatit au sol puis glissa, juste sous le brigand ébahi. Elle sauta, profitant du fait qu'il soit au sol. Son pied s'abattit sur sa tête, l’assommant net.

Les techniques qu'elle utilisait n'avaient pas besoin de force pour fonctionner. Seulement de rapidité, et de précision. Si elle visait un endroit sensible, elle réussissait à coup sûr. Par contre, des adversaires plus résistants auraient été plus coriaces que ces bandits.

Sylvia se retrouva bientôt avec deux autres hommes sur les bras. Elle recula, prit son élan et... Elle poussa un cri. Un des larrons venait de l'arrêter net en plein vol. Elle se débattit furieusement, l'homme la plaquant au sol, tandis que les deux autres reprenaient part au combat contre l'ange, visiblement rassurés sur l'issue du combat entre Sylvia et leur compagnon.

Alors qu'il plaçait une lame mal affûtée sur sa gorge, la rouquine eut une idée de génie. Elle cessa de se débattre. Le larron pensait certainement que c'était à cause de son arme, et du fait qu'il avait oublié d'immobiliser les jambes de Sylvia. Elle les ramena contre sa poitrine et poussa de toutes ses forces, ses pieds contre le torse du bandit.

Il décolla avec un ri presque théâtral et alla s'écraser lourdement. Mais il se relevait déjà, écumant de rage. Alors que la jeune femme s'apprêtait à lui asséner un coup de poing, il saisit son poignet lancé et le tordit de toutes ses forces.

Un craquement sourd retentit. Sylvia ne put s'empêcher de pousser un cri. Son poignet lui faisait atrocement mal. Son poignet gauche.

Elle se mit soudain à haleter de fureur, prise d'une rage aussi soudaine que brûlante. Elle se servit de son autre poing et l'envoya droit dans le nez de son adversaire. Un autre craquement retentit.

Elle tomba à genoux, soudain épuisée. Sa colère brusquement retombée, elle murmura :

─ Un à zéro.