Mise au point [pv Ez]

La Caserne... Endroit où je ne pensais pas devoir revenir de sitôt. La dernière fois que mes pieds ont frôlés ce sol, s'était le jour où j'avais dû venir faire une déposition au sujet d'un patient qui était arrivé aux Urgences et qui était recherché. De voir débarqué les Sanctuari au Sanctuaire étaient généralement pas bon signe, vu qu'ils avaient une infirmerie ici e donc, en général, c'est que dans nos murs, il y avait une personne recherché.
Bref, je me tenais donc là, face à ce bâtiment, sortant tout droit de l'entrée que l'un d'entre eux m'avait fais passer. D'ailleurs, grand merci d'avoir trouver la personne que je cherchais à l'origine pour pouvoir me rendre ici.
Je me voyais mal appelé Ez et lui dire de passer aux Fumeroles, quoi que, ça aurait éviter que je me déplace certes, mais en même temps, j'étais au bureau depuis pas mal de temps et si je n'avais pas évacués, je soupçonne que mon secrétaire aurait sans doute griller quelques neurones supplémentaires. Hors, j'ai besoin de lui et de tout ces neurones.
J'ai donc délaissé mes dossiers, trouvé le sanctuari en post aux Fumeroles et grâce à lui, me voilà ici, avec ce dossier sous le bras, redoutant comme à chaque fois que je pense à tout ça...
Je m'avance dans l'allée et me perds dans mes pensées. J'ai l'impression que ça fais des siècles, mais non... Juste quelques mois. La douleur est toujours là, aussi présente, aussi forte, même si j'essaie d'aller de l'avant, car au fond, je sais qu'elle n'aurait pas voulu que je passe le restant de mes jours à me morfondre. Mais c'est dur... Très dur. C'est un travail du quotidien, faire face, aller de l'avant, tout en gardant au fond de sois, cette flamme qui me consume et dont tout le monde, sauf peut être deux où trois personnes, ignore l'existence.
La vengeance, la haine, la colère... Cette colère qui m'a fait me battre au Colisée avec Wergeld, cette vengeance quand je pense aux paroles de Gwendal et aux lettres reçues, cette haine que j'ai, envers cette personne qui a massacré une famille qui n'avait rien demandé.
J'en parle, parfois, avec une seule personne. Pour cela elle est très forte, Aliénor. Elle sait exactement où taper et les mots qu'il faut dire pour me faire extérioriser. Sauf que je pense l'avoir suffisamment ennuyé avec tout ça, d'autant que pour elle, ce n'est pas facile non plus. Entre sa vie personnelle et son travail qu'elle fait avec acharnement et dévotion... Mais je la garde à l'oeil... D'une part, parce qu'elle a parfois de drôle de réactions et d'autre part, parce qu'elle me cache quelque chose... Et ça...

Je parcours la cour et arrive sous un porche, je fronce les yeux en entendant une voix que je connais décidément que trop bien, quand on parle du loup hein...

"Et surtout faites attention avec votre arme! Déchargez là avant de la nettoyer, faut pas être devin pour le savoir quand même."

Une autre voix répondit et Alinéor éclata de rire avant de reprendre:

"Pas sûr qu'il apprécie en effet! Non mais je vous jure... Allez donc vous reposer et revenez me voir demain pour le pansement."

Je perçois un salut, et je m'approche de l'endroit où elle se trouve. Il est vrai qu'elle travail ici en plus du Sanctuaire, on en avait parlé et elle me l'avait signaler. Décidée et têtue, elle ne concevait pas de lâcher ces personnes et Ez surtout, à qui elle portait visiblement une grande affection.

"Aliénor?"

Elle se retourna, vêtue d'une blouse blanche sous laquelle on pouvait voir une chemise noire et un pantalon beige. Visiblement surprise de me voir ici, elle a néanmoins un de ces fameux sourire en me disant:

"Alors ça y est? Ils t'interne ici? Mon pauvre, promis je t'apporterai des oranges!"

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel devant son ton désinvolte:

"De suite les grands mots! Non mais pour qui me prends tu?"

Elle s'approche de moi et comme à mon habitude, je me penche sur elle et dépose sur son front un baiser.

"Comment vas tu?"

Elle a l'air d'aller, pas trop de cerne et son visage semble détendu ce qui n'est pas commun habituellement. Je l'observe mettre ces mains dans ces poches et elle a un léger soupir:

"Bien, je reviens de trois jours de congés alors je vais bien. J'avais promis à Ez de passer, comme je le fais une fois par semaine. Et toi ça va? Pas trop de boulot?"

"Pas plus que d'habitude. Mais le début d'année apporte son lot, je dois revoir les taxations et les impôts sur le quartier, je dois voir aussi à régler le problème de la galerie B1545."

Côte à côte, nous marchons à présent, elle a toujours les mains dans ces poches et hoche la tête à mes paroles.

"C'est celle qui s'est effondré dernièrement si je ne m'abuse."

"Oui et le soucis, c'est que c'est une des mines principales. Il faut que je fasse faire une évaluation des travaux pour le déblaiement et la consolidation. Outre ça, nous avons un soucis avec la ligne de chemin de fer qui traverse le quartier du Nord au Sud. Visiblement la ligne commence a être vétuste, le soucis c'est que si on la ferme pour les travaux, les habitants vont pas apprécier."

La ligne Nord Sud est celle qui va de Northrives et de sont point d'accès, à Tern et son point d'accès vers les Fumeroles. C'est la plus grande des lignes, sachant que l'autre, celle qui fait d'Est en Ouest, traversant Ordae, Northrives est parfaitement en marche, vu que c'est la plus couramment utilisé par les habitants.

"Tu es vraiment l'un des maîtres le moins mieux lotis avec la superficie de ton quartier."

"Je suis pas à plaindre, Wergeld à bien plus de travail avec la Zone du Dehors."

Pour sûr mon quartier est le plus vaste d'Entre Monde, puisqu'il recouvre l'ensemble des sous-sol présent sur toute la surface de la ville et peut dire qu'elle est pas large, mais bon, je m'y suis fait, et puis j'ai bien organiser le tout de sorte que j'ai un représentants dans chaque partie de mon quartier.

"Tu as de ces nouvelles? Est-il venu au Sanctuaire récemment?"

En posant cette question, je sais très bien où je m'embarque. Ces derniers temps, quand on parle de lui où juste quand il est évoqué, elle réagit bien étrangement.

"Non, aucune et pour lui c'est bon signe non? Enfin, je ne sais pas trop. J'espère avoir de ces nouvelles vite, où même juste le croiser."

Nous nous sommes arrêter, je l'entends soupirer et alors que j'allais lui poser une question, elle me demande:

"Pourquoi es-tu là? Un soucis de justice et de droit commun?"

Aliénor, où l'art du changement de sujet, je lui lance un regard qui en dis long et elle me répond avec un petit sourire d'excuse avant que je ne reprenne:

"Je dois voir notre ami le prétorien."

"Je l'ai pas vu de la matinée et je..."

Je la vois grimacer, elle se retourne brusquement et j'en fais de même, avant de voir une silhouette soutenu par une autre, attendant à la porte de l'infirmerie.

"Allons bon, je te laisse, passe me voir avant de repartir, oublie pas aussi que tu me dois un dîner pour avoir lamentablement perdu ton pari!"

Cette fois je ne peux m'empêcher de rire:

"Ah bah tu te souviens bien que de ce qui t'arrange toi!"

Un charmant sourire étire ces lèvres avant qu'elle ne reprenne:

"Il faut que je te parle d'un voyage que je dois faire à Trinity, dis toi que ce sera une excuse."

A Trinity?! Mais elle veut faire quoi là bas?! Avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, elle me fais un signe de la main et rejoins le blessé qu'elle fait entrer dans son infirmerie. Trinity?!

Je fronce les yeux, pour le coup, là, je m'inquiète. Pourquoi donc veut elle faire un voyage là-bas?! Quelle folie lui est encore passé par la tête...
Un bruit de pas derrière moi retentit et d'une voix je fis:

"Pourquoi diable veut-elle quitter les limites d'Entre Monde?"

" Qui a dit que l'Entre-monde avait des limites?"

Et pourquoi en aurait-il d'ailleurs?
Tu réfléchis trop!

D'un aboiement agressif et teigneux qui ne dépassa pas les limites du mentalement prononcé, le prétorien cloua le bec de Stern. Lui, d'une humeur de chien? Comme souvent oui, ça arrivait souvent ces temps-ci. Peut-être que ça l'enquiquinait de plus en plus, le côté administratif de son boulot, le manque d'action... Bon vu ce qu'il foutait il aurait mieux fait de se taire, mais n'empêche. C'était le manque d'action surtout qui manquait. Il aurait pu aller passer ses journées à l'arène, mais ça aurait fait louche. Au moins en restant dans son coin, il ne risquait rien, aucune question déplacée. Stern faisait plus de la moitié du travail, lui se foutait là où il était censé être, et ça marchait très bien comme ça.
Après il ne se faisait pas trop d'idée, un de ces quatre les maîtres se rendraient compte qu'il n'en foutait pas une, et il serait viré au profit d'un autre. Mais ça ne le traumatisait pas plus que ça. Il irait ailleurs et puis voilà! Il se trouverait bien autre chose à faire, les occupations ne manquaient pas dans le coin. Quitte à changer de bord, à passer du côté de ceux qui gagnaient illégalement leurs vies... Pas con, il retiendrait peut-être l'idée. Enfin devenir un minable petit magouilleur jonglant avec les institutions de l'Entre-monde, ça n'était pas folichon non plus comme solution...
On regrette le bon vieux temps?
Quel bon vieux temps?
Je sais pas, raconte toujours.

Nouveau grognement. Et Stern battit sagement en retraite, sachant qu'insister reviendrait à se prendre un monumental savon, et surtout risquer de se faire virer. Or c'était loin d'être dans ses projets ça. Plus ça allait, plus il assumait la majeure partie du travail du prétorien. Il ne désespérait pas d'un jour obtenir le poste... Sans aucune rancœur contre son chef, Ez était quelqu'un de très sympa en tant normal. Un peu beaucoup tête en l'air, mais adorable. Mais bon, ça ne suffisait pas pour être un bon prétorien, ça tout le monde l'admettrait sans mal. Il était bien gentil, mais il en foutait pas une...
Ceci dit, Stern retourna à son travail, ou, pour être exact, à celui de son patron.

Alors qu'Ez s'approchait du maître de K'an, demeurait calmement à quelques pas de lui. Par réflexe, il n'y prit même pas garde.

" Tu sais Eo, un guérisseur ça suffit largement, on en a pas besoin d'un deuxième."

Loin de moi l'idée de te foutre dehors...
Mais si, un peu quand même. Déjà avec Ali, lui il frisait souvent la crise de nerf... Avec son don, elle savait tout le temps quand il avait mal. Et puis pour peu qu'elle le croise, elle arrivait à peu près à définir son état d'esprit (à savoir: connecté à la réalité, ou pas), et c'était assez, euh...
Lourdingue?
A vrai dire c'était juste que ça ne la regardait pas. Même si elle n'allait pas lui courir après pour lui tirer les vers du nez, il n'aimait pas ça. C'était comme quand Stern se tapait l'incruste dans ses pensées, ça lui prenait la tête au plus haut point. Aucune vie privée! Non pas qu'il en avait particulièrement une (enfin sa vie privée ça revenait à dormir les trois quart de son temps, et glander pendant le quart restant), mais...
Bref, pour en re...

"...venir à nos moutons, qu'est-ce que tu veux?"

Niveau délicatesse on faisait mieux, et puis alors on faisait difficilement mieux pour prouver qu'on était à côté de la plaque. Heureusement que chez lui c'était quotidien, les autres avaient l'habite. Enfin en général il ne mélangeait quand même pas ce qu'il pensait avec ce qu'il disait... Mais c'était sans doute sans importance, ça ne changeait rien. Eo n'était sûrement pas venu que et uniquement pour voir Alienor. Et surtout pas pour lui faire un bilan médical complet surprise.
Quoique ça, il en aurait été capable...

"Tu as zappé tes deux derniers contrôles médicaux et vu qu'on ce connait, c'est moi qui vient gentillement te le rappeler avant que la demoiselle Aliénor n'aille mettre son nez dans ton dossier médical."

La voix d'Ez, et de surcroit la voix d'Ez dans ces grands jours, soient ceux où il est mal luné. Mais bon, il en faut plus pour me faire frémir de peur qu'une voix d'un prétorien mal luné ayant pas son quota d'heures de sommeil. Je me tourne vers lui avant de dire:

"Dois-je te rappeler comment son père à terminer en allant vagabonder jusqu'à Trinity?"

Soit on ne savait pas comment puisqu'il n'en était jamais revenu. Pas faute d'avoir fais des recherches, mais le monde, surtout celui-ci est vaste et surtout, à l'époque les choses n'étaient pas folichonne niveau sécurité, même si maintenant c'est toujours la même chose mais en moins pire. Je me tourne une nouvelle fois et la vois disparaitre dans l'infirmerie après qu'elle nous ait fait un signe de la main. J'ajoute en répondant vaguement par le même genre de signe:

"La dernière fois qu'elle a vadrouiller ailleurs, j'ai pas eu de ces nouvelles durant des semaines et elle s'est retrouvé embarqué dans une sorte de quête et avec des personne fort peu recommandable."

Genre Wergeld? Non quand même pas, j'irai pas dire ça quoi que des fois... Je pousse un léger soupir avant de faire de nouveau face à Ez dans toute sa splendeur. Je croise les bras, ayant toujours le dossier que je trainais depuis mon départ des Fumeroles. Je le toise en fronçant les yeux avant de secouer la tête et de reprendre:

"Estime toi juste heureux si je ne viens pas tout les jours te harceler pour savoir où l'enquête en est."

Ma voix avait changé, plus lointaine, plus dure, comme à chaque fois que j'évoque cette enquête d'ailleurs. La dernière personne à m'avoir demandé où ça en était, s'est vu licencié pour immersion dans la vie privée de son patron. Motif sans doute à tendance litigieux mais qu'importe, je ne supportais simplement pas qu'on m'en parle.

"J'ai cherché pas mal de choses, vu que rien ne semble bouger..."

Depuis l'enterrement. Même pas que j'avais eu le droit d'avoir accès aux rapports d'autopsie, sois disant ça me ferait plus de mal que de bien, foutaises! Je me remet à marcher, avant de m'arrêter un peu plus loin et de me tourner vers lui en brandissant ledit dossier:

"Je t'ai amené des choses qui pourraient peut être t'interreser, mais si cela ne te dis rien, je peux aussi voir à faire justice moi-même. C'est une chose que je serai plus que ravis de faire crois moi."

Les venger... Trouver la personne responsable et lui faire payer cette douleur que je ressentais au quotidien. Oh que oui, j'en étais capable, peu de personnes connaissait mon passif et le fait que j'avais été un guerrier elfes particulièrement doué dans la chasse, la traque. Lambeau de passé que je n'ai pas oublier, mémoire d'une vie, d'un monde que je ne reverrai probablement plus, souvenir d'un temps où je n'étais pas aussi calme.

"Et je viens aussi te signaler la disparition d'une personne."

Essaidel... Au début, j'ai pensé à des vacances prolongés, mais depuis près de trois mois, ça commençait à faire long. Aucune nouvelle, aucune trace d'elle dans le quartier, ni à Northrives, là où elle vit, je me suis renseigné, alors bon, étant donné qu'elle était mon employé, et au demeurant qu'elle l'est encore, mieux vaut le signaler non? Je voudrai pas qu'on m'accuse de faire disparaitre les gens bossant pour moi en plus...

Avec son air calme qui voulait souvent dire aussi "je m'en fous", le prétorien haussa les épaules, pas tellement traumatisé d'avoir séché ces ridicules contrôles médicaux qui se concluaient toujours de la même façon.
Mais le nez d'Ali dans son dossier médical...
La barbe.
Qu'elle y mette son nez! Elle découvrira quoi? Qu'il a une anatomie un peu singulière? Et alors? Il avait sa claque de ces contrôles à la noix. C'était toujours la même chose. Son cerveau fonctionnait toujours à coup de taser, sa tension artérielle ne changeait pas d'un picomètre, il absorbait et rejetait exactement la même quantité d'O2 et de CO2, il avait toujours des articulations un peu bancales mais efficaces... Depuis des mois c'était ça. Alors lui, il avait décrété qu'il n'irait plus. Ca lui ferait un peu plus de temps pour se piquer des siestes dans un coin, ou pour aller méditer dans un autre coin. Et quand bien même on lui dirait que c'était "obligatoire" pour rester sanctuari, il rendrait son miroir et voilà tout. La caserne était confortable, mais on dormait tout aussi bien ailleurs non?
Dis-lui ça, et il te scalpe...

Résultat, il avait décrété qu'il n'irait plus, mais sans le dire.
Eo était assez grand pour s'en rendre compte tout seul.

Donc, le père d'Ali. Il avait été jusqu'à Trinity? Oui possible...
Elle me l'a dit ça?
Oui, non... Il n'en savait rien, il avait la flemme d'y penser. En bref ça lui prenait la tête ça aussi, donc il préférait ne pas y penser. Elle était majeure et vaccinée Ali, elle allait bien là où elle voulait. Lui, ça ne le regardait pas. Et entre nous, ça ne regardait pas non plus l'elfe.
Personnes fort peu recommandables? Bah, elle est revenue.
Comme quoi, recommandables ou non, ils ne l'avaient pas dévoré...
Doucement, le prétorien déconnecta un peu de ce que racontait et faisait Eo. Ce dernier aurait pu se planter sous son nez qu'Ez ne l'aurait pas d'avantage percuté, complètement perdu dans autre chose. D'abord, Ali était une femme, alors personne ne lui aurait rien fait. Y en avait si peu des femmes, fallait y faire attention. Quoique? De qui il était sujet là? .... Une longue passa, il pinça les lèvres, l'air de difficilement trouvé une réponse à sa question. Il était sujet de... D'une fille, d'Aliénor... Une fille brune aux yeux bleus...
... disparition d'une personne.
Un sourire, et puis... Qu'avait-elle dit déjà? Quels mots?
A peine, il fronça les sourcils, pencha légèrement la tête en arrière. Des mots qu'il s'était dit qu'il n'oublierait jamais, qu'il garderait rien que pour lui jusqu'à ce que tout se finisse... Il s'était promis de s'en souvenir, et il se souvenait encore. De sa voix, de la façon dont elle avait prononcé ces paroles... Il l'entendait encore parler, mais comme un chant lointain, comme une mélodie dont il n'arrivait pas à comprendre le sens. Il se souvenait de tout...
Sauf ces mots.

"Donne ça à Stern il se démerdera avec."

Réflexe.
Une réponse qu'il sortait à tout va. Dans le doute, quand il ne savait pas. Vois ça avec Stern. Débrouille-toi avec lui.
Moi je m'en fous.
Plus ça allait, moins il suivait. En ce moment, ça ne le dérangeait pas trop. Parce que plus ça allait, plus les gens passaient directement par Stern. Ca lui évitait d'avoir à faire semblant de suivre...

Enfin là, Eo allait trouver ça louche. Il allait se montrer carrément emmerdant, s'il ne prenait pas la peine de lui faire une réponse valable. La mort dans l'âme, franchement à regret, il remonta la pendule de ses souvenirs de quelques minutes, histoire de retrouver ce que venait de lui raconter l'elfe. Sa femme, sa famille...
Où l'enquête en est. Il aurait pu revenir tous les jours, il aurait eu tous les jours la même réponse: nul part.
Rien ne semble bouger. Correction: rien ne bougeait.
Pourraient peut-être t'intéresser. Peut-être, ou pour être exact: sûrement pas.
Voir à faire justice moi-même.

Ez ferma les yeux, les rouvrit, pour vérifier qu'il était bien à la caserne, et pas... pas n'importe où ailleurs, perdu dans dieu sait quel endroit tiré de dieu sait où.
Disparition...
Ah, c'était là qu'il avait repris.
Croisant les bras, le prétorien posa son regard pâle sur l'elfe.

"Fais justice toi-même si ça t'éclate. Pour un meurtre prémédité, c'est quinze ans."

A titre purement informatif. C'était ce que son ton trahissait. Il énonçait un fait, rien de plus.
Tu le pètes tu le payes.
Il n'en savait rien d'où était l'enquête, il n'avait rien suivi. Il aurait fallu demander à Stern, mais il n'avait pas envie de lui causer à celui-là. Quant à la disparue...
C'pas les objets trouvés ici.
Il ne percuta même pas qu'il n'avait pas répondu à voix haute.

Pour le coup, je fronce les yeux. Le flegme légendaire d'Ez, où le je m'enfoutisme quotidien. Pas grand chose ne touchait cet homme... Enfin, si on juge qu'il en est encore un. Médicalement parlant, c'est une incroyable source de génie médical, humainement parlant, c'est une catastrophe, quoi que des fois... Il sait se montrer autrement que blaser par tout ce qui peux se dresser devant lui.
Donne ça à Stern, mais il en est hors de question! Il croit quoi, que je vais me laisser faire? Oublie t-il que je le connais un tant soit peu, enfin, si on peut prétendre connaitre Ez, l'énigme médicale!
Sauf que je sais aussi de quoi il est capable! Et pour le coup, là de suite, je n'apprécie que moyennement son comportement et à trop vouloir jouer avec le feu, on finit par s'y brûler.

Je m'avance vers lui, et me place à quelques centimètres, je me retiens de l'empoigner par le col et de le secouer afin qu'il réagisse autrement par ce comportement si Ezien, mais je n'en fais rien vaut mieux pas. Je pointe le doigts devant lui et lui répond:

"Je me fou complètement de Stern! C'est toi ici le prétorien non? Pas Stern! Et je n'ai nul besoin d'un subalterne! C'est de toi dont j'ai besoin, du mec qui sait ce qu'il fait, qui néglige aucun détail, aucun indice! Alors tu vas bouger ton..."

Je n'ai pas le temps de terminer que je tourne brutalement la tête et entend un hurlement indigné, suivis d'une gifle, d'une porte qui s'ouvre et d'une silhouette ejectée hors de l'endroit où Aliénor venait d'entrer.

"Espèce de rustre! Mal appris! Pervers! ET TU AS DE LA CHANCE QUE JE NE PORTE PAS PLAINTE POUR HARCÈLEMENT SEXUEL SUR LIEU DE TRAVAIL! Dégage! Que je ne te vois plus ici à moins que tu sois à l'AGONIE!!!!!"

Bruit d'une porte qui claque, je sursaute. Je vois rarement Aliénor en pétard, à dire vrai, c'est la première fois que je l'entend hurler de la sorte et je sais aussi ce que font ce genre de hurlement sur le prétorien, si bien que pour pas qu'il déconnecte, je pose une main sur son épaule, ça l'empêchera pas de partir à dix milles lieues si il en a envie mais bon, autant anticipé. J'avise une porte, je sais pas où elle mène mais tant pis, je l'ouvre et le pousse à l'intérieur.

"Je me fiche des autres Ez, c'est à toi que je fais confiance quand à la disparition, c'est étrange mais, jusqu'à présent, je n'y avais pas plus porté attention que ça... Elle a disparut depuis la veille des meurtres."

Oui, je n'avais pas réalisé avant... Trois mois plus tard, mieux vaut tard que jamais non, et puis c'est comme ces menaces, étrangement depuis les meurtres j'en ai plus...

"Ma secrétaire Essaidel a disparu et... Elle est blonde."

Pourquoi je dis ça...? Comme si... Je fronce les yeux et la silhouette d'Essaidel apparaît devant moi, son sourire, sa disponibilité... Je fronce les yeux et reprend:

"Je me fou des autres Ez, mais si réellement tu veux me voir ici pour les 15 prochaines années alors, je me barre. Je n'ai plus rien à perdre, tu le sais pertinemment. 15 années pour moi ce n'est rien face à mon immortalité."

Pour peu, le prétorien n'aurait presque pas remarqué la présence d'Eo à quelques centimètres que lui.
C'pas les objets trouvés ici.
Consulte la rubrique des chiens écrasés, tu le trouveras peut-être.
Vous êtres vraiment que des...
Ouais et alors?
On est consentant.

Un fou rire comme ils ne s'en piquaient que rarement.
Un doigt pointé devant lui le ramena dans la caserne, où il cligna une ou deux fois des yeux pour essayer de se mettre à jour. Lui, prétorien? Oui c'était lui qui portait ce titre, prétorien, c'était son travail. Mais il lui semblait que c'était clair en ce moment, qu'il n'était là pour rien ni personne. Enfin si, il était là mais juste pour la forme, pour le paraitre. Au fond c'était Stern qui faisait la plupart des choses, alors pourquoi l'elfe traitait le demi dieu de subalterne?
Un mec qui sait ce qu'il fait, ...
Il parlait de qui?
... qui ne néglige aucun détail, aucun indice!
Mais de qui il parlait là Eo?
...pariés sur ton sens du devoir, ta dévotion à notre cause...

Ez redressa la tête, grimaça en entendant une voix faire exploser la limite de décibel autorisée par son système auditif. Les premières insultes firent exploser son seuil de sensibilité aux sons extérieurs, si bien que la suite ne fut qu'un sifflement suraigüe qui l'étourdit sans qu'il ne parvient à comprendre le sens de ces paroles. Intérieurement, il jura vertement contre cet éclat qui l'avait coupé de... D'il ne savait même pas quoi. Mais il aurait voulu connaître la suite de ce souvenir. Sur l'elfe, il posa un regard étonnement clair, l'air de ne pas reconnaitre Eo. Sans aucune résistance, il se laissa entrainer, entendit la porte se fermer. Il regarda un instant la pièce où ils se trouvaient, sans trouver aucun sens au mobilier, sans parvenir à définir la raison d'être de cet endroit, son utilité.
C'est à toi que je fais confiance...
Ils lui faisaient confiance? C'était débile, il n'était pas différent d'eux. Il était pareil, il n'avait rien de plus.

Elle est blonde.
Non, brune, brune aux yeux bleus.
Ca, il s'en souvenait.
Deux secondes plus tôt...
Essaidel a disparu.
Blonde, il avait trouvé une mèche blonde dans la main d'un des gamins... Une comparaison ADN suffirait... Mais il fallait un échantillon de comparaison... Blonde, mais les blondes ça ne manquait pas.
Merde, pourquoi il parle de blonde? Elle, elle était brune...
Si réellement tu veux me voir ici...
Non, ça...

"...sûrement pas."

Il se passa une main dans les cheveux, regarda autour de lui une nouvelle fois. Comment ils étaient passés du couloir à cette pièce? Bonne question...
Reconnectant plus ou moins sérieusement avec la réalité, il secoua la tête et soupira, détaillant les choses autour de lui sans rien dire. Il n'était pas particulièrement fatigué, c'était juste... Enfin il n'avait aucune envie de s'intéresser à ça, de s'en occuper. La famille d'Eo? Il était désolé pour l'elfe, mais il s'en foutait. Il ne voulait pas s'en occuper, il avait autre chose à...
Non j'ai rien d'autre.
Mais il ne s'en occuperait pas quand même. Un coup d'oeil à la table présente. Quatre cinq chaises, un lit de camp, une machine expresso, une pile de bouquin reliés, à côté d'une plante verte. Un jeu de cartes traine dans un coin, ça sent la planque de sanctuaris feignants qui profitent de leur pause pour taper le carton. Dans un bruit de ressort grinçant, le prétorien s'assit sur le bord du lit de camp. Il nota un léger mal de tête, sans s'y attarder vraiment. C'était quotidien alors, il s'en foutait...

Releva les yeux sur l'elfe. Toujours là lui?

" Fais comme tu veux. Stern s'en occupera, j'y jetterai un coup d'oeil..."

Oulà, ça veut rien dire...
Devant cette constatation, il jura à mi voix. Ca allait vraiment pas mieux là tête, fallait se faire soigner...

" Si t'es immortel, quinze ans de taule ça compte pas plus que quatre vint ans d'mariage."

Il avait marmonné, sans regarder Eo en face. C'était pas qu'il en avait rien à foutre, l'elfe avait toujours été... Enfin c'était quelqu'un de bien qui ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Mais si, il en avait rien à faire. Ca ne le concernait pas, ni de loin ni de près.
S'allongeant sur le lit de camp, apparemment décidé à squatter, il croisa les mains sous sa nuque et ferma les yeux.

" Barre-toi si tu veux. Sauf si..."

Si quoi?

"Sauf si c'est un ordre. Maître..."

Il ouvrit un oeil, et sa pupille fendue se posa sur l'elfe. Si c'était un ordre, il s'en chargerait. Les ordres c'était la seule chose qu'il respectait, parce que ça, ça n'avait pas changé. Il y avait des ordres à suivre, et il les suivait.
Ton sens du devoir, ta dévotion à notre cause... Ils se sont bien foutus de toi.
Il n'avait même pas dit non.

Ez, fidèle à lui même quoi que là, je le sens différent, il semble vraiment... Je fronce les yeux et balance le dossier que je tenais dans la main sur une des table, je sais qu'il a mal, les décibel et lui ça ne fais pas bon ménage. Je m'approche et tend les mains, sans lui laisser le temps de faire le moindre geste. Je les pose sur ces tempe.
Généralement, ma magie fonctionne, même avec sa constitution si différente. Après tout, il reste un être humain, enfin, en partie. Je ferme brièvement les yeux et laisse mes paumes s'entourer de cette chaleur particulière, avant de relâcher ces tempes et de m'asseoir sur une des chaises près de la table.
J'hésite, je sais comment il est, distraitement ma main se met à jouer avec les bords du dossiers. Sauf si c'est un ordre maître... Il est vrai qu'à partir du moment où l'ordre était direct, jamais il ne se dérogeait, jamais il ne se défilait. Je fronce les yeux, j'hésite, ai-je le droit d'user ainsi de mon statut de maître?
D'un côté, l'envie de lui dire, oui c'est un ordre est plus que tentante, mais de l'autre, je risque gros, très gros et notamment de perdre peut être le peu d'amitié qu'il me porte, du moins si c'est le cas. Je tapote mes doigts sur la table et pousse un soupir. Je n'agirai pas comme ça, ce n'est pas mon style et c'est mal me connaitre.

"Non. Les seuls ordres que je donne sont à mes subalternes et tu n'en est pas un."

Je pousse un léger soupir, je ne dois pas laisser cette haine et cette vengeance prendre plus partie de moi, mais j'avoue que ça fais des semaines que je me contiens, des semaines que je m'énerve sur ce pauvre sac de sable accroché dans une pièce derrière une porte close qui donne sur mon bureau. Je veux savoir, j'ai besoin de savoir.

"Ces quatre vingts ans Ez, on été les années les plus belles de toutes ma vie. As-tu déjà aimé Ez? As-tu déjà ressentis ces choses qui te font te sentir si particulier aux yeux de cette personne. Que pour elle tu serai capable de tout? J'avais trois enfants, bientôt quatre et une femme. J'avais une famille et aujourd'hui je n'ai plus rien. Je suis seul, comme jamais je l'ai été ces quatre vingt dernières années. Il ne me reste que des souvenirs... Et c'est à la fois un mélange d'amertume, de joie et surtout... De douleur."

Je pose la main sur le dossier sur la table et je me relève. Je m'approche d'une fenêtre et place mes mains dans mon dos, le ciel est dégagé, j'ignore ou nous sommes pour le coup... Trois Sanctuaris passent en courant.
D'ordinaire, je n'aurai jamais dis de telles choses, je sais qu'il en a sans doute rien à cirer, que dans dix min où même moins il aura oublié, quoi que là, faut se méfier de la mémoire à retardement du prétorien. Je soupir et simplement, je dis:

"Je veux juste comprendre... Et que cette personne paie."

Pour le coup, il m'a calmé, je sais pas comment il a fait, ces mots? Cette indifférence dont on ne sait jamais si elle est feinte où pas? Va savoir...

"J'ai amené les lettres de menaces que j'avais reçu, je vous en avais déjà donné une partie, j'ai retrouvé sur mon ordinateur d'autres plus explicite encore. Et je me suis aussi souvenue d'une entrevue que j'ai eu avec Gwendal... Il y a eut des rumeurs à Magna... Je veux comprendre Ez, est-ce si anormal?"

Je me retourne vers lui et le fixe.

"Ce n'est pas à Stern que je le demande mais à toi, toi qui était présent à l'enterrement, toi que j'ai souvent soigné malgré toi, toi que je respect malgré tout."

Un geste de recule qui n'eut pas le temps de s'achever. A moitié perdu dans ses pensées, il n'avait pas vu assez tôt l'approche du guérisseur, ne s'en rendant compte que quand l'elfe posa ses mains sur ses tempes. Il ravala son envie de lui envoyer son pied dans la rate pour l'expédier à l'autre bout de la pièce, de repousser ses mains d'un geste sec et violent, de...
Non, son regard furieux et rageur il ne le ravala pas.
Il aurait voulu le lui interdire. Lui dire de ne pas le toucher, de ne pas s'en mêler, de le laisser seul avec son générateur d'impulsion. De le laisser avoir mal dans sa tête...

La voix d'avant promis quelque chose, mais il ne parvint pas à comprendre quoi.
Une autre, la voix chantante, prononça encore ces mots, mais il ne les comprit pas.
Trop lointains, trop...
La douleur furtive ne résista pas à la chaleur dégagée par les mains du guérisseur.

Quand Eo le lâcha, Ez eut beau chercher, il ne trouva aucune trace de cette douleur. Plus aucune trace non plus de ces voix sorties de ses souvenirs, qui semblaient n'avoir aucun sens. Se redressant sur les coudes, il regard autour de lui, posa ses yeux clairs sur le maître de K'an.
Ca n'est pas un ordre?
Alors il n'avait aucune raison de s'en occuper.
Mauvaise humeur évidente, le prétorien s'allongea à nouveau, un avant bras plaqué sur les yeux. Il aurait préféré qu'Eo le considère comme un subalterne : en théorie c'était ce qu'il était. Comme Eo reprenait, Ez lâcha un soupire bien sentit, et ouvertement exaspéré. Se redressa pour à nouveau s'asseoir, les coudes appuyés sur les genoux.
As-tu déjà aimé Ez?
As-tu déjà ressenti ces choses qui te font te sentir si particulier aux yeux de cette personne?
Que pour elle tu serait capable de tout?
Son regard glacial s'était planté dans celui de l'elfe. Aussi froid et peu émotif qu'un iceberg.
Il ne me reste que des souvenirs.
Il pourrait ne rien te rester Eo!
Lui, en colère? La moindre plainte, la moindre jérémiade lui tapait sur le système. Il ne tolérait plus les chagrins des autres, leurs douleurs, leurs peines. Les entendre sans arrêt pleurer sur le passer l'insupportait au plus haut point. Quatre vingt ans de bonheur, toute chose avait une fin l'elfe aurait dû s'y faire! Les plus belles années de sa vie, mais il était immortel qu'est-ce que ça voulait dire des mots pareils? Il vivrait assez longtemps pour pouvoir aimer encore, vivre autre chose... Bien sûr que c'était tragique, mais les gens mourraient s'était comme ça! Et les regretter, chercher à se venger, ça ne changerait rien, ça ne l'aiderait même pas à tourner la page.
As-tu déjà aimé? Il n'en savait rien, il ne se souvenait pas. Il n'en avait pas l'impression, mais il était certain de savoir ce qu'était ce sentiment, il était certain de le connaitre. Il ne savait pas qui, ni quand, il ne se souvenait de rien. Il avait juste l'impression de savoir.
Aujourd'hui je n'ai plus rien.
Le regard du prétorien se durcit d'avantage. Plus rien, c'était encore beaucoup.
Il se prit à penser qu'il détestait l'elfe. Vraiment, de tout son coeur. Ou plutôt de tout cet engin entièrement artificiel qui lui faisait office de coeur. Et Ali, c'était plus rien? Et Wergeld? Et tous les autres gens qu'il connaissait? Et son travail, son poste? Et...
Et tes souvenirs!

L'elfe lui tourna le dos, le prétorien montra les dents, se retint de jurer comme il en avait envie. Sans vraiment cacher sa froide colère, il se leva également, s'approcha de la table. D'un main , il souleva la couverture du dossier. Doucement tourna les pages, ne lisant qu'un mot par-ci, un mot par-là. Il n'avait pas envie de travailler, il n'avait pas envie de bosser, de s'occuper de ça. Une affaire de meurtre, quoi de plus banal...

Je veux comprendre Ez, est-ce si anormal?
Lentement, le prétorien leva la tête vers l'elfe. Son indifférence bien plus polaire que de coutume.

" J'en sais rien. C'est toi le maître, pas moi."

Anormal, c'était à lui qu'il posait cette question? Il n'en savait rien, il n'était pas philosophe lui. Il n'était pas un penseur, il était un soldat, un homme de terrain. Il ne se serait jamais permis de juger quelqu'un sur sa normalité. Il pouvait trouver ça grotesque, ridicule, pitoyable. Un tas de choses, mais anormal... Non.
Sans y prendre garde, il chercha à nouveau à entendre ce souvenir.
Son sens du devoir, sa dévotion à leur cause... Quel devoir, quelle cause?
Il ne fixa que le dossier, sans plus regarder Eo. Il n'avait qu'une envie : que l'elfe se tire, qu'il lui foute la paix. Qu'il le laisse seul, pour pouvoir aller se taper la tête contre un mur, réveiller la douleur, et se souvenir à nouveau...

"M'en occuperais."

Garde tes belles et longues phrases pour ceux qui ont assez de sensibilité pour y goûter.
Moi, je m'en fous. Les actes comptent. Pas les paroles.
Prenant le dossier, il se rapprocha de la porte, posa une main sur la poignée et l'ouvrit. Un bref signe de tête: pas la peine de te raccompagner, tu connais le chemin de la sortie.

J'ai compris sans mal le message, tout comme je sais qu'il tiendra sa parole, du moins, si il n'oublie pas. J'hésite, dois-je aller voir directement Stern? Non, je n'irai pas, je vais lui laisser le bénéfice du doute, mais je vais faire ma propre enquête de mon côté, chercher encore et toujours, sous ma couverture de maître... C'est ce qui est pratique, on ne me pose pas de question quand je fais quelque chose qui semble étrange, bien au contraire, on me laisse faire, après tout, je commande un quartier non? Et puis, qui se méfierai de moi?
Je pousse un léger soupir et secoue la tête, Ez où une véritable énigme à lui tout seul. Il a des jours avec, et des jours sans et visiblement aujourd'hui, c'est un jour sans.
J'ai déjà que trop abusé et je sais très bien qu'il n'hésiterai pas à m'en coller une si jamais je venais à devenir trop encombrant, trop gênant.

Il prend le dossier et se dirige vers la porte, le message est clair, limpide même et personnellement j'ai dis tout ce que je devais dire. Alors, sans un mot de plus, je passe cette porte et me retrouve là où nous nous étions rencontrés. Je me tourne une dernière fois vers lui et simplement lui dit:

"L'honneur est une chose qui te caractérise, c'est sans doute pour ça, que je t’apprécie malgré tout."

Sans un autre mot, je le salue d'un bref mouvement de la tête, en moi, toujours ces sentiments, ce ressentit. Je sais que je ne trouverai pas la paix tant que je ne saurai pas qui à fais ça et pourquoi. Quoi de plus normal? Je longe le couloir et ne vois pas la porte de l'infirmerie se rouvrir. Je dois partir, avant de montrer ce visage que je cache, celui où haine et colère ce mélange...

Un bruit de voix, serait-ce finit? Pas une très bonne idée qu'Eö soit venu le voir aujourd'hui, il n'est pas au mieux de sa forme, même moi je l'ai senti et ce n'est pas une question de don, loin de là. Je rouvre la porte et suis sa silhouette des yeux, avant qu'elle ne disparaisse par une des portes. Je pousse un léger soupir et me tourne vers Ez qui est toujours là et je lance:

"J'ai acheté une bonne bouteille, tu veux boire un coup avec moi?"

Question innocente, je ne désire rien de plus. Je sais qu'en ce moment pour lui, quelque chose cloche, mais aller savoir quoi. J'essaie de pas montrer que je peux être inquiète, car surement qu'il n'aimerait pas ça. Je re-rentre dans l'infirmerie et me dirige vers une armoire derrière mon bureau, j'en sors une bouteille de whisky, mieux valait pas savoir comment je me l'étais procuré, ça aurait fait tâche sur mon dossier. Je ne fais même pas gaffe que sur ledit bureau, la carte acheté à l'épicerie est étalé ainsi que mon titre de port d'arme ainsi que mon droit perçant nouvellement acquis. Ce voyage me tiens à coeur, et je ne le reporterai pour rien au monde. Les quelques informations glanées par Dinu Mihai et Ravëfanwen m'indique que peut être là-bas j'aurai des renseignements... Alors, je ne lâche rien et je planifie mon voyage, ainsi que mon absence...

Honneur?
Il avait dit qu'il s'en occuperait, mais quand ça... Il n'avait pas précisé.
Il demanderait à Stern de rassembler de quoi réfléchir, puis réfléchirait lui-même sur le sujet.
Il ne le ferait pas en personne. Eo ne lui avait rien ordonné, il n'avait aucune raison de le faire. Ca lui prenait royalement la t^te, cette fixation que faisait l'elfe sur le meurtre de sa famille. Il ne pouvait pas laisser faire les autorités non? Ils savaient ce qu'ils faisaient, et puis ils avaient surtout plus important à faire. Enfin peut-être pas plus important, mais sûrement pas moins. Ils avaient d'autres affaires, qu'ils n'avaient aucune raison de faire passer après ce meurtre. Même si c'était la famille d'un maître.
Tu crois trop en l'humanité Eo!

Tout le monde il était pas beau et rose, ils n'étaient pas un univers de bisounours où tout se passait comme on le voulait.

La voix d'Ali le fit sursauter. Il se tourna vers elle, haussa un sourcil, l'air de se demander ce qu'elle fichait ici. Ces cheveux blancs, et ce regard violet... Avec qui l'avait-il confondu tout à l'heure...
Avec Elyse?
Tristement, il pencha la tête sur son côté. Il se souvenait qu'elle était brune, avec des yeux bleus, et... Oui mais son visage? Ca, il ne s'en souvenait pas. Sa voix oui, mais pas ses paroles. Avec un juron dans une langue que lui-même aurait été incapable de comprendre, il sortit de la pièce pour rejoindre Ali dans son bureau, dont il ferma la porte derrière lui. Occupé à se débattre avec ses souvenirs à trous, le prétorien se laissa tomber dans le premier fauteuil venu, sans un regard pour le bureau, la guérisseuse, ou encore la bouteille.
Ne trouvant pas ce qu'il cherchait, il se laissa aller à une brusque saute d'humeur.

" Pourquoi il veut pas que Stern s'en occupe bon sang?!"

Ca lui courrait sérieusement sur le haricot. Il n'avait aucune envie de se préoccuper de cette famille.
Il cracha un nouveau juron entre ses dents, s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, les coudes sur les accoudoirs, les doigts croisés devant la bouche. Ses yeux pâles s'agitant à la recherche de... De lui-même ne savait pas trop quoi.
Il n'avait rien expliqué à Ali, mais elle se douterait sûrement de ce qui avait amené Eo ici.

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