Retour sur le passé

À force d’une série de dédale de rue confuse et d’une tête dans les nuages qui ne regardait pas plus ou elle se trouvait. Shizu avait fini par se rendre dans un coin qui lui semblait peu fréquentable… À la limite du mafieux. C’était dans ce genre d’endroit qu’elle avait vendu sa mère. Ironiquement, alors qu’elle se remémorait les trace d’un passé tout aussi sombre que l’était ce marché, elle entrevit une chaine d’esclave qui se préparait à la vente.

Si lorsqu’elle avait délibérément et sans regret échangé sa mère contre quelques pièces d’or, elle ne s’était jamais doutée d’un tel sort. Par expérience elle avait dorénavant vécu à son tour la vente aux enchères montante. Et pour être franche elle devait avouer qu’à cet instant elle avait eu peur. Sentiment qui n’était plus jamais réapparut par la suite. Aujourd’hui pourtant elle avait un frisson en passant devant l’échoppe mais elle restât stoïque et se plantât en première ligne.

Elle n’avait pas l’argent pour acheter n’importe lequel de ces esclaves. Et à vrai dire l’idée ne lui avait pas effleuré l’esprit. Ce n’était ni en bien ni en mal supposons le. L’un deux lui serait un lourd fardeau qu’elle refuserait de trainer derrière elle, et elle ne dépenserait pas une pièce de sa fortune pour en libérer un.

Alors pourquoi restait-elle devant cette table vacillante qui accueillait tour à tour au cri déchiré des acheteurs de nouvelles victimes dont on s’empressait de vanter les moindres mérites. Elle n’y voyait pourtant que quelques gens crasseux, miséreux, et inutile. À l’image même de l’âme aussi dégoutante qui les assujettirait.

‘’ Un chien serait plus pratique à emporter qu’un simple humain … ‘’

Au moins lui il resterait fidèle et il ne tenterait pas de s’enfuir bêtement. N’es-ce pas ce que tentait vainement de faire la numéro 5 ? Ah bah si … Ses poignets étaient si minces et fragiles qu’elle avait réussi à passer outre les chaines. Elle pensait surement que c’était une chance mais Shizu soupira. Personne n’échappe à ce sort. Parce que l’esprit si vil qui tente de s’enrichir de leurs corps, vit pour cette simple raison. La richesse. Et promptement, un garde qui avait davantage l allure d’un voleur de grand chemin se cachant sous des trait d’assasin sorti un poignard de sa ceinture.

La foule se libérait pour lui laisser entrevoir le chemin d’une adolescente apeurée d’à peine une quinzaine d’année.

‘’Sont bête… S’il la tue ou la blesse elle ne vaudra plus rien.’’

Son voisin pourtant lui répliquât rapidement. Un viel homme à la consonance plus que douteuse et au sourire dégoutant qui intimât a Shizu de s’éloigner rapidement d’un pas.

‘’ouais mais sa attire les gens ma p’tite poulette. Sa attire les clients. Moi j viens pour les voir s’enfuir, y'en a toujours un qui tente l'coup et l'corps finit par pourrir a terre ou nourrir les chiens’’

P’tite poulette ? Nourrir les chiens ? Et puis quoi encore ? Ces animaux méritaient souvent plus de respect que l’être humain qu’ils servaient. Elle se retournât vers le vieillard grisonnant, son regard bleuté tournait doucement vers le vert. Un vert plus profond et bien plus noire. Elle ne voulait pas gaspillé ses pouvoirs mais se délecterait de lui enfoncer ses crocs dans la gorge. Pour l’instant elle se contentât de regarder le ‘’spectacle’’, une vieille lame rouille se cachait dans sa pomme longeant son poignet. Elle attendrait le moment opportun pour lui arracher un cri douloureux qui se répercuterait en échos de celui de l’esclave dont il bavait d’envie sur le pavé sale.

Shizu avait senti s’étendre sur l’audience des ténèbres lugubres. Quelque chose comme un amusement morbide a un tel point que ces sens animal ne la prévinrent pas qu’un autre danger s’approchait. Mais de toute manière ici tout le monde était un danger potentiel. Une proie et un chasseur à la fois. C’est exactement ce que venait de démontrer ce vieil homme qu’elle s’apprêtait à mettre au silence.

Elle n’avait pas eu l’intention de le tuer vraiment juste de rendre l’honneur qu’il lui avait pris en l’appelant ‘’poulette’’. Un aigle n’est pas un poulet. Un aigle est un prédateur. Bien sûr elle vengerait de même les chiens qu’on a nourris de ces cadavres. Il semblerait que ce phénomène en ait amusé plus d’un dont lui-même.

On avait commencé à la bousculer doucement, puis un peu plus violement mais Shizu n’était pas prête à céder sa place. En fait plus on la poussait, plus elle avait tendance à répondre par des chocs deux fois plus solide. Si bien qu’on la délaissa hâtivement. Sur son côté, le vieil énergumène ne s’en tirait pas si bien pour garder sa place. Un homme tout aussi sinistre que les autres tenta de le détrôner mais comme elle si attendait sa proie se montra tout aussi acerbe, indélicate et bête qu’elle l’avait imaginée. Voir même pire. Comment était-il possible qu’elle ait survécu dans un quartier malfamé si longtemps ?

Elle portât son regard en coin sur l’altercation qui s’en suivit. Mais brusquement le vieillard cessa de geindre. Elle reposât alors ses iris bleuté vers l’homme qui prit sa place.

‘’La ferme..’’

Sur le coup elle se retournât vers lui avec une agressivité non feinte. Tout en serrant les dents elle se dit qu’agir sur le coup de la colère n’était pas la meilleure solution dans une chasse. Et même si sa main enserrait tremblante l’arme taché de rouille qui devait lui servir à réduire au silence sa prochaine proie, elle décida de ne pas l’utiliser.

‘’C’était MA proie. ‘’

Sur ce coup le vieux avait eu raison, cet homme n en fessait qu’à sa tête. Il se prenait pour qui pour lui enlever le fruit de SA chasse. Bien que la victime n’était pas vraiment un trophée en soit, il venait de lui enlever la chance de regagner sa dignité et pour cette raison il deviendrait fort probablement sa prochaine cible a moins d’avoir une très bonne explication et de présenter ces excuses. Mais il ne fallait pas non plus exagérer. Si un homme tuait d’un revers de main si aisément ce n’était pas pour s’excuser ensuite à la première venue. Néanmoins elle était ne colère et rancunière qui plus est. Elle se plaçât donc devant lui pour lui livrer un regard d’acier et l’empêcher d’observer le jeune garçon fruit de ses désirs.

‘’Mais… ‘’

Mais il se prend pour qui ? Un dieu ? Il se moque de tuer impunément ainsi ? Shizu observait les traces de sang qui avait parsemait ce pavé déjà trop sale et noirci. Elle ne s’était pas dérobée à temps pour que le deuxième meurtre n’éclabousse le bas de ses habits. Bien que noir ceux-ci en garderait une tache infime et sa la dégoutait partiellement. Pas tant le sang, ni les cadavres qui se dénombrait déjà au nombre de trois. Juste le fait qu’elle n’avait pas de vêtement de rechange ni d’argent pour en acheter. Et les voler sur les cadavres ne serait pas mieux eux-mêmes commençait à baigner lentement dans un liquide encore tiède et visqueux.

En dehors de ça il avait attisé une nouvelle fois sa colère en l’ignorant. Maintenant que les gens disparaissaient en sens inverse révélant qu’ils n’étaient qu’un amas de peur et de vice sans honneur, elle se retrouvait face à lui. A ses pieds des lambeaux de chair déchiré, non loin d’elles quelques âmes terrorisées dont les yeux s’agitaient frénétiquement à la recherche d’un miracle.

‘’ Mais t’es bête ou quoi ? Tu veux ameuter tous les Sanctuaris ? Pourquoi pas les grades au-dessus tant qu’à y être ? ‘’

Son cri résonnait dans toute la place capable de réveiller un ours qui hibernait. En fait il avait davantage des résonnances de rugissement. Et puis ensuite elle se demanda pourquoi elle restait la bêtement à attendre que justement l’un d’eux se pointe. Et elle se rappelât qu’il l’avait terriblement mis en colère et qu’il serait en fait injuste qu’il en ressorte indemne. Par contre il avait acquis un niveau assez élevé pour qu’elle ne se moque pas qu’on l’emmène en prison. En fait il était juste au-dessus. Au point où elle ne voulait pas le laisser filer et se faire voler cette nouvelle proie.

‘’Soit. Tu te prends pour un dieu. J’espère que t’es aptes à mieux pour couvrir tes arrières. ‘’

Elle fut interrompue par un bruit de métal presque imperceptible. Cette fois ce n’était pas les chaines qui s’agitaient sous le tremblement des membres frêles ou amaigri des esclaves mais plutôt une lame, un peu rouillé qui avait souillé sa pureté surement à de trop grandes reprises dans sa vie. Un homme qui la dépassait d’une demi-tête fit interruption. Dans sa colère elle l’avait à peine aperçut s’approcher. Maintenant il dardait sur elle une espèce de sabre court sur patte. Il était bedonnant. Et n’était surement pas apte à lui faire le moindre mal et aux nombre de bagues qu’il portait aux doigts, c’était à n’en pas douter le maitre d’esclave qui tentait de la harponner.

‘’ C’est pas sérieux … ‘’

Avec calme elle s’approcha d’un pas du gros marchand. Sans une seconde d’hésitation et de toute sa lourdeur il se penchât vers l’avant et tentât vainement de l’atteindre de son arme rétrécit. De sa petite carrure elle l’esquivât sans problème mais elle n’était pas d’humeur à jouer. Elle ne tuait pas par plaisir. Mais si on attentait à sa vie elle répondait par les mêmes attaques qu’on lui livrait. Ainsi sa dague s’enfonçât sans même un effort dans la graisse de sa poitrine pour rejoindre le cœur. Le voilà qui jonchait maintenant le sol avec ses autres compagnons.

La bonne nouvelle c’est que ce serait un commerce de moins dans le marché noir. Mais elle doutait que les forces de l’ordre le verrait tel quel. Elle soupira longuement et ramena quelques mèches de cheveux blancs vers l’arrière.

‘’ c’bon tu le prend ton mec avant qu’on se fasse darder par les autorité maintenant. ‘’

Son ton c’était adoucit. Elle en avait franchement marre de ce scénario ou elle finissait par être la méchante. Elle n’avait même plus envie de le chasser la paresse se fessait sentir. Un petit vol au-dessus des plaines lui ferait du bien. À la limite de prélasser au soleil mais il déclinait a vu d’œil. Trop de colère et d’émotion en cet après-midi l’avait vidé de ses forces. Elle se vengerait un autre jour. Pour l’instant lui suffisait qu’il ne meure pas des mains d’un autre ce soir.

On suivait depuis un moment un marchand d'esclaves qui organisait en plein jour des ventes illégales au marché noir. La traite des êtres vivants était interdite dès les premiers moments que vécu l'Entre-Monde, cela faisait partis des droits fondamentaux : sûreté, intégrité, dignité. Le droit avait alors immédiatement interdit l'esclavage, le travail forcé et bien des choses déconcertantes dans ce goût là.
Mais parfois quelques groupes se permettaient de faire de l'argent de manière... originale. DisparitionS de personnes, des échos nous venaient de quelques caves après que des descentes officielles aient mis à jour des gens enchaînés, parfois des cadavres encore frais à l'autre bout d'un boulet.
Tout ceci donnait une grosse affaire que la caserne avait déléguée à toute une brigade de sanctuaris volontaires. J'en étais, cela fait parti des boulots les mieux payés et sur ma carlingues glisse aisément les violences qu'on y croise.

La foule était dense, quelques uns des sanctuaris s'étaient dissimulés au milieu des spectateurs, prenant des notes. Des visages étaient photographiés dès qu'un indice laissait supposer qu'il fasse parti de la bande de criminels. Nous avions des gardes, essentiellement de la main d’œuvre. Pas un seul grand patron à l'horizon...
Et la panique commença. Un corps tomba, il fut impossible de réprimer le mouvement de foule, les gens prenaient la fuite et quelques autres corps tombèrent dans la foulée. Des gens piétinés, mais pas seulement. Il y avait du sang jusque dans le caniveau mais avec la marée de créature déferlant sur les troupes, il nous fut impossible de rejoindre le fond de la ruelle avant que le gros du troupeau ne soit passé.

La ruelle finissait de vomir la foule.
Une partie des sanctuaris allèrent intercepter des fuyards, témoins de la scène, nous comptions bien les contraindre à déposer à la caserne. De toute manière, personne ne viendrait nous empêcher de les embarquer pour « suspicion de complicité de traite d'êtres conscients »...

Quant à l'équipe d'intervention, nous ne voulions pas nous faire surprendre, longeant les murs en file indienne tactique, nous approchions de l'embranchement qui menait à la zone de marchandage. Silence. Des éclats de voix provinrent de la place, le risque potentiellement grand, les plus solides d'entre nous passèrent devant, les androïdes à l'épaisse carrosserie en première ligne devant les organiques. Certains armaient leurs équipements, je me contentais d'avancer à mains nues...

La première étape fut de récupérer nos collègues qui s'étaient éloignés, obligés par la foule à suivre le mouvement au risque de finir piétinés à leur tour. On les transférait en queue de peloton, ou on les envoyait droit vers la caserne quand ils nous paraissaient trop chiffonnés pour supporter l'intervention et la fermeture de la zone.

La seconde étape fut d'entrer dans la ruelle. Une mise au point, au loin l'autre équipe nous indiquait en silence les nombres qui étaient censés nous permettre de nous synchroniser : encore un humain à qui il manque une montre dans la tête... Je sais encore compter, sûrement mieux que lui en plus !

Un cri, une femme s’évanouit, nous pénétrions dans la ruelle. Au loin un unique duo encore restant au milieu du carnage. Déjà une équipe se détachait pour appréhender les suspects, nous autres étions de corvée de sécurisation. Mais, à mon humble avis, ces deux là en avait terminé avec le massacre.

Co-auteurs d'un... « multiple homicide », « entrave à une enquête officielle », « dissimulation de preuves », « fuite... » et j'en passe des meilleurs. Les autres choisirent de les poursuivre, et moi je commençais à collecter mes indices.

Les témoignages révéleront bientôt que deux personnes, l'une très caractéristique des créatures de l'ombre, l'autre plus... passe partout, seraient à l'origine de l'échec de notre mission. Les esclaves, pour ceux qu'on a pu récupérer, nous offrir un beau résumé de la scène. Si bien que même l'arme utilisée par l'homme qui s'en était pris aux gardes pu être schématisée dans les procès verbaux. Enfin, dernier détail, les empreintes. Des heures plus tard, le laboratoire nous révélerait la présence d'empreintes exploitables sur la nuque de l'une des victime du « Dieu de la mort »... On trouvera dans le corps du maitre du marché des traces de rouilles et des souches du tétanos. L'un des assaillant serait catalogué comme amateur du fait de la simplicité de son arme, mais la place du coup droit vers le cœur, m’amènerait à écrire dans mon rapport : « il est apparent du fait des preuves que l'auteur de cet homicide détient des connaissances et l'expérience du meurtre ».

A tout ceci, une véritable explosion médiatique0 fera la part belle aux « meurtriers de l'ombre » et ne ratera pas une occasion d'en rajouter des couches sur les difficultés des sanctuaris à faire cesser la marchandisation des esclaves qui semblait être à la mode en ce moment et plus encore, dans la zone de non-droit que constituait le marché noir... Encore de la paperasse à boucler et du tapage de doigts possible m'attendait au quartier général...

Pour cette fois on vous laisse fuir.
Ne vous avisez plus de foutre le bordel sans réfléchir ! :mrgreen :
Entre-Monde est une terre civilisée, avec des lois, un droit et des autorités compétentes... même si ça reste assez limité dans certaines zones comme le marché noir. Les massacres de masse vous conduiront en prison viles assassins ! Et les "marchés d'esclaves" ça reste limite niveau discrétion, même là... XD Ce fut difficile de justifier qu'on vous loupe dans ces conditions, à la prochaine j'vous défère devant la justice.