[Mission] Chasse aux marrons, la louve et le contrebandier

C'était pas le tout de faire des recherches, mais il fallait bien vivre ! Malgré l'or que mes parents m'envoyaient de temps en temps, je ne pouvais pas survivre complètement sans pims et me voilà à nouveau dans une quête hors de mon idée principale. On m'avait parlé de la bibliothèque, grande et majestueuse et je n'eu aucun mal à me repérer pour la trouver, c'est ainsi que mes pas enfin mes pattes me menèrent vers ma destination.

-Et bien ... On ne m'avait pas menti ! Grande, belle, majestueuse et bien indiqué j'ai trouvé !

Toute contente de ne pas m'être perdue dans la ville, je fis mon entrée dans le hall de la bibliothèque. Tout de suite je repéra le tableau des missions, un gentil soûlard, aventurier à ses heures perdues, m'avait décrit en long en large et en travers l'intérieur. J'auscultais le tableau, et tomba sur une mission fortement affriolante.

Nom de la mission : Chasse aux marrons

Description et contraintes : Le tavernier a besoin de bon nombre de denrées pour préparer son banquet. Il aimerait avoir quelques dodos dodus à disposer sur la table. La chair de ces oiseaux carnassiers de l'Entre-Monde est particulièrement savoureuse, au goût fort et prononcé. Evidemment, ces bêtes là font un mètre de haut, elles courent vite et pour une fois vous verrez des poules avec des dents plein le bec... Bonne chasse ! Ramenez en quelques spécimens, morts et bien conservés, merci.

Gain total : 90 pims.

-Hey ! Mais c'est très intéressant ma foi ! Bon bon bon ...

Je me redressa sur mes pattes arrières pour prendre délicatement le papier dans ma gueule. En revenant sur mes quatre pattes, je me dis tout de même que j'aurais bien besoin d'aide pour la chasse contre ces poules à dent ... J'étais une bonne combattante, mais il était fort possible que la mission soit plus facile avec un ou une co-équipier(e). Sans a priori je me décida à regarder autour de moi, personne. Je soupire légèrement avant d'héler un membre de la bibliothèque, il posa un billet pour moi sur le tableau.

Si vous êtes intéressé par la mission "Chasse aux marrons, me contacter au comptoir.

P.S : je suis la louve blanche

Me voilà me dirigeant vers le comptoir attendant qu'un ou qu'une aventurier(e) fasse son apparition.

La bibliothèque... encore. J'ai marqué une pause sur le perron avant de me décider à entrer. L'envie de faire demi-tour avait été presque assez forte pour me dissuader d'aller dans ce temple du silence et de l'aphasie. cependant j'avais besoin de pims et les quêtes de la bibliothécaire étaient le moyen le plus rapide et le plus facile de ramasser gros en peu de temps. Je pouvais bien subir cinq minutes de cet endroit pour cela après tout.

J'avise le tableau des missions et un papier m'interpelle. Une louve blanche semblait être en attente d'un partenaire. Je n'hésitait même pas un instant et entrepris de trouver la louve. J'aime les loups. Ces animaux sont des chasseurs, fiers, indomptables et mortels. Ils me sont plus ressemblant que les humains que je côtoyai sur Terre. Ce sont des prédateurs et la femelle est souvent plus féroce que le mâle. Je sens déjà une pointe de bonne humeur poindre en moi et un sourire se dessine sur mon visage.

La louve blanche n'est pas dur à trouver, même dans un monde où se côtoient nombre de créatures étranges, il y a peu d'animaux dans une bibliothèque. Je m'approche en silence, puisque le silence semble être la première règle en vigueur dans le coin. Je m'arrête à un mètre environ de ladite louve et première surprise... La louve tiens plus du louveteau mais je choisit de rester ouvert d'esprit. Après tout la première dérouillée que je me suis prise en Entre-Monde il y a huit ans, c'était un nain qui me l'avait offerte. Depuis je me méfie de tout.

- Tu cherches un partenaire. Je cherche du boulot.

Je ne suis pas un adepte des longues phrase et je suis quelqu'un de pragmatique. Il n'y a pas besoin d'en dire plus ni de s'encombrer de politesse envers quelqu'un ou quelque chose que je ne connais pas. si elle comptait tomber sur quelqu'un de bavard elle venait de tirer le mauvais numéro.

En attendant qu'elle se décide à répondre je la détaille d'un peu plus prêt. Ses yeux bleus cerclés de noirs sont envoutant, mais il en émane une gentillesse démesurée à mon avis qui n'a rien de humble. Son poil blanc semble soyeux. Elle n'a aucune cicatrices visibles ce qui laisse à penser que la vie lui a réussi jusqu'ici en Entre-Monde. Elle ne devait jamais avoir rencontré de types comme moi au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle n'était pas enfant de Magna, c'était une évidence. Ce louveteau n'était vraiment pas ce à quoi je m'attendais. J'espère seulement que cette rencontre sera profitable...

Je n'avais pas attendu très longtemps. À peine cinq minutes et déjà quelqu'un m'aborda. En premier lieu ce fut ses yeux cyan cerclé de cheveux blanc qui m'interpellèrent. Si j'avais cru cela possible, j'aurais pu dire qu'il était mon jumeau humain et masculin en prime ! Sur le coup je ne sûs quoi répondre hormis un bête silence.

...

Je soupire afin de me reprendre en main, je n'allais quand même pas passé pour une cruche dès la première rencontre ! Il fallait vraiment que je change ce côté de moi-même un jour.

... Et bien d'accord ... Je m'appelle Louvia et toi ? Que j'évite de t'appeler "le grand humain aux cheveux blanc" c'est long et en plus tu as l'air d'être celui qui aime les phrases courtes donc ...

Je lui laissa un peu de temps à digéré ma longue phrase, qui paraissait un roman comparé à son débit personnel. Je me décida à appuyer mes deux pattes sur le comptoir attendant la personne en charge de la mission. Premièrement cette position m'était un peu plus confortable par moment, surtout pour parler à de grands humains ! Il faisait bien deux mètres celui là. Enfin, j'avais de la chance il avait l'air taillé pour le combat, bien que je n'ai jamais prêté attention aux apparences, les dodos étaient de sales bêtes bien coriace et il valait mieux ne pas être taillé comme un cure dent !

... Ah oui, juste un truc ... Rappel toi qu'aussi douce peut être ma fourrure je reste une louve et donc, pas un chien. Oublie le une seule fois et je serai sans pitié pour te le rappeler ... Je n'aime pas être confondue pour un gentil toutou ! Les enfants reste une exception cela dit ... Je suis pas cruelle non plus.

Je lui adressa un "sourire" à ma manière, je n'avais pas dit cela sur un ton méchant, mais juste neutre, révélant plus de la conversation banale qu'on peut avoir avec n'importe qui. Et puis j'attendais en même temps qu'il me sorte lui aussi Ses exigences. Après tout partenaire d'une mission il valait mieux savoir sur qui l'on avait à faire.

La réponse que je reçu était plus longue et plus différente de ce que j'espérais mais il faut croire que même les loups ont des manières dans ce monde. Au moins était-elle perspicace, même si mon attitude ne pouvait prêter à confusion. Je n'aime pas parler pour ne rien dire et elle... Eh bien, cela semble être son sport favori. Pas de chance mais je devrai faire avec.

- Appelle-moi Augure.

Au moins n'a-t-elle pas tort, c'est plus court et plus pratique. Appuyée sur le comptoir, la louve fait moins chétive. Je ne sais pas si elle essaye de m'impressionner mais il en faudra plus que cela. Je ne m'attarde d'ailleurs pas longtemps sur la taille de Louvia et cherche du regard le réceptionniste où un truc du genre. Il est temps d'aller bosser. deux signa... Tiens apparemment les babines lupines de ma camarades sont tellement bien pendues qu'elles ne peuvent rester scellées plus de cinq secondes. De mieux en mieux.

Et alors qu'elle parle un petit sourire à demi provocateur, à demi carnassier pointe sur mes fines lèvres. Je ne pense pas qu'elle me menace de quoi que ce soit. Elle parle de la fierté du Loup, mais je n'entends qu'aboiements d'un chiot. Seuls les fous et les futurs cadavres mettent en garde. Je n'ai jamais prévenu qui que ce soit des choses qui me plongent dans une colère noire. Ces gens là s'en sont toujours rendu compte bien assez tôt quand mon poing fracturait leur nez.

Chien ou loup ? Aucun des beaux discours qu'elle me sortira ne fera en sorte que je penche pour l'un ou pour l'autre. Je réserverai mon jugement jusqu'à temps que je la voie en action. Alors seulement je déciderai. En attendant elle serait seulement un louveteau pour moi.

- La cruauté est affaire de point de vue.

Si pour elle, violenter des enfants était cruel, alors je l'ai été une ou deux fois. Alors qu'au fond, donner une leçon au voleur qui a tenté de vous détrousser me semble tout à fait légitime. Peut-être n'a-t-elle jamais rencontré d'enfants de Magna. Oui sûrement. Elle est trop innocente.

- 50/50 pour la prime. Si j'estime que j'ai fais le plus gros du travail, on passe à 70/30.

C'est à mon tour de l'informer. Il n'y aura pas de mise en garde sur mon allergie aux ordres et mon aversion pour l'incompétence. Si l'un où l'autre vient à émaner d'elle, la louve verra en temps et en heure les conséquences de l'un et de l'autre. Je lui tends la main, paume vers le ciel. Si elle dépose sa patte dessus, elle s'engage et accepte les termes du contrat. cela a bien plus de valeur que des paroles ou un bout de papier griffonné.

-Je distribue en parts égales, si tu veux obtenir plus, Louvia devra te faire un virement depuis la banque, et là va falloir la convaincre de se défausser à ton avantage. Et ce n'est pas avec tes beaux yeux que tu réussiras.

Oui, je connaissais la louve blanche, une intuition m'avait soufflé d'espionner ce duo (en réalité je me tenais dans le vestibule attenant en plein rangement des nouveaux paquetages qui allaient avec les dernières missions ajoutées).

Un mouchoir passé sur mon front, je dégainais une fiche d'inscription et la glissais sous les yeux du seul d'entre eux qui avait des doigts et peut-être la capacité d'écrire sur du papier.

-Nom, prénom et nom de la mission...

De justesse je me retins d'ajouter un : vos magouilles, dehors.
Ici les seuls contrats que l'on passe c'est lorsque l'on signe la fiche d'inscription. Dès lors, on s'engage à effectuer la mission en échange d'une prime. De plus, la bibliothèque se décharge de toute responsabilité en cas de mort/blessure/maladie/altération incurable... bref, en cas de pépin.
En même temps, pour une mission de chasse aux dodos... Ils devraient s'en sortir vivant ces deux là, je ne les envoie pas sur le trajet d'un tauracle, ce ne sont que des poulets dentés.

Evidemment je n'ai jamais chassé de dodos.
Carine, oui. C'était le genre de choses qui l'aurait bien amusé, mais bien entendu, s'il pouvait en manger une partie au passage, ce ne serait que mieux.
Ce loup ne servira pas d'aventurier de si tôt. Hélas. Mon compte en banque aurait bien besoin d'une rentrée d'argent supplémentaire...

La scène qui se déroule devant moi me donne envie de vomir autant qu'elle m'amuse. Ce n'est pas l'apparition de la bibliothécaire mettant les choses au clair dont je parle. Non, son toit ses règles. Je ne suis ni assez arrogant ni assez fou pour remettre cela en cause. Ne pas faire de vagues. J'ai appris cette leçon, il y a longtemps et elle s'est inscrit si profondément en moi que cela fait partie intégrante de moi désormais. Mon regard passe sur la bibliothécaire et ma main tendue vers la louve se trouve un nouvel objectif en saisissant le bon que la patronne du lieu me présente.

Spoiler:

Je redonne la papier à la bibliothécaire et me remet à inspecté ma coéquipière. Dans son attitude, je ne vois que suffisance, celle d'un chiot qui avait trouvé un protecteur. Fort de la force d'un autre, il se sent invincible et devient fort bavard en bravades. j'appelle ces gens là, les caïds, des éphémères. C'est le terme qui est le plus descriptif je trouve à la fois de leur soudaine puissance et à la fois de leur durée de vie. Louvia... apparait en cet instant agir en éphémère et comme je l'ai déjà dit c'est par ses actes que je la jugerai. Pour le moment elle glisse tranquillement vers la case "chiot".

- Je n'espère rien Louvia, contrairement à toi.

J'avais dit cela sur un ton neutre, presque gentil, car la scène qui continue de se jouer devant mes yeux est tout simplement pathétique. Le chiot est à la recherche d'une famille ? Je me retiens de dire ce que je pense de la question de Louvia à la bibliothécaire. Je ne veux pas envenimer la situation plus qu'elle ne l'est déjà. Je me surprends même à me demander si la créature blanche était seule, la première et dernière de son espèce en Entre-monde... J'interprète différemment sa question désormais et cela m'arrache même un petit rire. Je ne me moque pas, au contraire, sa question semble se justifier... un peu. Que mon léger éclat de rire soit mal interprété je m'en moque.

- En route.

Joignant le geste à la parole je tourne les talons et me dirige vers la sortie. Un dernier regard à la bibliothécaire, de mes "beaux yeux" qu'elle semblait apprécier. Mais ils n'ont rien de charmeur en cet instant, ni de dur. En cet instant, mon regard est froid et neutre. Une façon comme une autre de la saluer. Une petite attention qui n'en est pas une. Si cette bibliothécaire et moi nous nous étions rencontrés dans un de mes bons moments peut-être aurais-je tenté de la séduire, mais cette pensé n'a pas lieu d'être. Après tout ce regard que je lui sert n'a pour but que de mémoriser le visage de celle qui va me payer.

Me voilà de nouveau au grand air sur la place devant la bibliothèque. J'attends que Louvia me rejoigne. bientôt je verrai ce qu'elle vaut. Il est grand temps de partir en chasse.

- Sang et larmes.

Ces deux mots m'échappent dans un murmure comme s'ils avaient une vie propre. Cette devise qui est mon nom est devenue bien plus pour moi. C'est mon credo et par cette dualité je vois le monde qui m'entoure et pourtant bien souvent je me dis que je ne perçoit que la surface de son sens.

-T'as dégôté le gros lot...

Je me sens l'âme solidaire avec cette louve, à moins, bien entendu, qu'encore une fois, dans cette existence interminable, que Carine n'influence mes pensées et émotions avec les siennes.
L'esprit d'un loup aussi bourré de certitudes et de codes instinctifs déborde sur le miens, rationnel. Se remettre en question ne vaut rien devant l'âme d'un forcené.

-C'est Carine que tu dois sentir, il n'est de bonne compagnie alors je le sors peu, fis-je en parlant d'un animal domestique qui aurait pu me tenir lieu de compagnon à quatre pattes.

En réalité, si je ne sors pas souvent la bête c'est bien parce qu'il en est une. Un monstre assoiffé de sang, qui ne réfléchit qu'à l'instinct ou lorsque son intérêt propre est en jeu. La survie avant la compassion.
Un loup qui a perdu sa noblesse.

-Tiens, je lui donnais le titre Sarkina, ne le perdez pas, les dodos doivent être conservés sous certaines conditions pour être cuisinés. Il te suffira de prononcer le mot Sarkina pour faire entrer le gibier, tu ne pourras pas l'en sortir alors fais attention à ce que tu mets dans ce titre.

En regardant son coéquipier sortir de la bibliothèque, je lui laissais un "bon courage" à mi-voix et m'éloignais en soupirant vers un intérimaire qui me faisait de grands signes maladroits depuis un escalier. A croire que ce "bon courage" valait aussi pour moi...

[la suite ici]

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