Re: Mise au point [pv Ez]

Cela ne lui plait pas, mais il en parle... Ce n'est peut être pas facile mais à chacune de ces phrases il se dévoile un peu plus. Je l'avais bien compris ça, que sur cette Terre il y avait la guerre, mais je n'y ai pas vécue, alors difficile de l'imaginer.
Je pousse un soupir, ces yeux sont si froid et sa voix si dur... Je veux qu'il comprenne et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour y parvenir. Je veux qu'il sache qu'il y a toujours des solutions et qu'il faut juste le vouloir. Que lui le veuille.
Ne pas se souvenir, les oubliés, ne plus savoir... Que j'aimerai parfois le vivre... Oublier a douleur, oublier mes échecs, oublier...

"Je t'envie."

Ironie? Non, réalité? Oui... Moi aussi j'aimerai que ma mémoire tri à sa guise et me face oublier ces douleurs que je ressens quotidiennement. Pourtant, je n'ai pas envie d'oublier ma famille, l'amour que j'ai eu de mon père et de ma mère, leur enseignement... Et mes frères, je n'ai pas envie de les oublier non plus.

"L'oublis... J'aimerai oublié que je peux avoir aussi mal, j'aimerai oublié que j'ai couché avec Wergeld et que si moi je ressens des choses pour lui, ce n'est pas réciproque..."

Je veux juste comprendre Ez, comprendre comment tu en es arrivé là, comment cette mémoire à fait le tri dans tes souvenirs, comprendre qui tu es au-delà de cette image que tu renvois... Comprendre pourquoi j'entends deux battements, là, dans cette poitrine.
Je suis persuadée qu'on peut l'aider en plus, qu'on peut trouver un moyen de réveiller ces souvenirs. Il ne peut pas avoir tout oublier... Et puis, tout ce qu'on lui avait fait subir, était-ce depuis qu'il était ici où alors cela datait-il d'avant? Tant de questions sans réponses...

"Tu les oublis... Et aussi bien d'autres choses. Comme si ta mémoire séléctionnait tes souvenirs et ne te faisait conserver que ceux qui ont attrait avec la guerre."

Et oui, même à terre je parviens encore à réfléchir... Je ferme les yeux, il faut que je me reprenne, parce que là, c'est plus possible du tout, j'essaie de réfléchir, ça devient dur, très dur...

"Ez, j'ai besoin de ton aide."

Allez, une chance sur deux pour que Stern débarque, une sur trois pour qu'Eönwë soit prévenue et enfin, une sur quatre pour finir au Sanctuaire...
Je veux seulement... Je sais plus en fait... L'aider... Oui, ça s'était indéniable, je veux l'aider mais acceptera t-il la main que je lui temps? Je souffle alors:

"On trouvera une solution pour que tu les retrouves, pour que tu te souviennes de tout et pas que seulement de ces guerres et missions que tu as connu. Je suis du genre têtue et tes regards polaire depuis le temps, tu devrai savoir qu'ils ne me font pas peur."

N'en croyant pas ses oreilles, Ez se tourna vers la guérisseuse, la fixant alors que l'incompréhension se lisait sur ses traits.
Je t'envie?! Comment... Elle, elle l'enviait lui, elle osait lui dire ça en face?

Longuement, il l'observa, la bouche entrouverte sur des mots qu'il ne parvenait même pas à ordonner dans sa tête.
Et... Et de très loin, un souvenir sans visage lui murmura quelques mots...
Ne pas réfléchir, ne pas penser.
Ne pas songer que l'être, en face de soi, est un autre humain.
Ne pas croire qu'humain, on l'est. Que ça a un sens, qu'on a un but.
Un autre but que survivre...

Des principes, mais pas les siens. D'autres, à d'autres personnes, qui les lui avaient fourrés dans le crâne jusqu'à ce qu'il ne reconnaisse que ça, ne vive plus que par ça, n'obéisse plus qu'à ces instincts-là. Formaté, dressé comme on le fait des bête. Taillé à vif pour entrer dans leur moule à eux.
La main du prétorien se glissa jusqu'à son cou, y chercha les trois longues cicatrices parallèles qui s'y dessinaient. Son regard se perdit très loin d'Ali, à quelques centimètres d'un visage sans trait et sans regard, d'une voix sans ton et de paroles dépourvues de sens. Brièvement, il ferma les yeux. Elle osait dire ça, elle osait prétendre l'envier alors qu'elle ne savait rien... Elle ne savait pas pour Mattéo, son clan et les autres clans. Elle ne savait rien de cette vie là, elle ne savait rien d'Elise, elle ne savait rien des autres. Elle ne savait rien de lui... Elle ne s'en rendait pas compte pour dire ça, pour dire un truc pareil? L'envier, mais elle aurait voulu sa place peut-être? Tout oublier, tout perdre sans plus avoir aucune certitude, ne même plus retrouver son prénom, ne même plus être capable de donner le moindre renseignant personnel, se sentir effacé, rayé de soi-même, et ne même pas pouvoir le reprocher à qui que ce soit, elle l'enviait de tout ça?
Mexico 19, l'Australie, Elise, Erick et Mauritz, et Ïug, des missions longues et épuisantes qu'il ne parvenait pas à oublier parce qu'il en avait gardé des cicatrices qu'il n'avait qu'à enlever sa chemise pour voir, pour les suivre du bout des doigts et revivre ce qu'il avait perdu. Mais tout ça, ça n'était qu'une poignée de combats dans soixante dix ans de service. Soixante dix ans et cinq mois... Et Erick, Ïug, Mauritz, ils n'étaient que trois gars sur une cinquantaine, une cinquantaine d'autres hommes avant lesquels il avait connu bien d'autres unités, bien d'autres types, et... Et Elise, Elise...

Tout ça, c'était si peu à côté de tout ce qu'il avait vraiment vécu.
Et Mattéo, dont il n'avait gardé que le nom.
Et le langage d'Eo, qu'il s'était surpris à comprendre.
Et ce type, ces images, face à l'amie d'Aliénor...
L'envier? Lui qui ne savait même pas quel genre de vie il avait vécu?
Il ne se souvenait que de ce qui avait laissé des traces sur lui.

Sa main se crispa, ses doigts tendus sur sa gorge. Ces trois marques-là, c'était Mattéo qui les avait tracées... Une solution pour les retrouver? Les miroirs étaient fermés, il était ici depuis déjà une vingtaine d'année. Il ne partirait pas, comme tous ceux qui étaient ici. pas tant que les miroirs se rouvrent. Et alors, le seul moyen de partir, de les retrouver...
C'est les retrouver, "eux"... Et Elise...
Se souvenir de tout.... Mais son cerveau était fatigué, beaucoup trop fatigué. Physiquement il ne tenait plus la route, ça il s'en était parfaitement bien rendu compte. Artificiellement il se portait comme un charme, tant que son électronique marchait, il était en pleine santé. Mais sans, il n'aurait rien été. Rien de plus qu'un type pas fichu de donner son nom, pas fichu de juste émettre un son. Il n'aurait même pas pu respirer, son coeur n'aurait même pas pu battre... Se souvenir?
Tu ne te souviendras plus.

Elle n'avait pas peur? Et elle croyait quoi, qu'il ne lui ferait aucun mal?
Il sentit ses articulations craquer d'une fureur glaciale, et s'approcha d'elle en quelques enjambées. Sans réfléchir, sans une hésitation, sans même songer à hésiter. Sans douter de lui-même. Il tendit une main vers elle pour enrouler ses doigts dans la tissue de son coll, et la soulever. Toujours d'une main, il la plaqua contre le mur avec à peine moins de force qu'il lui était déjà arrivé de le faire pour des hommes deux fois plus costaux qu'elle. Lui faire mal? Il s'en fichait.

" Je me fous de ton aide."

Alors qu'elle avait toujours été gentille, qu'elle ne voulait que... Que le revoir sourire, le savoir heureux... Lui sortir un truc pareil, aussi tranchant que l'acier... C'était sans doute injuste pour elle. Je t'envie, je veux t'aider... Il ne voulait ni de l'un ni de l'autre. Elle, coucher avec Wergeld? Elle voulait oublier ça, elle lui disait ça en face, si franchement? Savait-elle seulement combien de fois lui-même avait pu rêver, des siècles auparavant, de pouvoir se faire briser le coeur par une femme? Et combien de types il avait vu en pleurer?
Comprendre? Il ne lui en demandait pas tant. Lui-même, il n'y comprenait pas grand chose après tout...
Sentant ses articulations se faire douloureuses sous la pression qu'il encaissait, il lâcha la guérisseuse, la laissa glisser au sol sans lui jeter un regard supplémentaire, ses pupilles fendues s'éloignant d'elle pour gagner la porte, de laquelle il s'approcha sans se soucier d'avantage de la guérisseuse. Il n'avait jamais abandonné aucun de ses hommes, il n'avait jamais laissé personne en arrière. Mais elle, au final... Il ne la connaissait pas, il n'avait aucune raison de rester. Ce qu'elle était? Rien. Ou si peu...

" Tu m'dégoutes."

Il aurait pu, il en aurait eu mal au coeur. L'envier, l'aider, vraiment, elle avait des idées débiles. Il n'avait rien demander, il ne lui avait rien demandé à elle. Elle parlait beaucoup trop, pour une personne le connaissant si mal. Que savait-elle, à part qu'il avait quitté sa Terre d'origine contre son gré? Bien trop peu. On lui avait appris la camaraderie, on lui avait pris à ne pas laisser tomber ses amis, ses frères, à n'abandonner personne.
Et puis il y a eu Mattéo.
Et il avait appris autre chose.
Agir pour agir.
Même sans but.

Surtout sans but.

Telle une poupée de chiffon, je me suis laissée faire, je n'ai pas cherché à me débattre, ni à lui dire quoi que ce soit. Ce que je lis dans ces yeux suffis amplement.
Je ressens, tout, et ce sans contrôle, sans rien. Je sans sa colère, je sens sa douleur qui se mêle à la mienne et aux autres, je sens le mur contre mon dos déjà mal mené... Peut-être que j'aurai dû me taire, peut être que j'aurai dû rester silencieuse... Après tout, qu'est-ce que je sais de lui? Et lui, que sait-il réellement de moi?
Il se fou de mon aide, soit, mais qu'espère t-il, que j'abandonne, que je laisse tomber? Il se trompe lourdement, ce n'est pas mon style...
Je ressens, ça fait mal, je voudrai pouvoir fermer les yeux et me laisser totalement aller, sans réserve, exprimer cette douleur, lui faire comprendre que si lui souffre de l'absence de certains de ces souvenirs, mais je souffre de tout... E ces mots, tu me dégoutte... Il croit quoi? Que je suis contente d'être ainsi?
Oh je sais ce qu'il peut penser, avoir eu l'audace de lui dire à lui que je voulais oublier... Et alors, est-ce un crime? Je veux oublier... Oui oublier cette douleur qui fait de ma vie ce qu'elle est aujourd'hui, oublier que j'ai perdu mon père et mes frères, oublier cette douleur que cela engendre, oublier que je suis seule, que personne n'a la moindre idée de ce que je peux ressentir. La mémoire est un puits de souffrance...

Il me relâche, je tombe au sol, ma tête d'ailleurs fait sa rencontre assez brusquement. Je n'ai pas céder à l'inconscience alors qu'elle me tente, au contraire, là, allongé tel un pantin désarticulé, je vois ces pieds se diriger vers la porte.

"Rassure toi, je me dégoutte aussi. Si toi tu ne te souviens pas, moi au contraire, je n'oublie rien. Tout est nettement encré en moi, leurs douleurs sont les miennes, TA douleur est la mienne et crois moi, ça aussi parmi tout autre chose, j'aimerai l'oublier."

Que sait-il de moi? Que sait-il de ces douleurs sous mon sourire, que sait il de mon combat quotidien... Je ferme brièvement les yeux et quand je les rouvre...
Face à moi se dressaient deux êtres. Je les connais, que trop même L'une était petite, comme un enfant, et baissait la tête. Ses yeux noirs tremblaient sans cesse et des larmes en coulaient, mais disparaissaient le long de ses joues creuses. On aurait dit une petite fille qui venait de faire un cauchemar. Sauf que tout en elle exprimait une sensation bien plus intense. Aliénor la reconnut sans mal, cette Peur qui s'exprimait ainsi en elle...
L'autre, ressemblait à une femme dans un déguisement de gamine. Ses membres longs et minces ne semblaient composés que de peau et d'os, tant ces derniers étaient visibles. Des chaines cloutées pendaient de ses bras, et son corps semblait couvert de cicatrices. Seul son visage semblait ne pas avoir été altéré, mais une sensation d'agressivité régnait dans ses traits. Ses yeux d'un rouge vif ressortaient sous ses sourcils froncés. Là encore, Aliénor l'identifia sans peine, puisqu'elle était sa Souffrance.
Si lui se bat pour ces souvenirs, moi je me bats contre elles, elles que je voudrai oublier.

"Je ne te croyais pas lâche... Tu fuis, comme moi. Sauf que tout nous rattrape toujours. Moi ce sont elles qui me rattrape, ce sont elles qui sont tapis dans mon esprit, guettant, attendant la moindre faiblesse..."

J'ai peut être dis des choses que je n'aurai pas dû, mais oublier, si, je le souhaiterai... Peut être pas le souvenir de cet après-midi à K'ouen, mais cette souffrance en moi, si...

"Tu ne comprends pas... Toi non plus tu ne comprends pas... Personne ne peux comprendre..."

Les silhouette s'approche de moi, je ferme de nouveau les yeux, je suis toujours allongée sur ce sol, incapable de bougé, tout est trop douloureux, c'est comme si des milliers d'aiguilles chauffés à blancs s'enfonçaient dans mon corps et alors que je sens mon esprit basculé, je murmure:

"Quoi que tu dises, je ne te lâcherai pas... Tu... Tu as su gagner ta place dans mon univers... Même si on ne se comprend pas... J'aimerai oublié la douleur Ez... La douleur..."

Je suis vaincue, cette fois je ne cherche plus à combattre et je sais pourtant que ce dans quoi je bascule, peut être pire encore, que ma réalité...
Et je suis là, au sol, étendue, les cheveux éparts autour de moi, le corps recroquevillé, le visage pâle...

Qui m'aidera cette fois?

Lâche? Lui?
Aucune pensée pouvant se traduire par des mots ne passa dans sa tête. Ce qu'il avait d'humain et rationnel céda définitivement la place à ses instincts et ces sentiments primaires... Lâche, lui! Soixante dix ans et cinq mois à faire la guerre, à mener ses hommes au combat, s'efforçant toujours de tous les ramener à la maison... Ils avaient traversé des zones désertiques, à se nourrir de rien, ils avaient remporté des batailles que d'autres n'auraient même pas entreprises...
Lui, fuir?!

Furieux, il se tourna vers elle, un grognement caverneux faisant vibrer ses cordes vocales, semblant résonner dans la pièce, venir du plus profond de lui. Elle osait lui faire l'affront de le traiter de lâche, mais elle se foutait de lui! Elle cherchait quoi? Elle tenait à se faire exploser sur le carrelage? Elle croyait quoi, pouvoir lui parler sur ce ton, s'adresser à lui ainsi, sans qu'il ne fasse rien?! Elle se moquait de lui ou quoi? Peu importait ce qu'elle lui avait dit, ce qu'elle savait de lui. Peu importait qui elle était, l'aide qu'elle voulait lui apporter. Peu importait qu'elle soit une gentille fille, qu'elle soit une femme...
Tu ne comprends pas.
Toi non plus.
Personne...
Son grognement se fit un peu plus sourd, jusqu'à croître à nouveau, pour devenir un bref rugissement, rageur à en faire vibrer les murs. Lui, lâche... Il n'arrivait pas à y croire, à croire qu'elle puisse dire un truc pareil.
Serais-tu lâche?

Non! Pas lui! Comment pouvait-il croire ça, comment pouvait il juste poser cette question? Lui un lâche, et puis quoi encore! Il avait combattu pendant des décennies, il avait lutté pour une cause en laquelle il croyait... Des années et des années, et... Et lui, il le savait en plus, il le lui avait raconté! Alors pourquoi cette question?! Ca n'avait pas de sens!
Il posa une main à plat sur la porte, l'autre figée sur la poignée.
Pas de visage, toujours pas. Mais ce rire... Ce rire-là...
Je plaisante p'tit loup.

Mattéo...
Il lança un coup d'oeil à Ali. De Mattéo, d'un homme comme lui... A côté de Mattéo oui, il n'était qu'un lâche, il avait été bien peu de chose. Mais elle, le traiter de lâche... Qui était-elle pour lui dire ça? Elle qui n'avait jamais rien combattu, qui n'avait rien vu d'autre qu'un simple village grillé... Elle n'avait perdu qu'un père, qu'un frère... Et elle le traitait de lâche?

" M'approche plus Ali."

La colère fit vibrer son squelette, ses articulations craquèrent, l'air se glissant entre elles alors que les muscles se tendaient à se rompre. En baissant les yeux sur ses doigts, il trouva leurs contours bien vagues. Craquer ici, tout de suite... Il allait la mettre en pièce.
Ez! Reprends-toi!
Il hésita, ouvrir la bouche. Aucun mot n'en sortit, juste un nouveau grognement furibond. Il ne trouva même pas quelque chose à répondre à Stern... Parce que ce genre de bête là ne parlait pas, ne communiquait pas. La seule chose par laquelle il jurait, c'était...
Surtout sans but.
Ez?
L'image d'un elfe blond. Eo... Qu'il s'occupe d'Ali.
Un elfe...
Mellonamin...
Junassiel...

Une indéfinissable sensation se glissa en lui, il se sentit trembler.
Jetant un regard perdu à la guérisseuse, il eut l'impression de reconnaitre une autre silhouette dans la sienne... Et l'impression d'être plongé dans quelque chose de grand, de beaucoup trop grand pour lui, quelque chose qu'il était incapable de comprendre... Il s'en prit à regretter, à vouloir voir Elise avec une force et un désespoir qu'il n'avait pas eu depuis son éveil dans ce monde. Elise...
Mattéo...
Junassiel.

Appel Eo.
Hein?

Sans rien ajouter, il ouvrit la porte et sortit, la referma derrière lui, ce mot, ces mots, tournant en boucle dans sa tête. Il aurait voulu voir Eo, et le lui dire, lui dire Eo, ta langue, ton elfique, moi aussi je le parle.
Mais je sais pas pourquoi...
Enfonçant ses mains dans ses poches, il s'éloigna à grand pas, ouvrit n'importe quelle porte donnant sur l'extérieur. Qu'ils aillent tous au diable. Aujourd'hui, la caserne se passerait de son prétorien.

Je passe une des portes en compagnie du premier sanctuari que j'ai croisé en route, je ne sais pas ce qui se passe mais l’appel de Stern semblait plus qu'étrange en plus d'être pressé.
Je remercie ledit sanctuari et ait juste le temps d'apercevoir Ez disparaître par l'une des portes, je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche pour l'interpeller qu'il n'est déjà plus là... C'est étrange...
Je regarde autour de moi, je vois quelques sanctuaris bien entendu, mais quelque chose me dit que ce ne sont pas eux le problème.
Remontant la cour, j'accélère le pas jusqu'à courir, mué par un drôle de pressentiment... Qu'est-ce qui se passe, pourquoi j'ai cette sensation que quelque chose est arrivé?
Je remonte un couloir, je regarde à droite et à gauche à la recherche de Stern et je ne le vois pas. J'arrive bientôt à l'endroit où l'infirmerie a été installé, je m'arrête à un angle et j’aperçois la silhouette de Stern qui s'avance vers moi... C'est étrange, je n'ai pas vu Aliénor, est-elle déjà partie? Pourtant elle doit resté ici la journée non?
Stern s'approche de moi au moment où je tourne la tête vers la porte de l'infirmerie, je m'adresse à lui:

"Pourquoi m'as-tu..."

Mais je ne termine pas... Ma main se pose sur la poignée de la porte et l’abats peut être pourra t-elle nous aider et...

"Alié..."

Pour la seconde fois, je ne termine pas ma phrase, la porte est ouverte et ce que je vois est assez pour me figer totalement... Elle est là, étendue au sol, recroquevillé sur elle même, ces cheveux éparts autour d'elle et c'est à peine si je peux percevoir les tremblements de ces membres.
C'est pas possible, pour le coup il m'a bien fallut 5 secondes pour me reprendre... Et je me précipite vers elle, bon sang que s'est-il passé?
Délicatement je la soulève, je la prend contre moi, son visage est pâle, trop pâle... Je cherche un pouls... Il est faible...

"Aliénor m'entends tu?"

Je lève une main et tapote doucement son visage, mes yeux ne quitte pas ces traits si pâle et je cherche à comprendre tout en essayant de la réveiller:

"Aliénor, c'est Eönwë, est-ce que tu m'entends? Ouvre les yeux, allez, ouvre les..."

Rien à faire, je sens ces membres tremblés, je crains de comprendre... Et si c'est cela, cette fois je vais devoir trouver une solution et seul... Maudis don qui lui pourris la vie... Elle avait pourtant l'air bien quand je l'ai vu...
Je ne sais pas si Stern est réellement derrière moi, mais je demande à tout hasard:

"Si vous êtes là Stern, j'aurai besoin du flacon de sel qu'elle doit avoir dans son armoire..."

Je relève légèrement la tête, j'aperçois une bouteille et deux verres sur la table, ce qui me fais malgré moi froncé les yeux alors que je les baisse de nouveau sur elle, je contrôle ces pupilles, elles sont dilatées, j'aurai dû m'en douter... J'ajoute à l’intention de l'homme de main d'Ez:

"Il doit y avoir des seringues et un flacon avec écrit dessus adrénaline. Apportez moi en un je vous prie."

J'essaie de conserver mon calme mais c'est loin, très loin d'être gagné. La voir ainsi me coûte énormément mais je dois resté maître de la situation même si elle m'échappe...
Avec douceur, je la soulève et je perçois un faible gémissement s'échapper de ces lèvres... Je sais que tu souffres, je sais que tu as mal et pour que cela soit ainsi, tu dois t'être blessé... C'est un des facteurs de ces pertes de contrôle...
Je l'installe sur le lit, pose sa tête doucement et reprend, comme pour expliquer:

"Elle a perdu le contrôle de son don et s'est réfugié dans sa propre douleur. Pour l'atteindre il faudrait un télépathe et je ne le suis pas..."

Tout en parlant, je l'examine, aux premiers abords, elle ne semble pas blessée c'est étrange... Avant de porter de nouveau mon regard sur son visage, de le prendre entre mes mains et la secouer un peu plus fortement:

"Aliénor fait un effort, tu n'es pas toute seule... Allez, reviens!"

Je tourne la tête, la silhouette de Stern est près de moi, il me tend ce que je lui ai demandé, je saisis la seringue et l'adrénaline, je remplis l'instrument, avant de relever sa manche et de désinfecter son bras avec le coton que me tend Stern, je le remercie et enfonce l'aiguille et injecte le produit. Une fois l'opération faite, je tend la seringue pour qu'il la récupère, avant de saisir le flacon de sel, de l'ouvrir et de le passer sous le nez de la fille d'Arthur, ce petit bout de femme qui a prit une place énorme dans ma vie...
Il faut attendre... Je continue à lui faire respiré ce contenu, tout en tapotant de ma main libre une de ces joues.

"Allez Ali, allez faut revenir parmi nous... On ne peut pas t'aider où tu es aller reviens!"

J'avais prononcer ces derniers mots avec plus de force, je la sens frémir je tourne la tête vers Stern et demande enfin:

"Que s'est-il passé? Où est Ez? Enfin pourquoi s'est-il barré? Il était avec elle?"

Je tourne de nouveau la tête vers elle, il semblerait que l'adrénaline face effet, elle bouge la tête et gémis:

"Mal..."

Je pose le flacon de sel et prend son visage entre mes mains:

"Aliénor, repars pas, allez reste avec moi, rouvre les yeux... Je vais t'amener au Sanctuaire, on pourra t'aider là-bas... Allez ouvre les yeux ma belle allez fais un petit effort..."

Je sais que je lui en demande beaucoup, mais il faut qu'elle reste avec moi... Elle papillonne des yeux et faiblement elle les ouvre, elle semble faire un effort inhumain. Elle tourne légèrement la tête et murmure:

"Ez..."

"Il n'est pas là..."

"Désolée... Je... Je ne le... Pensais pas... Trop... Mal..."

Je ne sais à qui elle s'adresse, je lance un regard à Stern, on peut pas rester ici de toute façon...

"Stern, peux tu prévenir le Sanctuaire que nous arrivons? Pouvez nous nous déposer directement aux Fumeroles?"

Je sais que c'est possible, mais vaut mieux demander, je me repenche sur elle, elle a toujours les yeux entrouvert et je lui murmure:

"Je vais te prendre dans mes bras, on va s'occuper de toi..."

Elle pousse un soupir, je vois une larme rouler sur sa joue, je m'empresse de l’essuyer et de nouveau elle prend la parole:

"Dites le lui... Je suis désolée... Je... Tiens à... Lui..."

Je me redresse et me penche pour la soulever et à peine je la frôle qu'elle gémis, visiblement c'est son dos qui la fait souffrir:

"Je ne peux rien te donner pour le moment, tant que je ne sais pas ce que tu as. On en a pas pour longtemps, on sera vite au Sanctuaire, je vais faire attention."

Je ne suis pas en colère, juste terriblement inquiet. Je sais qu'elle fait attention, je sais qu'elle est reposé donc cela ne viens pas de la fatigue... Je suis curieux, je ne sais pas ce qui s'est passé ici, mais visiblement, cela la désole. Je la cale doucement contre moi et me tourne vers Stern, attendant qu'il m'ouvre le chemin...

Sans rien comprendre, Stern était tombé sur Eo en gagnant l'infirmerie. Il n'avait pas croisé son patron en venant par là, et plus il approchait, plus... Bah plus rien du tout en fait. Il n'arrivait plus à capter ce diable de prétorien, qui avait dû se faire la malle à l'autre bout du territoire, et reviendrait quand ça lui chanterait. Avec de la chance, d'ici le lendemain il serait revenu. Mais pour peu que la guérisseuse lui ait vraiment tapé sur les nerfs, il pourrait aussi bien ne pas revenir avec une bonne semaine. Ce qui était plutôt embarrassant, parce que si le dieu pouvait gérer l'administration sans lui, il ne pouvait pas faire figuration à sa place...

Bête et discipliné, le sactuari suivit les instructions de l'elfe, cherchant toujours du coin du cerveau à trouver son patron.
Les question d'Eönwé? Il y répondit militairement, comme il avait l'habitude de le faire avec son boss à lui.
Que s'est-il passé?

" Aucune idée!"

Où est Ez?

"Parti, loin je pense."

Pourquoi s'est-il barré?

"......"

S'il était avec elle?

"......................"

Ne sachant pas trop ce qui jouerait le plus en la faveur du prétorien, Stern choisit l'option "vous pouvez répéter la question?" ou, pour faire plus simple: je ne répondrais qu'en présence de mon avocat. Il n'avait aucune raison de se mêler des affaires d'Ez. Si ce dernier avait voulu tenir Eo au courant de certaines choses, il lui expliquerait en temps et lieu voulu. D'ici là, lui, il ne comptait pas vendre la mèche. Il n'avait pas envie de, plus tard, se faire écharper par son patron...
Désolée, je ne le pensais pas... Dieu sait ce qu'elle avait dit! Mais Ez ne lui avait répondu pas plus de trois mots, le reste... Le reste n'étant qu'une confusion d'images et de sons que Stern avait été incapable de comprendre. Lui, quand ça ne se traduisait pas en binaire, il avait du mal à suivre... Mais depuis qu'il connaissait le prétorien, il ne l'avait jamais vu péter un câble à ce point. Enfin si, dès fois ça le prenait de disjoncter, mais pas dans ce sens là. Pas à vraiment se foutre en pétard et ne plus aligner deux mots. Disjoncter, chez lui, ça revenait à se plonger dans une espèce de torpeur dont très peu de choses pouvaient le sortir. Et dont il sortait quand du 400V lui traversait la cervelle.

" On est parti?"

Avec un sourire rassurant (sous-entendu: Ez est tout le temps comme ça, faut pas s'inquiéter! ce qui était un mensonge, a priori, il n'était pas violent comme ça, sans raison), Stern ouvrit la marche au guérisseur, prêt à le ramener aux fumerolles.
Il aurait presque désiré qu'Ez s'absente réellement une semaine ou deux. Comme ça, sans prévenir... Le genre de choses que les maîtres apprécieraient sans doute moyennement.