La baleine de l'inconnu

Ce matin, le soleil se levait à peine qu'un étrange petit individu se permit de frapper à la porte principale du palais. Le majordome lui ouvrit en robe de chambre, le visage visiblement fatigué.

-Oui ?
-Colis de Madame Dinu Mihai.

Le petit homme déposa le paquet dans les bras tendu d'Henrir et s'enfuit aussitôt.
L'esprit resté à la porte ce drôle de paquet dans les mains attendit une petite minute que la moutarde s'évapore. Et il décida de réveiller toute la maisonnée au clairon.
Ou presque... Les domestiques couraient d'une chambre à une autre pour réveiller tout le monde. Les petits déjeuners étaient servis sur de petites tables d'appoint dans chaque pièce et les vêtements de chacun attendaient propre et comme neuf sur un accoudoir.
Efficace, n'est-ce pas ?

La matinée devant servir aux préparatifs du voyage, je retrouvais mon équipe de joyeux chasseurs de baleine après le déjeuner. La place devant le palais présentait un large espace vidé de tout parasite. Deux commissaires attendaient là, accompagnés de mon capitaine en pleine discussion avec un secrétaire sur les dernières prévisions du voyage.

-Vous voilà ! S'écriait-il en s'avançant pour nous parler. Nous nous téléporterons à Talbir, un navire nous attends pour nous conduire à Ahoane.

Je fronce le nez.

-Et ?

Il sourit.

-Et ! J'ai pu obtenir quelques informations à Cerclon, sur l'orbe qu'on a récupéré. Il semblerait qu'elle émette des ondes sur des fréquences assez spéciales. Comme un sonar.
-Un quoi ?

Il m'ignora superbement.

-Les ondes s’amplifient sous l'eau. Je suppose qu'il nous suffira de suspendre la sphère à une canne à pêche et la plonger dans l'eau.
-Tu veux pêcher une baleine ?
-Et pourquoi pas ?

Insupportable. Il sourit comme si c'était une classe verte, ou que nous partions en colonie de vacances.

-Le plan est simple, nous attirons la baleine, nous devrons essayer de l'amadouer ou de l'assommer. J'ai laisser le Cyliong au vestiaire, nous pourrons la contenir dans le Sarkina dès que ce sera fait. Un commissaire nous attendra à Talbir pour nous reconduire sur K'ouen quand la mission sera accomplie. Des questions ?

Il continue de nous parler comme à une classe de primaire. Un trio de sales gosses incontrôlable... Je peux le frapper ? Il a sûrement prit un coup de soleil sur la tête, je me chargerais de le rafraichir quand nous serons en mer, ça lui fera du bien.

Spoiler:

La nuit porte conseil, ou pas... j'étais encore en train de réfléchir à la raison pour laquelle je m'étais embarquée dans cette histoire, mais bon, maintenant que j'ai été «promue» au rôle de Maître, c'est pas le moment de faire faux bond à K'ouen. Depuis quand j'ai le sens des responsabilités moi? Bordel.

Bâillant à m'en décrocher la mâchoire, un petit déjeuner avait été posé à côté de mon lit avec mon kimono tout propre et raccommodé... c'est quand que je l'ai enlevé? Bordel, ils m'ont désapé pendant mon sommeil? Ah non, je me souviens maintenant de l'avoir enlevé et foutu dans une panière à linge... je suis pas du soir. Je m'étire, avale café et croissant avant de me lever, enfiler mon kimono et rejoindre tout le monde sur la place, parfaitement réveillée - je suis plus du matin déjà.

L'elfe blond semble aussi enthousiaste qu'un enfant le matin de Noël, il a trouvé un nouveau jouet? Il nous énonce alors le programme à venir et je me gratte la tête, sérieusement, il veut pêcher la baleine avec l'orbe?

«Et on fait quoi si votre baleine elle avale l'orbe? On fait du ski nautique?.»

Non parce que l'idée de la canne à pêche, je veux bien mais le coup de l'assommer, ça dépend de sa taille

«Je suppose que c'est pour ça que K'ouen s'embarque lui-même dans l'affaire? Il a pour rôle de l'assommer?»

Personnellement, je ne vois que lui pour avoir assez de force, et encore, ça dépend de la taille de l'engin, cependant un autre point me chiffonne

«Seulement pour votre plan, je pense pas qu'il y ait besoin de plus de deux personnes: une qui tient la canne à pêche et K'ouen qui assomme le bestiau, vous espérez qu'on fasse quoi, nous? On joue les appâts?»

Dis-je en montrant le poulet à côté de moi... non parce qu'il croit quoi? Que j'ai pas vu les titres qu'on nous a fourni? De quoi rester sous l'eau super profond! Je suis pas un ver, moi!

L'autre il saute partout comme si cela allait être follement amusant, il se souvient pas de ce qu'on a vécu là haut ou quoi? Mouais...

Je croise les pattes, l'air assez suspicieuse, ça sent mauvais tout ça

«Y'a pas des montures aquatiques à l'épicerie? Ou un truc pour pouvoir nager vite sous l'eau? Car je veux pas dire, mais si vous comptez nager par vous même pour la trouver vot' baleine, elle a vite nous distancer...»

Et je pense pas vraiment que les bateaux classiques puissent tenir la distance non plus...

Peut-être qu'il aurait dû ramasser ses billes et se tailler au Sanctuaire des Braves, finalement... C'était ce que se disait Uriel en enfilant ses vêtements, alors que son épaule lui rappelait avec insistance qu'il tirait vraiment sur la corde. Bah, il n'y avait que les morts pour ne plus avoir mal nulle part, décida-t-il (et si on aurait dit les paroles d'un vieux bouc, zut, il était trois fois plus âgé qu'un humain moyen).

Rassasié et reposé, à défaut d'en pleine forme, il réussit à sortir sans trop se perdre dans les couloirs. Leur groupe de joyeux lurons discutait du plan. Uriel resta plus ou moins stoïque jusqu'à ce qu'Uriko commence à parler de nager sous l'eau. Là, il commença lentement à virer au vert (il n'avait pas encore vu les fameux titres, le pauvre). En fait, peut-être qu'il allait se tirer maintenant, avant qu'une autre catastrophe ne lui tombe dessus... Et l'autre âne qui souriait de toutes ses dents...

"Et si... si on y allait maintenant ?" suggéra-t-il dans un sursaut de courage, luttant contre la nausée. "On pourra toujours discuter du plan en route, non ?"

Surtout qu'une fois en route, il ne pourrait plus se défiler. Avec une aile bousillée, pas moyen de rentrer tout seul. Donc autant qu'ils y aillent tout de suite, avant qu'il ne se tire comme un poulet affolé !

Spoiler:

-Prend moi pour un c*n... Ta promotion m'empêche pas de t'apprendre les bonnes manières...

J'ai dû oublié de dire que Henrir m'avait levé à l'aube, après s'être couché tard et courbaturé, mais surtout, je n'ai jamais été du matin. Un rien me rend difficile à vivre.
Je soupire. Et je coupais court à ce début de dispute, le but n'est pas de se taper dessus sur K'ouen, on le fera plus tard quand on aura eu la baleine.

-Ouai. On y va.

Les comissaires nous empoignent les bras, un bond plus tard nous sommes à Talbir. Le coeur au bord des lèvres je me détourne un instant. Je ravale l'envie d'envoyer promener le malheureux désigné pour servir de taxi.

-Okay, normalement y aura pas besoin d'assommer cette baleine comme l'a si gentiment proposé notre nouveau Li.

Que j'aime pas ce miroir... J'ouvre la bouche pour commencer à donner des ordres, Ayame me coupe la parole aussitôt. Tout le monde se souvient de ma dernière entrevu avec un maitre de Li.

-Les baleines sont des cétacés sociables et joueurs comme les dauphins, en nous approchant dans l'eau on devrait pouvoir l'amadouer. Il est probable que l'animal sache communiquer d'une manière ou d'une autre, nous verrons bien le moment venu.

Le récent capitaine du Fenrir s'approche à grands pas vers nous.

-On embarque, vous serez à Ahoane dans une heure. Vous avez des affaires ?

-Non.

A la bonne heure s'écrit-il de sa voix gutturale, quelques minutes plus tard, le bâteau levait l'ancre.

-Sans savoir à quoi ressemble la baleine, on peut s'attendre à tout sur le village. J'y pense, faites attention à ce que vous direz, les villageois sont... très renfermés.

Pour ne pas dire totalement arriérés.
Un chat et un ange pour aller dans l'eau, on est très mal assortis. Il faudra bien faire avec de toute façon. Avec les titres fournis, ils devraient s'en sortir sans trop de casse et peut-être s’accommoder de l'océan.

Spoiler:

Même pas que je me préoccupe de la réaction de K'ouen, il n'a qu'à pas se taper la réputation de cogner sur tout ce qui bouge de toute manière! Les mains derrière la tête, je regarde le commissaire qui s'approche de moi, un grondement sort de ma gorge, il me veut quoi celui là? En fait, il m'attrape le bras et nous voilà parti pour Talbir. Comme tout le monde, j'ai les entrailles qui dansent la conga... faut définitivement que je m'achète ce foutu titre pour m'y habituer, pas envie de rendre tripes et boyaux chaque fois que je me transporte comme ça.

Tapant un peu du poing sur mon torse, je lance un regard noir à K'ouen qui me le rend bien, cependant son elfe blond semble tenir les rênes dans l'histoire, je dois presque me retenir de ricaner, brave toutou!

Première bonne nouvelle de la journée, faut pas l'assommer - pauvre bête - deuxième bonne nouvelle, les baleines sont du genre gentil... ouais mais celle là c'est vraiment une baleine normale? Je sursaute en voyant passer un énorme lion gris à côté de nous, ah oui! C'est vrai qu'ils les élèvent dans le coin, enfin ça surprend quand même...

toujours est-il qu'on est parti pour prendre le bateau afin de gagner un village sur pilotis au beau milieu de l'océan, des fois je me bénis moi-même d'être une panthère et pas un chat... je grimpe souplement à bord, gardant un œil sur le brun borné suicidaire et le poulet qui semble aussi pâle que si on l'emmenait pondre un œuf, je me dis que cette croisière pourrait presque être marrante finalement.

«J'ai vaguement entendu parler de Aohane, mais je ne m'y suis jamais rendue... de ce que je sais, vaut mieux éviter tout engin étrange là bas, non?.»

Mes yeux se posent sur le sac que porte l'elfe borgne, en espérant qu'ils ne nous entraînent pas au bûcher si on leur montre le globe.

Je m'en vais vers la proue en attendant que l'on se casse, non pas que j'aime spécialement naviguer, mais je ne déteste pas non plus, l'eau ici est assez sombre mais ça donne quand même envie d'y piquer une tête, surtout que plus on va s'éloigner et plus y'a des chances de trouver du bon poisson! J'en salive d'avance.

Les pattes croisées sur le bois, je regarde d'un demi sommeil le paysage défilé... passionnant de regarder de l'eau. Petit bâillement à s'en décrocher la mâchoire pendant qu'on file vers l'Ouest, le dôme d'Atlantis pointant à peine son nez à l'horizon sur notre route... c'est long une heure quand même. Malgré tout, on finit enfin par y arriver... village sur pilotis à moitié détruit par un kraken, ça peut être que ça. Je reviens vers le milieu pour m'approcher du poulet et le regarder d'un air mélangeant inquiétude et dégoût, il fait vraiment une sale tête...

«Euh...» - est-ce que j'essaie de dire un truc gentil ou pas? «on arrive bientôt alors essaie de tenir tes boyaux...»

Je sais, j'aurais pu faire mieux pour le calmer...

Un trajet par perçant et une heure passée sur le pont d'un bateau, individuellement, c'était déjà pas terrible. Mais alors l'un à la suite de l'autre... Assis bien au milieu du pont, les yeux fermés, Uriel essayait désespérément de tenir son estomac. Ce n'était pas la première fois qu'il prenait un bateau, pourtant, bien que ça faisait un bon paquet d'années qu'il ne s'en était pas donné la peine. Mais pour une raison quelconque, la perspective de ne pas pouvoir rejoindre la terre en volant si jamais la coquille de noix versait lui inspirait une indicible angoisse.

Il ouvrit un œil quand Uriko lui adressa la parole, pâlit encore et le referma.

"Oh cool, on va bientôt faire trempette" grogna-t-il, réprimant un haut-le-cœur. (Oui parce que là, il avait eu le temps de le regarder, le matériel fourni par K'ouen.)

Mais tout de même, toutes les bonnes (haha) choses doivent avoir une fin, donc deux minutes plus tard, il était au bastingage avec le reste de leur joyeuse équipée et regardait le village que le Fenrir avait presque atteint. Ou ce qui restait du village. Les autochtones qui avaient repéré leur approche les fixaient d'un œil méfiant, mais vu les taudis dans lesquels ils vivaient, Uriel avait presque pitié d'eux. Presque, c'était des humains, fallait pas pousser.

"Euh, bon" dit-il à l'intention de K'ouen. "Il faut balancer l'orbe à la flotte et se préparer à de gros dégâts, c'est ça ? Tu veux que j'y aille par les airs, histoire qu'on fasse pas ça trop près du vaisseau ?"

Bon, vu l'état de son articulation, il n'irait pas bien loin ; mais ce serait toujours mieux que de le balancer à la main, même avec la force de bœuf de Wergeld, non ? D'un coup d’œil, il fit l'examen du pont.

"Ou bien on peut utiliser les canons, je suppose" réalisa-t-il. "C'est fragile, un cœur de chien géant ?"

-Les gens venus habités là ce sont volontairement exilés pour éviter les risques de mélanges technologiques et culturels. Ils veulent qu'on les laisse tranquille et c'est ce qu'on fait.

Nous leur avons fournis de quoi réparer leur village, ils le font, petit à petit, eux-mêmes. Aucune machine n'est tolérée dans la région, le Fenrir encore moins puisqu'il avait ramené le précédent groupe d'aventuriers, cause de l'effondrement d'une partie du village...

Le bateau vint buter contre le ponton qui servait aussi bien à amarrer les barques que l'énorme Fenrir. Le village n'était pas fais pour ce genre d'énorme navire, la secousse fit trembler peut-être tous les piliers et chaque être vivant dans la région.
Retenant une envie irrépressible de râler sur tout ce qui bouge (y compris le village), j'écoutais les idées d'Uriel.

-On n'utilisera pas le bateau, le Fenrir repartira après nous avoir déposé, les gens d'ici n'aime pas vraiment ce navire. Il reviendra nous chercher demain à la même heure, si nous devons rester plus longtemps Ayame nous ramènera avec un titre perçant.

Je cumule aussi les titres.

-Si tu balances l'orbe faudrait l'accrocher avec une corde ou autre chose. Si la sphère tombe au fond de l'océan, c'est pas dit que la baleine remontera jusqu'ici. Donc on l'attache et on l'a garde proche de la surface afin de voir arriver le monstre. Si tu peux voler, vas y, on te suivre en barque. La baleine mordra pas tout de suite à l'hameçon.

Et je rame vite...
Je ne sais pas si l'air frais de l'océan ou si la proximité d'une nouvelle journée difficile, rimant avec suicide, est prescrit pour remonter le moral, mais à cet instant j'ai presque le sourire de celui prêt à vaincre.

Spoiler:

Et on fait comment pour accrocher une corde à un truc rond? Je suis pas experte en nœuds marins mais je suppose que l'elfe blond, oui. Quant au poulet, c'est bien gentil de se proposer à voler au-dessus de l'eau, mais la dernière fois que j'ai vu son aile, elle n'était pas vraiment en état de le porter.

Je haussais donc les épaules, déjà faut qu'on s'éloigne du village, aussi je tournais les yeux pour observer l'horizon jusqu'à voir un banc de poissons volants bondir plus loin, léger ricanement, je m'approche d'un pêcheur qui s'apprêtait visiblement à partir en pêche.

«Hellow!» petit sursaut, il me regarde comme si je venais de prononcer un mot qu'il ne connait pas.... d'un autre côté c'est surement le cas, c'est une expression de chez moi «Bonjour! Dites moi, ça vous dit un petit pari?»

Regard suspicieux et je lui montre les poissons volants au loin

«Je vous parie que j'attrape plus de poissons que vous en.. disons une heure?»

Il me regarde à nouveau d'un air qui veut clairement dire «qu'est-ce qui j'y gagne?»

«Peu importe qui gagne, vous repartez avec tous les poissons pêchés! Y compris les miens.» - visiblement je commence à l'intéresser, mais il attend encore le coup foireux - «Mais si je gagne, vous me prêtez votre bateau pour la journée? J'aurais besoin d'aller pêcher un très gros poisson et donc faut que j'aille un peu au large.»

Petits yeux pétillants en entendant le mot «gros poisson»

«Désolée mais ce poisson ne se mange pas et ne sera pas à vendre....»

Là cette fois, petite déception, toujours pas un mot en tout cas, mais il regarde à nouveau les poissons volants, puis son village, je suppose que mine de rien, revenir d'une pêche avec double ration lui serait profitable. Il finit par hocher la tête.

«Je vais retrouver mon bateau entier, hein?»

Je souris alors d'un air victorieux

«Je suis Uriko Sheron, nouveau Maître de Li.» - la vache, ça fait trop classe! Je kiff! «S'il arrive malheur à votre bateau, je vous promets que je vous envoie une horde de petits castors spécialisés dans la construction et qui vous en feront un tout neuf!»

Il écarquille un peu les yeux en me regardant de la tête aux pieds, je sais que j'ai pas encore l'air d'un Maître et que la nouvelle est fraîche, mais il me tend quand même la main pour sceller le marché.

Je vais alors voir les autres

«J'en ai pour une heure. Essayer de préparer ce qu'il faut et on aura notre bateau..»

L'avantage était que le bateau de ce gars là n'était quand même pas trop petit et probablement assez résistant pour le cas où la baleine passe à côté... s'agirait pas qu'on passe par-dessus bord parce qu'elle nous fait un câlin.

Je pars donc avec le pêcheur, je lance le pari au moment où il lance ses filets, moi, je prends une corde pour m'accrocher presque à la surface de l'eau et me met à gratter la coque pour attirer les poissons volants - ils aiment bondir à côté des bateaux - et hop! Un coup de patte par-ci, un coup de patte par là, on peut voir au loin qu'ils volent littéralement dans le bateau! Après avoir passé des heures à Ancalime à pêcher pour les hommes lions, j'ai pris le coup de patte n'empêche!

Une heure plus tard, il retire son filet, mais y'a pas photo, j'en ai eu plus, même pas besoin de compter. On retourne au port

«Vous avez gagné. Mais on peut noter notre accord par écrit?»

«Aucun problème! On peut embarquer vous autres!.»

Pendant que K'ouen, Ayame et le poulet embarquent, je vois le type sortir papier et crayon pour écrire qu'il nous prête son bateau pour la journée, mais que s'il lui arrive malheur, je m'engage à lui en construire un neuf. Signature et je le vois serrer ce papier comme si c'était un trésor, d'un autre côté, j'y perds pas grand chose, les castors travaillent pour presque rien: des baies et de la tranquillité, c'est tout ce qu'ils demandent! C'est là l'intérêt des animaux sur l'homme!

C'est parti! On embarque!

Spoiler:

Bon, tout ça c'était très bien, mais s'il n'y avait aucune garantie que la baleine se pointe très vite, il aurait été idiot de penser qu'il pouvait rester en l'air assez longtemps. Il se donnait cinq minutes de vol au grand maximum, et encore, sans doute en aggravant sa blessure. Il était donc parti pour rester dans le bateau avec les autres. Poisse.

Uriko partit, revint les prévenir, et repartit.

"Non, ça ne va pas le faire" répondit-il en grimaçant à Wergeld. "Je ne tiendrai pas une heure là-haut pour qu'elle déniche un bateau. Je vais chercher une corde."

Pas pour se pendre, hein. Quoique, entre ça et aller sous l'eau...

L'un des membres de l'équipage du Fenrir eut l'amabilité de lui fournir une corde sans faire de difficultés. Uriel le remercia, récupéra la sphère auprès d'Ayame et descendit sur le ponton. Il s'y assit par terre en tailleur, posa le cœur entre ses jambes, et entreprit de tresser une nacelle avec la corde. C'était l'avantage d'être livreur, après dix ans de métier il savait emballer à peu près tout et n'importe quoi, même les trucs ronds. Peu de temps après, le Fenrir quitta le quai et commença à s'éloigner. Bon débarras, jugea Uriel. Rien que le regarder se balancer, ça lui donnait la nausée...

Il avait fini depuis longtemps quand Uriko revint, mais il mit quand même très peu d'enthousiasme à se relever.

"Youpi..." murmura-t-il en emportant la sphère encordée vers le bateau de pêche.

Enfin quand même, il ne serait pas mécontent de partir. Les villageois commençaient à jeter des regards louches à l'orbe, des fois que ce soit un truc vaudou ou une nouvelle forme de moteur à réaction.

Le sourire d'Ayame en dit long alors que nous embarquons. Les villageois nous regardèrent un bon moment, leur méfiance ne changera rien au problème. On a besoin de cette baleine, on aura cette baleine.
J'ai toujours eu un caractère très déterminé.

-Je sais me tenir...

Il hausse les épaules.
Quant Uriel m'a prévenu qu'il ne pourrait pas voler j'ai pensé à un autre moyen de faire flotter la sphère sans approcher de trop. Attirer une baleine ne me pose aucun souci, ce ne sera pas ma première énorme créature sur mon tableau de chasse.
À deux détails près : on ne tue pas la baleine. Il est possible qu'elle soit beaucoup plus grosse/singulière que prévu.

-On nous a pas envoyé ici pour trouver une simple baleine. Il faut se préparer à trouver un animal bien plus différent.

Le bâteau s'éloigne du village.

-Quand on sera assez loin on mettra l'orbe à l'aube en l'éloignant du bâteau avec toute la corde qu'on a. Dès que la baleine approche, on essaiera de la rejoindre dans l'eau. J'espère que vous êtes prêt à devenir ses meilleurs amis, ou on ne l'aura jamais...

Ayame ramena une rouleau de corde trouvé sur le pont et on commençait à rallonger au maximum celle d'Uriel. Alors que je terminais de serrer les noeuds, nous étions assez éloignés du village pour ne causer aucun dégâts et assez proche pour le rejoindre à la nage en cas de pépin.

-Je crois qu'on est prêt !

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